30:12 Lorsque tu feras. D.ieu dit à Moïse de dénombrer le peuple lorsqu’il descendit du mont Sinaï, après Yom Kippour1 – afin de savoir combien étaient restés en vie après l’épidémie qui les avait frappés à la suite de la faute du veau d’or –,2 et encore une fois un mois après l’érection du Tabernacle.3 Pour les deux recensements, D.ieu demanda à Moïse de comptabiliser le peuple indirectement, à travers le prélèvement d’une contribution, puisque les compter directement pouvait faire que l’attribut de justice de D.ieu reconsidère leur légitimité à être si nombreux (l’action d’éveiller l’attribut de justice de D.ieu en attirant délibérément l’attention sur la prospérité de quelqu’un s’appelle « jeter le mauvais œil » sur lui). D.ieu ordonna à Moïse de se servir de l’argent collecté lors du premier recensement pour façonner les socles soutenant les planches du Tabernacle et les crochets des piliers,4 et d’utiliser l’argent prélevé lors du deuxième recensement pour acheter toutes les offrandes qui seraient offertes cette année au nom de la communauté.5

13 Une pièce de feu. D.ieu ordonna au peuple de faire don de matériaux pour le Tabernacle afin qu’ils rachètent ainsi leur participation dans l’épisode du veau d’or. Tel est le contexte dans lequel le don du demi-sicle est décrit dans ce verset comme « l’argent du rachat ».6

Moïse était perplexe face à l’idée que l’âme puisse être rachetée d’une faute si grave par une simple pièce d’argent. Puisque toute la raison pour laquelle l’âme a besoin d’être rachetée est parce qu’elle a succombé à la matérialité, comment cet excès de matérialité pouvait-il être rectifié avec davantage de matérialité ?

D.ieu montra alors à Moïse une pièce de feu afin de lui prouver comment les contraires peuvent devenir une unité. Même un demi-sicle matériel pouvait être transformé en « feu » et racheter ainsi l’âme.

Cette transformation se produit par l’effet de l’essence de nos âmes, qui sont une partie de D.ieu. L’essence de l’âme ne pèche jamais ; seul l’aspect superficiel de l’âme tel qu’il se manifeste dans le corps est susceptible de tomber dans le piège de l’inclination au mal. Si nous impliquons l’essence de notre âme et de tout notre être dans ce que nous faisons, nous pouvons combiner harmonieusement le feu et l’argent.

L’enseignement donné par le demi-sicle s’applique à tous les commandements que nous accomplissons. Si nous les réalisons avec vitalité et enthousiasme, ils deviennent des pièces de feu.7

Vingt guéra. Le demi-sicle était une expression de l’unité juive – riches comme pauvres faisaient don du même montant. C’est pourquoi, au lieu de dire simplement « offre dix guéra », la Torah nous ordonne de faire don de « la moitié de vingt guéra ». Nous ne pouvons atteindre l’unité que lorsque nous reconnaissons tous n’être que des moitiés. Pour être un sicle complet, nous devons nous unir avec notre semblable.

De manière analogue, nous ne sommes qu’une « moitié » dans notre relation avec D.ieu. Les dix forces de l’âme – notre intellect et nos émotions – reflètent les dix forces (les sefirot) que D.ieu a utilisées pour créer le monde et qu’Il continue à utiliser pour le recréer en permanence ; elles leur correspondent. Lorsque nous canalisons l’ensemble des dix forces de notre âme – chaque nuance de notre être – vers l’unité avec D.ieu et l’accomplissement de notre mission divine, nous alignons les forces de notre âme avec les attributs de D.ieu. Nos dix forces en deviennent vingt – un sicle saint.8

18 Un bassin de cuivre. Le Tabernacle et son équipement reflètent le processus de raffinement spirituel que nous traversons dans notre aspiration permanente à l’unité avec D.ieu. Lorsque nous mettons de côté nos affaires personnelles pour entrer dans notre Tabernacle personnel et entamer le processus de renouvellement spirituel, nous devons d’abord nous purifier de tout matérialisme résiduel que nous pourrions encore porter. C’est pourquoi les premiers éléments que l’on rencontrait en entrant du dehors dans la cour étaient l’autel extérieur et son bassin.9

34 Un poids égal. On comptait 70 maneh [34 kg] de baume et autant d’ongle aromatique, de galbanum et d’encens. De même, il y avait 16 maneh [7,7 kg] de myrrhe et autant de casse, de nard et de safran ; 12 maneh [5,8 kg] de costus, 3 maneh [1,4 kg] d’écorce aromatique et 9 maneh [4,3 kg] de cannelle. Ces quantités suffisaient pour une année d’utilisation.

Galbanum. Cette herbe nauséabonde fait allusion aux méchants au sein de notre peuple, qui, malgré leur conduite répréhensible, restent toujours une partie indispensable du peuple juif, tout comme le galbanum était un ingrédient essentiel de l’encens. Dans cette veine, nos sages nous enseignent que toute prière publique ou tout jeûne qui exclurait les pécheurs se révélera inefficace.

