6 Pour lui et pour sa maison. Si une personne sait qu’elle est rituellement impure mais oublie qu’elle l’est et, dans cet oubli de son impureté, pénètre dans le Tabernacle ou mange une nourriture consacrée et ne se souvient de son état d’impureté que par la suite, elle doit racheter cette faute en sacrifiant une offrande de faute alternative.1 Si une personne ne se rend pas compte qu’elle est rituellement impure puis entre dans le Tabernacle ou consomme de la nourriture consacrée, et qu’elle comprend par la suite s’être alors trouvé dans un état d’impureté, sa faute est rachetée par le bouc apporté comme offrande de faute lors de l’abattage des offrandes supplémentaires de Yom Kippour, qui seront décrites plus loin.2 Si une personne ne se rend pas compte qu’elle est rituellement impure, puis entre dans le Tabernacle ou mange de la nourriture consacrée toujours inconsciente de son état d’impureté, sa faute est réparée par l’offrande de faute du bouc comprise dans les offrandes supplémentaires abattues à l’occasion des autres fêtes, qui seront également décrites par la suite.3 Si quelqu’un sait qu’il est impur puis l’oublie et, sans se souvenir de son état d’impureté, entre dans le Tabernacle ou mange une nourriture consacrée, sa faute est rachetée par l’une des deux offrandes spéciales de Yom Kippour – s’il s’agit d’un prêtre, par le taureau du grand prêtre, et s’il s’agit d’un non-prêtre, par le bouc du peuple, comme on le décrira bientôt –, mais seulement jusqu’à ce qu’il prenne conscience de son état d’impureté ; dès lors, il doit apporter une offrande de faute alternative, comme il a été détaillé plus haut.4

Pour sa maison, autrement dit pour sa femme. Ce verset implique que le grand prêtre doit être marié afin que les rites de Yom Kippour accomplis par lui soient valables, comme c’est bien le cas.5 D’ailleurs, comme nous le verrons,6 une fois ces rites accomplis, le grand prêtre est tenu de quitter le Temple et revenir immédiatement à son domicile, chez son épouse. Le but de son accession à de hauts niveaux de conscience du Divin dans le Saint des Saints n’est pas d’en faire l’expérience, mais de décliner l’inspiration puisée alors dans la vie quotidienne. Ce sont les femmes qui incarnent notre mission de faire du monde une demeure pour D.ieu ; aussi, le retour du grand prêtre auprès de son épouse – afin de partager avec elle l’inspiration Divine qui lui permettra d’épanouir sa propre conscience du Divin – constitue le point culminant de l’intense travail spirituel du jour.

Le grand prêtre doit, en outre, réaffirmer cette intention lorsqu’il commencera à effectuer les rites de Yom Kippour afin de veiller à ce que toute la série d’intenses rites spirituels soit accomplie avec ce but spécifique à l’esprit.

Les rites de Yom Kippour nous enseignent comment renouveler notre relation avec D.ieu. Aussi, l’épanouissement de notre harmonie conjugale est partie intégrante de l’épanouissement de notre relation avec D.ieu. Un mari a le devoir de favoriser l’épanouissement spirituel de son épouse. Et nous devons tous aspirer à l’harmonie entre notre aspect « masculin » – autrement dit l’aspiration à la spiritualité, illustrée par la propension à l’abstraction – et notre aspect « féminin » – à savoir notre aspiration à pénétrer la vie quotidienne de spiritualité, illustrée pour sa part par la propension à la mise en œuvre –, chaque aspect inspirant et équilibrant l’autre.7

8 Aharon placera ces plaquettes. On a recours au sort, soit lorsqu’il est impossible de parvenir à un choix raisonné entre deux possibilités (car elles sont toutes deux envisageables), ou lorsqu’il est possible de choisir de manière raisonnée mais qu’il a été décidé de ne pas avoir recours à la logique pour trancher la question. Dans ces deux cas, l’intellect se soumet volontairement au « hasard », c’est-à-dire à la providence Divine. En outre, l’utilisation du tirage au sort témoigne de notre décision, non seulement de mettre de côté l’intellect en faveur de la providence, mais également de soumettre notre volonté à la providence – nous décidons que nous « voudrons bien accepter » toute décision issue du tirage au sort, quelle qu’elle soit.

L’obligation de tirer au sort entre les deux boucs de Yom Kippour a pour but d’indiquer que le processus du repentir, l’essence même de Yom Kippour, transcende la logique.

