Yom Kippour
La sixième section du lévitique s’ouvre sur le moment où D.ieu s’adresse à moïse après (A’harei, en hébreu) la mort des deux fils aînés de son frère Aharon. D.ieu fait part à Moïse des lois relatives au jour du Pardon (Yom Kippour). S’ensuit l’énumération de diverses pratiques que D.ieu interdit au peuple juif.
Dans la paracha de Chemini, le Tabernacle vient d’être inauguré et commence à remplir sa fonction – amener la présence du Divin dans la conscience du peuple. Mais l’enthousiasme que les Hébreux ressentirent lors de cette journée extraordinaire – le premier jour de Nissan 2449 – s’assombrit par la mort tragique de Nadav et d’Avihou, les deux fils aînés d’Aharon. Comme il a été expliqué auparavant,1 ils moururent avant l’heure parce qu’en un sens, c’est bien ce qu’ils souhaitaient : se défaire des chaînes de la matérialité et se fondre dans l’extase de la révélation du Divin.
En réponse, D.ieu enseigna à Son peuple la leçon suivante : le désir de se détacher des limites restreintes de la conscience de ce monde afin de se lier à D.ieu est, certainement, un acte louable. Cependant, ce désir doit se contenter d’être une des faces de la médaille, et, à cet égard, la face inférieure. Le centre de notre vie doit être l’accomplissement de notre mission, le but pour lequel nous avons été créés : sublimer la réalité de telle sorte que la présence de D.ieu puisse se manifester également sur la terre.
Il peut exister deux raisons de chercher à s’évader de ce monde. Conscients de la douceur sublime que l’on ressentirait en se délectant de la Présence Divine, il se peut que nous désirions atteindre cette béatitude. Ou, conscients de la manière dont notre implication dans la vie nous a dégradés, nous pouvons vouloir y renoncer et nous enfuir dans les sanctuaires protégés de la sainteté.
À ceci, D.ieu répondit en divisant Sa leçon sur l’importance d’accomplir notre mission dans le monde en deux parties. La première fut : « Ne pas boire jusqu’à l’ivresse »2 – ne pas boire du « vin de la sainteté » au point qu’il nous rende inconscients du monde autour de nous. Dans leur tentative d’atteindre l’extase Divine, Nadav et Avihou s’enivrèrent – aux deux sens, littéral et métaphorique – ; c’est pourquoi D.ieu nous ordonna aussitôt de ne pas faire de même, comme il est immédiatement stipulé après le récit de leur mort, qui apparaît dans la paracha de Chemini.
La seconde partie de la leçon fut : « N’entrez pas à tout moment dans le Sanctuaire »3 – car, dans leur zèle du Divin, Nadav et Avihou y étaient entrés de leur propre initiative plutôt qu’en réponse à un ordre de D.ieu. Bien que D.ieu nous ait transmis également cette partie de la leçon le 1er Nissan, ce n’est que dans cette paracha que Ses paroles sont rapportées, soit deux paracha et demie plus tard, à la suite des lois de la cacherout énoncées dans Chemini, et des lois de pureté et d’impureté détaillées dans Tazria et Metsora. Ceci soulève aussitôt la question : pour quelle raison le récit des événements du premier jour de Nissan est-il interrompu par une si longue digression sur les lois de la pureté spirituelle et rituelle ?
Comme il a été indiqué précédemment,4 l’essence des lois de la cacherout, de même que celle des lois de la pureté et de l’impureté, est de nous apprendre à conserver la conscience du Divin tout en restant engagés dans la vie matérielle. Pour ce faire, il est essentiel de savoir distinguer entre ce qui est cachère ou « pur » et ce qui ne l’est pas – en d’autres termes, entre ce qui est propice à la conscience du Divin et ce qui lui porte atteinte. Pour pouvoir favoriser une relation avec D.ieu, nous devons être conscients des pièges qui risquent de menacer cette relation et de la manière de les éviter.
Nous devons également être conscients que, du fait de notre nature humaine, ces pièges peuvent nous rendre « impurs », et que, si tel est le cas, il existe un mécanisme pour parer à cette déchéance de la conscience – la techouva. Le processus de techouva – la réorientation de l’individu vers le Divin – atteint son point culminant durant Yom Kippour, le jour du Pardon.
Le commandement de ne jamais pénétrer dans le Sanctuaire est partie intégrante des lois de Yom Kippour. La seconde moitié de Chemini, jointe à Tazria et Metsora, constitue un guide pour identifier les impuretés de ce monde et les surmonter. A’harei Mot – les lois de Yom Kippour – nous enseigne comment accomplir la purification et nous affranchir de l’impureté de la conscience que notre implication dans ce monde tend à entraîner.
Un élément central de cette injonction est, cependant, de « ne pas entrer dans le Sanctuaire à tout moment » – ne pas abandonner notre implication dans le monde. Voici la réponse au second aspect de l’évasion vers le Divin qui provoqua la mort de Nadav et Avihou : lorsque nous sommes submergés par le remords d’avoir été entachés par les exigences de la vie, et habités par le désir de fuir vers la certitude et la sécurité du Divin, il ne faut pas perdre de vue notre but et notre mission dans la vie.5
Commencez une discussion