En fait, les ingrédients de l’encens incluaient même des épices interdites à la consommation. Ainsi, selon Maïmonide, l’aromate mor (que l’on traduit par myrrhe) était en réalité du musc, qui vient du sang d’un animal sauvage non cachère originaire de l’Inde.10

L’encens exprimait le lien intrinsèque existant entre D.ieu et le peuple juif, qui ne saurait être ni rompu ni souillé. Ce lien essentiel ne permet pas seulement l’inclusion de ceux qui se sont égarés ; elle l’exige. Si l’épice nauséabonde ou non cachère était omise, le mélange entier serait invalide.

Il en va de même pour le repentir. Lorsque nous nous repentons, nous demandons à D.ieu de négliger ou de pardonner nos fautes en réponse à nos efforts fournis pour faire appel au lien le plus profond et le plus essentiel que nous avons avec Lui, celui qui ne perd jamais sa pureté. En entrant en contact avec cet aspect de notre âme, nous devenons capables de nous élever au-dessus de nos erreurs passées et de la séparation qu’elles ont provoquée entre D.ieu et nous. Nous apprenons à nous relier consciemment à ce niveau de la réalité dans lequel nous ne nous sommes jamais vraiment égarés, car notre relation intrinsèque avec D.ieu est inébranlable.

De manière très claire, ce même lien essentiel avec D.ieu appartient à tout Juif sans exception. Si, au cours de notre processus commun de repentir et de réparation, nous excluons les pécheurs, nous serons devenus des hypocrites et nos efforts seront voués à l’échec. C’est seulement en reconnaissant que la même voie de repentir est ouverte à chaque Juif que nous pouvons espérer mettre en œuvre concrètement le message délivré par l’encens et renouveler comme il faut notre relation avec D.ieu.11

31:16 Les enfants d’Israël seront fidèles au Chabbat. Une autre signification du mot pour « observer » dans ce verset est « protéger ». Il sera expliqué plus tard12 que le fait de s’abstenir de réaliser un travail interdit le Chabbat nous permet d’être en phase avec la notion de « repos » divin, et de nous hisser ainsi vers un mode d’existence plus élevé. Dans le langage de nos sages, tout Juif reçoit durant le Chabbat une « âme supplémentaire ».13 Or, ce don exceptionnel implique une responsabilité tout aussi exceptionnelle. Le haut degré de spiritualité que nous atteignons le Chabbat rend toute atteinte à cette spiritualité plus grave qu’elle ne le serait au cours de la semaine. Par conséquent, nous devons, le Chabbat, être plus scrupuleux dans notre observance des commandements ; nous devons « protéger » notre conscience accrue du Chabbat.14

Établir le Chabbat. Comme nous venons de le dire, une autre acception du verbe pour « observer » dans ce verset est « protéger ». Le verbe « établir » renferme également une autre signification : « faire ». Cette terminologie implique que le Chabbat comprend deux dimensions : une, que nous devons « protéger » ; et l’autre, que nous devons « faire ».

Le Chabbat est saint en soi, puisque D.ieu le sanctifia lorsqu’Il créa le monde.15 Notre tâche vis-à-vis de cette sainteté intrinsèque est simplement de la « protéger », c’est-à-dire de veiller à ne pas la contrecarrer ou la saboter. C’est ce que nous faisons en n’effectuant pas de travaux interdits, et, plus subtilement, en harmonisant notre attitude avec le caractère saint de la journée.

Mais nous pouvons insuffler une sainteté supplémentaire dans le Chabbat par-delà sa propre sainteté intrinsèque. Nous le faisons en recherchant la sainteté, soit à travers l’étude de la Torah, soit par la prière ou les bonnes actions. Ainsi, nous « faisons » que le Chabbat et l’expérience que nous en avons deviennent plus saints que ce qu’ils sont par eux-mêmes.16

18 Les deux Tables du Témoignage. Les deux tables étaient carrées – elles mesuraient chacune six paumes de long et six paumes de large –, et avaient trois paumes d’épaisseur.17 Les cinq premiers commandements étaient gravés sur la première des tables, et les cinq autres, sur la deuxième.18 Même si les deux tables avaient exactement les mêmes dimensions19 et que la première comptait bien plus de mots, la taille des lettres, l’espacement entre elles, l’interligne et les marges étaient miraculeusement identiques sur les deux.20

Il lui donna. D.ieu termina d’enseigner à Moïse et lui donna les tables le 40e jour de sa période sur la montagne. Or, comme nous le verrons bientôt, le peuple avait façonné le veau d’or le 39e jour ! En d’autres termes, même après que le peuple eut commis la plus ignominieuse des fautes, D.ieu continua à enseigner la Torah à Moïse et lui confia les tables afin qu’il les transmette au peuple.

La leçon pour nous ici est que nous devons toujours nous relier aux gens sous leur meilleur jour, en les invitant et encourageant à étudier la Torah et à accomplir ses commandements, même si sur le moment ils ne semblent pas dignes de le faire.21

32:1 Le peuple fit un calcul erroné. Ils comptèrent le jour où Moïse gravit la montagne comme le premier jour, même s’il ne s’agissait pas d’un jour complet, alors que Moïse avait voulu dire quarante jours complets. En outre, le Satan, l’ange accusateur, rendit le temps anormalement sombre et ténébreux. Le peuple craignit que cette lueur surnaturelle ne signifie que Moïse était mort. Le Satan s’adressa à eux et dit : « Oui, il est mort. » Au début ils ne le crurent pas, mais il leur montra ensuite une image de Moïse montant vers les cieux dans un cercueil. À la vue de cela, les Juifs le crurent. Réalisant la nécessité d’un chef ou d’un organe de direction capable de leur transmettre les intentions de D.ieu, ils approchèrent Aharon.

