6:2 Je suis l’Éternel. Cette déclaration fut le préambule de Dieu à Son annonce qu’Il était sur le point de délivrer Son peuple, lui faisant savoir que la raison pour laquelle Il l’avait soumis à l’exil avait été de l’amener au niveau de conscience divine exprimé par le Nom Havayah.

Le Nom Havayah renvoie à l’idée que Dieu est digne d’une confiance absolue parce qu’il indique Sa transcendance, c’est-à-dire le fait qu’Il n’est pas limité par les lois du monde créé par Lui. Afin de nous rendre pleinement conscients de Sa transcendance, Dieu dut nous placer dans des limites apparemment infranchissables et ensuite nous en sortir. L’Égypte était le lieu idéal pour cette démonstration – son nom même signifie « limites ».

Ce préambule était donc la réponse de Dieu à la plainte de Moïse : « Pourquoi as-Tu rendu ce peuple misérable ? » L’exil et la libération d’Égypte constituèrent une leçon que le peuple juif dut apprendre pour devenir le peuple de Dieu, et nous tous devons nous pénétrer de cette même leçon afin de nous élever au-dessus de la vie profane. Notre libération personnelle ne sera pas accomplie tant que tout ce que nous sommes et tout ce que nous faisons ne s’imprègnera pas de la conscience divine transcendante contenue exprimée par le nom Havayah.1

4 Aucun d’eux ne remit en question Ma justice. Dieu dit à Moïse : « Abraham dut ensevelir Sarah et payer un prix exorbitant pour un caveau,2 Isaac dut défendre ses droits sur les puits qu’il avait creusés,3 et Jacob dut payer pour un terrain sur lequel s’établir.4 Toi, en revanche, la première chose que tu m’as demandée lorsque Je t’ai approché pour cette mission a été : « Quand ils me demanderont ‘Quel est Son Nom ?’ – quand ils me demanderont quel genre de Dieu est Celui Qui ne parvient pas à accomplir Ses promesses –, que dirais-je ?”5 Tu t’es imaginé que Je t’envoyais dans une entreprise vouée à l’échec. Et maintenant, au premier contretemps dans ta mission, tu t’interroges sur Ma justice ! »6

14 Les clans paternels. La lignée de Moïse et d’Aharon était un facteur important contribuant à l’estime que le peuple leur accordait en tant que dirigeants. Ils étaient membres de la tribu la plus respectée, celle de Lévi, et de la famille lévite la plus respectée, celle d’Amram. La Torah retrace par la suite la lignée de Moïse et d’Aharon. Pour souligner leur place parmi les descendants de Jacob, la Torah énumère successivement les descendants de Jacob jusqu’à Levi afin d’établir Moïse et Aharon comme descendants du troisième fils de Jacob. En indiquant qu’ils étaient les fils d’Amram et de Yo’héved, la Torah souligne en outre le fait qu’ils naquirent et grandirent dans un environnement caractérisé par le dévouement aux idéaux et par le courage : Yo’héved défia sans peur l’ordre de Pharaon d’assassiner les garçons juifs nouveau-nés, et Amram se remaria à sa femme malgré l’ordre de Pharaon.7

20 La tante d’Amram. La Torah interdit à l’homme d’épouser la sœur de son père.8 Cependant, avant que la Torah ne soit formellement donnée, seules les lois de la Torah concernant les non-Juifs étaient juridiquement contraignantes,9 et, puisqu’il était permis aux non-Juifs de se marier avec des membres de la famille appartenant à la lignée du père,10 Amram fut donc autorisé à épouser la sœur de son père.11

26–27 Aharon et Moïse... Moïse et Aharon. Moïse fut celui qui transmit la Torah qu’il avait reçue de Dieu. Dans le même sens, notre « Moïse » intérieur représente notre étude de la Torah de Dieu et la pratique de Ses commandements. Aharon fut le premier grand prêtre : notre « Aharon » intérieur est donc la prière, dans la mesure où la prière arrive à Dieu comme les sacrifices qui étaient offerts par les prêtres – Aharon et ses descendants.

