Première lecture – Richone

Balak et Balaam

22:2 Balak fils de Tsipor, prince de Madian, vit tout ce qu’Israël avait fait à Si’hon et à Og, les rois des Amoréens.

3 Moab eut une grande peur de ce peuple, car il était nombreux. Et Moab fut dégoûté de la vie à cause de la menace que représentaient les enfants d’Israël.

4 Comme les Moabites savaient que Moïse avait vécu en Madian avant de devenir le chef des Hébreux, ils décidèrent de s’enquérir auprès des habitants de cette contrée des pouvoirs dont il s’était servi pour accomplir ses miracles. Les Madianites collaborèrent avec eux mus par la seule haine, car à l’époque les Juifs ne représentaient pour eux aucune menace. Moab dit aux anciens de Madian : « À présent que nos protecteurs sont partis, cette assemblée nous pillera ; elle dévorera tout ce qui nous entoure, comme le bœuf dévore l’herbe des champs. Que faire ? » Les Madianites répondirent que le pouvoir de Moïse résidait dans sa bouche, autrement dit dans sa capacité d’intercéder auprès de Dieu et de Le prier. Les Moabites recrutèrent alors le prince madianite Balak fils de Tsipor comme une mesure d’urgence afin de parer à la menace d’Israël, et le nommèrent roi de Moab.

Balak envoie chercher Balaam

5 Le pouvoir de Moïse étant de nature spirituelle, Balak comprit que l’emploi de la force militaire contre les Juifs se révélerait inutile, ce qui était d’ores et déjà évident depuis leur victoire sur les puissants rois Si’hon et Og. Balak en déduisit que pour combattre Moïse il lui fallait recourir aux services d’un homme doté de pouvoirs spirituels,1 et lui vint alors à l’esprit le nom du prophète non juif Balaam, bien connu pour l’efficacité de ses malédictions.2 Balak était originaire du lieu de résidence de Balaam (Aram), qui d’ailleurs avait jadis prophétisé que le jour viendrait où il serait roi ; Balak était donc très au courant de ses pouvoirs prophétiques. Ainsi, il envoya des messagers à Balaam fils de Béor dans la ville de Pétor, qui est située sur le fleuve Euphrate à Aram Naharaïm3 – le pays du peuple de Balak –, pour le presser de venir avec la promesse d’une bonne rétribution, disant : « Un peuple est sorti d’Égypte, et voici qu’il a recouvert “l’œil” du pays – c’est-à-dire qu’il a retiré au pays ses gardiens, Si’hon et Og, chargés de le protéger. Et ils sont postés en face de moi, prêts à attaquer.

6 Viens donc, je te prie, et maudis-moi ce peuple, car il est trop puissant pour moi. Peut-être pourrai-je les combattre avec mon peuple et les chasser du pays, ou tout au moins les réduire en nombre, car je sais que celui que tu bénis est béni, et celui que tu maudis est maudit. »

7 Et les anciens de Moab et les anciens de Madian partirent à la rencontre de Balaam avec toutes sortes de charmes magiques entre leurs mains pour qu’il ne puisse prétexter que lui manquaient des instruments pour sa magie, d’autant plus qu’il était déjà célèbre en tant que sorcier avant de devenir prophète.4 Les anciens de Madian décidèrent que, si Balaam acceptait immédiatement, cela serait un signe qu’il pourrait faire quelque chose, et que dans le cas contraire il n’aurait aucune efficacité. Ils vinrent à Balaam et lui transmirent le message de Balak.

8 Balaam savait par voie prophétique que Dieu avait interdit aux Juifs d’attaquer Moab, et que Balak n’avait donc rien à craindre. Néanmoins il ne lui révéla cela pas plus qu’à ses messagers, car il haïssait les Juifs et voulait profiter de l’occasion pour les maudire.5 Il dit aux messagers : « Restez dormir ici la nuit – car, tout comme Il faisait à l’égard des autres prophètes païens, Dieu ne Se révélait à lui que la nuit (furtivement, pour ainsi dire) –6 et je vous rendrai réponse selon ce que l’Éternel m’aura dit. Peut-être me dira-t-Il qu’il me convient d’y aller avec des dignitaires d’un rang plus élevé que le vôtre. » Les nobles moabites restèrent alors avec Balaam, mais les anciens Madianites, au vu des hésitations du sorcier, ne crurent pas à son efficacité et le quittèrent.

Dieu empêche Balaam de partir

9 Dieu vint vers Balaam et dit : « Qui sont ces hommes-là avec toi ? » Dieu Se servait de la question uniquement pour entamer la conversation, mais Balaam en déduisit qu’Il n’était pas toujours omniscient, et fit donc des plans pour maudire les Juifs en Le prenant au dépourvu.

10 Balaam dit à Dieu : « C’est Balak fils de Tsipor, roi de Moab, qui les a envoyés vers moi ; Tu vois que les rois m’estiment, même si Tu ne le fais pas. Balak dit :

11 “Voici que le peuple qui est sorti d’Égypte a recouvert ‘l’œil’ du pays. Viens me les maudire en utilisant le Nom de Dieu : peut-être pourrai-je les combattre et les chasser du monde.” » Balaam haïssait les Juifs encore plus que Balak, car ce dernier lui avait demandé seulement d’invoquer contre eux une malédiction ordinaire qui les éloignerait de Moab, tandis qu’il voulait les maudire en se servant du Nom de Dieu et les anéantir.

12 Dieu dit à Balaam : « Tu n’iras pas avec eux ! » Balaam répondit : « Alors, permets-moi de les maudire ici ! » Dieu dit en retour : « Tu ne maudiras pas le peuple ! » Cherchant à sauver les apparences, il rétorqua : « Alors, permets-moi au moins de le bénir ! » Dieu répondit : « Non, tu ne le béniras pas non plus, car il est déjà béni ; il n’a besoin ni de toi ni de ta bénédiction. »

Deuxième lecture – Cheni

13 Balaam se leva de bonne heure et dit aux nobles de Balak ce mensonge : « Retournez dans votre pays, car l’Éternel ne me laisse pas aller avec vous, mais seulement avec des dignitaires d’un rang plus élevé que le vôtre. » Il cherchait ainsi à se rehausser à leurs yeux.