Fais-nous des dirigeants. Ce fut la huitième fois que le peuple contesta la capacité de D.ieu à leur venir en aide.22 Ils savaient que D.ieu allait leur ordonner de construire un Tabernacle,23 dont l’élément majeur serait l’arche, et qu’Il avait prévu de communiquer avec Moïse à travers les chérubins d’or placés sur son couvercle.24

Ils se figurèrent que, si Aharon – la personne la plus sainte à leur disposition en l’absence de Moïse – façonnait correctement une image en or semblable, elle exprimerait leur désir de conseil Divin, et D.ieu consentirait effectivement à communiquer avec eux à travers cette image. Même si D.ieu avait déjà enseigné à Moïse l’interdiction de créer des figures ressemblant aux chérubins,25 le peuple n’avait pas encore entendu ce commandement du fait que Moïse n’était pas encore descendu du mont Sinaï.26

4 Aharon prit l’or. Selon un point de vue, soit les magiciens parmi la multitude diverse transformèrent magiquement l’or liquide en un veau en métal fondu, soit Michée jeta dans le feu la plaque sur laquelle Moïse avait écrit un Nom Divin et les mots : « Lève-toi, bœuf ; lève-toi, bœuf »,27 ce par quoi l’or liquide devint un veau en métal. Selon un autre point de vue, c’est Aharon lui-même qui façonna l’or en forme de veau à l’aide d’un instrument de moulage. Dans les deux cas, dès lors qu’il fut entièrement façonné, le veau devint vivant par magie. Au lieu de se référer au veau comme un substitut de Moïse, ils le traitèrent comme un remplacement de D.ieu Lui-même, et c’est ainsi qu’ils firent du veau une idole. Certains parmi les Juifs furent emportés par la fièvre du moment et prirent, eux aussi, part à cette faute. Le fils de Miriam, Hour, entreprit de leur montrer que c’était mal, mais les idolâtres le tuèrent. Aucun membre de la tribu de Lévi n’adora l’idole.28

Un veau en métal fondu. Comme il a été mentionné ci-dessus,29 Pharaon ne croyait pas que D.ieu le Créateur manifestait Son pouvoir sur la terre ; sa croyance était que D.ieu avait abandonné le monde aux forces immuables de la nature. Or, le but des plaies avait été de démontrer que D.ieu peut effectivement Se manifester dans le monde et qu’Il le fait, prouvant ainsi qu’Il est le seul pouvoir auquel nous devons obéir.

Quand Moïse ne descendit pas de la montagne au moment prévu, la multitude diverse imagina qu’il pouvait y avoir une autre explication aux plaies. Peut-être – se dirent-ils – ce n’est pas D.ieu qui a vaincu la nature, mais une force de la nature qui en a vaincu une autre. En l’occurrence, les Égyptiens adoraient le signe du zodiaque Ariès, le bélier. Le signe zodiacal qui le suit est Taurus, le taureau. Taurus aurait-il vaincu Ariès ?

Cette théorie semblait si convaincante que certains Juifs l’acceptèrent ; c’est pourquoi le peuple choisit de faire précisément l’idole sous la forme d’un veau.30

5 Aharon comprit. Aharon vit que, le veau étant devenu vivant, il lui serait difficile de convaincre les idolâtres que l’animal n’avait pas de pouvoirs surnaturels. Les idolâtres avaient tué son neveu Hour ; il réalisa aussi sans tarder qu’il lui serait impossible de les dissuader, et que ses meilleures chances étaient de retarder toute cérémonie d’adoration jusqu’à l’arrivée de Moïse. Pour toutes ces raisons, il insista auprès d’eux afin qu’ils lui permettent à lui seul d’ériger l’autel pour le veau, au lieu de le construire conjointement avec eux. De cette façon, il pourrait tarder le plus longtemps possible à le construire, et la responsabilité retomberait principalement sur lui. Le peuple donna son assentiment, et c’est ainsi que l’adoration de l’idole fut remise au lendemain.

6 Ils sacrifièrent. Comment le peuple ayant été témoin des miracles de D.ieu en Égypte et dans la mer des Joncs, ayant vu Sa révélation au mont Sinaï, et ayant été rétabli dans le statut spirituel sublime d’Adam et Ève d’avant la faute originelle avait-il pu commettre une transgression aussi flagrante après un temps si court ?

Certes, une lecture attentive du récit révèle que c’est une série d’erreurs bien intentionnées exploitées par la multitude diverse qui les amena à fabriquer le veau, et que seul un petit pourcentage de la population y avait réellement participé. Pourtant, l’ampleur de la faute semble totalement disproportionnée au regard des hauteurs spirituelles que le peuple venait tout juste d’atteindre.

En effet, les sages nous enseignent31 qu’à ce moment-là, les Juifs étaient incapables de pécher. D.ieu « força » toute l’affaire sur eux, tout comme Il avait manœuvré Adam et Ève pour qu’ils commettent la faute de manger le fruit de l’Arbre de la Connaissance. Dans les deux cas, le but était de fournir à ceux qui agissent mal un exemple à suivre, ou, dans un sens plus large, de permettre à l’humanité de s’élever jusqu’aux sommets de la réalisation spirituelle, qui peuvent uniquement être atteints par le repentir.