La Torah mentionne parfois Moïse avant Aharon, et parfois, Aharon avant Moïse. Cela nous enseigne que parfois nous devons d’abord étudier la Torah ou accomplir un commandement afin de pouvoir nous lier comme il convient à Dieu dans la prière. À d’autres moments, nous devons nous lier à Lui par la prière avant d’étudier la Torah ou d’accomplir ses commandements, afin d’étudier ou d’agir par pure dévotion désintéressée envers Dieu.12

7:2 Tu répéteras devant Pharaon. À ce stade, Pharaon – l’incarnation du mal en son temps – se trouvait au paroxysme de son pouvoir. Nulle puissance humaine ne pouvait lui faire front. Dieu dit donc à Moïse : « Observe ! Je t’ai fait Elokim [littéralement, “Dieu”] sur Pharaon. » Dieu canalisa Sa puissance divine à travers Moïse.

Telle fut aussi la raison pour laquelle Dieu dit à Moïse de répéter à Pharaon ce qu’Il lui avait dit mot pour mot – et en hébreu ! Moïse lui-même n’était qu’un canal ; le but de ses déclarations était de faire que la puissance de Dieu anéantisse celle de Pharaon – la puissance du mal à son plus haut degré. Ce n’est que lorsque cette puissance fut écrasée qu’Aharon réussit à parler à Pharaon à un niveau humain.

De même, il y a des moments dans notre vie où nos « Pharaons » intérieurs, c’est-à-dire nos tendances animales, semblent prendre le dessus. Dans de tels moments, la meilleure façon de les surmonter est de canaliser notre « Moïse » intérieur et nous déchaîner contre elles en les insultant et en les humiliant. Les exposer pour ce qu’elles sont anéantit leur emprise sur nous.

Il en va de même pour ce qui concerne notre mission consistant à combattre le pouvoir des ténèbres dans le monde entier. Dans cet effort, nous sommes tous des émissaires de « Moïse » – le chef spirituel de notre génération. Sans aucun doute, nous devons constamment transmettre le message de Dieu d’une manière agréable et paisible, tout comme Dieu ordonna à Moïse de s’adresser à Pharaon respectueusement.13 Mais, en même temps, nous devons approcher nos « Pharaons » sans peur et avec force. Si nous restons fidèles au message de Dieu que « Moïse » nous communique, nous pouvons en effet abattre le pouvoir des ténèbres et contribuer à apporter au monde la lumière libératrice de Dieu.14

3–5 Je rendrai Pharaon insensible. Dans le sens premier, contextuel, du récit de la Torah, Dieu rendit Pharaon insensible – le privant de son libre choix – afin de le punir de s’être vanté effrontément de pouvoir agir en toute liberté, sans avoir à écouter Dieu.

Mais, d’un autre point de vue,15 Dieu rendit Pharaon têtu afin de s’assurer qu’il soit le témoin de suffisamment de plaies pour qu’il soit convaincu de l’existence et de la toute-puissance de Dieu, lui inspirant ainsi d’accéder à Sa demande de son plein gré.

Dans une autre perspective encore, apparemment contradictoire,16 Dieu rendit Pharaon têtu afin de s’assurer qu’il serait puni proportionnellement au crime qu’il avait commis en asservissant le peuple juif. Dieu accomplit ainsi Sa promesse, faite à Abraham, qu’Il punirait la nation qui asservirait le peuple juif.17

(Il y a, en parallèle, des raisons contradictoires pour les plaies. D’une part, la Torah affirme à plusieurs reprises18 que le but des plaies était de convaincre Pharaon et les Égyptiens de la réalité et du pouvoir de Dieu afin qu’ils libèrent le peuple hébreu, comme Il le leur avait enjoint. D’un autre côté, puisque Dieu avait promis à Abraham qu’Il punirait les Égyptiens pour avoir asservi le peuple hébreu,19 Dieu devait infliger les plaies aux Égyptiens, quand bien même auraient-ils reconnu Son existence et Son pouvoir et que Pharaon aurait accepté de laisser les Juifs en liberté la première fois que Moïse le lui demanda.)

La solution est que convaincre les Égyptiens était en soi leur punition. Puisque la civilisation entière de l’Égypte était basée sur le déni de Dieu (c’est-à-dire de Son existence ou bien de Sa présence), prouver Son existence et Son omnipotence mit en évidence la fausseté de leur culture et les démoralisa totalement.