14 Les nobles de Moab se levèrent, vinrent à Balak et dirent : « Balaam refuse de venir avec nous. »

Balak insiste auprès de Balaam

15 Balak continua alors à envoyer des dignitaires, plus nombreux et de rang plus élevé que ceux-ci.

16 Ils arrivèrent chez Balaam et lui dirent : « Ainsi dit Balak fils de Tsipor : “Ne te retiens pas, je te prie, de venir à moi.

17 Car je te comblerai d’honneurs et te paierai plus que l’on ne t’a jamais payé pour tes services, et ferai tout ce que tu me diras de faire. Alors, s’il te plaît, viens me maudire ce peuple.” »

18 Balaam répondit et dit aux serviteurs de Balak : « En fait, c’est tout son argent que Balak devrait m’offrir, parce que sans moi il devrait tout dépenser pour des mercenaires afin de combattre les Juifs, et qui sait s’ils réussiraient ? Ma malédiction, cependant, sera infaillible. Néanmoins, quand Balak me donnerait de l’argent et de l’or qui rempliraient sa maison, je ne saurais rien faire de petit ou de grand qui désobéirait à la parole de l’Éternel, mon Dieu. Je ne peux maudire que sous Sa permission. » Acculé par Balak, Balaam dut admettre que sa malédiction était soumise à l’approbation de Dieu. Et il prophétisa ainsi, à son insu, qu’il ne serait pas en mesure d’annuler la bénédiction que Dieu avait accordée aux patriarches.

19 Il reprit : « Et maintenant, même si vous êtes probablement aussi déçus que le premier groupe de délégués, veuillez rester ici la nuit, vous aussi, et je saurai ce que l’Éternel ajoutera encore à ce qu’Il a déjà dit lorsqu’Il me parlera de nouveau. Je suis sûr qu’Il ne me permettra pas de les maudire ; j’espère simplement qu’Il n’ajoutera pas de bénédictions à celles dont ils jouissent déjà. » Ici également, il prophétisa sans le savoir que Dieu accorderait aux Juifs des bénédictions supplémentaires par son intermédiaire.

20 Dieu vint à Balaam la nuit et lui dit : « Si ces hommes sont venus te chercher et que tu es impatient de recevoir ton salaire, va et pars avec eux, mais sache que c’est ce que Je te dirai ce que tu devras faire. »

Troisième lecture – Chelichi

Le parcours de Balaam

21 En dépit de Ses paroles, le sorcier espérait encore prendre Dieu au dépourvu et maudire le peuple ; ainsi, Balaam se leva de bonne heure et, plein d’enthousiasme devant la perspective de maudire les Juifs, sella lui-même son ânesse. Par son empressement à faire le mal, il cherchait à souligner comment les Juifs s’étaient empressés maintes fois à se rebeller contre Dieu durant leurs quarante années dans le désert, et attirer ainsi sur eux Son jugement défavorable. Mais en réponse, Dieu lui précisa que l’enthousiasme malsain que manifestèrent parfois les Juifs fut contrebalancé par le saint enthousiasme dont fit preuve Abraham lorsqu’il sella lui-même son âne le matin où il partit sacrifier Isaac.7 Ce dévouement passionné, Abraham le légua au peuple juif, devenant ainsi partie intégrante de sa nature. Voici pourquoi, chaque fois que les Juifs agissent à l’encontre de cette nature, il ne s’agit que d’une défaillance temporaire.8 Toutefois, Balaam s’en alla sur son chemin avec les mêmes mauvaises intentions que les dignitaires moabites qui l’escortaient.

22 Dieu S’irrita parce que Balaam s’en allait avec empressement malgré Son avertissement clair et net de ne pas maudire les Juifs. Un ange de l’Éternel se mit sur son chemin pour lui faire obstacle. En bloquant la route de Balaam, Dieu manifestait à la fois Sa colère (signifiée par les obstacles qu’Il lui posait) et Sa miséricorde (car Il l’empêchait de fauter et d’encourir ainsi le châtiment). Balaam chevauchait son ânesse, et ses deux serviteurs étaient avec lui, comme il convient à une personne distinguée.9

L’âne de Balaam voit l’ange

23 Si Dieu accordait aux humains la faculté de percevoir des anges, ils verraient forcément les anges bienveillants comme les exterminateurs. Pour la plupart des êtres humains, la vue des anges exterminateurs serait trop écrasante ;10 aussi, Dieu ne leur donne pas d’habitude la possibilité de les percevoir. Mais, puisque les animaux n’ont pas le libre arbitre et que leur conscience est moins développée que celle des humains, la vue des anges exterminateurs ne les effraie pas, de sorte que Dieu leur permet de les voir.11 Ainsi, l’ânesse de Balaam vit l’ange de l’Éternel posté sur la route, l’épée brandie dans la main. À la vue de l’ange barrant le chemin, l’ânesse s’écarta de la route et alla dans le champ. En empêchant Balaam de rester sur le chemin, ce par quoi il le contraignait à le contourner en allant uniquement à droite ou à gauche, l’ange laissait entendre que, s’il voulait maudire les descendants d’Abraham, il n’avait que deux choix : maudire les descendants d’Ismaël ou bien ceux de Ketoura ; il ne pouvait pas maudire ceux d’Isaac.12 Balaam frappa l’ânesse pour la ramener sur la route.

24 Plus loin, l’ange de l’Éternel se plaça dans un sentier entre les vignes, bloquant la route encore une fois, mais à présent avec un mur de pierre d’un côté et un autre mur de pierre de l’autre côté, de sorte qu’il n’y avait aucun moyen de s’en détourner.