Le repentir n’est pas un chemin dans la vie que nous puissions choisir par nous-mêmes, puisque personne n’est autorisé à commettre de faute à dessein. Il n’est possible de se repentir qu’après avoir subi une défaillance involontaire de notre conscience du Divin, ce qui ouvre la voie à être entraînés à des actes répréhensibles. Ainsi, étant donné que le peuple se trouvait à l’époque hors de portée de toute défaillance, D.ieu dut accorder au mauvais penchant une emprise temporaire sur eux afin qu’ils se repentent par la suite.

Dans cette optique, nous pouvons tous envisager nos actes négatifs passés comme autant d’opportunités nous permettant d’accéder à des hauteurs spirituelles qu’il nous serait impossible d’atteindre autrement.32

7 Descends. Non seulement Moïse ne participa pas à la faute du peuple, mais il n’aurait même pas pu être blâmé de ne pas s’être opposé à leurs actes, puisqu’il ne se trouvait pas là. Néanmoins, il fut négativement affecté par leur faute. Telle est la nature du lien dans le judaïsme entre le véritable dirigeant et son peuple : quand le peuple tombe, il tombe aussi.33

11 Par la folie du moment. Avec cette déclaration, Moïse exprima une vérité fondamentale concernant le lien intrinsèque de chaque Juif avec D.ieu, hérité des patriarches et scellé lors du don de la Torah. En vertu de notre âme Divine, nous sommes tous intrinsèquement et irrévocablement liés à D.ieu, et nous sommes incapables de rompre ou de nier – pas même de vouloir rompre ou nier – ce lien.34 Un Juif n’est capable de contrevenir à la volonté de D.ieu – même un tant soit peu – que lorsque ce lien inhérent est refoulé dans son inconscient et que son esprit conscient est envahi par l’illusion momentanée que le fait d’ignorer ou nier ce lien devient en quelque sorte avantageux.35 Or, même dans ce cas, le Juif reste au fond de soi fidèle à son lien intrinsèque avec D.ieu.36 Il sait que l’illusion est une ruse et refuse d’en devenir dupe.37

14 L’Éternel renonça. D.ieu décida, par contre, de ne détruire que les coupables et, lorsque cela était possible, d’établir leur culpabilité selon la procédure prévue par la loi. D.ieu détermina également comment empêcher les Égyptiens de renforcer leur croyance en leurs astrologues : Il décréta que le sang annoncé par l’étoile Raah s’appliquerait au sang versé plusieurs années plus tard, lorsque Josué circoncit les Juifs alors qu’ils s’apprêtaient à entrer sur la terre d’Israël.38 (Les Juifs étaient dispensés de circoncire leurs nouveau-nés dans le désert, car ils n’avaient aucun moyen de savoir à quel moment D.ieu leur enjoindrait de voyager, et il est dangereux d’emmener un bébé en voyage aussitôt après sa circoncision.)

16 Gravée. Le rouleau de la Torah est écrit sur parchemin, comprenant donc deux éléments distincts : les mots écrits à l’encre et le parchemin sur lequel ils sont écrits. La Torah orale comprend, elle aussi, deux composants distincts : ses mots et la personne qui les étudie – car, même lorsque nous nous impliquons émotionnellement et intellectuellement dans nos études, les mots que nous étudions restent à la périphérie de notre essence.

Les Dix Commandements, en revanche, furent gravés sur leurs tables ; la pierre et les commandements formaient une seule entité.

Les mots écrits ou prononcés, restant distincts de leurs supports, peuvent être détachés : un mot écrit peut être effacé du papier ou être gratté d’un parchemin ; un mot entendu peut s’oublier. Mais le mot gravé ne peut jamais être séparé de son support. Il peut être recouvert, bouché, ou d’autres parties de la pierre peuvent être ébréchées de sorte que l’écriture devient illisible, mais il n’est pas possible de l’effacer ou l’enlever. Le mot et sa signification font corps avec leur moyen d’expression.

Nous devons aspirer à cette unité de sens et d’expression lorsque nous étudions la Torah ; quand nous serons parvenus à graver ainsi la Torah dans notre être, nous ne pourrons plus jamais perdre totalement contact avec elle.39

Gravée. Nos sages soulignent que le mot signifiant « gravé » (’harout) est lié au mot qui signifie « liberté » (’hérout). Se fondant sur cette relation, ils nous enseignent qu’il n’existe d’autre véritable liberté que l’étude de la Torah.40 Mais, compte tenu du grand nombre de prescriptions et de proscriptions qui s’y trouvent, la Torah et son mode de vie sembleraient plus restrictifs que libérateurs.

En vérité, se livrent à l’intérieur de nous de grandes batailles : entre nos émotions en conflit, entre la matière et l’esprit, entre l’animal et le Divin. Chacune de ces influences tire dans sa propre direction, en compétition constante pour prendre le dessus. Nous ne pouvons être vraiment libres que lorsqu’une influence ou l’autre devient pleinement victorieuse.

