21:1 Voici les lois. Dieu enseigna également à Moïse les spécifications des commandements dans la section suivante.1 Le détail de ces lois étant trop complexe à apprendre en quarante jours à peine, Dieu en accorda à Moïse la pleine compréhension le dernier jour.2 Dieu donna le détail du reste des commandements (à quelques exceptions près)3 entre le 10 Tichri 2449, lorsque Moïse descendit du mont Sinaï,4 et le 20 Iyar 2449, date où le peuple commença ses voyages.5

Dieu préfaça cette section par une série d’instructions que Moïse aurait à transmettre au peuple : (1) pour juger les affaires juridiques, le peuple devra mettre en place un système de tribunaux ;6 (2) lui, Moïse, aura pour tâche d’enseigner au peuple le code de loi en profondeur, et en expliquer les déductions ainsi que le raisonnement qui sous-tend chaque loi afin qu’elles soient bien comprises ; et (3) le peuple devra porter toutes les affaires juridiques devant ses propres tribunaux et non pas devant ceux d’autres nations – même si ces autres tribunaux jugeaient les affaires selon les principes juridiques énoncés dans la Torah –, car cela impliquerait que les tribunaux juifs sont incapables de juger un tel cas. Le fait susciterait l’embarras du peuple juif et renforcerait le prestige de ces tribunaux non-juifs, alors que l’intention de Dieu est que le peuple juif inspire les autres peuples à l’imiter.

2 Un serviteur hébreu. Dieu enjoignit à Moïse de dire au peuple que, bien qu’à ce moment ils aient tous été riches grâce au butin qu’ils avaient pris en Égypte et à la mer des Joncs, les choses pourraient un jour être différentes.7 Alors, si, à l’avenir, un homme parmi eux tombe dans une telle misère qu’il est tenté de commettre un vol et ne peut pas ensuite restituer la valeur du bien dérobé, le tribunal peut le vendre pour une période de service afin d’utiliser le profit de sa vente pour rembourser sa dette.8 (Néanmoins, il n’est pas permis au tribunal de vendre une femme qui aurait commis un vol.)9

Si tu achètes un serviteur hébreu. Le cas d’un Juif vendu par le tribunal en qualité de serviteur afin de rembourser la valeur de l’effet dérobé est très rare, et montre le peuple juif sous un jour négatif. Or, ce cas est choisi par la Torah pour entamer la présentation du droit civil. La Torah commence par traiter notamment cette catégorie de personne et nous enseigne aussitôt que même ce pécheur doit être traité avec respect et compassion.

Cette approche compatissante de la justice est bien au cœur du système de droit civil juif, dont le but est le raffinement et l’élévation de la vie quotidienne du Juif sur les plans physique et matériel.10

Il devra servir six ans durant. En tant qu’allégorie, les six années font allusion aux six millénaires séparant la création du monde de l’ère messianique. Pendant ces six premiers millénaires, nous devons lutter contre les imperfections du monde, travaillant à l’améliorer et le parfaire. Néanmoins, au septième millénaire, « il sera remis en liberté », car il ne sera plus besoin de travailler.11

À ce stade de notre histoire, la conscience de nous trouver si proches de la fin du sixième millénaire doit imprégner notre travail de l’impatience joyeuse qu’éveille en nous la Délivrance imminente.12

21:6 Percera le lobe de son oreille. L’esclave reçoit la punition relativement légère de se voir percer le lobe de l’oreille13 car il a droit au bénéfice du doute : il se peut qu’il ait commis le vol poussé par sa terrible pauvreté, et il est sans doute naturel qu’il éprouve de l’affection pour sa femme et ses enfants, même s’ils ne sont pas juifs. Or, c’est son oreille droite qui est percée parce que l’oreille de son côté le plus fort représente l’emploi correct du don de l’ouïe.14 Il entendit Dieu dire « Ne vole pas ! »15 sur le mont Sinaï et se livra tout de même au vol, ne s’étant nullement soucié de son acte – comme en témoigne le fait qu’il n’éprouve aucune hâte à se débarrasser du stigmate d’avoir été vendu comme serviteur en raison de son larcin. L’oreille est percée contre une porte qui doit elle-même être en position verticale à l’instar de ses montants, car la porte et les montants sont témoins, pour ainsi dire, de la manière dont Dieu libéra le peuple de l’esclavage en Égypte,16 et cet individu choisit néanmoins de prolonger le sien.17

Son maître percera alors le lobe de son oreille avec un poinçon. La personne en question est un voleur ayant non seulement commis le délit, mais, en outre, gaspillé l’argent obtenu sans rien en garder pour rembourser celui qu’il dévalisa. Pourtant, Dieu ne dispense pas même un tel transgresseur de son obligation de se conformer aux lois de la Torah. Lui aussi était présent au mont Sinaï, et la voix de Dieu l’affecta d’une forme ineffaçable. C’est bien pour cela qu’il est tenu pour responsable de toute désobéissance ultérieure, et partant, en dépit du fait qu’en règle générale il soit interdit de blesser ou de causer un dommage quelconque à un autre Juif, le tribunal est chargé de lui percer l’oreille.18

10 Nourriture, vêtements ou droits conjugaux. En termes spirituels, notre seul « besoin » est la conscience divine, la conscience qui nous permet de mener une vie spirituelle. Dans ce contexte, la nourriture, les vêtements et les droits conjugaux constituent trois degrés différents de la conscience divine qu’Il nous a accordée.