25 L’ânesse vit l’ange de l’Éternel et, comme il barrait presque tout le sentier, se serra contre le mur alors qu’elle passait devant lui. Au cours du passage, elle serra la jambe de Balaam contre le mur, et il la frappa de nouveau. En poussant Balaam à se faufiler par un des côtés du sentier, l’ange laissait entendre que, s’il voulait maudire la progéniture d’Isaac, il n’avait que le choix de maudire les descendants d’Ésaü ; il ne pouvait pas maudire ceux de Jacob.13

26 L’ange de l’Éternel s’avança encore et se plaça dans un lieu étroit, où il n’était pas possible de se détourner à droite ou à gauche, rendant ainsi impossible de passer. À présent l’ange suggérait que, si Balaam voulait maudire les descendants de Jacob, il n’avait aucune chance, car tous ses enfants suivaient loyalement l’appel de Dieu et ne pouvaient donc pas être maudits.14

27 L’ânesse vit l’ange de l’Éternel et s’accroupit sous Balaam. Balaam enragea et frappa l’ânesse d’un bâton.

28 L’Éternel ouvrit la bouche de l’ânesse, lui conférant le don de la parole, et elle a dit à Balaam : « Que t’ai-je fait pour que tu m’aies frappée à trois reprises [regalim? » Par le choix des mots prononcés par l’âne, Dieu laissa entendre à Balaam qu’il ne parviendrait jamais à détruire un peuple observant les trois fêtes [regalim] de pèlerinage.

29 Balaam dit à l’ânesse : « C’est parce que tu m’as humilié ! Si j’avais une épée dans la main, je te tuerais sur le champ ! » La réponse de Balaam compromit son prestige aux yeux de la délégation moabite qui l’accompagnait : il s’apprêtait à tuer un peuple entier par le pouvoir de sa parole, mais il lui fallait une arme pour anéantir une simple ânesse !

30 Les délégués moabites demandèrent à Balaam : « Et pourquoi n’as-tu pas pris un cheval au lieu de cet âne ? » Il répondit : « J’ai laissé mon cheval au pâturage pour qu’il y broute. » En entendant cela, l’ânesse dit à Balaam : « Ne suis-je pas ton ânesse personnelle, et n’est-il pas vrai que tu n’as jamais eu de cheval ? » Balaam dit : « Eh bien, si, mais je ne me sers de toi que pour porter des fardeaux. » À cela, l’âne rétorqua : « Ne suis-je pas l’ânesse que tu as toujours chevauchée ? » Balaam dit : « Si, en fait, mais c’était juste une fois ! » L’ânesse poursuivit : « Ne suis-je pas l’ânesse que tu chevauches depuis que tu as commencé ta carrière prophétique et que tu as chevauchée sans cesse jusqu’à présent ? » Balaam ne put le nier. L’ânesse continua : « Ai-je l’habitude d’agir ainsi effrontément envers toi ? » Il dit : « Non. »

Balaam voit l’ange

31 L’Éternel dessilla alors les yeux de Balaam et il vit l’ange de l’Éternel debout sur le chemin, l’épée brandie dans la main, lui laissant entendre par là qu’il avait tort d’essayer d’usurper aux Juifs leur pouvoir de la parole et d’abandonner le pouvoir de l’épée qui avait été accordé aux non-Juifs, et qu’en rétribution Il précipiterait sa mort par le moyen qu’il avait abandonné. Comme on le verra plus tard,15 cela se produisit effectivement. Balaam s’inclina et se prosterna sur sa face.

32 L’ange de l’Éternel lui dit : « Pourquoi as-tu frappé ton ânesse à trois reprises ? Me voici sorti pour te faire obstacle, car j’ai compris que tu t’étais empressé de prendre le chemin afin de t’opposer à moi – ou, pour mieux dire, de t’opposer à Dieu, puisque c’est Lui qui m’a envoyé.

33 Même ton ânesse avait senti que la poursuite de ce voyage allait à l’encontre de la volonté de Dieu ; aussi, quand l’ânesse m’a vu, elle s’est détournée par trois fois. Si elle ne s’était pas détournée de devant moi, non seulement je t’aurais retardé, mais encore je t’aurais tué sur place et je l’aurais laissée vivre, au lieu de la tuer et de t’épargner. Mais à présent, puisque tu n’as pu repousser ses reproches, je dois la tuer pour que les gens ne puissent pas l’identifier comme l’animal qui t’a rabaissé. » Quoique méchant, Balaam était toujours un être humain, et Dieu témoigna ici du respect eu égard sa dignité d’homme. Alors l’ange tua l’ânesse.

32 Balaam dit à l’ange de l’Éternel : « J’ai fauté, car je ne savais pas que tu étais posté sur le chemin devant moi. » Cet aveu était en fait très embarrassant pour lui, car il s’était vanté de ses pouvoirs prophétiques. Cependant, il reprit rapidement l’offensive et dit à l’ange : « Maintenant, si cela te déplaît, je m’en retournerai. Toi, en tant qu’agent de Dieu, tu prétends avoir mes intérêts à cœur et soutiens que j’agis contre Sa volonté, mais c’est Lui qui m’a explicitement permis de le faire ! De même que lorsque Abraham était sur le point d’égorger Isaac et qu’un ange a annulé Son ordre,16 ici également Dieu m’a dit quelque chose et à présent tu Lui désobéis ! »

L’ange avertit Balaam

35 L’ange de l’Éternel dit à Balaam : « Si en dépit de tout cela tu persistes encore, va avec ces hommes et rejoins-les dans leur méchanceté, mais sache que c’est la parole que je te dirai que tu diras. » Ainsi, Balaam s’en alla avec les dignitaires de Balak, toujours aussi désireux qu’eux de maudire les Juifs, et escomptant encore prendre Dieu au dépourvu.

36 Balaam envoya des messagers à Balak pour annoncer son arrivée. Lorsque Balak apprit que Balaam venait, il alla à sa rencontre dans la ville la plus peuplée de Moab. Ceci, afin de l’impressionner par l’ampleur de la destruction que les Hébreux viendraient provoquer. La ville se trouvait à la frontière de Moab, le fleuve Arnon, qui est à la limite septentrionale du territoire de Moab.

37 Balak dit à Balaam : « N’ai-je pas délégué pour toi à plusieurs reprises ? Pourquoi n’es-tu pas venu à moi alors ? Ne serais-je pas en mesure de te faire honneur pour ta satisfaction ? » Par ces paroles, il prophétisa inconsciemment que, comme résultat de cette entreprise, au lieu de recevoir des honneurs Balaam serait écrasé de honte.