Mais, en réalité, cela ne peut fonctionner que dans un sens. Notre esprit divin ne peut jamais vraiment se reposer, contraint qu’il est à des activités profanes. Il n’acceptera jamais pleinement l’emprise du matériel, car cela irait absolument à l’encontre de sa nature. Il ne fait qu’attendre le moment que se présente une nouvelle occasion de reprendre sa bataille pour la suprématie.

D’un autre côté, notre nature animale peut être raffinée, et, à travers cet assujettissement à l’esprit, elle finira par réaliser que ceci avait toujours été son vrai désir. Les forces du matérialisme sont d’une importance vitale, mais leur véritable état naturel est d’être guidées et gouvernées par la spiritualité. Dès lors que notre nature animale reconnaît ce fait, elle peut faire la paix avec sa fonction, et toutes les facettes de notre personnalité peuvent fusionner et œuvrer en harmonie vers un but commun.

Ainsi, les restrictions de la Torah qui pèsent sur notre nature animale servent réellement à nous libérer, tandis que la répression de nos élans vers le Divin ne peut que provoquer un malaise et des conflits.41

19 Moïse s’enflamma de colère. Moïse fit le raisonnement suivant : « Le peuple s’est “marié” à D.ieu lors du don de la Torah, et les tables sont le “contrat de mariage”. Un tel acte d’idolâtrie est donc analogue à l’infidélité d’une femme envers son mari, et l’adultère est une infraction punissable de la peine capitale.42 Je vais donc rompre le contrat de mariage afin de sauver la vie du peuple ! »43

Dès que les tables furent brisées, le peuple interrompit aussitôt ses réjouissances, et Moïse s’apprêta à les traduire en justice en raison de leur idolâtrie. Poursuivant l’analogie de l’idolâtrie à l’adultère, un tribunal ne peut exécuter une femme adultère que si l’acte a été précédé d’un avertissement légal et qu’il a été attesté par des témoins. Si le mari soupçonne seulement que sa femme est infidèle mais n’en possède aucune preuve, sous certaines circonstances il peut mener une forme de procès en imposant une épreuve.44

Sur la base de cette analogie, D.ieu ordonna à Moïse de juger le peuple pour son infidélité. Mais cette analogie ne pouvait s’appliquer à l’époque qu’aux Juifs de naissance. Le statut de la multitude diverse, que Moïse avait convertie de sa propre initiative, restait toujours en suspens. N’ayant pas encore le statut de convertis complets, ses membres n’étaient pas complètement « mariés » à D.ieu ; ils étaient comparables aux serviteurs non-juifs.45 Cela ne changeait rien pour ceux qui avaient été à la fois prévenus et vus par des témoins, puisque l’idolâtrie est un crime capital aussi bien pour les Juifs que pour les non-Juifs. D.ieu enjoignit donc à Moïse de mettre en place un tribunal pour juger ceux qui avaient été à la fois avertis et vus en train de commettre un acte d’idolâtrie – ces individus devaient être exécutés par le glaive de la main du tribunal ou de ses exécutants, comme cela sera raconté par la suite. Il s’agissait en fait d’une application de la loi relative à la ville qui aurait été tout entière reconnue coupable d’idolâtrie.46 Mais seuls les Juifs de naissance pouvaient être jugés par l’épreuve administrée à la femme soupçonnée d’adultère, puisqu’eux seuls étaient les « épouses » légitimes de D.ieu. De plus, cette épreuve ne peut être administrée que si la femme est simplement soupçonnée ; s’il y a des témoins de l’adultère, la procédure de l’épreuve n’est plus applicable.47 Ainsi, une femme qui a été vue en train de commettre l’adultère sans avoir été avertie formellement ne peut être condamnée à la peine capitale (le seul recours légal de son mari est de divorcer d’elle).

En conséquence, au sujet du procès légal et de la punition de ceux qui avaient adoré le veau d’or, il y avait quatre catégories de personnes :

1. Ceux qui avaient été légalement avertis et vus par des témoins. Ceux-ci furent jugés par le tribunal et exécutés.

2. Les Juifs de naissance qui n’avaient été ni légalement avertis ni vus par des témoins. Ceux-ci furent jugés au moyen d’une épreuve.

3. Ceux de la multitude diverse qui n’avaient été ni légalement avertis ni vus par des témoins.

4. Ceux qui n’avaient pas été légalement avertis, mais qui avaient été vus en train de commettre l’acte.

Il n’y avait aucun moyen légal de juger ou d’exécuter ceux qui se retrouvaient dans les deux dernières catégories ; aussi, D.ieu prévit de les punir Lui-même. Comme il sera bientôt rapporté, Moïse tenta de convaincre D.ieu de pardonner à ces gens.

Moïse procéda d’abord au jugement par épreuves des Juifs d’origine qui n’avaient été ni légalement avertis ni vus par des témoins.

Il vit le veau. À un niveau plus profond, nos sages disent que les deux tables étaient en réalité trop lourdes pour que Moïse puisse les porter par des moyens naturels.