Nous avons déjà noté8 comment le repentir en général implique le dépassement de la logique, aussi bien en envisageant la question de notre point de vue que de celui de D.ieu : pour parvenir au véritable repentir, nous devons nous refaçonner conformément à une relation avec D.ieu d’une intensité que nous ne considérions pas comme logiquement attendue de nous. Pour accepter notre repentir, D.ieu doit passer outre le système logique de récompense et de punition conçu par Lui comme mode de fonctionnement du monde. C’est cette révélation de l’essence de D.ieu, transcendant à la fois l’ordre logique de la nature et la volonté même avec laquelle Il créa le monde, qui se révèle à travers le repentir en général et l’observance de Yom Kippour en particulier.9

13 Il placera l’encens. L’encens est offert sur l’autel intérieur, ce qui correspond à la dimension intérieure du cœur – notre âme Divine, liée en permanence à sa source Divine –, et sert à révéler et intensifier ce lien. En revanche, les sacrifices offerts sur l’autel extérieur sont conçus pour élever la dimension extérieure du cœur – notre âme animale/humaine – à la hauteur du Divin.

Dans ce contexte, la combustion de l’encens à Yom Kippour dans le Saint des Saints – la partie la plus intime du Sanctuaire, plus intime que l’autel intérieur lui-même – reflète la révélation qui a lieu en ce jour de la dimension la plus profonde de l’âme Divine. Lorsque cet aspect de l’âme Divine est révélé, notre nature spirituelle prend le dessus sur notre matérialité, nous transformant en des êtres qui, comme les anges, n’ont pas besoin de nourriture ou de boisson. Ainsi, les différentes formes de « mortification » que nous devons observer à Yom Kippour,10 plutôt que de nous punir, sont destinées à exprimer notre métamorphose, en ce jour, en êtres spirituels.11

21 Sur la tête du bouc vivant. Les différentes sortes d’offrandes de faute et d’offrandes de culpabilité rachètent certaines fautes, d’autres types de sacrifices rachètent d’autres types de fautes, et certaines autres fautes sont rachetées par la flagellation. Néanmoins, il existe encore de nombreux types de fautes, intentionnelles ou non, pour lesquelles on ne trouve aucune démarche associée à l’accomplissement du rachat. Le bouc envoyé à Azazel rachète tous ces autres manquements.

Ainsi donc, celui qui est tenu d’apporter une offrande de faute ou de culpabilité particulière n’est pas exempté de cette obligation par le bouc envoyé à Azazel, et doit toujours l’apporter à la suite de Yom Kippour. La seule exception en est l’offrande de culpabilité en sursis :12 si quelqu’un est obligé d’offrir ce sacrifice mais que le temps ou l’occasion lui manquent de l’accomplir avant Yom Kippour, le bouc envoyé à Azazel accomplit le rachat dû et la personne n’est plus tenue de l’offrir après Yom Kippour.13

Le bouc envoyé à Azazel rachète : (a) les fautes passibles d’exécution par le tribunal, (b) les fautes passibles de retranchement, (c) les serments en vain14 et (d) les faux serments15 – si l’individu se repent préalablement,16 comme il en va de la flagellation et de tous les autres sacrifices. En ce qui concerne toutes les autres transgressions qu’il a pour but de réparer, le rachat est efficace même si l’individu ne s’est pas repenti au préalable de sa faute.17

Néanmoins, quoique le repentir implique en règle générale l’aveu de la faute comme partie intégrante du processus, dans le cas du bouc envoyé à Azazel le grand prêtre fait son aveu au nom du peuple tout entier. En tout état de cause, si la transgression a causé des dommages à la personne ou aux biens de quelqu’un, le bouc ne les rachète qu’une fois que ces torts ont été réparés.18

23 Ne seront plus jamais portées. La raison de cette règle est que, lorsque quelqu’un se repent sincèrement, il devient une nouvelle personne. Dans la mesure où l’essence de Yom Kippour est le repentir, les vêtements utilisés pour effectuer les rites de Yom Kippour devaient être renouvelés chaque année, en allusion au pouvoir qu’a le repentir de transformer la personne.19

30 D’autres formes de rachat, moins radicales. Les mécanismes de rachat établis concernant la transgression des commandements qui restent pertinents dans les périodes d’absence du Temple sont les suivants :20

• Pour le fait de négliger d’accomplir un commandement positif, il suffit de se repentir ; aucun autre rachat n’est requis.