La « nourriture » fait référence aux aspects révélés de la Torah. Ces aspects peuvent être pleinement saisis par l’intellect humain et s’intégrer en totalité dans notre être.

Les « vêtements » se rapportent aux parties ésotériques, cachées, de la Torah. Celles-ci peuvent être soumises à l’analyse, ayant sans doute un effet sur celui qui les apprend. Mais, étant par nature spirituelles et abstraites, ces parties ne sont jamais totalement assimilées et demeurent essentiellement hors de notre portée.

Le degré des « droits conjugaux », le troisième et le plus profond, constitue la dimension la plus intime de la Torah, celle qui requiert une préparation et un raffinement particuliers pour pouvoir être abordée. Ce niveau de la Torah conduit au sommet de la connexion avec Dieu.19

21:13 Il pourra s’enfuir. Pendant la traversée du peuple dans le désert, ce lieu de refuge était le camp des Lévites ;20 lorsque les Juifs entrèrent sur la terre d’Israël, ils eurent à désigner des villes spécifiques en tant que villes de refuge.21

Dieu fait en sorte qu’un individu tue quelqu’un involontairement afin que justice soit rendue. Par exemple : un individu a tué quelqu’un intentionnellement et un autre a tué quelqu’un involontairement, sans qu’il y ait de témoin de ces deux meurtres. En l’absence de témoins, on ne peut mettre à mort le meurtrier intentionnel, pas plus qu’exiler le meurtrier involontaire. Dieu arrange alors que tous les deux logent dans une même auberge ; le meurtrier intentionnel s’assoit sous une échelle d’où glisse le meurtrier involontaire, tombant sur le meurtrier intentionnel et le tuant. Le meurtrier intentionnel reçoit ainsi sa peine de mort, tandis que le meurtrier involontaire, aperçu en train de commettre un second homicide involontaire, est jugé et condamné à l’exil.

Je te fournirai un endroit. Commettre une faute est, dans un sens métaphorique, une forme de meurtre ; dans les deux cas, l’âme se voit arrachée à sa source spirituelle de vie. Dans le cas d’une faute, la partie « tuée » est l’âme de la personne même.

Dans la mesure où le peuple juif est intrinsèquement lié à Dieu, il est, pour un Juif, absolument « contre nature » de pécher. Le fait que nous commettions une faute est le résultat d’une folie subite et passagère, qui tente de nous convaincre que notre lien avec Dieu ne sera pas affecté par un comportement inapproprié. C’est pourquoi Dieu considère le « meurtre » comme un acte involontaire, et nous fournit une « ville de refuge » où nous pourrons nous repentir et échapper à la punition. Cette « ville de refuge » est l’étude de la Torah et les prières que nous disons d’un cœur sincère et repentant.

L’une des obligations du tribunal consistait à s’assurer que les routes menant aux villes de refuge soient larges et bien pavées, avec des panneaux indicateurs le long du chemin.22 Cela nous enseigne qu’il ne suffit pas de se réfugier dans notre propre « ville de refuge » ; c’est notre responsabilité et notre privilège d’aider les autres à parvenir à leur « ville de refuge » au moyen de notre conduite exemplaire et de nos conseils utiles. Lorsque nous aidons les autres, Dieu nous aide à atteindre aussi nous-mêmes notre « ville de refuge ».23

21:14 Intentionnellement. Mais si un Juif tue un autre Juif alors qu’il avait l’intention de tuer quelqu’un d’autre, ou tue un non-juif, ou tue quelqu’un en administrant une punition ordonnée par le tribunal, ou tue quelqu’un en essayant de le guérir, ou tue son fils ou un disciple au cours d’une procédure disciplinaire, il est passible d’autres formes de punition, mais n’encourt pas la peine de mort.

21:19 Pourvoir à son plein rétablissement. Les maladies spirituelles, au même titre que les maladies corporelles, peuvent affecter l’être humain à différents degrés de gravité. Il est des situations où le patient se trouve en « danger mortel » – autrement dit, son apathie a commencé à affecter son accomplissement concret de la Torah et de ses commandements. Une telle maladie attaque directement le flux de vitalité spirituelle de la personne. Il y a aussi d’autres maladies spirituelles qui ne nous mettent pas en « danger de mort » ; elles indiquent seulement la faiblesse de la santé spirituelle du « patient ».24 Dès lors qu’il se trouve des gens en danger, l’assistance n’est pas seulement louable : elle est obligatoire. Si l’accomplissement des commandements de Dieu est en cause et que nous pouvons apporter notre assistance, nous sommes obligés d’offrir notre aide sans laisser nos aspirations personnelles de perfection entraver notre chemin.25