D.ieu avait appris à Moïse la faute des Juifs alors que celui-ci se trouvait encore au sommet de la montagne, mais il était trop absorbé par la spiritualité de l’expérience pour parvenir à saisir dans toute sa dimension la trahison de son troupeau. Ce n’est que lorsqu’il descendit au camp et que, de ses propres yeux, « il vit le veau et la danse » qu’il saisit l’envergure de leur faute. Sa colère s’enflamma, et il ne fut plus à même de supporter le poids des tables.48

32 Efface-moi de la Torah. Bien que D.ieu soit uni à la Torah,49 le lien qui L’unit à Son peuple est encore plus profond, comme en témoigne le fait que le peuple juif précéda la Torah dans la création.50 Comme un reflet de cela, le lien entre Moïse et son peuple transcendait également son lien avec la Torah ; par conséquent, si le peuple juif était sur le point d’être anéanti, Moïse ne voyait plus aucune raison de continuer à faire partie de la Torah. Il en va de même pour le lien existant entre tous les authentiques dirigeants juifs et leur troupeau.

Ce lien essentiel reste intact même si le Juif néglige son lien avec la Torah.51 Moïse était donc prêt à sacrifier son lien avec la Torah et à être effacé de ses pages pour l’amour de son peuple – de la totalité de son peuple, y compris ceux qui avaient adoré le veau d’or.

Chacun de nous peut aspirer à faire sien le sacrifice de soi dont Moïse fit preuve envers le peuple juif. Il ne suffit pas d’accomplir simplement le commandement qui dit « aime ton prochain comme toi-même » ;52 nous devons être prêts à sacrifier même ce que nous chérissons le plus pour le bien du peuple juif en général et de chaque Juif en particulier – aussi éloigné qu’il semble être de D.ieu et de Sa Torah.53

34 Guide le reste du peuple. D.ieu dit à Moïse : « Même ceux qui n’ont pas véritablement péché ne sont pas tout à fait innocents : ils auraient pu faire davantage pour empêcher les autres de commettre cette faute. Ne pas l’avoir fait indique, soit que la terrible faute d’idolâtrie ne les trouble pas outre mesure, soit qu’ils ne se soucient pas assez de leurs frères juifs. Aussi, Je les punirai de deux façons : désormais, Je ne les guiderai pas directement ; c’est Mon ange qui te précédera à Ma place pendant que tu les guideras.54 Deuxièmement, bien que ce manquement ne justifie pas leur mort immédiate, J’en tiendrai compte lorsque J’aurai à les punir en raison de quelque autre faute qu’ils commettraient à l’avenir. »

D.ieu exprima également à Moïse Sa colère envers Aharon en lui disant qu’Il envisageait d’anéantir sa lignée en mettant à mort ses quatre fils (qui, eux, n’avaient pas encore eu d’enfant). Moïse pria en faveur d’Aharon et réussit à diminuer la peine de moitié. Ainsi, lorsque le Tabernacle fut inauguré, D.ieu tua les deux fils aînés d’Aharon, Nadav et Avihou – qui, de toute façon, avaient été condamnés au préalable,55 la condamnation étant devenue encore plus méritée pour d’autres raisons.56

33:1 Monte. En outre, D.ieu dit à Moïse : « Tous ceux qui ont commis la faute d’idolâtrie viennent d’être tués, à l’exception de ceux appartenant à la multitude diverse qui n’ont été ni prévenus ni vus par des témoins. Je ne tuerai pas ceux-ci, car Je note qu’ils se sont entièrement repentis de leur faute. Bien sûr, ils sont aussi coupables que les Juifs de naissance de ne pas avoir empêché les autres de pécher, et c’est pourquoi Je vais les punir à cet égard comme Je punirai les autres : en ajoutant ce manquement à toute autre faute pour laquelle Je les punirai à l’avenir.57 Aussi, à présent que le peuple a été purifié – car J’ai enlevé de leur sein les sujets indignes, et qu’ils ont accepté Ma punition graduelle et se sont repentis –, Je peux te ramener à ton niveau spirituel préalable. »58

7 Aussi loin du camp que possible. Moïse plaça sa tente à une distance de deux mille coudées de la limite extérieure du camp, ceci étant la distance maximale qu’il est permis de parcourir le Chabbat en dehors d’une zone habitée. Comme on le rappellera bientôt, le lendemain, 1er Eloul 2448, Moïse gravit le mont Sinaï pour une troisième période de quarante jours, au cours de laquelle il obtint le pardon de D.ieu pour le peuple. Mais ce pardon ne se concrétisa de manière effective que lorsque le Tabernacle fut inauguré. Durant la période de presque six mois qui s’écoula entre la descente finale de Moïse de la montagne59 (le 10 Tichri) et l’inauguration du Tabernacle (le 1er Nissan), D.ieu resta encore relativement éloigné du peuple. Aussi, Moïse maintint sa tente là où il l’avait placée auparavant.

