Les avis sont partagés. De récents sondages montrent qu’une majorité d’Occidentaux déclarent croire en D.ieu (80-90% des Américains, 60-70% des Français par exemple), mais seule une minorité déclare pratiquer une religion (40-50% des Américains, un peu moins pour les Français).

Si D.ieu est omnipotent et infini, et que la religion est un ensemble de lois et de rites et une liste de choses qu’une personne doit faire ou ne pas faire, il semble que D.ieu puisse difficilement être défini comme « religieux ». De même, il ne semble pas que le fait d’être religieux puisse rapprocher une personne de D.ieu. Si D.ieu transcende toute limite et toute définition, pourquoi la manière d’établir une relation avec Lui devrait-elle d’imposer de nouvelles restrictions et définitions à notre vie déjà finie et limitée ?


Toutefois, ce paradoxe n’est pas restreint à la dimension religieuse et spirituelle de la vie humaine. À travers les âges, chaque fois que l’homme a entrepris d’échapper aux limites de la banalité du quotidien, il le fit en se soumettant à un code de comportement structuré, voire rigide.

Mon exemple préféré de cela est la discipline musicale. Il y a un nombre bien précis de notes dans la gamme et personne – pas même le plus grand musicien – ne peut créer de nouvelles notes, ou en soustraire. Quiconque souhaite jouer ou composer de la musique doit se conformer à ce système absolu et immuable.

Et pourtant, en s’inscrivant dans ce cadre, le musicien crée une œuvre capable de toucher le plus profond du cœur d’une personne, une profondeur qui ne peut être décrite, et encore moins définie. En utilisant cette formule très précise, d’une rigueur mathématique, le compositeur crée quelque chose qui transporte l’auditeur au-delà des contraintes et des entraves de la vie quotidienne, bien au-delà des limites de la physique et des mathématiques.

Imaginez, alors, une discipline musicale dont les lois soient dictées par l’inventeur et créateur de la vie. Par celui qui a une connaissance profonde de toutes les forces de la vie, et de toutes ses vulnérabilités, de tous ses potentiels et de toutes ses sensibilités.

La seule question qui reste est : mais pourquoi tant de lois ? Pourquoi cette discipline doit-elle décréter comment nous devons nous réveiller, comment nous devons aller dormir, et pratiquement tout ce qu’il y a entre les deux ?

Parce que la vie elle-même, dans toute son infinie complexité, est notre instrument de connexion avec D.ieu. Chaque « gamme » de son « étendue » doit être exploitée pour réaliser la connexion optimale.

Notre métaphore étant la musique, nous ne pouvons conclure sans citer la fameuse anecdote dans laquelle l’Archiduc Ferdinand d’Autriche est réputé avoir dit à Mozart, « Magnifique musique, mais beaucoup trop de notes. » Ce à quoi le compositeur répondit : « Oui, Votre Majesté, mais pas une de plus que nécessaire. »