21:25 Compensation. Cette indemnisation se calcule en déterminant combien d’argent une personne d’une condition sociale semblable serait prête à réclamer en échange de la souffrance de ces blessures. L’obligation d’indemniser la victime pour sa douleur est valable même dans le cas où celle-ci a subi la perte d’un membre du corps et que l’agresseur est tenu de payer pour ce dommage corporel ; l’assaillant ne saurait prétendre : « Puisque, pour ainsi dire, je paie pour son membre, le membre m’appartient, et je peux donc en faire ce que je veux. »

21:28–29, 35–36 Si un bœuf encorne. Comme ce n’est pas un fait naturel qu’un animal cause des dommages délibérément, son propriétaire n’est pas tenu pour entièrement responsable des dommages causés par lui. Si, par contre, il a répété son comportement agressif à trois reprises, le propriétaire doit supposer qu’il s’agit là d’une bête nuisible, il est désormais responsable des actions de son animal.

Il existe deux façons par lesquelles un tel animal peut revenir à son statut naturel précédent. Premièrement, si on l’expose aux mêmes circonstances qui l’ont poussé auparavant à attaquer et qu’il ne le fait plus, il montre ainsi qu’il est guéri de ses inclinations à la violence. Deuxièmement, lorsqu’un animal est vendu ou donné en cadeau, son ardoise est effacée. Il perd alors son statut précédent d’agresseur présumé, car le transfert de propriété modifie la nature de la bête.26

La « bête » qui vit en notre sein est notre âme animale, tournée vers le matériel. Cette bête doit être surveillée avec soin, car, livrée à elle-même, elle pourrait causer de grands dommages.

Bien que cet aspect de notre personnalité soit attiré vers des aspirations matérielles, il est d’un naturel bénin, non pernicieux. Il n’est pas naturel que l’âme animale soit attirée vers des désirs interdits ; aussi, lorsque tel est le cas, ceci est considéré comme un événement imprévisible. Mais si un individu succombe à plusieurs reprises à des tentations expressément interdites, c’est qu’il est devenu le propriétaire d’une bête agressive ; cela fait désormais partie de sa nature.

En règle générale, il est nécessaire de mettre en place une procédure complète pour réussir à débarrasser l’âme animale de cette nature acquise. La personne doit lutter intensément avec ses défaillances jusqu’à surmonter ses mauvais penchants. Elle ne peut être sûre d’avoir réussi qu’après avoir fait la preuve de son aptitude à résister aux mêmes tentations dans des circonstances semblables.

Il existe toutefois un moyen plus direct de surmonter ces problèmes : le « changement de propriétaire ». Si la personne choisit de s’immerger complètement dans un « nouveau monde », dans des sujets saints, ses mauvaises habitudes antérieures disparaissent automatiquement. En changeant tout son être, elle devient véritablement une « personne différente » et n’a plus à suivre avec effort un processus de changement graduel.27

21:37 Il paiera. En règle générale, un voleur est tenu de rembourser seulement le double de la valeur de l’objet volé ;28 cette amende supplémentaire ne s’applique qu’aux bœufs, moutons et chèvres. L’amende de base imputée au voleur est de cinq fois la valeur de l’animal dérobé, mais elle se voit réduite dans le cas d’un mouton ou d’une chèvre parce que, pour commettre le vol, le voleur a dû le porter sur son dos, et le récit de la procédure sera pour lui cause d’embarras lorsque son cas sera traduit en justice, et nous devons veiller à la dignité humaine même dans le cas d’un voleur. (Cette réduction s’applique dans le seul cas où il aurait abattu ou vendu le mouton ou la chèvre. Dans le récit de cette sorte d’affaires, le public porte attention au fait qu’il lui a fallu charger la bête sur son dos, en raison de quoi on réduit sa punition.) Par contre, la restitution simple accordée à la victime du vol est de quatre fois la valeur de l’animal volé, mais elle est accrue dans le cas d’un bœuf car, s’agissant là d’une bête de somme, le préjudice porté à la victime est plus grand. Même si un bœuf laboure le champ tout au plus deux fois l’an – et que, le voleur l’ayant vendu ou abattu, il s’est avéré que la bête n’était pas spécialement apte à la charrue –, on impose toujours cette amende accrue afin de souligner la valeur du travail productif.29

22:1 Il court le risque d’une lutte mortelle. Bien que la voie de la Torah soit celle de la paix et de l’harmonie,30 il est des moments, comme dans le cas décrit dans ce verset, où elle préconise la violence. On pourrait imaginer que la violence doit être évitée à tout prix et que, si Dieu souhaite que quelqu’un vive jusqu’à un âge avancé, aucun intrus imprévu ne fera obstacle à Son plan. Ce verset nous affirme le contraire : nous devons prendre la vie de celui qui menace la nôtre. Une telle attitude empêche l’effusion de sang des deux côtés : sachant que son adversaire répondra énergiquement à la provocation, l’ennemi ne sera pas le premier à attaquer.31