Dans d’autres endroits,20 la Torah fait comprendre que les plaies étaient destinées à impressionner les Juifs et à les éduquer en ce qui concerne la domination de Dieu sur la nature. Cela peut être expliqué en rappelant que le but de tout ce qui arrive dans le monde est de permettre aux Juifs d’accomplir leur mission Divine, même lorsqu’elle contient également un but supplémentaire.

Ainsi, pour insignifiantes que nos vies puissent paraître au niveau des affaires du monde, nous devons toujours nous rappeler qu’au bout de compte, tout ce qui arrive est pour notre bien, car Dieu orchestre certainement les affaires de l’humanité en fonction des besoins de chaque créature, chaque homme et chaque peuple. Par conséquent, nous ne devons jamais succomber à la peur face aux événements mondiaux,21 mais renforcer notre engagement à étudier la Torah et à accomplir ses commandements comme une préparation à l’imminente et ultime Délivrance messianique.22

Les Égyptiens reconnaîtront que Je suis l’Éternel. Le Nom de Dieu employé ici est le Nom Havayah, qui, comme nous l’avons vu, désigne l’attribut de miséricorde de Dieu, le pendant de l’attribut de jugement. Dans ce contexte, la finalité des plaies était d’introduire les Égyptiens à la miséricorde divine. Adorateurs de la nature, les Égyptiens connaissaient parfaitement le pouvoir du jugement aveugle de Dieu, par lequel la survie est garantie aux plus aptes, mais ils ne savaient pas encore que Dieu est plus grand que la nature, pouvant passer outre à ses lois impitoyables quand bon Lui semble.

Ainsi, nous verrons que ce qui impressionna le plus Pharaon fut la capacité de Moïse d’arrêter les plaies plutôt que de les déclencher. Les nécromanciens de la cour de Pharaon étaient, en effet, capables de reproduire quelques-unes des plaies, car ils savaient manipuler la nature dans une certaine mesure et étaient ainsi capables de convoquer ses forces pour semer la destruction. Mais ils ne pouvaient ni inverser ni contrôler ces forces. Seul Moïse, en invoquant la miséricorde de Dieu par la prière, était capable de le faire.23

12 Quoiqu’il fut redevenu un bâton. Si le bâton d’Aharon était resté un serpent et avait ensuite avalé les bâtons/serpents des nécromanciens, ceci serait toujours resté un miracle, car, même s’il est naturel que les serpents avalent d’autres serpents, il n’est, par contre, pas naturel qu’un serpent en avale en grand nombre l’un après l’autre. Mais un tel miracle, pour impressionnant qu’il fût, n’aurait pas démontré la domination de Dieu sur les Égyptiens aussi clairement que le miracle d’un bâton avalant une multiplicité de serpents, car il est parfaitement étranger à la nature qu’un bâton avale un serpent. Le message d’un tel exploit ne pouvait être rien d’autre que la domination de Dieu, car le bâton est un symbole d’autorité.

Il fallait donc que le serpent d’Aharon redevienne un bâton avant d’engloutir les serpents des nécromanciens, car le but même de ce miracle – prélude aux dix plaies – était de prouver la domination absolue de Dieu sur les Égyptiens.24

17 Les eaux... se transformeront en sang. L’eau est froide, le sang est chaud. On peut distinguer deux types de froideur et deux types de chaleur : une personne dont l’orientation principale dans la vie est matérielle sera froide vis-à-vis des questions spirituelles et chaude face aux questions matérielles ; une personne dont l’orientation principale est spirituelle sera froide vis-à-vis des questions matérielles et chaude par rapport aux questions spirituelles.

L’eau du fleuve – et notamment l’eau du Nil – symbolise la froideur de la matérialité envers les questions spirituelles. Comme il a été souligné, la crue annuelle du Nil donnait aux Égyptiens l’impression que leur subsistance découlait purement et simplement du fonctionnement habituel, réglé, de la nature, sans aucun besoin du soutien d’un Dieu surnaturel. Un tel environnement encourageait l’indifférence envers l’idée qu’il puisse exister une force divine surpassant la nature et la contrôlant.

En revanche, l’eau de pluie représente la froideur de la spiritualité envers les questions matérielles. La dépendance de la terre d’Israël à l’égard de l’eau de pluie maintenait chez les habitants la conscience du fait qu’ils dépendaient de la bienveillance de Dieu pour leur subsistance. Cette conscience de Dieu nourrissait en eux une saine indifférence envers l’apparence de la mainmise des lois de la nature sur la vie.

