Les gendres et les petits-fils de Rachi ou Rabbi Chlomo Its’haki continuèrent son œuvre. On les appelle Baalei HaTossafoth ou Tossafistes parce qu’ils entreprirent de complémenter les commentaires du Talmud que leur grand-père avait écrits. Ils y ajoutèrent des explications et s’étendirent en détails, tandis que Rachi exprimait toute une pensée par quelques mots.
Un de ces successeurs fut Rabbi Chmouel ben Méir, appelé RaChBaM, le plus âgé des trois frères célèbres. Avec son frère, Rabbénou Jacob ben Méir Tam, il vécut à Rameru, près de Troyes, en France. Là, ils firent des études et dirigèrent la célèbre académie française talmudique et tossafiste.
Mous savons peu de chose de la vie personnelle du RaChBaM, sauf qu’il souffrit beaucoup ainsi que sa famille, pendant les Croisades. Pendant la deuxième Croisade, son frère, Rabbi Jacob Tam, fut blessé et beaucoup de ses élèves furent attaqués par la populace fanatisée.
À plusieurs reprises, RaChBaM fut invité à des discussions publiques avec des savants chrétiens et des hommes d’église sur des sujets religieux. Il passa quelque temps à visiter différentes communautés juives, celles de Paris et d’autres villes.
Ses commentaires sur l’Écriture sont la plus célèbre de ses œuvres.
Il compléta également les commentaires talmudiques de son grand-père. Ses explications « ‘Hezkat Habatim » relatives au troisième chapitre du traité Baba Bathra, sont si bien écrites, bien qu’elles n’aient pas la concision de style de Rachi, qu’elles sont jusqu’à nos jours, les passages préférés de tous ceux qui étudient le Talmud.
Cependant, sur un point, RaChBaM fut en désaccord complet avec son grand-père Rachi. Tandis que les commentaires de Rachi au sujet de la Bible n’expliquent pas seulement le texte littéralement, mais font souvent état du riche héritage de la Aggada et des explications du Talmud, RaChBaM voulait convaincre son grand-père de supprimer tout ce qui dépassait l’interprétation littérale de la Bible.
On dit que Rachi fut déjà d’accord de modifier ses commentaires et de les écrire à nouveau en se basant sur les idées exprimées par son petit-fils. Mais heureusement pour nous, qui considérons les commentaires de Rachi comme un trésor à cause des différentes interprétations portant sur les Écritures et se référant à la Halakhah, aux décisions strictement légales, à la Aggada et à la forme éthique, il ne trouva jamais l’occasion de les refaire. RaChBaM entreprit donc lui-même cette tâche et écrivit un commentaire s’en tenant strictement à l’explication littérale du texte biblique, sans tenir compte des différentes interprétations du Talmud et du Midrache.
Même en comparant les commentaires de Rachi et de RaChBaM, nous apprécions grandement le travail de ce dernier. Ces commentaires font preuve d’une connaissance si profonde et d’une nouvelle forme d’interprétation, et nous devons dire que Rabbi Chmouel ben Méir fut un des plus grands érudits et commentateurs juifs qui aient jamais vécu.
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