19:6 Au-delà de cette période. La liste des actes qui rendent nuls les sacrifices s’ils sont accomplis tout en exprimant cette intention comprend (outre l’abattage) : recueillir le sang de l’animal dans le bassin spécifié, apporter le sang à l’autel et appliquer le sang sur l’autel. Les intentions qui disqualifient l’offrande incluent également (outre le fait de consommer de la chair au-delà de la période prescrite) : en appliquer le sang sur l’autel au-delà de la période prescrite et brûler ses parties grasses au-delà de la période prescrite. Cette loi porte non seulement sur les offrandes de paix, mais aussi sur toute offrande abattue aux fins de la consommer, d’en appliquer le sang sur l’autel ou de brûler ses parties grasses sur l’autel au-delà de la période prescrite. Les sacrifices d’oiseaux peuvent devenir nuls de la même façon lorsqu’ils sont abattus et quand leur sang est pressé sur l’autel.
De manière analogue, les offrandes de grains peuvent devenir nulles si l’on énonce l’intention de les manger ou de les offrir après les heures prescrites au moment d’en prélever les portions de souvenir, lorsque la portion est placée dans le récipient désigné, lorsque la portion est transportée vers l’autel, et quand elle est brûlée au feu.1
7 Ne sera pas agréé. Néanmoins, seul celui qui mange de la chair d’un sacrifice abattu dans l’intention d’être mangé hors du temps prescrit est passible de retranchement ;2 celui qui mangerait de la chair d’un sacrifice abattu dans l’intention d’être mangé hors du lieu prescrit est seulement passible de flagellation.3
11 Vous ne volerez pas. Rabbi Zoucha d’Anipoli répertorie les sept caractéristiques d’un voleur que nous devrions imiter :
1. Il travaille en silence, humblement, sans fanfare.
2. Il est prêt à faire face au danger pour mener à bien sa mission.
3. Il prête la plus grande attention y compris au moindre détail.
4. Il travaille dur.
5. Il travaille vite, ne perd pas son temps.
6. Il est confiant et optimiste.
7. Si, après une première tentative, il ne réussit pas, il essaie encore et encore.
Si nous appliquons ces caractéristiques à des programmes positifs, nous n’aurons pas simplement évité de voler, mais sublimé également les traits du vol qui sont dignes de rachat.4
13 En ne lui versant pas son salaire en temps voulu. Dans un sens, nous pouvons nous considérer tous comme des « employés » de D.ieu. Comment, alors, D.ieu peut-Il différer notre rétribution jusqu’au monde futur ? Ne serait-ce pas retenir le salaire de Ses travailleurs ?
L’argument n’est pas valable ici, car nous n’avons pas encore terminé notre « travail ». Comme nous l’avons vu, la finalité de la création du monde est de le transformer en demeure pour D.ieu, autrement dit, d’agir de telle sorte que l’humanité entière parvienne à la conscience du Divin. Chaque fois que nous accomplissons un commandement, une partie de nous, ou du monde, s’ennoblit et fait jaillir la lumière Divine dissimulée au sein de la création. Mais le travail pour lequel nous avons été « embauchés » par notre Créateur ne sera achevé qu’après la Délivrance, le moment où nous recevrons aussitôt la totalité de notre salaire.5
14 Devant une personne aveugle. Ce verset interdit de prodiguer des conseils recelant des arrière-pensées. Par exemple, il nous est interdit de dire à quelqu’un de naïf de vendre son champ et de s’acheter un âne afin de nous approprier ensuite sa parcelle de terre. Même si ce conseil était avantageux pour l’« aveugle », il reste toujours interdit en raison de la motivation du conseiller.