20 Contempler Ma face. D.ieu dit : « Afin d’expliquer comment invoquer Mes attributs de miséricorde dans la prière, Je te montrerai une image de Moi comme un homme qui prie, portant un châle de prière (le talit) et les tefiline, en train de proclamer ces attributs. Par la suite, tu apprendras au peuple à prier de la sorte. Ils devront invoquer Ma miséricorde en portant le talit et les tefiline parce qu’une personne ne peut pécher que lorsqu’elle M’oublie temporairement, et le talit et les tefiline sont autant de moyens de se souvenir de Moi.60 Néanmoins, quand cette image passera devant toi, tu ne parviendras pas à distinguer sa face, car aucun homme ne peut Me voir directement – pas même de façon si allégorique – et rester en vie.61 Comprendre d’une manière directe comment Je manifeste Ma miséricorde en ce monde est au-delà de la capacité de l’intellect humain ou de l’expérience. »

23 Voir Mon dos. D.ieu dit : « J’abaisserai le talit de Ma tête afin que tu puisses voir le nœud des tefiline de tête reposant sur Mon cou. Les tefiline de tête y sont placés comme une couronne ; en te montrant comment les tefiline sont attachés à la nuque, Je te montrerai donc quelque peu de Ma gloire, comme tu l’as sollicité.62 Tu ne verras que l’arrière de Ma gloire – autrement dit tu ne comprendras comment Je manifeste Ma présence et Mon attribut de miséricorde dans ce monde qu’après coup – car c’est là tout ce que l’intellect humain peut en saisir. »

34:1 Je te félicite. D.ieu loua Moïse d’avoir brisé les tables parce que celui-ci les avait comprises comme le « contrat de mariage » mettant en cause les Juifs dans leur infidélité à D.ieu, leur « mari ».63

Moïse était parfaitement conscient de l’impressionnante valeur spirituelle des tables. « Les tables étaient l’ouvrage de D.ieu et l’écriture était l’écriture de D.ieu. »64 Moïse les avait reçues directement de la main de D.ieu. Pourtant, quand il vit qu’elles représentaient un danger pour le peuple juif, il n’hésita pas à agir. Ce n’était qu’une minorité, les plus dépravés parmi eux, qui avait péché. Mais Moïse n’attendit même pas l’approbation de D.ieu : il brisa aussitôt les tables afin de protéger son troupeau du châtiment.

Voici la vraie grandeur de Moïse : outre le fait de se dévouer totalement à son peuple, il fut prêt à sacrifier la Torah qu’il avait personnellement reçue de D.ieu pour le bien des membres les plus bas de son troupeau. Cet acte suprême de don de soi exprime l’amour profond que ressentait Moïse envers tous les Juifs, sans exception.65

7 Il pardonne la faute. Le verbe employé ici pour « pardonner » signifie littéralement « porter » ou « soulever ». À partir de là, le Baal Chem Tov enseigne que D.ieu élève les étincelles de sainteté contenues dans la faute – car rien, pas même une faute, ne peut exister s’il ne possède pas une étincelle de sainteté. Lorsque l’individu se repent, D.ieu élève l’étincelle présente dans l’acte négatif qu’il a commis et la ramène à sa source Divine. Telle est l’essence du pardon.66

Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi explique cette idée comme suit : certes, il est impossible d’élever un acte coupable ; l’acte en soi est mauvais, et le seul traitement convenable à son égard est d’y renoncer. Mais la puissance du désir investie dans l’acte, elle, n’est pas mauvaise, car il est possible d’utiliser cette force pour désirer le bien tout autant que pour le mal. Lorsque nous nous repentons correctement, nous débarrassons la puissance du désir de son revêtement de mal, la rétablissant dans sa source sainte.67

La faute involontaire. En règle générale, il n’est pas nécessaire d’invoquer les treize attributs de miséricorde afin d’obtenir le pardon de D.ieu pour les fautes involontaires. Lorsque le Tabernacle ou le Temple sont présents, il est possible d’effacer nombre de ces fautes en se repentant et en apportant par la suite le sacrifice approprié. Lorsque le Tabernacle ou le Temple sont absents, le jeûne ou la charité peuvent se substituer à l’offrande.68

Les fautes involontaires sont, néanmoins, mentionnées ici parce que le principe selon lequel « Il acquitte ceux qui se repentent correctement et n’acquitte pas ceux qui n’agissent pas ainsi » leur est également applicable. Nous ne devons pas commettre l’erreur de penser qu’il n’est pas besoin de se repentir pour les fautes involontaires. Bien qu’elles soient certainement beaucoup moins graves que les fautes intentionnelles, elles indiquent que nous n’avons pas achevé le processus de raffinement de soi ; si une subtile dissonance spirituelle n’existait pas en nous, cela ne ferait pas surface sous la forme d’une erreur commise par inadvertance.69

9 Un peuple à la nuque raide. Littéralement, cela se lit « car c’est un peuple à la nuque raide » – comme si le fait que nous ayons « la nuque raide » était la raison pour nous pardonner ! Aussi, dans le sens littéral du verset, avoir « la nuque raide » fait référence à l’idéalisme obstiné du peuple juif, que nos sages ont défini comme nos qualités innées de compassion, de modestie et de générosité. Cet idéalisme, qui nous contraint d’agir conformément à ces qualités au-delà du sens du devoir, nous rend dignes du pardon de D.ieu.70

10 Voici, Je fais une alliance. D.ieu avait déjà scellé une alliance avec le peuple au mont Sinaï lorsqu’Il leur fit don de la Torah, comme il a été raconté en détail plus haut. Par cette alliance, Lui et eux devinrent liés comme les deux moitiés d’un tout.

Or, cette alliance était conditionnée par l’engagement du peuple à accomplir la volonté de D.ieu. Une fois qu’ils rompirent leur promesse de servir D.ieu avec fidélité, une alliance nouvelle, qui ferait que l’alliance originelle soit valable même dans le cas où le peuple serait infidèle, se révéla nécessaire.

