Tenez-vous devant un miroir en pied et observez-vous attentivement. Vous pourriez remarquer le style ou la couleur de vos vêtements, les quelques kilos que vous avez récemment pris ou perdus, qu’au niveau de vos cheveux vous avez une journée particulièrement bonne ou mauvaise, ou encore les rides qui se forment lentement autour de vos yeux.

Mais rien de tout cela, bien sûr, n’est le vrai vous.

Nous avons tous des couches qui recouvrent le « vrai moi. » Il y a l’image que nous souhaitons présenter au monde, les talents et traits que nous voulons que les autres reconnaissent. Et il y a aussi l’image que nous voulons nous projeter à nous-mêmes, des couches qui dissimulent et détournent l’attention de notre essence intérieure.

Mais il y a un jour dans l’année qui peut enlever ces couches pour découvrir notre essence fondamentale. Ce jour est Yom Kippour.

Dans A’harei Mot, Aaron et tous les grands prêtres à venir sont avertis d’entrer dans le Saint des Saints du Temple uniquement le jour de Yom Kippour. La paracha continue à détailler le service de Yom Kippour, et nous lisons des parties de cette paracha en ce jour saint.

La Torah décrit Yom Kippour comme a’hat bachana, « une fois dans l’année » – une expression qui peut également se traduire par « l’unique de l’année ». Yom Kippour, expliquent les maîtres ‘hassidiques, est le jour où notre essence intrinsèque perce les multiples couches superficielles qui séparent et définissent nos vies les 364 autres jours de l’année.

Le mot hébreu HaSatan, le Satan, a une valeur numérique de 364. Dans la théologie juive, Satan n’est pas un diable imaginaire malveillant, mais se réfère plutôt aux nombreuses forces et voix qui nous distraient, nous tentent, et nous éloignent de l’écoute de notre voix intérieure. Le Satan exerce un pouvoir sur nous 364 jours de l’année. Mais le 365e jour, le saint jour de Yom Kippour, nous pouvons atteindre un niveau de conscience de soi et d’unité. Ce jour-là, les tentations extérieures, les diversions, les dichotomies, les fragmentations, les séductions, et tout ce qui empêche notre voix intérieure d’être entendue, n’ont pas une telle emprise. Ces couches disparaissent alors que nous faisons enfin face au puissant pouvoir de notre âme.

Cela peut n’apparaître qu’un moment, mais pendant ce moment, nous retrouvons notre perspective et nous nous souvenons de qui nous sommes.

Au fur et à mesure que le jour progresse, nous arrivons à la dernière prière du jour, la Néila, tout à la fin de Yom Kippour. Alors que nos estomacs grognent à cause de la privation de nourriture toute la journée – tout comme nous avons ignoré toutes ces autres couches de distractions – nous atteignons un crescendo de conscience.

Néila signifie « fermeture ». Dans un sens simple, c’est le moment où Yom Kippour est sur le point de se terminer, et où les portes du ciel vont bientôt « se fermer. » Mais les enseignements ‘hassidiques expliquent qu’à ce moment de sainteté, nous sommes « enfermés » ensemble avec notre Créateur. D.ieu ne ferme pas les portes sur nous, mais plutôt nous enveloppe de Son étreinte et écarte les couches de distractions que nous devons gérer dans notre vie quotidienne.

À ce moment-là, nous recevons une injection d’énergie pour revenir à notre réalité plus ordinaire tout en nous percevant un peu plus clairement comme un reflet de D.ieu.