La Torah nous enseigne quelle est la bonne approche pour aider autrui. Pour apporter du soutien à quelqu’un d’une manière optimale, nous devons nous débarrasser de toute motivation orientée sur nous-mêmes et nous concentrer uniquement sur les besoins de la personne.6
15 Avec intégrité. Nos sages nous exhortent à « être extrêmement humbles vis-à-vis de tout un chacun »,7 c’est-à-dire à nous considérer comme porteurs de moins de valeur que les autres. Mais, objectivement, comment parvenir à nous croire moins dignes de mérite que ceux qui semblent indignes de notre respect ? La réponse se trouve dans un autre dicton de nos sages : « Ne juge pas ton prochain avant de te trouver à sa place. »8 Autrement dit, nous rencontrons tous des défis ; le fait de ne pas avoir succombé à une tentation donnée – tandis que d’autres s’y sont abandonnés – ne nous rend pas pour autant supérieurs à eux. Qui serait à même d’estimer à quel point son éducation, son environnement ou les faiblesses innées de son caractère ont influencé sa conduite par rapport aux tentations qu’il a rencontrées sur son chemin ? 9
16 Colportant. D’après le Talmud, la médisance « tue » trois personnes : celle qui la profère, celle qui l’écoute et celle qui en est l’objet.10 On peut bien comprendre que celle qui profère la médisance et celle qui l’écoute méritent d’être punies ; or, pour quelle raison la personne au sujet de laquelle ils bavardent devrait-elle être punie ? La réponse est que le fait d’évoquer par la parole les faiblesses de quelqu’un ne fait pas que le dénigrer : les mots ont le pouvoir de donner corps à des énergies qui se trouvent à l’état latent. Lorsque nous évoquons les traits négatifs d’une personne, notre parole les ramène à la réalité et les stimule. La conséquence en est que sa conduite prendra un tour encore plus négatif, ce qui le conduira davantage encore au châtiment.
Par contre, en évoquant les qualités de quelqu’un nous leur conférons un caractère manifeste et les affermissons. Nous pouvons ainsi influer sur autrui d’une façon aussi bien positive ou négative ; le choix nous appartient.11
Si tu as des chances certaines de le sauver. Selon les principes de la providence Divine, le simple fait de voir une personne en danger prouve que nous sommes en mesure de la sauver ; autrement, D.ieu n’aurait pas pris des dispositions pour que nous la rencontrions dans ces circonstances.
Il en est de même pour le danger spirituel. Lorsque nous remarquons autour de nous des personnes en danger spirituel, nous sommes tenus de faire tout ce qui est à notre portée pour les sauver, même si cela comporte un danger personnel. Nous ne pouvons nous garder d’agir en prétextant l’humilité ou l’inefficacité de notre intervention, car, s’il n’était pas à notre portée de les aider à se sortir de leur impasse, la chose ne serait même pas apparue à nos yeux.12
17 Tu dois réprimander ton prochain. La réprimande est une affaire délicate : elle peut causer davantage de mal que de bien. Ainsi, l’ordre d’admonester notre ami vient à la suite de celle nous indiquant de ne pas haïr notre frère, car la réprimande se doit d’être motivée uniquement par l’amour, et rester dépourvue d’aigreur ou de propos ironiques. Rabbi Yossef Its’hak de Loubavitch compare la réprimande à l’administration d’une injection : l’aiguille doit être exempte de germes, et le médecin et ses infirmiers doivent porter des vêtements blancs et stériliser leurs mains. De façon analogue, celui qui adresse la réprimande doit avoir des motivations pures (ses « vêtements », soit ses moyens d’expression – pensées, paroles et actes – doivent être « blancs »), et s’assurer que son « injection » ne causera pas de dommage.13
18 Tu aimeras ton prochain comme toi-même. La Torah nous ordonne d’aimer notre frère juif et d’aimer D.ieu.14 (Elle nous enjoint également d’aimer les convertis,15 afin de souligner que le commandement d’aimer notre frère juif porte également sur eux.)
Le Talmud établit16 que notre amour pour notre prochain juif doit s’étendre même à un criminel passible de la peine capitale, que nous devons exécuter de la façon la moins humiliante possible du fait même de notre amour pour lui.17
Nous signalerons plus tard18 que, dans la mesure où les émotions ne sauraient surgir de force, le commandement d’aimer D.ieu se matérialise par l’acte de songer à des idées menant à l’amour pour Lui. Il en va de même pour ce qui est de l’amour envers notre prochain juif : pour faire jaillir en nous des sentiments d’amour envers des personnes qui nous sont absolument étrangères et, notamment, envers celles dont les actes sont très peu dignes d’intérêt, nous devons premièrement rappeler qu’en réalité nous sommes tous des enfants précieux de D.ieu.19
Deuxièmement, dans la mesure où nous avons le même Père, nous sommes tous frères et sœurs, et non pas des étrangers. C’est ainsi que nous parviendrons à aimer notre prochain comme nous-mêmes, dès lors que nos frères et nos sœurs sont les descendants de nos parents au même titre que nous – bien que parfois ils n’agissent pas en conséquence.