38 Balaam dit à Balak : « Me voici à présent venu devant toi ! Mais prends garde : ne va pas croire que j’ai le pouvoir de dire quoi que ce soit ! C’est la parole que Dieu mettra dans ma bouche que je dirai. »

Quatrième lecture – Revii

39 Balaam partit avec Balak, et ils arrivèrent à une autre ville très peuplée, Kiriat ’Houtsot [« La ville aux nombreux marchés de plein air »]. Ils gardaient l’espoir qu’en demandant à Dieu de maudire les Juifs depuis cet endroit, ils seraient en mesure d’éveiller Sa pitié pour une population si nombreuse.

40 Balak égorgea une tête de gros bétail et une autre de menu bétail, qu’il envoya à Balaam et aux dignitaires se trouvant avec lui, en dépit de sa promesse de le combler d’honneurs.17 Se sentant insulté, Balaam entreprit de se venger.18

41 Le matin, Balak prit Balaam et le conduisit jusqu’aux hauteurs où les Moabites adoraient Baal, d’où il vit une partie du campement où séjournait le peuple juif.

23:1 Bien résolu à lui faire payer son avarice,19 Balaam dit à Balak : « Dresse-moi ici sept autels, et prépare-moi sept taureaux et sept béliers. »

2 Balak fit ce que Balaam avait demandé, et Balak et Balaam offrirent un taureau et un bélier sur chaque autel.

3 Balaam dit à Balak : « Reste auprès de ton offrande d’élévation ; moi, je m’en irai méditer. Généralement Dieu ne communique pas avec moi lorsqu’il fait jour,20 mais peut-être l’Éternel communiquera avec moi, même à contrecœur, et me montrera quelque chose que je puisse te rapporter. » Puis il partit, seul et insouciant.

4 Effectivement, Dieu communiqua à contrecœur avec Balaam afin de contrecarrer ses plans de maudire les Juifs. Balaam Lui dit : « Regarde ! J’ai dressé sept autels afin d’annuler le mérite accumulé grâce aux sept autels dressés autrefois par les patriarches,21 et j’ai offert un taureau et un bélier sur chaque autel, alors qu’ils n’offrirent qu’un bélier à la fois. »22

5 L’Éternel mit Son message dans la bouche de Balaam, autrement dit Il lui accorda une vision prophétique. Là Il lui montra qu’il ne réussirait pas à maudire le peuple pour deux raisons : premièrement, parce qu’Il les aime et les protège ; deuxièmement, parce que leurs propres mérites l’emportent sur la force de toute malédiction qu’il pourrait prononcer.23 Et Il dit : « Retourne vers Balak et parle ainsi. »

6 Il retourna vers lui, et voici qu’il se tenait debout près de son offrande d’élévation avec tous les dignitaires de Moab.

Le premier oracle de Balaam

7 Balaam se mit à prononcer sa parabole, et dit : « Depuis Aram m’a fait venir Balak, roi de Moab, depuis les montagnes de l’orient, disant : “Viens me maudire Jacob, viens invoquer la colère de Dieu contre Israël !” Il m’a demandé de me référer aux Juifs par les deux noms de leur ancêtre de sorte qu’il ne subsiste aucun doute quant au destinataire de la malédiction.

8 Mais comment maudirais-je celui que Dieu n’a pas maudit ? Jacob aurait dû maudire Siméon et Lévi pour avoir anéanti la ville de Che’hem,24 et cependant il ne maudit que leur colère, sans les maudire eux-mêmes.25 Lorsque Jacob trompa Isaac et de ce fait mérita d’être maudit, Dieu fit en sorte qu’il soit béni.26 Par la suite, lorsque Dieu fera savoir au peuple la manière dont Il scellera Son alliance avec lui – par des bénédictions et des malédictions –, Il décrira la bénédiction comme étant adressée au peuple, mais ne citera la malédiction que généralement.27 Tout ce que je peux vraiment faire, c’est reconnaître le moment où Dieu est en colère contre les Juifs et profiter de l’occasion pour prononcer ma malédiction. Mais à présent, comment puis-je invoquer Sa colère ? L’Éternel n’a pas été en colère à aucun moment depuis que tu m’as engagé !

9 Car dès leurs débuts en tant que peuple, je les vois robustes comme la cime des rochers par le mérite de leurs patriarches, et je les vois robustes comme des collines par le mérite de leurs matriarches. Tu vois, ils sont un peuple qui, dans le futur ultime, vivra en solitaire, car eux seuls hériteront de la terre.

Il ne sera pas compté parmi tous les autres peuples à l’heure du châtiment. Le fait qu’il jouisse de la bonté de Dieu avec les autres peuples ne sera pas non plus compté et déduit de sa récompense dans le futur, quand il se réjouira solitaire.

10 Par ailleurs, non seulement ce peuple est indifférent aux malédictions en raison de la fermeté qu’il a héritée de ses ancêtres, mais il possède également des mérites et des attributs intrinsèques, ce qui le rend invulnérable. Cette invulnérabilité ne résulte pas de son nombre concret, car, certes, bien que nombreux il est en nombre fini, et l’on trouve des peuples bien plus nombreux que lui. Quelqu’un aurait-il compté les descendants de Jacob en pensant que leur nombre exprimerait la somme totale de leurs mérites ? Avec Sa bénédiction pour qu’il soit innombrable comme la poussière de la terre,28 Dieu signifia que le peuple possède une qualité intrinsèque, essentielle, qui dépasse la simple quantité. Aussi, Dieu les aime inconditionnellement, comme s’ils étaient Ses jeunes enfants. Et qui croirait jamais que la singularité du peuple juif peut s’exprimer par le compte du nombre de personnes faisant partie de l’une des quatre divisions du camp d’Israël ? Sa singularité se fonde sur sa qualité essentielle, que Dieu souligne en répartissant le peuple en quatre divisions distinctes, à l’instar de l’ordonnancement des armées des anges.29 Que je meure comme meurent les justes d’Israël, et que ma fin ressemble à la leur ! »