22:6–14 Les quatre gardiens. D’un point de vue spirituel, nous sommes tous des gardiens. Dieu nous a confié des charges : notre âme Divine, nos frères juifs, les êtres humains et le monde entier. Dans nos jours les plus sombres, nous sommes des emprunteurs. Nous jouissons des plaisirs de notre âme, et nous servons de nos semblables et de notre monde sans rien donner en échange. Parfois nous faisons mieux : nous sommes des locataires. Nous reconnaissons que le vrai plaisir matériel et spirituel ne peut être ressenti qu’en donnant ; nous donnons pour recevoir. Puis, il est des jours où nous faisons un bond en avant et quittons le monde du locataire et de l’emprunteur, le monde du moi, pour atteindre le niveau du gardien rétribué. Ce n’est plus de nous qu’il s’agit, des plaisirs dont nous jouirons en récompense ; nous sommes des gardiens, ne cherchant pas à utiliser les dons de Dieu pour nos intérêts, mais pour L’assister dans Ses desseins. Peut-être, en tant que gardiens rétribués, nous ne négligeons pas la récompense espérée, mais du moins ce n’est pas là notre objectif.

Dans nos meilleurs jours – et, en fin de compte, tous nos jours le seront –, nous sommes des gardiens bénévoles. Indifférents à toute récompense matérielle ou spirituelle, nous sommes tel celui qui, selon les mots de Maïmonide,32 « sert Dieu par amour... non pas en raison de quoi que ce soit qui existe dans le monde... non pas pour hériter du bien, mais qui accomplit la vérité parce que c’est la vérité... »33

22:8 Restitution double. Si les juges acceptent la déclaration des témoins, le gardien devient alors coupable de vol et il doit payer au propriétaire le double de la valeur des objets. Mais au cas où les juges détermineraient que le témoignage porté par les témoins est faux, ces derniers devront payer au gardien le double de la valeur des objets. La règle selon laquelle le coupable doit verser une restitution double ne s’applique que lorsque le gardien a juré en premier ne pas avoir volé les biens du propriétaire ; toutefois, si celui-ci apporte en premier des témoins attestant que le gardien est un voleur et que les juges acceptent leur témoignage, le gardien n’a pas à jurer : il ne doit que payer au propriétaire la valeur de ses biens.

22:24 Lorsque tu prêteras. Les sages ont souligné à plusieurs reprises l’immense récompense dévolue à celui qui accorde un prêt à son prochain dans le besoin. Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi dit que, lorsque nous accordons un prêt sans intérêt à un autre Juif de tout notre cœur et sans arrière-pensées, ou que nous rendons un service à un autre Juif avec amour, accomplissant ainsi le commandement de la Torah d’aimer son prochain comme soi-même, les portes des palais célestes s’ouvrent devant nous.34

Lorsque Tu prêteras. Dieu est le plus grand prêteur de tous : Il prête à chacun de nous notre âme et les pouvoirs qui lui sont associés afin que l’on accomplisse grâce à eux la mission d’apporter de la sainteté au monde.35 Ainsi, nous pouvons lire ce verset comme s’appliquant à Dieu Lui-même :

Lorsque Tu prêteras de l’argent à mon peuple : En plus de nous prêter notre âme et ses pouvoirs, nous pouvons « inciter » Dieu à nous prêter « de l’argent » en prêtant à un individu dans le besoin. Dieu nous récompense pour cette bonne action en nous fournissant des ressources supplémentaires à utiliser dans notre mission divine.

N’agis pas à son égard comme un créancier : Nous remboursons notre prêt à Dieu en vivant notre vie d’une manière qui Le satisfasse et en Lui rendant finalement notre âme innocente de toute faute. Mais, en tant qu’humains, nous faisons parfois preuve de négligence lorsqu’il s’agit de rembourser le prêt de Dieu. Or, ici encore, nous pouvons « L’inciter » à ne pas nous presser. Quand nous passons outre à ce que les autres nous doivent, Dieu passe outre à ce que nous Lui devons.36

On ne lui impose pas d’intérêts. Il existe une voie permettant de contourner la loi contre la perception d’intérêts connue sous le nom de « permis de transaction » (heter iska). À la base, le prêteur devient associé dans l’entreprise de l’emprunteur, ce qui lui donne le droit de profiter du prêt. Il est clair que Dieu nous prête subsistance et force moyennant ce « permis de transaction », car Il récupère davantage que Son investissement initial. Dieu « profite » de notre observance de la Torah et de ses commandements, que nous accomplissons à l’aide des forces qu’Il nous prête.37

23:2 Tu dois suivre une majorité. La paix ou l’unanimité impliquent l’existence d’opinions initialement en opposition, mais réconciliées par la suite. C’est cette dynamique qui apparaît dans la loi sur la règle majoritaire. Il existe trois manières de conceptualiser ce qui arrive lorsque l’opinion de la majorité l’emporte sur celle de la minorité :

a) bien que l’opinion minoritaire possède un poids juridique, nous gouvernons d’après la voix de la majorité du fait qu’elle l’emporte sur la minorité ;

b) l’opinion minoritaire est annulée par la majorité et, de fait, ignorée ;

c) la minorité s’unit à la majorité, auquel cas c’est comme si la minorité gouvernait tout autant que la majorité.