– Font exception à cette règle les deux commandements positifs (le sacrifice de Pessa'h et la circoncision) dont la négligence entraîne la punition du retranchement (voir plus bas).

– L’individu peut entamer un rachat facultatif, semblable à l’offrande d’élévation que l’on sacrifiait à l’époque du Temple.21

• Pour avoir transgressé une interdiction autre que celles détaillées ci-dessous, le repentir place la peine en sursis22 jusqu’à Yom Kippour ; si l’individu vient à observer Yom Kippour en bonne et due forme, il est dispensé de tout châtiment ultérieur.

• En ce qui concerne la transgression d’une interdiction passible de châtiments (comme le retranchement ou la mort) mis en exécution par le Sanhédrin, le repentir et l’observance de Yom Kippour suspendent et réduisent la peine ; les épreuves envoyées par D.ieu (avant ou après Yom Kippour)23 achèvent tout rachat qui ferait encore défaut.

• Lorsque l’individu n’a pas suivi les procédures de rachat nécessaires avant de mourir, sa mort peut effectuer le rachat s’il s’est repenti auparavant. Le cas échéant, il sera débarrassé de ses fautes dans la première phase de sa vie dans l’autre monde.

Il est possible d’anticiper la souffrance éventuelle imposée par D.ieu par une souffrance auto-imposée, le jeûne notamment.24 Le jeûne peut également remplacer l’offrande d’élévation volontaire qui s’offrait d’habitude, une fois le rachat ordinaire accompli, afin de renouveler la relation de l’individu avec D.ieu.25 Lorsque l’individu n’est pas assez fort pour jeûner sans risquer de mettre sa santé en péril ou de porter dommage à son aptitude à poursuivre normalement sa vie – ce qui est la règle de nos jours –,26 le jeûne peut être remplacé par la charité.

Dans ces contextes, l’observance de Yom Kippour est partie intégrante du processus de rachat prévu pour des fautes spécifiques, outre sa fonction, plus générale, de rachat de l’effet de la faute sur l’esprit du transgresseur afin que ce dernier puisse être admis dans une relation renouvelée avec D.ieu.27

Toute cette discussion sur la culpabilité entraînée par la faute ne s’applique qu’à une personne consciente de la portée de ses actes lorsqu’elle a commis la transgression. La personne qui a été élevée dans l’ignorance du système de commandements de la Torah et de leur poids légal ne saurait être tenue pour responsable de leur transgression. Néanmoins, elle doit encore effectuer le rachat des catégories auxquelles appartiennent les fautes qu’elle a commises. Par exemple, le repentir suivi d’une seule offrande de faute – ou, en l’absence du Temple, le repentir suivi de l’observance de Yom Kippour – suffit à expier tous les Chabbat qu’elle n’a pas respectés, quel que soit leur nombre.28

Cette partie du rachat. Comme il a été indiqué plus haut, le bouc envoyé à Azazel, en l’absence du repentir de l’individu, rachète les fautes « plus légères » – la transgression de commandements positifs ou restrictifs passibles de flagellation, etc. –, tandis qu’il ne rachète les fautes « plus lourdes » – comme des infractions capitales ou punissables de retranchement – qu’à condition que l’individu se repente. Quant au rachat qu’offre le jour de Yom Kippour, il a le pouvoir de réparer toutes les fautes, même en l’absence du repentir.

Cette différence obéit au fait que, comme il a été indiqué, le bouc rachète les fautes particulières ; à ce titre, la gravité de l’infraction est un facteur pertinent par rapport auquel il faut évaluer l’aptitude du rituel du bouc à effectuer le rachat. À lui seul, il peut surmonter l’effet des fautes « plus légères » ; pour ce qui est des fautes « plus lourdes », il a besoin de la force supplémentaire que procure le repentir.

En revanche, la sainteté de Yom Kippour, comme on l’a indiqué, rachète l’effet de la faute sur l’individu en effaçant l’empreinte que la faute a laissée sur lui. Plutôt que d’extirper nos fautes de nous-mêmes, pour ainsi dire, Yom Kippour nous défait de nos fautes en nous élevant au-dessus d’elles. C’est la raison pour laquelle les détails de la ou des fautes ne revêtent pas une grande importance ; tout ce que nous sommes tenus de faire, c’est de désirer notre réconciliation avec D.ieu dans un sens général, et d’exprimer ce désir en observant Yom Kippour comme il convient.