Troisièmement, dans la mesure où le Père que nous partageons tous est D.ieu, il s’ensuit que, puisque D.ieu est un – entendant par là qu’il est une essence unique, non composite, pas plus que divisée en « parties » –, alors, dans notre source ultime nous sommes également un, et aucune différence n’existe entre nous. Par conséquent, plus nous nous entraînons à percevoir la véritable essence des choses plutôt que leur apparence, plus nous percevons nos prochains juifs comme identiques à nous-mêmes.
De ce point de vue, nous serons naturellement enclins à « aimer nos prochains comme nous-mêmes », puisque nous et eux sommes identiques.20
Cela explique pourquoi le sage Hillel, lorsqu’un converti potentiel lui demanda de lui apprendre toute la Torah le temps qu’il se tiendrait debout sur un pied, sut lui répondre : « Ce qui t’est haïssable, ne le fais pas à ton prochain – c’est là la Torah tout entière ; le reste n’est que commentaires »21 Certainement, il n’est pas difficile de comprendre que les commandements sociaux de la Torah peuvent être réduits à l’amour de notre semblable ; mais comment les commandements qui ne traitent pas de la relation avec autrui peuvent-ils être tous réduits à ce commandement ?22 La réponse est que ce commandement ne peut être accompli que si nous rehaussons notre perspective jusqu’à ce qu’elle atteigne celle de l’âme Divine ; cette élévation constitue, somme toute, la finalité de tous les commandements de la Torah.23
19 Assemblé, tissé ou tressé. Le mot qui englobe ces trois termes est chaatnez, qui est considéré comme un acronyme formé des consonnes initiales des mots choua, tavoui et nouz.
23 Et que vous y planterez n’importe quel arbre. Le Midrach souligne que le premier acte accompli par D.ieu après la création du monde fut de planter le jardin d’Eden,24 et que ce verset implique que le peuple juif est tenu d’en faire autant : à leur arrivée sur la terre d’Israël, les premiers efforts devaient s’orienter vers la culture de la terre.25
L’importance accordée à la culture de la terre souligne la place de premier ordre et l’importance psychologique fondamentale occupées par l’agriculture dans la civilisation en général, ainsi que dans la vie de l’esprit. Les arbres et les plantes produisent des fruits sans cesse ; de même, nous ne pouvons pas agir dans le vide : nous devons accomplir notre mission Divine de façon à produire des fruits – autrement dit, afin de laisser une empreinte durable et significative sur nous-mêmes comme sur autrui.26
23-25 Trois ans durant. C’est la totalité des commandements de la Torah qui vise à rectifier la faute primordiale ; or dans ce commandement précis, le lien est patent. Comme nous le savons,27 Adam fut créé vendredi après-midi, et reçut aussitôt son premier commandement : ne pas manger de l’Arbre de la connaissance.28 Dans la perspective du Midrach (qui s’écarte du sens contextuel du texte en même temps qu’il le parachève), ce commandement ne devait rester en vigueur que pendant trois heures, jusqu’au Chabbat, le moment où Adam utiliserait le fruit pour le sanctifier. Malheureusement, Adam fut en proie à son désir impétueux de rectifier la réalité d’après ses termes à lui plutôt que de faire preuve de la patience et de la maîtrise de soi dont il était censé témoigner : il mangea du fruit avant le coucher du soleil, précipitant ainsi la chute existentielle de la réalité que nous œuvrons à rectifier encore à ce jour. C’est pour redresser sa faute d’avoir refusé d’attendre trois heures que nous devons attendre trois ans avant de cueillir n’importe quel fruit. Par le fait de traiter les fruits de quatrième année d’une manière sainte,29 en les mangeant dans la ville sainte de Jérusalem comme une marque de louange à D.ieu, nous rectifions la faute commise par Adam de ne pas goûter le fruit pour la première fois dans le cadre de sa sanctification du Chabbat.30
Alors que le fruit des trois premières années est interdit et que le fruit de la quatrième année est saint, le fruit de la cinquième année est simplement ordinaire. Pourtant, la Torah déclare que l’ensemble du processus se produit dans l’intérêt de la cinquième année et au-delà – « afin que l’arbre augmente sa production pour vous ».31 Cela semble aller à l’encontre du sens commun : l’accent ne devrait-il pas être mis sur la sainteté des fruits de la quatrième année plutôt que sur la production de la cinquième et des suivantes, dont les fruits sont ordinaires ?