La toute première des dix plaies, les dix étapes par lesquelles l’Égypte fut soumise, transforma la froideur de ses eaux en chaleur du sang. Ceci symbolise la transformation de la froide indifférence envers le Divin en un enthousiasme chaleureux pour Lui. Il fallait que ce fût le premier pas, car l’indifférence aurait empêché les Égyptiens d’être touchés par d’autres manifestations de la puissance de Dieu et de Son implication dans la vie.

Une leçon semblable s’applique à nous lorsque nous nous efforçons de quitter l’esclavage de notre « Égypte » intérieure – la tyrannie de nos tendances matérielles. La première étape de ce processus doit être de remplacer la froide indifférence envers tout ce qui est juif et saint par un enthousiasme chaleureux pour Dieu, Sa Torah et ses commandements.25

28 Dans tes fours. La signification de la plaie du sang était que la froide indifférence de l’Égypte envers Dieu devait être remplacée par un enthousiasme chaleureux. Une fois cela accompli, la deuxième étape devait consister à substituer, à l’ancien enthousiasme égyptien pour la matérialité, la froide indifférence. Dans la mesure où les grenouilles sont des créatures froides, leur invasion des fours égyptiens signifiait que la chaleur du matérialisme égyptien était absorbée par une froide apathie.26

8:12 Elle se transformera en poux. Le pou est un parasite ; il vit des animaux et des personnes sans contribuer en rien à leur vie. Il est ainsi une métaphore du mal dans la mesure où celui-ci prospère en « suçant » la force vitale de la sainteté plutôt que par ses propres mérites.

Tout comme un pou ne peut s’attacher à la personne que lorsque son hygiène est relâchée, le mal ne peut prospérer que lorsque nous laissons notre conscience divine s’évanouir et tomber dans des actes négatifs ou dans l’apathie à l’égard de la sainteté, ce qui nous laisse vulnérables aux tentations du matérialisme.

En infestant les Égyptiens de poux, Dieu leur montrait ce que leur indifférence au Divin faisait d’eux : des « parasites ». Toutes leurs réussites dans les domaines de la littérature, l’art, l’architecture ou la science ne servaient qu’à renforcer leur ego et à améliorer leur vie matérielle. Ils drainaient ainsi la vitalité des forces de la sainteté présentes dans le monde au lieu d’y contribuer.27

9:10 Moïse la lança. Contrairement aux deux plaies précédentes,28 celle-ci fut effectivement produite par des actes particuliers qui la firent apparaître comme provoquée par magie : Moïse et Aharon durent employer de la suie tirée d’un four allumé ; Moïse dut prendre dans la main une quantité relativement importante de suie ; il dut la lancer violemment dans l’air ; et l’inflammation n’apparut pas avant que la poussière n’eût touché la peau. Mais les résultats étaient trop miraculeux pour avoir été provoqués par magie : la suie était déjà froide quand elle toucha la peau. La quantité que Moïse tenait dans la main était encore trop petite pour s’étendre à toute l’Égypte. Il n’aurait pas pu jeter naturellement quelque chose d’aussi léger que la suie vers le ciel, encore moins sur toute l’Égypte ; et, une fois que la poussière atteignait la peau, les cloques apparaissaient même dans des parties du corps qu’elle n’avait pas touchées. Ainsi, cette plaie démontra de manière tangible la domination de Dieu sur la nature. Jusqu’alors, les nécromanciens n’avaient admis que les plaies étaient « le doigt de Dieu » que lorsque leur cause était quelque chose ne pouvant être manipulé par magie (du fait de sa taille minuscule, comme dans le cas de la troisième plaie, les poux), ou qu’elles étaient provoquées sans avoir recours à aucune manipulation (comme ce fut le cas des quatrième et cinquième plaies – la horde multiple et l’épidémie). Mais ils croyaient toujours que la puissance de Dieu sur les forces de la nature, effectivement sensibles à la magie, n’était pas plus grande que la leur. Ici, ils furent contraints d’admettre que Dieu pouvait manier les forces de la nature sensibles à la magie bien au-delà de leur propre capacité à le faire.29