Dans la mesure où le tribunal doit s’exprimer d’une seule voix, nous concevons la règle de la majorité de la troisième façon. Dans la pratique, il existe deux manières par lesquelles la minorité peut s’unir à la majorité :

a) la minorité reste peu convaincue mais ne s’en remet pas moins à l’opinion de la majorité, consciente que c’est ce que la Torah exige ;

b) la minorité, voyant qu’elle est la minorité et consciente que l’opinion de la majorité deviendra la loi de la Torah, reconsidère et approfondit la question jusqu’à devenir convaincue de l’opinion majoritaire.

Le scénario idéal est le second. Le soutien donné par la Torah à l’opinion de la majorité incite la minorité à la rejoindre. C’est une véritable expression de paix,38 où des groupes dissemblables aux points de vue divers parviennent à une décision unanime.39

23:5 Tu dois aider la personne. Le Baal Chem Tov a interprété ce verset, dans un sens allégorique, comme suit :40

Lorsque tu verras : quand tu l’analyseras de près et poseras tes yeux sur…

l’âne : c’est-à-dire ton corps matériel,41 tu verras qu’il est…

quelqu’un que tu hais : autrement dit ton ennemi. Tu verras de même qu’il…

ploie sous sa charge : autrement dit, il se déplace avec difficulté et se plaint du fardeau de la Torah et des commandements que Dieu a placés sur lui. Alors…

t’abstiendrais-tu de l’aider ? Crois-tu qu’il te faudrait te retenir d’aider ton corps à s’habituer lui-même à sa tâche ? As-tu l’intention de briser son opposition en l’affaiblissant par des jeûnes et des punitions ? Non ! Ce n’est pas la voie de la Torah ;

au contraire, tu dois l’aider : tu dois fortifier le corps à la fois physiquement et spirituellement, et veiller à ce qu’il participe lui aussi au service divin.

Le corps considère la Torah et ses commandements comme un fardeau. En dépit du fait qu’ils sont indéniablement sa charge à lui, destinée à son bénéfice spirituel et physique, le corps se révolte. La voix du corps étant, chez la plupart d’entre nous, plus forte que celle de l’âme, nous tendons à considérer la Torah comme un fardeau pesant. Mais tout cela signifie en réalité que nous n’avons pas encore intégré la Torah dans notre vie. Quand nous réalisons que la Torah et ses commandements constituent la véritable source de la vie, nous pouvons accomplir notre tâche aisément et être assurés de notre succès.42

23:12 Le fils de ta servante. En règle générale, tous les serviteurs non-juifs doivent être circoncis.43 Toutefois, si un Juif achète un serviteur adulte non-juif et que ce dernier hésite à se soumettre à la circoncision, le Juif peut attendre jusqu’à un an que le non-juif y consente. Une fois cette période écoulée, s’il persiste dans son refus, le Juif doit le revendre.44 Pendant cette période intérimaire, il n’est pas encore appelé « ton serviteur », mais seulement « le fils de ta servante », qu’il soit ou non véritablement le fils de ta servante.

Ces deux types de personnes ne sont tenues de se reposer le Chabbat que pour se « rafraîchir » : selon une opinion, les serviteurs non-juifs incirconcis doivent observer toutes les interdictions de travail durant Chabbat qu’un Juif à part entière doit observer pendant les jours de fête, tandis que les résidents étrangers45 doivent observer uniquement celles qu’un Juif de plein droit suit durant les jours intermédiaires des fêtes. Selon un autre point de vue, c’est exactement l’inverse : les résidents étrangers sont tenus d’observer toutes les interdictions de travail tel que le fait un Juif de plein droit lors d’une fête, et les serviteurs non-juifs incirconcis ne doivent observer que celles suivies par un Juif les jours intermédiaires des fêtes.46

23:14 Une fête de pèlerinage. Les fêtes de pèlerinage marquent les trois moments essentiels du cycle agricole : Pessa’h a lieu lorsque le grain commence à mûrir ; Chavouot, quand le blé est récolté ; et Souccot, à la fin de la saison, au moment où tous les grains sont pris des champs et rassemblés.47

Dans un sens allégorique, le peuple juif est la « récolte » de Dieu.48 Tout comme l’on sème le grain dans l’espoir d’en récolter en retour davantage, Dieu « plante » les âmes dans le monde physique afin qu’elles accomplissent bien plus qu’elles ne le pouvaient dans leur demeure spirituelle originelle.