11 À l’écoute de ces propos, Balak dit à Balaam : « Que m’as-tu fait ! Je t’ai engagé pour que tu maudisses mes ennemis, et voici que tu les as bénis, oui, bénis ! »

12 Il répondit : « N’est-ce pas ce que l’Éternel met dans ma bouche que je dois veiller à dire ? »

Cinquième lecture – ‘Hamichi

Balak change de tactique

13 Balak lui dit : « Tu m’as bien dit que nous ne sommes pas en mesure de maudire tous les Juifs parce qu’en tant que peuple ils jouissent de l’amour protecteur de Dieu, et que leur mérite collectif les rend imperméables aux malédictions. Aussi, je te prie de venir avec moi dans un autre lieu d’où tu pourras les voir ; cependant, tu n’en verras qu’une partie, et pas eux tous. Si tu ne les vois pas tous d’un seul coup, tu les considéreras comme des individus ; alors, puisqu’il y en aura possédant peu de mérites, tu seras à même de me les maudire de là. »30

14 Il le conduisit hors des frontières qui contournaient à l’époque les terres de Moab, au champ des guetteurs, d’où les gardes protégeaient la contrée de l’approche des envahisseurs. Le champ se trouvait au sommet du mont Nébo, là où Moïse ira mourir. Les pouvoirs de divination de Balak étant supérieurs à ceux de Balaam, il fut à même de prévoir que le malheur frapperait le peuple juif à cet endroit précis, mais crut à tort que ceci surviendrait comme conséquence de la malédiction de Balaam. Comme avant, Balak dressa sept autels et offrit un taureau et un bélier sur chaque autel.

15 Balaam dit à Balak : « Reste ici à côté de ton offrande d’élévation, et peut-être que je serai contacté, même à contrecœur, par Dieu ici. »

16 L’Éternel entra de nouveau en contact à contrecœur avec Balaam, et mit un second message dans sa bouche. Dans cette vision, Dieu montra à Balaam que non seulement il lui serait impossible de maudire le peuple, mais que ce dernier mérite en fait d’être béni,31 à la fois pour ses propres mérites et parce que Lui les aime.32 Lorsque Balaam comprit que Dieu Se servirait de lui encore une fois pour bénir les Juifs, il décida de ne pas retourner vers Balak, mais Dieu l’y obligea. Il dit : « Retourne vers Balak et parle ainsi. »

17 Quand il arriva auprès de lui, il se tenait encore debout à côté de son offrande d’élévation, accompagné d’un petit nombre de dignitaires de Moab, les autres étant partis lorsqu’ils comprirent que le sorcier ne réussirait pas à maudire les Juifs. Balak lui dit, d’un ton moqueur : « Qu’a dit l’Éternel ? Après tout, tu n’es qu’une marionnette ; tu ne peux pas faire ce que tu veux. »

18 En réponse à l’ironie de Balak, Balaam chercha à le piquer au vif. Il se mit à réciter sa parabole et dit : « Lève-toi, Balak, et écoute ! Il ne t’est pas permis de rester assis pendant que je te livre le message de Dieu ! Écoute-moi attentivement, fils de Tsipor !

Le second oracle de Balaam

19 Dieu n’est pas un homme pour mentir, ni un mortel pour Se raviser. Il a promis de donner aux Juifs la terre d’Israël, de sorte qu’il est inutile que tu tentes de t’opposer à Sa parole. Crois-tu qu’Il dirait qu’Il ferait quelque chose et ne le ferait pas ? Qu’Il parlerait et ne tiendrait pas Sa parole ?

20 J’ai reçu l’ordre de les bénir ; Il a béni, et je ne peux pas le défaire, parce que

21 j’ai regardé et n’ai trouvé aucun idolâtre parmi eux, les descendants de Jacob, ni aucun ouvrier malhonnête parmi eux, les descendants d’Israël. Cela seul suffit à les rendre dignes d’être bénis. En plus, chaque fois qu’ils transgressent la volonté de Dieu, Il y passe outre : Il ne voit pas de mal, quel qu’il soit, dans les actes des descendants de Jacob, et ne voit aucune perversité dans ceux des descendants d’Israël.33 L’Éternel, leur Dieu, est avec eux même lorsqu’ils Le défient, et dans ces cas également ils conservent l’amitié du Roi.

22 D’ailleurs, ce n’est pas qu’ils sortirent d’Égypte par eux-mêmes, comme tu l’as laissé entendre ;34 Dieu les fit sortir d’Égypte avec la force qu’Il possède du fait de Sa grandeur, de Sa capacité de voler au-dessus des puissances terrestres, et de Son pouvoir sur les démons.

23 Les Juifs sont d’autant plus dignes de bénédictions qu’il n’y a pas de devins d’augures en Jacob et pas de magiciens35 en Israël. Ceci revient à reconnaître qu’il est impropre d’être un devin ; cependant, ce n’est pas la raison pour laquelle moi, étant devin, je ne parviens pas à les maudire : c’est parce qu’ils ont leurs propres mérites, qui les rendent dignes d’être bénis. Dieu manifesta au grand jour Son affection pour eux quand Il leur fit don de la Torah et communiqua avec eux directement. Tout comme Il leur enseigna alors Sa Torah précieuse, Il le fera à nouveau dans le futur messianique, quand Il les assiéra plus près de Lui que Ses anges serviteurs et leur enseignera les leçons de la Torah les plus profondes. Il sera dit alors à Jacob et à Israël par ces anges, lorsqu’ils s’enquerront de ce que Dieu a dit : “Qu’a accompli Dieu ?”, car les Juifs auront un accès à Ses voies plus direct et intime qu’eux.

