Rabbi Jacob Pollack, fils de Rabbi Joseph, naquit en Pologne (d'où son nom) aux environs de l'an 5230 (1470), c'est-à-dire il y a plus de cinq siècles, et mourut à Lublin (en Pologne) à l'âge approximatif de 71 ans.
Il fut l'un des érudits en Torah les plus éminents de son temps, et ceux-ci étaient nombreux. Dans sa jeunesse, il fit ses études à la yéchivah du grand Rabbi Jacob Margolis à Nuremberg, en Allemagne, où était instituée la méthode du Pilpoul (discussion approfondie). À son tour, il l'introduisit dans les yéchivoth qu'il dirigea, d'abord à Prague, et plus tard à Cracovie.
Le Pilpoul était destiné à aiguiser l'esprit au moyen de questions, de réponses et de discussions poussées. Le Doyen avait coutume de faire un Pilpoul sur un certain thème tiré du Talmud, d'abord fouillant en profondeur Rachi et les Tossafoth, pour ensuite poser une question, donner une réponse, annulant celle-ci par une question différente, suggérant une autre solution, et ainsi de suite.
Cette méthode a ses mérites et ses défauts. Sa qualité principale résidait dans le fait que les étudiants devaient plonger profondément dans le sujet proposé à leur étude, « aiguisant ainsi leur intellect ». Le Pilpoul eut un succès foudroyant auprès des étudiants ; ils en furent comme « électrisés ».
Des opposants aussi
Quant au défaut de cette méthode, il résidait dans le fait que beaucoup de temps se perdait à des questions qui n'étaient pas, en réalité, des questions, et à des réponses qui n'étaient pas des réponses. On pouvait parfois se tromper ; l'on pouvait aussi retirer de ces discussions un sentiment de supériorité et de satisfaction de soi-même. C'est pourquoi beaucoup d'érudits en Torah étaient opposés à la méthode du Pilpoul. Parmi eux se trouvaient des géants de l'érudition toranique tels que le célèbre Maharal de Prague, Rabbi Ephraïm Luntschitz, Rabbi Mordékhaï Jaffé (Baal HaLévouchim), le saint « Chelo », le « Maharcha » et d'autres.
Un opposant intransigeant fut Rabbi 'Haïm Betsalel, frère du Maharal de Prague, qui écrivit dans son livre intitulé « Dérekh 'Haïm » (le Chemin de la Vie) que la méthode du Pilpoul était plus nuisible que bénéfique, quelle avait des fondements peu solides et qu'elle n'était autre qu'une perte de temps. Étudier en profondeur, oui ; mais le Pilpoul, ou discussion consistant à « couper les cheveux en quatre », non.
Départ pour Cracovie
Rabbi Jacob Pollack était toutefois en faveur de cette méthode d'enseignement. Il chercha à tirer parti de ses qualités, tout en évitant ses défauts. Il devint très célèbre, et attira un grand nombre d'élèves, si bien qu'il en résultat une grande renaissance des études toraniques en Pologne, dont le niveau avant lui avait été fort bas.
Le premier poste rabbinique, Rabbi Jacob Pollack l'occupa à Prague, où il dirigea une importante yéchivah, conjointement avec Rabbi Isaac Margolis, un fils de son maître, Rabbi Jacob. C'est à Prague qu'il épousa une jeune fille issue d'une famille fort distinguée qui était en rapports d'affaires avec la cour. Il eut la chance de bénéficier de la double bénédiction, celle d'être un érudit en Torah et d'avoir de la fortune.
Rabbi Jacob ne demeura pas à Prague cependant. En l'an 5252 (1492, date de l'expulsion des Juifs d'Espagne), il prit, dans un cas de divorce, une décision telle qu'il déchaîna l'opposition de tous les autres rabbins de Prague, y compris son propre maître, Rabbi Jacob Margolis. Quelques rabbins éminents d'autres pays s'opposèrent eux aussi à sa décision. Rabbi Jacob Pollack, convaincu de n'être pas dans l'erreur, ne voulut pas céder. Il quitta Prague et se rendit à Cracovie, en Pologne. Là il fonda une grande yéchivah et, comme nous l'avons dit, fut cause d'un renouveau toranique important dans le pays. En l'an 5263 (1503), il était nommé Grand-Rabbin de Cracovie. Là, trente ans durant, il répandit la connaissance de la Torah.
Il eut des disciples célèbres, dont Rabbi Chalom Schakhné, qui devint plus tard Grand-Rabbin de Lublin. Une controverse avec un médecin juif qui était influent à la cour royale obligea Rabbi Jacob Pollack à quitter aussi Cracovie. Il alla en Erets-Yisraël, et vécut dix ans à Jérusalem. De là il se rendit en Turquie, pour revenir plus tard en Pologne, et s'installa à Lublin où, peu après, il mourut.
Son action
Rabbi Jacob Pollack fut l'un des plus grands érudits de sa génération. Néanmoins, il ne laissa aucun écrit. Il ne voulait pas que les rabbins se basent sur ses décisions ; au contraire, chacun d'eux devait juger selon les cas d'espèce, à la lumière de ses détails spécifiques et conformément au Talmud et aux codificateurs antérieurs. Son disciple, Rabbi Chalom Schakhné de Lublin, lui aussi ne laissa aucun écrit pour la même raison. Les deux éminents érudits ne publièrent même pas les Réponses aux nombreuses questions qui leur étaient posées de toutes les parties du monde.
Cela n'empêcha pas Rabbi Jacob Pollack d'être célèbre. Son action la plus méritoire fut d'avoir provoqué une renaissance de l'étude de la Torah en Pologne. Grâce à ses efforts, ce pays devint l'un des centres toraniques du monde, et le demeura pendant des siècles, jusqu'à l'avènement d'Hitler qui anéantit la population juive de tout le pays.
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