Lorsque nous plantons une graine,49 elle ne croît pas d’emblée. La croissance ne commence que lorsque la gaine extérieure protégeant la graine pourrit. Une fois que la graine originale n’existe plus, la nouvelle croissance ne se voit plus restreinte par les limitations que lui posait sa forme originale.

Il en est de même pour la croissance spirituelle humaine : son plus grand obstacle, c’est l’ego. C’est seulement après avoir surmonté et rejeté notre ego que l’âme peut atteindre son plein potentiel.50

23:16 La Fête de la Moisson. Le motif agricole des fêtes se reflète allégoriquement dans la vie spirituelle. Le thème de Souccot est le « rassemblement » – prendre des entités diverses et éparses et les réunir. En tant qu’individus, peu importe à quel point nous pouvons être différents les uns des autres : lorsque nous sommes assis dans une même soucca,51 nous observons ce commandement tous ensemble et sur un pied d’égalité. De même, le commandement d’agiter, dans cette célébration, les quatre sortes de plantes52 symbolise l’unité entre les différents types de personnes que ces plantes représentent.

Notre but est de mettre en œuvre cette unité en nous assurant que tous les « produits agricoles » de Dieu – chacun de Ses enfants – y sont inclus ; car ce n’est que lorsque Ses enfants se rejoignent dans l’unité que le Père est heureux.53

De plus, durant les grandes fêtes précédentes nous avons coutume d’adopter de nombreuses résolutions. Chacun se plonge dans la prière et le repentir, décidant de tourner la page et de repartir à zéro. À Souccot, les graines de toutes ces résolutions que nous avons « semées » sont à « rassembler ». Tous les différents sentiments et émotions – la splendeur de Roch HaChana, la crainte de Yom Kippour, etc. – doivent être rassemblés et mis en œuvre d’une manière pratique. À Souccot, les sentiments les plus profonds de l’âme se révèlent et atteignent leur véritable accomplissement ; c’est pourquoi Souccot est la plus joyeuse des célébrations.54

23:19 Cuit dans le lait de sa mère. Le mélange de lait et de viande est la seule substance que la Torah interdit de cuisiner. Mais la Torah n’interdit pas seulement de manger de la viande cuite dans du lait : elle interdit également, en premier lieu, de cuire le mélange – l’acte pouvant conduire à le manger – ainsi que de tirer tout autre profit (outre manger) du mélange cuit.

Cela démontre à quel point la Torah est intransigeante face à la cruauté à l’égard des animaux. Les précautions que la Torah prend pour éviter de causer de la douleur à un animal nous apprennent à quel point nous devons veiller à ne pas causer la moindre douleur à un être humain.55

23:25 J’écarterai la maladie de ton sein. Les maladies spirituelles peuvent être de deux sortes : succomber au désir de quelque chose que la Torah interdit affecte l’âme négativement, l’empêchant de fonctionner en pleine santé spirituelle. C’est un résultat « naturel » de la transgression, plus ou moins prévisible en raison de cette complaisance interdite. Mais se complaire à l’excès dans le désir de choses que la Torah autorise a également pour effet de nuire au bon fonctionnement de l’âme. C’est un effet « contre nature » auquel on ne s’attend pas forcément, puisque, après tout, de telles complaisances sont permises.

Néanmoins, si nous sommes suffisamment dédiés et dévoués à Dieu, Il nous guérira des effets néfastes des deux types de défaillances temporaires.56

23:30 Peu à peu. Cette « stratégie » constitue une leçon valable également pour nos luttes spirituelles. Dans notre combat intérieur pour bannir les ennemis spirituels, il ne fait nul doute que la patience constitue la plus grande des vertus. La tentative d’aborder tous nos obstacles à la fois aboutira très probablement à l’échec ; une ligne d’attaque méthodique et progressive aura bien davantage de chances de succès. Il faut commencer par les pas les plus simples, bannissant avant tout les formes les plus évidentes du mal, pour ne passer qu’ensuite à des luttes plus subtiles.

Nous devons tout d’abord essayer d’éviter tout ce qui est mauvais avant d’aspirer à la perfection de faire seulement ce qui est bon.57 Avant tout, nous avons à soumettre notre âme animale ; ce n’est qu’ensuite que nous devons commencer à pousser notre âme Divine vers les sommets spirituels auxquels elle aspire. Telle est la méthode d’attaque dans toutes les luttes spirituelles : en avançant pas à pas, nous pourrons enfin « conquérir la terre ».58

24:4 Moïse mit par écrit. Moïse mit par écrit le texte de la Torah – depuis l’histoire de la création jusqu’à (et y compris) les événements de la veille –59 en tant que passages de la Torah formels ; quant aux sections contenant les commandements que Dieu transmit à Mara, il les rédigea sous la forme d’exposés de leur contenu.60 Ainsi, en acceptant l’alliance incarnée dans ce rouleau, le peuple s’engagerait à la fois à étudier la Torah (sous la forme des passages y figurant) et à accomplir les commandements (exposés comme des présentations de l’information juridique n’ayant pas encore acquis leur forme définitive).61 Or, la manière habituelle de sceller une alliance est de couper un animal en deux et de faire passer les deux parties à l’alliance entre les moitiés. Cette procédure signifie que les deux participants font partie d’un ensemble indissociable.62 Ici, la procédure a été simulée par un rite de sacrifice, comme on le verra aussitôt.63

