I
Dans l'histoire de notre peuple, nous trouvons un homme qui vivant il y a huit cents ans, possède un nom qui mérite d'être inscrit dans les annales juives en lettres géantes : Rabbi Yehouda Halévy.
Nous ne savons que très peu de choses sur sa vie personnelle, sauf qu'il naquit à Tolède en 1080, ou 4840 de notre ère juive. Son père Samuel se rendant compte que son fils avait du génie, fit tout ce qu'il lui fallut pour qu'il pût s'adonner aux études et aux travaux littéraires sans avoir aucun souci matériel. À Tolède, le jeune homme passa son temps dans l'étude approfondie du Talmud, s'initiant en même temps à des disciplines non religieuses, telles que la poésie arabe, qui était extrêmement compliquée, la grammaire hébraïque, la philologie, la philosophie et la médecine.
Rabbi Yehouda Halévy vivait en une époque troublée. En effet, la vie politique en Espagne était dominée par la lutte incessante entre l'Église et les Maures. À la recherche de la paix et de la tranquillité, Rabbi Yehouda émigra en Andalousie, province espagnole que les Chrétiens n'avaient pas encore conquise. Là, Rabbi Yehouda Halévy poursuivit ses études avec le grand Rabbi Isaac Alfassi et continua d'écrire des poèmes. Bien qu'il fût encore très jeune, Rabbi Yehouda attira l'attention et des grands érudits et des poètes. Ce fut à ce moment que naquit une grande amitié entre lui et le poète Moïse ibn Ezra qui admirait le génie du jeune homme.
Puis Rabbi Yehouda Halévy alla de ville en ville et partout où il passait, faisait la connaissance des grands hommes de son temps qui appréciaient aussitôt toute sa science et en l'honneur desquels il écrivit des odes. Finalement, il s'établit à Cordoue, mais ne pouvant y gagner sa vie en faisant de la poésie, exerça la médecine, métier qui lui permettait de vivre.
II
Toute la poésie de Rabbi Yehouda Halévy est imprégnée de l'amour qu'il ressentait pour le Pays d'Israël. Il était peiné de voir les souffrances de ses frères juifs. Si seulement les Juifs pouvaient retourner à Dieu, ils gagneraient Sa faveur pour être ramenés dans le pays de leurs ancêtres et là ils pourraient alors vivre en paix et en sécurité ! Un grand nombre de ses beaux poèmes expriment son grand amour de la Terre Sainte et son fervent désir de fouler le sol de la Palestine. Au fur et à mesure que les années passèrent, son désir de se rendre en Terre Sainte devint de plus en plus lancinant, si bien que Rabbi Yehouda se décida finalement d'entreprendre ce long voyage, combien rempli de difficultés et de dangers. De nombreux amis essayèrent de l'en dissuader, mais n'y réussirent guère.
Rabbi Yehouda prit de nouveau son bâton, se mettant en route, mais cette fois-ci la destination était son cher Sion. Partout il fut salué par de grands érudits et accueilli par les hommes d'État en place. Mais chaque moment qu'il consacrait à se remettre des fatigues du voyage stimulait son impatience à reprendre la route. Il arriva ainsi au Caire. Il se vit presque au seuil du pays de ses rêves. Toute sa vie n'était qu'une longue attente de ce moment où il mettrait enfin pied sur la terre de ses ancêtres. Là, dans ce pays où l'esprit de Dieu reste présent, il voulait vivre la fin de sa vie, étudiant la loi du Seigneur et louant Son nom. Bien qu'il se plût en Égypte, il avait peine à attendre le jour du départ.
III
Enfin arrivé en Terre Sainte ! Le pays s'étalait devant ses yeux, il voyait les portes de Jérusalem. La légende veut que Rabbi Yehouda Halévy, voyant comment le pays de ses rêves était dévasté et désolé, déchira ses vêtements en signe de deuil, ôta ses chaussures et chanta l'Ode à Sion. Un cavalier arabe, jaloux de l'amour de cet homme pour cette terre, l'écrasa. C'est ainsi que Rabbi Yehouda Halévy mourut sur la terre chérie de nos patriarches et de nos prophètes, en chantant les louanges de ce sol aimé jusqu'à son dernier souffle.
Sa poésie est éternellement valable, elle est aussi belle et fraîche aujourd'hui qu'elle l'était le jour de sa création. Ses écrits traitent d'un grand nombre de sujets, mais son amour pour Dieu, la Torah et le Pays d'Israël y tiennent la première place. Sa pieuse nature se révèle dans toute son œuvre. Nombreux sont les poèmes qu'il a composés en l'honneur des fêtes et des jours de jeûne et qui font aujourd'hui partie de nos livres de prières. Ses Odes à Sion sont une suite de lamentations pleurant le sort de Sion. Chaque ode commence parle nom « Sion ». Ces odes forment la partie finale des Kinoth que nous récitons à Tichea beAv.
Rabbi Yehouda n'est pas seulement connu comme un des plus grands poètes du moyen âge, mais aussi comme un philosophe de grand savoir. Son principal ouvrage « Al Khazari », « le Kouzari », écrit en arabe et plus tard traduit en hébreu, est un chef-d'œuvre de la philosophie juive. Dans sa louange du Judaïsme, Rabbi Yehouda Halévy se révèle comme un profond penseur et un vaste esprit.
Malgré toutes les années passées. Rabbi Yehouda reste toujours vivant dans sa poésie et ses autres ouvrages. Il continue d'être une source intarissable pour tous ceux qui cherchent la beauté spirituelle et la sagesse divine.
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