Afin d’établir ce type d’alliance, D.ieu dut dévoiler un degré beaucoup plus profond de Son lien avec le peuple, un niveau auquel leur réussite dans l’obéissance aux commandements est hors sujet. Ce n’est qu’ainsi que la présence Divine pourrait résider parmi eux et les accompagner, tel que Moïse l’avait demandé.71

Mais Moïse perçut également le danger inhérent. Si D.ieu manifestait le niveau de Sa « personnalité », qui précède celui de Sa volonté telle qu’elle est incarnée dans la Torah et ses commandements, cela pouvait nier le caractère unique du peuple juif. Après tout, la justification de l’existence d’un peuple choisi par Lui est que la volonté de D.ieu est importante. Certes, Moïse demanda à D.ieu de révéler cette profondeur de Sa « personnalité » afin qu’Il lui montre à quel point le peuple juif Lui est cher, mais l’exercice pouvait se retourner contre lui et les autres peuples pourraient dire : « Si obéir à D.ieu n’a pas d’importance, alors nous pouvons, nous aussi, revendiquer pour nous tout ce que Tu as promis aux Juifs. »

Aussi, Moïse demanda à D.ieu d’assurer que cela n’arriverait pas, qu’Il ne permettrait pas que Sa présence repose sur les autres peuples au cas où ils invoqueraient cet argument, et D.ieu accepta.72 Tel est le sens de la suite de ce verset : « Devant tout ton peuple, J’accomplirai des prodiges tels qu’ils n’ont jamais été accomplis sur toute la terre ou pour aucun peuple. » Les « prodiges » dont il est question ici ne sont pas des miracles matériels, car, en effet, après ceci D.ieu ne réalisa aucun miracle à l’échelle de ceux qu’Il avait réalisés auparavant en Égypte, à la mer des Joncs et dans le désert (jusqu’alors). Ici, le « prodige » est plutôt le fait que D.ieu fait reposer Sa présence sur le seul peuple juif, alors même qu’il ne semble pas toujours mériter un tel traitement privilégié.

Ces deux points sont l’essence de cette alliance. Ils expliquent aussi pourquoi l’épisode du veau d’or fut racheté spécifiquement par un demi-sicle : cela démontrait que D.ieu et les Juifs étaient toujours les deux moitiés d’un même tout.73

11 Les Cananéens. Seules six des sept peuples sont mentionnés ici. Comme il a été indiqué précédemment,74 c’est parce que, dans ce passage, D.ieu rassure le peuple : bien qu’ils aient péché et perdu de ce fait le privilège d’être directement guidés par la présence de D.ieu, le guide qu’Il nommera comme substitut réussira toujours à expulser les peuples résidant sur la terre qui leur fut promise. Puisque les Guirgasiens fuiront de leur propre chef, il n’est pas besoin de les mentionner dans ce contexte.75

Néanmoins, si les Guirgasiens retournaient sur la terre d’Israël, ils seraient toujours soumis aux directives données ici. C’est pourquoi, lorsque ces instructions sont répétées par la suite,76 les Guirgasiens sont bel et bien mentionnés.77

Les six autres peuples cananéens symbolisent les six émotions non rectifiées de l’âme animale, tandis que les Guirgasiens représentent l’élan de l’âme animale pour exprimer ses six émotions non rectifiées dans la pensée, la parole et l’action.78 Dans ce contexte, le fait que les Guirgasiens aient fui de leur propre chef, sans opposer la moindre résistance, reflète le fait que, lorsque nous rectifierons les six émotions de notre âme animale, nous n’aurons plus à réfréner aucun élan poussant à les exprimer.

Néanmoins, jusqu’à ce que ce processus de rectification soit achevé, nous devons contrôler en nous les facultés de la pensée, la parole et l’action afin de nous assurer qu’elles ne servent que des fins saintes, et non celles poursuivies par les six émotions non rectifiées de notre âme animale. En conséquence, D.ieu nous ordonne dans le verset suivant : « Prends garde de ne pas établir d’alliance avec les habitants du pays dans lequel tu entres, de peur qu’ils ne deviennent un piège en ton sein ».79

29 Était devenue rayonnante. C’est précisément après avoir reçu les deuxièmes tables que le visage de Moïse devint lumineux. Les secondes tables représentent une expérience intériorisée du Divin, laquelle ne saurait être contestée. Par conséquent, bien qu’elles n’aient pas été aussi miraculeuses que les premières,80 les deuxièmes tables ne furent jamais brisées.

De même, au cours de la troisième et dernière période de quarante jours où Moïse séjourna dans le ciel, lorsqu’il reçut les secondes tables, son corps absorba la spiritualité du ciel ; il était devenu à tel point épuré qu’il était comme un ange, insensible à la faim. Ainsi, après avoir reçu les secondes tables – non pas comme un simple invité dans le ciel, mais comme un être céleste lui-même –, son corps matériel en vint à refléter cette lumière surnaturelle.

De même, l’effort que nous consacrons à l’étude de la Torah et à l’accomplissement des commandements de D.ieu raffine même notre corps. Si nous nous y consacrons au point que la Torah pénètre en nous, notre visage deviendra resplendissant.81