24:5 Ils présentèrent des offrandes. Une « offrande d’élévation » est une offrande dont toute la chair est brûlée (s’élevant ainsi vers le ciel) sur l’autel.64 Une « offrande de paix » est une offrande dont une partie de la chair est brûlée sur l’autel ; une partie, remise à ses propriétaires comme nourriture ; et une partie, donnée aux prêtres (dans ce cas, les premiers-nés) comme nourriture. (Ainsi, l’offrande unit Dieu, les prêtres et les propriétaires en un seul rite, mettant ainsi en avant la « paix » entre les trois.)65 Dans la mesure où la chair des offrandes d’élévation montait entièrement au ciel, ces offrandes représentaient Dieu ; la chair des offrandes de paix étant en partie consommée, celles-ci représentaient le peuple. Quand les premiers-nés abattaient les animaux, ils en recueillaient le sang dans des bassins.66

24:7 Le lut à haute voix. Moïse lut le livre comme il l’avait écrit : d’abord, l’histoire du monde depuis la création jusqu’aux événements de la veille, qu’il avait rédigée comme des passages de Torah officiels ; puis, les lois déjà transmises par Dieu, qu’il avait rédigées comme de simples exposés de leur contenu. Ainsi, la section illustrant l’étude de la Torah précédait la section illustrant le respect des commandements de Dieu. Cependant, une fois que Moïse eut terminé, le peuple répondit : « Nous ferons et nous apprendrons tout ce que Dieu a dit ». En disant « nous ferons » avant « nous apprendrons », ils s’engagèrent non seulement à étudier la Torah mais, de plus, à accomplir les commandements de Dieu ; en même temps, ils accordèrent priorité à l’observance des commandements sur l’étude de la Torah, ce qui impliquait qu’ils étaient prêts à accomplir inconditionnellement la volonté de Dieu – avant même de savoir en quoi elle consistait.67 Quand les anges servants entendirent cela, ils descendirent du ciel et posèrent deux couronnes éthérées, tissées de la splendeur de la présence de Dieu,68 sur la tête de chaque Juif : l’une, pour avoir dit « Nous ferons », et l’autre, pour avoir dit « Nous apprendrons ».69

Nous apprendrons. Ces mots doivent être lus littéralement comme « et nous écouterons », et impliquent l’effort de comprendre ce que « nous ferons ». Les sages70 attirent l’attention sur la grande vertu de faire précéder la compréhension par l’acceptation fidèle, la soumission et la loyauté. Ce fut la condition préalable au don de la Torah, et cela demeure la condition préalable à tous les aspects de l’observance et de l’étude de la Torah.

Ainsi, l’intégrité est une qualité propre du judaïsme. Dans d’autres domaines du savoir, la théorie peut se détacher de la pratique. Dans le judaïsme il n’est pas ainsi : la mise en œuvre est une composante intégrante et même une condition préalable du savoir. De nos jours, comme lors du don originel de la Torah, ce n’est que par la soumission aux enseignements de la Torah dépassant la raison que nous pouvons accéder à notre lien avec Dieu au-delà de la raison.

Pourtant, l’engagement des Juifs ne s’arrêta pas là. Ils jurèrent non seulement de « faire », mais aussi d’« écouter » – encore, de persévérer à comprendre. Si notre lien n’engage pas notre esprit ou notre cœur, nous n’aurons réalisé qu’une expérience de l’âme. Par contre, si nous sommes capables de percevoir ce en quoi nous croyons71 et aimer ce que nous acceptons – en reconnaissant la dépendance indissociable de toute la création vis-à-vis de son Créateur, en discernant et chérissant Sa providence, et en appréciant la signification et l’intention de Ses instructions –, notre engagement aura embrassé notre psychisme entier, depuis nos plus sublimes contemplations jusqu’à nos intérêts les plus passionnés.72

24:8 Sur le peuple. D’un autre point de vue, Moïse aspergea le sang contenu dans les deux bassins déposés sur l’autel pour racheter le peuple. C’est ainsi que, au lieu de « passer par » le sang de l’offrande d’élévation et l’offrande de paix, le peuple « passa par » le sang qui fut jeté sur l’autel dans le cadre du rite de sacrifice (c’est-à-dire pour Dieu), et le sang qui fut jeté sur l’autel pour accomplir le rachat (autrement dit pour le peuple).73

