Tavo – L’entrée dans l’alliance

La septième partie du Deutéronome conclut le deuxième discours d’adieu de Moïse au peuple juif. Elle comprend la fin du rappel des commandements que fait Moïse, à commencer par celui qui ne deviendra pertinent qu’après que le peuple juif entrera (tavo, en hébreu) en terre d’Israël : l’offrande au Temple des prémices de toute récolte annuelle. Elle se poursuit ensuite par le rappel de l’alliance entre D.ieu et le peuple juif.

L’acte qui consiste à apporter les prémices au Temple constitue une expression de reconnaissance à D.ieu. À cet égard, il ne diffère pas des multiples autres façons dont nous remercions D.ieu pour Sa générosité. La reconnaissance envers D.ieu représente une grande partie de la prière quotidienne, ainsi que les nombreuses bénédictions que nous récitons tout au long de la journée. Or, ce qui distingue le commandement des prémices, c’est qu’il ne s’agit pas seulement d’une déclaration, mais en outre d’un acte : nous apportons à D.ieu quelque chose de concret. Ce faisant, nous démontrons que tout ce qui se trouve dans le monde appartient à son Créateur. Ce qui se trouve dans nos mains est en fait confié à nos soins dans le seul but de nous permettre d’accomplir notre mission sur la terre : faire du monde une demeure pour D.ieu.

Le peuple juif est désigné, au sens allégorique, comme les prémices de D.ieu.1 L’âme juive étant pure conscience divine, elle représente la quintessence de la « demeure de D.ieu » que la création a pour mission d’être, le modèle pour le reste de la création. Ainsi, tout comme les premiers fruits doivent être apportés au Temple, de même le Temple est la maison naturelle de chaque Juif en vertu de sa conscience naturelle et intrinsèque de D.ieu ; l’environnement naturel de tout Juif est la proximité de D.ieu. Même lorsque nous ne sommes pas activement occupés à des activités ouvertement « religieuses », nous devons nous rappeler que nous sommes bien « des prémices », et que nous vivons à chaque instant dans l’intimité avec D.ieu.

Ainsi, le commandement d’apporter les prémices constitue une expression tangible de notre véritable relation avec D.ieu. En ce sens, il exprime bien plus que notre reconnaissance envers Lui ou l’acceptation du fait qu’Il est le maître de toute la création : il démontre que nous-mêmes sommes essentiellement un avec Lui et Lui appartenons en tout temps. Devient dès lors évidente la raison pour laquelle le commandement d’apporter les prémices fait figure d’introduction au rappel que fait Moïse de l’alliance entre D.ieu et le peuple juif : il exprime la véritable dimension de cette alliance et donne en effet le ton à tout ce qui s’ensuit. Cette relation intrinsèque forme la base de l’alliance, que nous étudierons en détail dans la suite du Deutéronome.

Aussi, il est très approprié que cette paracha s’appelle Tavo, « tu entreras [dans le pays] ». L’entrée dans le pays paraît n’être qu’une condition préalable pour pouvoir s’y installer et y accomplir des commandements réalisables uniquement dans le pays. Mais la leçon essentielle de cette paracha est que tout ce qui a rapport avec nous appartient à D.ieu, et que même des aspects de notre vie apparemment accessoires et préparatoires font partie de notre relation avec Lui, et doivent être pénétrés de la même intensité de conscience divine et d’émotion que celle qui imprègne les aspects plus manifestement « religieux » de notre vie.

Une autre leçon : le fait que le nom de cette paracha – consacrée au lien d’alliance entre D.ieu et le peuple juif imprégnant tous les aspects de la vie – soit « tu entreras » indique que nous devons nous y investir de tout notre cœur et de toute notre âme dans toutes nos entreprises. Même si nous sommes à peine au stade où nous nous préparons à servir D.ieu, nous devons nous engager totalement dans cette préparation, car à ce moment-là elle constitue l’essence de notre service divin. À ce titre, cet acte inclut et façonne la relation continue avec D.ieu que nous sommes sur le point de réaliser.

Enfin, la Torah ne dit pas « si tu entres », mais « lorsque tu entreras ». Cela nous enseigne que nous devons à tout moment être conscients de nous trouver au seuil de la Terre Promise, que la Délivrance ultime et véritable est à un souffle de distance, et que, si nous nous engageons pleinement dans notre relation actuelle avec D.ieu, nous sommes assurés qu’elle parviendra à son apogée avec la Délivrance complète et définitive.2