Le Talmud rapporte1 que les Israélites étaient incapables de commettre d’eux-mêmes le péché du Veau d’or, car ils avaient maîtrisé leur mauvais penchant.2 En fait, le péché fut « un décret du Roi, afin d’offrir une ouverture aux pénitents. Un pécheur pourrait en effet penser que le repentir est vain. C’est pourquoi il lui est montré que D.ieu a même accepté la pénitence de ceux qui commirent l’odieux péché du Veau d’or. »3

« Afin d’offrir une ouverture aux pénitents » ne se réfère pas seulement aux générations ultérieures ; cela permit également aux Juifs de l’époque la possibilité de se repentir.4

La techouva – le repentir – n’est pas une manière de service divin qu’une personne sans péché peut choisir. Bien au contraire : « Celui qui dit : “Je pécherai et je me repentirai” ne se voit pas accorder l’occasion de se repentir. »5 Ce n’est qu’après qu’une personne a péché qu’elle a la possibilité de se repentir, de « faire techouva ».

Malgré cela, le service du repentir est si élevé qu’il comporte certains mérites qui manquent même au service des véritables justes, comme disent nos Sages6 : « Le niveau atteint par les baalei techouva – les pénitents – ne peut pas être atteint par les tsadikim guemourim – les justes parfaits. »

Pour que les Juifs qui avaient vécu le don de la Torah, et qui étaient à travers cela devenus véritablement justes, fassent également l’expérience du repentir, il fut nécessaire qu’il y ait un « décret du Roi ». Cela seul permit au mauvais penchant d’atteindre temporairement la domination sur eux ; ils purent alors faire l’expérience de l’immense élévation du repentir.

L’une des qualités du repentir qui fait défaut au service des justes parfaits vient du fait qu’un juste est seulement capable d’élever les étincelles de sainteté présentes dans les choses permises. Son approche du mal est celle de la négation ; il lui est impossible de le transformer en sainteté.

En revanche, un pécheur peut, par un repentir complet, effectuer la transformation des méfaits en mérites.7 Ainsi, non seulement il nie le mal, mais il est capable d’élever la sainteté qui était piégée en son sein.

Cette différence entre le service d’un juste parfait et celui d’un pénitent ne résulte pas seulement du fait que le juste manque simplement de péchés à transformer ; elle est également liée à la différence entre leurs méthodes de service divin.

Le service du vrai juste consiste à révéler la Divinité dans le monde. Puisque le mal tel qu’il existe dans le monde voile le Divin et s’oppose à Lui, le juste le nie.

Le service du pénitent, en revanche, élève le monde physique au domaine du saint. Il est donc conscient du monde non pas comme quelque chose qui s’oppose à la Divinité, mais plutôt tel qu’il est considéré d’En haut.

La même chose est vraie en ce qui concerne le mal : les pénitents se rendent compte que l’intention de D.ieu n’est pas simplement la négation du mal, mais sa transformation – à travers le repentir – en bien, élevant ainsi l’étincelle divine cachée à l’intérieur.

Le don de la Torah par D.ieu a révélé la Divinité d’une manière qui transcendait le monde corporel ; la techouva d’un Juif affronte le monde corporel et le transforme en Divinité.


D’après Likoutei Si’hot vol. XVI p. 412-414.