La sainteté
La septième paracha du lévitique poursuit le sujet de la paracha précédente. Le peuple juif, devenu désormais « un royaume de prêtres et une nation sainte » à la suite du don de la Torah, doit adhérer à un code de conduite spécifique afin d’être à même d’assumer son rôle comme il convient. Aussi, cette paracha s’ouvre quand D.ieu demande à Moïse de dire aux Hébreux qu’ils doivent être « saints » (kedochim, en hébreu) ; autrement dit, qu’ils doivent se conformer à ce code de conduite.
Comme nous l’avons vu,1 la leçon que nous tirons de la séquence formée par les quatre paracha précédentes – Chemini, Tazria, Metsora et A’harei Mot – est que la véritable sainteté consiste à mener une vie sainte précisément dans ce monde, et non pas à essayer de le fuir ou d’y renoncer. Après nous avoir enseigné cette leçon, la Torah s’emploie à expliquer par le détail comment atteindre de manière effective la sainteté. Tel est le thème de cette paracha, Kedochim, dont le nom signifie « saint ».
Or qu’est-ce que la sainteté ? Le mot hébreu pour « saint » (kadoch)signifie à la fois « séparé », « détaché » et « au-dessus et au-delà ». La sainteté relative revient à être « au-delà » (en d’autres mots, dans une catégorie distincte) des entités environnantes ; la sainteté absolue, à être « au-delà » de tout, ayant dépassé les limites de ce monde. Ainsi donc, D.ieu est absolument et infiniment saint, car, ayant créé le monde, Il est par définition au-delà de Sa création et de tous ses traits particuliers. En effet, D.ieu n’est soumis à aucune des limites du temps, de l’espace ou des éléments qui décrivent la création.
Aussi, lorsqu’il nous est spécifié que nous devons être saints « parce que Moi, l’Éternel, votre D.ieu, Je suis saint », il nous est donné à comprendre que nous pouvons nous aussi être « distincts » de la création, et que les degrés de sainteté qui nous sont accessibles sont infinis tout comme D.ieu est infini.
C’est là encore une raison qui explique pourquoi Kedochim se trouve à la suite d’A’harei Mot. Yom Kippour, le thème qui ouvre la paracha d’A’harei Mot, constitue à la fois la matérialisation et le point culminant du processus de techouva, le rétablissement de la conscience du Divin après l’expérience de la chute. Nous apprenons, le long de ce processus, à sortir de l’ornière de notre vie naturelle et faire un saut spirituel d’ordre quantique. La force entropique de la réalité naturelle de l’esprit confine tout élément de la création à sombrer dans une spirale de dégénérescence et de dégradation. La techouva dément cette « vérité ». Par l’intermédiaire de la techouva, nous pouvons atteindre des niveaux de sainteté d’une portée que notre logique naturelle est incapable de concevoir.
Ainsi, c’est seulement après avoir expérimenté la techouva, après être devenus experts à défier l’attraction gravitationnelle de la réalité terrestre, que nous sommes prêts à répondre à l’appel de Kedochim : « Soyez aussi saints que Moi et hissez-vous sans limite dans cette sainteté, car la source de votre sainteté, c’est Moi – et Je suis infini. »
Être au-delà de la nature implique de mener notre vie en étant imprégnés de la conscience que la nature ne saurait poser la moindre contradiction au Divin. Plus nous sommes saints, plus nous sommes capables d’infuser la conscience du Divin dans tous les aspects de la création, confinés jusqu’à présent dans leur orientation matérielle. Aucun aspect de la vie ne se trouve au-delà de notre aptitude à le sublimer tant que nous sommes liés à D.ieu et agissons en conformité avec Sa volonté. C’est la raison pour laquelle la totalité des aspects de la vie – depuis les plus sombres profondeurs de l’idolâtrie jusqu’aux idéaux les plus élevés de l’amour envers notre prochain – entre dans le champ de la paracha de Kedochim. C’est cette perspective globalisante de la sainteté qu’exprime l’éventail des lois présentes dans cette paracha.
La leçon que nous en tirons est que notre ascension dans la sainteté doit être continue et infinie, chaque étape dépassant infiniment l’étape précédente, dès lors que nous puisons notre aptitude au progrès spirituel dans la sainteté de D.ieu elle-même, qui est infinie.2
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