24 Voici que les Juifs méritent d’être bénis parce qu’ils sont un peuple qui se lève à l’aube comme un lion redoutable, se levant comme un lion pour exécuter la volonté de Dieu sans rien craindre. Les premiers actes qu’ils accomplissent le matin expriment tous leur allégeance absolue à Sa volonté. Ils mettent leurs vêtements aux franges rituelles,36 qui leur rappellent d’observer tous les commandements de Dieu. Ils récitent ensuite le Chéma,37 qui contient les concepts essentiels de la relation du Juif avec Dieu. Ils mettent les tefiline,38 qui leur rappellent la sortie d’Égypte, source de leur liberté spirituelle. Et la nuit, le peuple ne s’allonge pas pour dormir avant de réciter le Chéma. En retour pour le fait qu’il s’est consacré à Lui ainsi, Dieu combat ses ennemis, consume ceux qui cherchent à s’en prendre à lui, et boit le sang de ses ennemis abattus. Puis, il ne s’établira pas dans son pays tant qu’il n’aura pas dévoré sa proie – les peuples qu’il dépossédera – et héritera du butin des morts. Et enfin, Moïse ne mourra pas jusqu’à ce qu’il me tue – moi, sa proie – lorsqu’il tuera les princes de Madian, ce qu’il fera également. »39

25 Balak dit à Balaam : « Ne les maudis pas, mais ne les bénis pas non plus ! Si tu ne peux les maudire, ne dis rien ! »

26 Balaam répondit et dit à Balak : « Ne t’ai-je pas parlé, disant : “Tout ce que l’Éternel me dira de faire, c’est ce que je ferai” ? »

Sixième lecture – Chichi

Balak essaie encore

27 Mais Balak eut alors une nouvelle idée, et dit à Balaam : « Viens à présent, je t’emmènerai à un autre endroit. Peut-être Dieu approuvera que tu les maudisses pour moi de là. »

28 Balak emmena Balaam sur la cime de Péor, qui surplombe les déserts, là où les Hébreux succomberaient à l’idolâtrie et seraient punis pour cette conduite.40 Ici également, Balak anticipa qu’à cet endroit le malheur frapperait le peuple juif, et crut que ce serait par l’effet de la malédiction de Balaam.

29 Encore une fois, Balaam dit à Balak : « Dresse-moi ici sept autels et prépare-moi sept taureaux et sept béliers. »

30 Balak fit ce que Balaam lui avait demandé, et offrit un taureau et un bélier sur chaque autel.

24:1 À ce moment-là, Balaam vit qu’il plaisait à Dieu uniquement de bénir Israël et qu’il ne serait pas en mesure de prendre Dieu au dépourvu et Le convaincre de les maudire, de sorte qu’il ne s’en alla pas pratiquer des divinations méditatives afin d’agir sur Dieu pour qu’Il communique avec lui, comme il l’avait fait les autres fois. Au lieu de cela, il décida de mentionner explicitement les fautes passées des Juifs, croyant que sa malédiction s’abattrait ainsi sur eux que Dieu le veuille ou non. Il tourna d’abord son visage vers le désert du Sinaï, où le peuple avait commis la faute du veau d’Or.

2 Balaam leva les yeux de manière à embrasser du regard le camp hébreu en entier et éveiller ainsi dans son cœur la jalousie de leur prospérité. Il supposa que ses sentiments de jalousie pousseraient Dieu à repenser la légitimité qu’avaient les Juifs de bénéficier de cette fortune. Le fait de devenir jaloux à dessein afin de priver autrui de ses biens est appelé « jeter le mauvais œil ».41 Ainsi, Balaam se montra perfidement jaloux, vaniteux42 et cupide.43 Mais lorsqu’il porta son regard vers le camp, il vit Israël résidant selon ses tribus parfaitement rangées, et il comprit que cela n’était possible que parce que le peuple avait scrupuleusement veillé à la fidélité conjugale. De plus, afin de protéger l’intimité de chacun, ils avaient tous dressé leurs tentes de manière à ce que les entrées ne se trouvent pas face à face. Quand il vit à quel point les Juifs prenaient à cœur de contrôler et de canaliser le désir charnel comme il se doit, son attitude changea : son esprit fut en phase avec l’esprit de Dieu, et il décida de les bénir de son plein gré.44

Le troisième oracle de Balaam

3 Il se mit à réciter sa parabole, disant : « Voici la parole de Balaam fils de Béor, la parole de l’homme avec un œil à la cavité ouverte et un œil qui voit.45

4 La parole de celui qui entend les paroles de Dieu, qui voit la vision du Tout-Puissant. Certes, Dieu ne Se révèle à moi que lorsque je suis couché, car d’habitude Il vient à moi la nuit, furtivement, lorsque je suis au lit,46 parce que je suis incirconcis et que la crainte révérencielle de la révélation Divine m’anéantirait,47 et puis cela révulserait à Dieu de Se manifester devant moi si je me trouvais debout. Mais je vois tout de même la vision qu’Il m’accorde, aussi clairement que si j’avais les yeux ouverts.

5 Je voulais mettre en relief les fautes des enfants d’Israël afin que ma malédiction puisse les frapper, mais comment faire ? Que tes tentes sont belles, peuple de Jacob ! Leurs entrées ne sont pas placées face à face, ce qui montre combien tu apprécies la retenue et l’intimité ! Que tes campements sont bons, peuple d’Israël ! Tu es organisé en divisions ordonnées, indiquant ainsi ta maîtrise du désir charnel et ta fidélité conjugale ! Ce mérite l’emporte certainement sur toute autre faute dont tu pourrais être blâmé. Et quoi qu’il en soit, même si tu commettais des fautes, que tes sanctuaires sont bons, peuple de Jacob ! Ton Tabernacle et ton Temple rachètent tes fautes : lorsqu’ils sont dressés, tu y offres des sacrifices pour en racheter certains ; quand ils seront en ruines, ils serviront de garantie pour toi, peuple d’Israël, et rachèteront tous les autres !48

6 Aussi, je te bénis : tes règnes s’étendront loin dans le futur, comme des ruisseaux ; ton olivier et ta vigne fleuriront comme des vergers le long du fleuve ; ta renommée se répandra tel le parfum des aloès qui poussent dans le jardin d’Eden et que l’Éternel Lui-même a plantés, et s’étendra comme la tente du ciel, que l’Éternel Lui-même a dressée ; tes rois seront droits comme les cèdres poussant au fil de l’eau.