Yom Kippour nous élève ainsi du fait que le jour lui-même révèle le lien intrinsèque unissant chaque Juif à D.ieu en vertu de l’âme Divine dont il est habité. Le lien entre notre essence et l’essence de D.ieu existant avant même la création, il transcende les limites du temps et de l’espace. C’est la raison pour laquelle il ne saurait être atteint par aucune des fautes que nous viendrions à commettre. Ainsi, le jour même de Yom Kippour – révélant ce lien quintessentiel entre nous et D.ieu – fait véritablement table rase de nos fautes.29

18:2 Votre D.ieu. Nous pourrions aisément penser que, plus un membre de notre famille est proche de nous, plus il devrait être approprié en tant que conjoint. Après tout, (a) Abraham cherchait surtout un membre de sa famille comme épouse pour son fils Isaac ;30 (b) la gestation fait que les conjoints « deviennent une même chair »,31 et cet objectif est d’autant plus atteint que les époux ont entre eux des liens de parenté ; et (c) les mariages entre proches parents avaient déjà été sanctionnés et fait preuve de leur réussite : les fils d’Adam épousèrent leurs sœurs,32 Jacob épousa des sœurs33 et ses fils épousèrent leurs sœurs,34 et Amram épousa sa tante Yo’héved,35 par qui il engendra Moïse, Aharon et Miriam.

Néanmoins, D.ieu nous interdit d’épouser certains proches parents. Lorsque nous avons écouté D.ieu dire, au mont Sinaï : « Je suis D.ieu, ton D.ieu », nous avons accepté Son autorité sur nous.36 Sur la base de cette acceptation, D.ieu nous exige d’accepter les règles qui déterminent avec qui il nous est permis ou interdit d’avoir des relations charnelles.

En outre, l’attachement amoureux à une autre personne peut revêtir une telle force qu’il nous pousse à envisager de braver ces interdictions ou même d’abandonner D.ieu si nous nous attachons à une personne qui nous est interdite (un non-Juif notamment, interdiction que D.ieu posera par la suite).37 Aussi, D.ieu nous rappelle que c’est Lui, le créateur du monde et la source de l’amour, Qui a émis ces interdictions. Nous ne devons donc pas nous attendre à des résultats positifs si nous songeons à les enfreindre. S’il nous venait à l’esprit de négliger la possibilité de souffrances futures en faveur d’un bonheur éphémère, nous devrions garder en tête qu’il est dans le pouvoir de D.ieu d’administrer un châtiment correctif qui annulera tout bonheur éphémère dans le cas où nous refuserions de Lui obéir. Et enfin, si l’on se demandait pour quelle raison D.ieu a implanté en nous la capacité de nous attacher à d’autres personnes au point que l’intensité du lien nous pousse a Le défier, voici la réponse : pour nous récompenser d’une manière proportionnée à l’effort d’avoir surmonté ce défi ; nous pouvons être assurés qu’il nous récompensera amplement pour avoir agi conformément à Sa volonté.38

9 Issue d’un mariage interdit. Bien entendu, il est interdit à un homme et une femme de se marier s’ils ne sont pas autorisés à avoir ensemble des relations conjugales. Si toutefois ils contractent un mariage, son statut (ainsi que celui des descendants issus de leur union) relève de la gravité de l’interdiction qui leur a été imposée d’avoir des relations conjugales :

Si les relations sont punissables de retranchement, le mariage n’a aucune validité ; on considère qu’il n’a pas eu lieu, et aucun divorce n’est requis pour permettre aux membres de cette union de se marier à d’autres personnes. La descendance d’une telle union est considérée comme illégitime.

Si les relations ne sont pas punissables de retranchement, le mariage est considéré comme valable mais illégal, et le couple doit divorcer. Le remariage avec d’autres personnes sera uniquement autorisé dès lors que le divorce aura été prononcé. Néanmoins, la progéniture d’un tel mariage est considérée comme légitime.39

11 Elle est considérée comme ta sœur. En revanche, les relations entre un garçon et la fille de son père née d’une servante non juive ne sont pas considérées comme de l’inceste,40 en dépit du fait que la servante soit considérée comme « partiellement juive » en raison de son obligation de respecter davantage de commandements que le reste des non-Juifs.41 Il est donc certain que le garçon n’est pas considéré comme lié à la fille de son père, née d’une non-Juive « totale » ; aussi, les relations avec une telle « sœur », bien qu’interdites, ne sont pas non plus considérées comme de l’inceste.