Dans la lecture de la Torah de Tetsavé, les vêtements sacerdotaux sont décrits en détail. Parmi les vêtements portés par le Grand Prêtre figurent l’éphod, le pectoral, et le méil, la robe. Après les commandements concernant la fabrication de chacun d’eux, le verset nous dit le rôle que chacun d’entre eux jouait :

S’agissant de l’éphod, le verset dit1 : « Place les deux pierres sur les épaules de l’éphod comme pierres de souvenir pour les enfants d’Israël ; Aharon portera leurs noms sur ses deux épaules devant D.ieu comme souvenir. »

À la fin du commandement du pectoral, le verset indique2 : « Aharon portera ainsi les noms des enfants d’Israël sur le pectoral du jugement au-dessus de son cœur lorsqu’il entrera dans le Sanctuaire ; ce sera un souvenir constant devant D.ieu. »

Concernant la robe, le verset indique3 : « Aharon la portera lorsqu’il accomplira le service ; le son [des cloches] se fera entendre lorsqu’il entrera dans le Sanctuaire devant D.ieu, et lorsqu’il en sortira... »

Ainsi, chaque vêtement accomplissait son objectif – souvenir, etc. – par le fait même qu’Aharon entrait dans le Sanctuaire en le portant. Ce n’était pas le cas des autres vêtements portés lors de l’accomplissement du service, ils n’accomplissaient rien en eux-mêmes.4

Lorsque le Grand Prêtre entrait dans le Sanctuaire revêtu des huit vêtements et accomplissait le service divin, deux choses étaient ainsi accomplies : l’entrée elle-même accomplissait le souvenir, etc., par le fait qu’il était revêtu des trois vêtements spéciaux. Ensuite, il y avait ce qui était accompli par son service effectif, qui dépendait du port de tous ses vêtements.

Le Grand Prêtre était un émissaire5 du peuple juif. Sa tâche consistait à unir les Juifs à D.ieu. Ainsi, l’entrée et le service du Grand Prêtre correspondent aux accomplissements du peuple juif.

L’unification d’un Juif avec D.ieu est double : a) par son service de la Torah et des mitsvot ; b) en raison de sa relation intrinsèque, car il est considéré comme l’enfant ou le serviteur de D.ieu avant même son service.

Il est fait allusion à ces deux éléments dans le service du Grand Prêtre : tout d’abord intervient son entrée dans le Sanctuaire, ce qui souligne le souvenir des Juifs devant D.ieu (indépendamment de leur service). Ce n’est qu’ensuite que commence le service du Grand Prêtre, qui symbolise le service spirituel de chaque Juif.

La raison pour laquelle l’entrée du Grand Prêtre était liée aux trois vêtements mentionnés ci-dessus sera comprise en conséquence, car ces vêtements font allusion aux différentes catégories de Juifs :

Les pierres précieuses des bretelles de l’éphod et du pectoral portaient les noms des tribus d’Israël, le peuple juif. Il s’agit du Juif le plus noble, celui en qui se trouve le judaïsme « révélé et inscrit ».

La robe, en revanche, qui descendait près du sol, fait allusion à une catégorie moins élevée de Juifs. La frange de la robe comportait des cloches et des grenades, car « même le Juif le plus “vide” est aussi plein de mitsvot qu’une grenade [est pleine de graines] ».6

Le « souvenir devant D.ieu » était accompli par l’entrée du Grand Prêtre portant tous ces trois vêtements ; si une seule catégorie de Juifs manquait, l’action du prêtre n’avait pas de sens. Car l’unité des Juifs avec D.ieu défie toute division – elle englobe tous les Juifs de manière égale.

D’après Likoutei Si’hot, vol. XXI, p. 185-188.