7 L’eau coulera de tes puits, autrement dit ta dynastie royale se perpétuera. Ta semence sera abondamment arrosée : ton royaume prospérera matériellement et dominera les autres. Ton premier roi, Saül, sera doué de suffisamment d’audace pour s’élever au-dessus d’Agag, le roi des Amalécites, et le vaincre.49 Les deux rois qui lui succéderont, David et Salomon, accroîtront ta monarchie à tel point que ta royauté sera exaltée et redoutée par les autres nations.

8 Dieu, qui t’a conféré cette grandeur, et qui t’a fait sortir d’Égypte par la puissance qu’Il possède du fait de Sa grandeur,50 consumera les peuples qui sont tes adversaires, écorchera leurs os, teindra Ses flèches dans leur sang et morcellera leur pays.

9 Tu t’établiras et tu habiteras dans ton pays comme un lion vigoureux, comme un lion redoutable que personne n’oserait réveiller. Ceux qui te béniront seront bénis, et ceux qui te maudiront seront maudits. »

Balak repousse Balaam

10 Balak, exaspéré contre Balaam, frappa dans ses mains en signe de frustration. Et Balak dit à Balaam : « Je t’avais appelé pour maudire mes ennemis et voici que tu les as bénis par trois fois !

11 Maintenant, fuis vers ton pays ! J’ai dit que je te comblerais d’honneurs, mais l’Éternel t’a empêché de recevoir le moindre honneur de ma part. »

12 Balaam dit à Balak : « Mais n’avais-je pas dit aux messagers que tu m’avais envoyés au tout début ces mots :51

13 “Même si Balak me donnait de l’argent et de l’or jusqu’à en remplir sa maison, je ne saurais désobéir à la parole de l’Éternel pour faire le bien ou le mal de ma propre volonté ; je ne pourrai répéter que ce que l’Éternel me dira.” » Auparavant, il s’était référé à Dieu comme « mon Dieu », alors qu’ici il n’en fait pas autant, conscient de L’avoir dégoûté et repoussé.

Septième lecture – Chevii

14 Balaam continua : « Et à présent que j’ai perdu la grâce de Dieu et que je perdrai bientôt mes dons prophétiques, j’irai chez mon peuple et deviendrai là-bas tout simplement l’un des siens. Je me servirai de mes talents pour être un devin, à l’égal de mon père.52 Mais en attendant, viens, je te conseillerai sur la manière de vaincre les Juifs. Et, en ce qui te concerne, j’annoncerai ce que ce peuple fera à ton peuple à la fin des jours, c’est-à-dire dans le futur lointain. »

La prophétie de Balaam

15 Il se mit à prononcer sa parabole, et il dit : « Voici la parole de Balaam, fils de Béor, la parole d’un homme ayant un œil à la cavité ouverte et un œil qui voit.53

16 La parole de celui qui entend les paroles de Dieu et sait quand l’esprit du Très-Haut est emporté ;54 de celui qui, tombé avec les yeux ouverts, voit la vision du Tout-Puissant.55

17 Je vois bien les Juifs vaincre Moab, mais pas pour l’heure ; je le distingue, mais pas tout de suite. Aussi, tu n’as pas de raison de te sentir menacé par eux directement ou du fait que ta tentative de te protéger à travers mes services se soit soldée par un échec cuisant. Ils te vaincront au moment précis où une étoile de bonne fortune se lèvera depuis Dieu à l’intention de Jacob ; cela surviendra lorsqu’un roi brandissant un sceptre de puissance surgira du sein d’Israël. Ce roi, David, frappera et anéantira les princes de Moab,56 et entravera également l’autonomie de tous les descendants de Set, c’est-à-dire l’humanité entière, qui est issue de lui (à travers Noé, le seul des descendants masculins d’Adam qui, avec ses enfants, survécut au Déluge). »57

18 Après avoir décrit comment les Hébreux vaincront Moab au temps du roi David, Balaam se tourna vers l’avenir pour relater ce qu’il adviendrait de leurs autres voisins. « Édom sera l’apanage d’Israël ; le mont Séïr, le siège d’Édom, deviendra l’apanage des enfants d’Israël, ses ennemis. Et Israël prospérera.

19 Cela se produira lorsque, outre le roi David, un autre souverain sera issu de Jacob : Machia’h. Il anéantira les restes de Rome, la cité capitale des Romains, les descendants d’Ésaü/Édom. »58

20 Lorsque Balaam vit prophétiquement le châtiment destiné à Amalek, il se mit à prononcer une parabole à son sujet, et dit : « Amalek fut le premier des peuples à attaquer les Juifs, et sa fin sera la destruction éternelle aux mains des Juifs lorsqu’ils exécuteront le commandement de Dieu leur enjoignant de l’anéantir. »59

21 Lorsqu’il vit par prophétie le futur des descendants de Jéthro, les Kéniens,60 qui vivaient à proximité des Amalécites,61 il se mit à réciter une parabole à leur propos et dit : « Que ta demeure est ferme, et ton nid,62 placé en toute sécurité sur le rocher ! Quelques-uns d’entre vous siègent au Sanhédrin, la Haute Cour des enfants d’Israël ! Comment êtes-vous parvenus à mériter cet honneur ? Après tout, votre ancêtre Jéthro siégeait à mes côtés à la cour de Pharaon lorsque nous conseillâmes à Pharaon de les asservir !63

22 Ton mérite te protégera, car, même si la patrie du Kénien sera dévastée, comme ce sera le cas, et que les Assyriens t’enverront en exil en compagnie des dix tribus du nord d’Israël, jusqu’où l’Assyrie te retiendra-t-elle captif ? Tu survivras et retourneras en compagnie des autres exilés. »

23 Après avoir mentionné l’exil assyrien, il se mit à réciter une parabole sur les bouleversements futurs, disant : « Hélas ! Qui survivra alors que Dieu imposera ces choses ? Sennachérib, le roi d’Assyrie, enverra en exil et dispersera tous les peuples vivant dans son empire.