À propos de toutes ces paroles. Les trois conditions visant à établir la relation d’alliance étaient donc remplies : la circoncision (puisque tous les mâles avaient été circoncis en Égypte),74 l’acceptation inconditionnelle de la volonté de Dieu, et la procédure de l’alliance consistant à passer entre les moitiés (effectuée en aspergeant une moitié du sang outre l’immersion préalable).75 Dieu et le peuple devinrent dès lors liés par une alliance de la plus grande ampleur possible avant le don effectif de la Torah. Ceci prépara le terrain pour la transformation de la réalité qui se produirait le lendemain, lorsque Dieu donnerait la Torah formellement.76 Cette alliance ne s’appliquait qu’à la génération qui l’avait rejointe ; elle devint contraignante pour toutes les générations futures quand Dieu le réaffirma avant l’entrée du peuple sur la terre d’Israël.77

Moïse prit le sang. L’aspersion du sang sur le peuple permit, en effet, de souder une union plus profonde entre les deux parties de l’alliance que s’il avait fait passer les gens entre les deux moitiés d’un animal. Après avoir marché entre deux moitiés d’un animal, les parties restent toujours des moitiés ; par contre, lorsque le sang se répandit sur le peuple, les deux types de sang se mêlèrent, devenant ainsi une seule entité.

Ce fait exprime la supériorité de cette alliance, qui dépasse et transcende l’Alliance entre les moitiés que Dieu établit avec Abraham. Avant le don de la Torah, ce à quoi un être créé pouvait aspirer était tout au plus de devenir le « char » de Dieu, soit un véhicule à travers lequel Il pourrait se révéler, et diffuser ainsi la conscience divine partout dans le monde. Sans doute, les patriarches atteignirent ce degré sublime de spiritualité. Mais, quoiqu’un char soit entièrement à la disposition de son cavalier, il reste toujours une entité distincte de lui.

Par contre, dès lors que la Torah fut donnée, il devint possible de s’unir à Dieu d’une manière absolue, devenant, pour ainsi dire, partie de Lui. Cette question est évoquée par le fait que l’alliance précédant le don de la Torah fut scellée par du sang : l’unité avec Dieu devint ainsi « une partie de notre sang », l’élément essentiel et décisif de l’identité juive.78

24:11 Ne porta pas Sa main. Dieu ne les mit pas à mort immédiatement parce qu’Il ne voulait pas porter atteinte à l’état d’esprit joyeux qui entourait le don de la Torah. En revanche, Il attendit qu’ils commettent une autre faute – dans le cas de Nadav et Avihou, plus de neuf mois plus tard,79 et, dans celui des anciens, plus d’un an80 – et les punit pour les deux fautes simultanément.

24:18 Moïse demeura sur la montagne. Comme il a été mentionné ci-dessus,81 pendant ces quarante jours Dieu enseigna à Moïse les grandes lignes de tous les commandements de la Torah et les détails des lois qui se trouvent à la fin de la paracha de Yitro82 et au début de celle de Michpatim,83 lui permettant d’absorber miraculeusement tout ce contenu dans cette courte période.84 Dieu grava les Dix Commandements sur deux tables de pierre afin que Moïse les rapporte au peuple une fois descendu de la montagne.85 Pendant ces quarante jours, Dieu donna sa subsistance à Moïse miraculeusement :86 il ne ressentit aucun besoin de manger ou de boire de nourriture ou de boisson matérielle.87

Moïse pénétra dans le nuage. Pour recevoir la Torah de Dieu, Moïse dut au préalable traverser le nuage de fumée produit par l’action du feu divin sur la terre et les rochers au sommet de la montagne. Dans la mesure où le but de la Torah est de raffiner et d’élever le monde – même ses éléments les plus frustes et inanimés, comme la poussière ou les roches –, Moïse devait entrer dans le nuage causé par l’effet du Divin sur la matière inanimée.

La leçon pour nous en ce point est qu’il nous faut être prêts à entrer même dans les aspects les plus bas de la réalité afin de les sanctifier, de les purifier et de les transformer, eux aussi, en demeure pour Dieu. Nous ne devons pas nous contenter de descendre dans les aspects de la réalité qui nous rappellent le règne animal ou végétal (en ce sens qu’ils sont imprégnés de vie) ; même les aspects de la réalité qui semblent dépourvus de vie divine méritent d’apprendre à connaître Dieu.

Mais « Dieu traça un chemin pour Moïse traversant cette nuée afin que son visage et ses vêtements ne soient pas souillés en passant ». En effet, le danger existe d’être souillés par le matérialisme grossier de la réalité. Néanmoins, tant que nous resterons fidèles au Moïse qui vit en nous et au Moïse de notre génération, Dieu nous protégera et nous permettra de sortir indemnes de la confrontation. Car, de fait, la réalité matérielle est dépourvue de toute existence autonome ; son vrai caractère divin est simplement occulté à nos yeux afin de nous laisser exercer notre libre choix. Une fois que nous prenons la décision de nous concentrer sur la finalité établie par Dieu lorsqu’Il créa le monde matériel, la façade disparaît et nous pénétrons dans la paracha suivante, où la réalité entière devient un sanctuaire, un lieu saint à propos duquel Dieu dit88 : « Je demeurerai en leur sein ».89