Tetsavé – Les prêtres

La huitième section du livre de l’Exode commence quand Dieu demande à Moïse d’ordonner (tetsavé, en hébreu) au peuple juif de fournir de l’huile d’olive pour alimenter le candélabre du Tabernacle. Dieu décrit ensuite les vêtements particuliers que les prêtres – Aharon, le frère de Moïse et ses descendants – porteront lors de leur service dans le Tabernacle. Puis, Dieu ordonne à Moïse de suivre un rituel d’une semaine pour installer son frère et ses neveux dans la fonction de prêtres. Ceci est suivi par la description de l’autel des encens.

Dans la paracha de Terouma, Dieu enseigne au peuple juif comment construire le Tabernacle, le moyen par lequel Il demeurera en ce monde et en chacun de nous. Ces instructions nous apprennent également comment faire de notre vie et de notre sphère d’influence une « demeure » pour Dieu, comment les raffiner afin qu’elles nourrissent la conscience divine.

Or, une fois qu’une maison est bâtie, elle doit être habitée. Le Tabernacle lui-même n’est qu’un décor vide : une coquille « programmée » pour spiritualiser la réalité, mais qui doit être utilisée. La prochaine étape consiste à nous indiquer comment nous en servir. Après la paracha de Terouma suit Tetsavé ; tetsavé signifie non seulement « tu commanderas », mais aussi « tu relieras ».

Ainsi, dans Tetsavé Dieu définit la fonction des prêtres, ceux qui seront en charge d’assurer le service dans le Tabernacle, et la façon dont on les investira dans cette fonction.

Il est vrai que, lorsque Dieu nous donna la Torah au mont Sinaï, Il la fit précéder de cette promesse : « Vous serez pour Moi un royaume de prêtres et un peuple saint ». 1 En effet, tout juif est, dans une certaine mesure, censé être un prêtre, si totalement empli de conscience divine que celle-ci l’absorbe et l’embrasse entièrement.

Néanmoins, pour idéal que cela puisse paraître, vivre sur un tel plan de sainteté entacherait la finalité intrinsèque à la création, car Dieu nous a créés pour que nous soyons non pas des anges mais des êtres humains, engagés dans la vie en vue d’élever et raffiner tous les aspects du monde et rendre tous les aspects de la réalité imprégnés du Divin.

Par conséquent, tout comme la création à grande échelle fonctionne sur un double plan – le ciel et la terre, le jour et la nuit, le masculin et le féminin –, l’acte d’attirer vers le monde la présence divine reflète cette dualité. Il faut qu’il y ait des prêtres et des gens qui ne le sont pas. En un sens, les prêtres sont l’exception qui confirme la règle. Ils représentent à la fois l’idéal que tous doivent s’efforcer d’atteindre ainsi que le canal à travers lequel la conscience divine parvient à chacun. Dans le premier cas, le peuple est inférieur à eux et s’efforce de les imiter ; dans le second, les prêtres n’existent que pour servir le peuple et lui fournir l’inspiration dont chacun a besoin pour accomplir sa tâche – ce qui est la véritable finalité de la création.

Sur le plan personnel, cette paracha est donc importante pour chacun de nous en ce qu’elle décrit à la fois la manière dont les prêtres, nos mandataires, sont devenus ce qu’ils sont, et, plus précisément, comment nous devons consacrer une partie de notre personnalité au seul but de servir Dieu. En créant (« installant ») le prêtre que nous avons en nous, nous pouvons nous lier au prêtre physique et humain et, à la fois, le voir comme une image idéalisée de nous-mêmes et retirer par lui conscience et inspiration divines.

Comme les prêtres qui brûlaient l’encens et allumaient le candélabre dans le cadre de leur rituel quotidien, nous renouvelons également chaque jour notre lien intrinsèque avec Dieu et diffusons cette conscience au monde. Chaque matin nous offrons de « l’encens » en récitant le Chema, affirmant ainsi notre conviction de la singularité absolue de Dieu dans la création – que rien n’existe en dehors de Lui –, et en faisant un avec Lui dans la Amida matinale. Nous allumons notre « candélabre » en puisant cette inspiration et en l’appliquant à notre vie quotidienne. C’est ainsi que nous restons connectés et unis à Dieu tout au long de la journée.

Aussi, la raison pour laquelle les sections décrivant l’allumage du candélabre et de l’autel des encens encadrent cette paracha devient évidente. Jointes, elles incarnent toutes deux le message de la paracha. Le Juif devient totalement un avec Dieu – un membre à part entière du « royaume de prêtres » et du « peuple saint » – à travers l’encens, et transforme ensuite le monde en un grand Temple pour Dieu par le candélabre. 2