24 Après lui, des navires viendront du pays des Kittites, c’est-à-dire de Rome, et accableront les empires qui succéderont à l’Assyrie, et accableront ensuite ceux situés sur l’autre rive (la rive orientale) de l’Euphrate. Mais à la fin, Rome sera également vouée à la perdition. »

25 Ayant achevé son discours, Balaam se leva, partit et retourna dans son pays, et Balak aussi reprit son chemin. Il retourna à Moab et engagea son peuple dans l’exécution du plan de Balaam visant à conduire les Juifs à fauter. Il fit également appel à l’aide des Madianites, qui consentirent volontiers à envoyer leurs filles pousser à la tentation les hommes juifs. Ils envoyèrent même les jeunes filles issues de leurs maisons princières pour tenter de séduire les Juifs les plus prestigieux.

L’affaire de Baal Péor

25:1 Israël s’établit à Chitim, une région située dans les plaines de Moab.64 La confiance excessive qui devint celle du peuple après le succès de leurs campagnes contre les rois amoréens, et le butin démesuré qu’ils pillèrent réduisirent en eux le sens de la retenue.65 Le peuple commença à fréquenter les marchés que Balak avait dressés suivant le plan de Balaam. En peu de temps, les hommes finirent par s’égarer avec les filles des Moabites.

2 Les jeunes filles moabites invitèrent le peuple aux offrandes de leurs dieux, et 157 200 hommes du peuple consommèrent les offrandes et se prosternèrent devant leurs dieux sur l’insistance des filles moabites. Chaque fois qu’une jeune moabite séduisait un homme juif et qu’ils étaient sur le point de passer à l’acte, la femme sortait une idole d’entre ses vêtements et lui demandait de l’adorer d’abord. L’idole moabite était nommée Baal Péor (« le maître de la nudité ») parce que ses adorateurs la vénéraient en se déshabillant devant elle pour faire leurs besoins.

3 Ainsi, grâce au plan de Balaam, Israël devint attaché à Baal Péor. L’Éternel s’emporta contre Israël et déclencha une plaie en son sein, qui frappa les innocents comme les coupables.66

4 Pour arrêter la plaie, l’Éternel dit à Moïse : « Prends tous les chefs du peuple et rassemble-les pour former un tribunal destiné à juger ceux qui ont adoré l’idole. En règle générale, pour juger les idolâtres il faut des témoins, mais ici les coupables ont fauté en privé, à l’intérieur des tentes moabites. Aussi, afin de permettre aux juges de les traduire en justice et de porter une sentence contre eux, Je ferai reculer les ombres qui abritent les coupables et le soleil les éclairera directement. Vous lapiderez les coupables et les pendrez67 devant l’Éternel, à la face du soleil, afin que chacun puisse les identifier clairement et apprendre à ne pas imiter leurs actes. Alors la colère de l’Éternel se détournera d’Israël et la plaie cessera. »

5 Les 157 200 Juifs qui étaient coupables furent ainsi exposés au grand jour, jugés et condamnés. Moïse dit alors aux 78 60068 juges d’Israël : « Chacun de vous tuera deux des hommes qui se sont attachés à Baal Péor par lapidation et pendaison. »

6 L’homme hébreu appelé Zimri fils de Salou vint et amena la Madianite portant le nom de Kozbi fille de Tsour à ses frères, assemblés alors aux yeux de Moïse. Il défia Moïse aux yeux de toute l’assemblée des enfants d’Israël. Dieu fit que Moïse et le peuple entier69 oublient la loi enseignant comment agir dans un tel cas ; voyant ainsi leur guide impuissant à arrêter cette insurrection, les Hébreux loyaux se mirent à pleurer à l’entrée de la cour de la Tente de la Rencontre. L’incapacité de Moïse à agir sur le moment contrastait fortement avec sa vive et tranchante réaction lors de la faute du veau d’Or. En réalité, Dieu fit oublier la loi à tous dans le but que le petit-fils d’Aharon, Pin’has, puisse relever le défi et gagner la distinction qu’il méritait.

MAFTIR

Pin’has prend l’initiative

7 Pin’has fils d’Eleazar, fils d’Aharon le prêtre, vit agir Zimri et dit à Moïse : « Ne nous as-tu pas enseigné que, si quelqu’un voit un homme engagé dans une relation charnelle en public avec une femme non juive et qu’il est animé d’indignation vertueuse, il peut l’avertir et, s’il ne s’arrête pas, l’exécuter sans procès ? » Se rappelant la loi aussitôt,70 Moïse répondit : « Tu as raison ! Si tel est ton cas, alors, puisque tu te rappelles la loi, l’honneur t’appartient de l’exécuter ! » Pin’has se leva alors de l’assemblée et prit une lance dans sa main.

8 Il suivit l’homme hébreu nommé Zimri fils de Salou dans la tente, l’avertit, ainsi que la femme, qu’il s’apprêtait à les tuer pour leur acte, et miraculeusement Zimri et Kozbi ne purent pas se dégager l’un de l’autre (car alors il aurait été interdit à Pin’has de les tuer sans procès). Miraculeusement, il les transperça tous les deux de sa lance ; l’homme hébreu, par son organe reproducteur, et la femme de même, par son organe génital. Zimri n’appela pas à l’aide. Autres miracles : Pin’has souleva les deux, transpercés par sa lance, et ils ne glissèrent pas ; un ange souleva l’entrée de la tente pour que Pin’has puisse les amener au-dehors dans la condition où ils se trouvaient, afin qu’il soit évident pour tous qu’il les avait tués à bon escient. À la vue de Pin’has portant le couple sur sa lance, les partisans de Zimri voulurent l’attaquer ; aussi, la plaie s’intensifia afin de les tuer. S’avisant que la plaie s’était soudain intensifiée et que les gens étaient nombreux à mourir, Pin’has jeta Zimri et Kozbi à terre et pria Dieu de l’arrêter. Ainsi cessa la plaie contre les enfants d’Israël.

9 Ceux qui moururent lors de la plaie furent au nombre de vingt-quatre mille. Le soulèvement de Zimri écrasé, les juges terminèrent d’exécuter ceux qui étaient coupables d’idolâtrie.