En fait, la sainteté en tant que telle n’est pas la finalité de la vie ; l’enjeu consiste à imprégner le profane de sainteté, car c’est seulement ainsi que nous faisons résider le Divin dans tous les aspects de la vie, atteignant le but de la création. C’est précisément ce que nous accomplissons en faisant un usage sanctifié des fruits de la cinquième année et des suivantes, qui ne sont pas fondamentalement saints, motivés que nous sommes par notre désir et notre volonté de remercier D.ieu de ce qu’il nous accorde la satisfaction de nos besoins et de nos désirs. Ceci devient d’autant plus manifeste lorsque nous reconnaissons que l’abondance dont D.ieu nous gratifie la cinquième année découle directement du fait d’avoir respecté Ses ordres à l’égard des fruits nés lors des quatre années précédentes.
D’un autre point de vue : pour sublimer en bonne et due forme les fruits de la cinquième année et des suivantes, nous devons en premier lieu consommer les fruits de la quatrième année dans un entourage caractérisé par une sainteté parfaite. C’est bien l’expérience intense, nullement atténuée, de l’union avec D.ieu, à l’écart de toute implication dans le profane, qui nous procure la conscience accrue du Divin et la force spirituelle dont nous avons besoin afin de participer avec succès au monde matériel et le transformer en sainteté, au lieu d’accepter que le monde nous plonge dans sa matérialité.32
27 En enlevant les cheveux. Cela revient à couper les cheveux des tempes au point de les empêcher de se replier sur eux-mêmes et toucher la peau d’où ils poussent,33 c’est-à-dire jusqu’à une longueur maximale de 1,6 cm selon des avis rigoureux.34 Dans de nombreuses communautés juives, il est de coutume de laisser pousser les cheveux des tempes (ou une partie de ceux-ci) et les arranger sous la forme de papillotes pendues aux côtés du visage en des longueurs différentes comme une contrainte d’ordre légal,35 comme une façon élégante ou esthétique d’observer ce commandement,36 ou bien comme un trait distinctif de l’identité juive.37 Rabbi Its’hak Louria, cependant, ne laissait pas pousser des papillotes sur ses tempes, ce qui est également la coutume de ‘Habad.38
Cette interdiction ne porte pas sur les femmes, car elle est liée à l’interdiction de se couper la barbe.39
Bords de ta barbe. Bien que la violation de l’interdiction spécifique posée dans ce verset ne soit punie par la flagellation que lorsque la barbe est rasée avec un rasoir,40 de nombreuses autorités hala'hiques soulignent le fait que le rasage de la barbe, même par d’autres moyens, constitue une violation d’autres interdictions, ce qui rend l’acte punissable de flagellation. De nombreuses autorités estiment que cette interdiction comprend également l’élimination de la barbe par d’autres techniques (sans qu’elles soient pour autant passibles de flagellation), quoique se trouvent des opinions autorisant l’emploi de ciseaux (et, partant, de certains types de tondeuses électriques au fonctionnement semblable à celui des ciseaux et dont les lames ne coupent pas les cheveux au ras) ou de la poudre à épiler.
Mais les sages du Talmud considéraient que la barbe était partie intégrante de l’embellissement Divin du visage masculin,41 et, dans la mystique juive, la barbe représente et exprime le flux de certains aspects de la bienfaisance et de la miséricorde Divines dans le monde.42 C’est pour des raisons juridiques comme celles-ci ou d’autres que de nombreuses autorités refusent d’enlever la barbe – ou même de la couper – de quelque manière que ce soit.43
Les exceptions à l’interdiction d’enlever les cheveux des tempes et de la barbe sont les rites d’initiation des Lévites,44 et les rites de purification du nazir45 et de quelqu’un atteint de tsaraat,46 qui nécessitent tous de se raser la tête (ou le corps) au rasoir, sans négliger les tempes et la barbe.
32 Lève-toi. Mot pour mot, la phrase se lit ainsi : « Avant la vieillesse, mets-toi sur pied. » Dès lors, comme le Zohar47l’explique, ce verset peut être interprété de façon homilétique comme suit : « Avant la vieillesse – même avant d’avoir atteint un âge avancé et d’être obligé de commencer à réfléchir au jour du Jugement –, mets-toi sur pied – entame le repentir de bonne heure, afin d’être à même de servir D.ieu avec entrain. »
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