La lecture de la Torah de Vaéra contient quatre expressions de délivrance : « Je vous ferai sortir », « Je vous délivrerai », « Je vous rachèterai », « Je vous prendrai [pour Moi] ». Celles-ci correspondent à la délivrance de l’Égypte et aux trois exils suivants.
Ainsi, l’expression qui s’ensuit1 : « Je vous amènerai », implique une qualité particulière et supérieure dans l’ère de la Rédemption future. Pourtant, comme cette cinquième expression est elle aussi mentionnée dans le contexte de la délivrance de l’Égypte, il en découle que la Rédemption future a en fait commencé avec la sortie d’Égypte.
La Guemara affirme2 : « Rabbi Yo’hanane a dit : “[L’homme est responsable] de son feu, car il est comme sa flèche” ». Cela signifie que dès lors qu’une personne a allumé un feu, elle est responsable de tous les dommages qui en résultent.
Il semble logique que si un feu cause des dommages, c’est parce que la personne qui l’a allumé est impuissante à le maîtriser. Pourtant, les circonstances échappant au contrôle d’un individu entraînent généralement une exemption de responsabilité. Pourquoi, alors, devrait-on être tenu responsable d’un feu devenu incontrôlable ?
La responsabilité, cependant, tient au fait d’avoir allumé le feu volontairement ; la responsabilité de tout dommage résultant d’un acte volontaire est implicite dans l’acte lui-même.
« La mesure du bien excède celle de la punition », enseigne le Talmud.3 Puisque le dommage est considéré comme résultant de l’allumage initial du feu, cette qualité rétroactive s’applique assurément également aux actes de bonté volontaires. Ainsi, dès l’instant où D.ieu a promis « Je vous amènerai » (qui renvoie au niveau le plus élevé de la Rédemption future), cette potentialité devait, d’une certaine manière, être déjà actualisée.
Il apparaît néanmoins que ce principe ne trouve application que dans le domaine des actions humaines et non à D.ieu, car une fois que le feu quitte la main d’une personne, elle ne peut plus le contrôler. D.ieu, en revanche, conserve en permanence le contrôle absolu.
Dès lors, on pourrait avancer que la promesse divine « Je vous amènerai » n’implique pas nécessairement que le résultat est déjà acquis, car tant que la promesse ne s’est pas effectivement réalisée, D.ieu pourrait sembler revenir sur Sa parole.
De fait, bien que D.ieu ait déjà abrogé et annulé des décrets négatifs, Il ne revient jamais sur les décrets positifs.4 Puisque « Je vous amènerai » est certainement un décret positif, il est irrévocable, à l’instar du feu qui échappe à la main de celui qui l’a allumé.
Assurément, la notion même de contrainte ou de restriction ne s’applique nullement à D.ieu. Néanmoins, c’est Sa volonté propre – c’est-à-dire que c’est entièrement volontaire – de ne jamais révoquer un décret positif.
Cette réflexion nous conduit à un enseignement majeur quant à notre Service divin :
Lorsqu’une personne réalise que les niveaux les plus élevés de la Rédemption future par Machia’h existent déjà, quoiqu’encore non dévoilés, alors son service de D.ieu s’en trouve grandement facilité. L’individu se trouve mieux à même de surmonter l’ensemble des obstacles et des entraves dans ce monde en général, et pendant l’ultime phase de cet exil final en particulier.
Car en réalité, tous les obstacles et entraves à la Torah et les mitsvot s’avèrent en définitive n’avoir aucune réalité : ce sont seulement des voiles dont la fonction est d’éveiller les facultés latentes de l’être humain à servir D.ieu.
De plus, comme la Rédemption peut être considérée comme déjà présente, ces obstacles et ces voiles n’ont aucune consistance ; ils sont dénués de toute existence véritable.
Lorsque nous prendrons conscience que nous avons affaire à une simple illusion (et que nous n’en subissons donc pas l’influence), nous œuvrerons avec vigueur et sainteté, et une telle conduite dissipera même l’apparence du voilement.
Ainsi parviendrons-nous à comprendre comment tout ce qui s’est passé, même ce qui paraissait défavorable dans l’instant, était pour notre bien, et finalement même « pour le meilleur ».5
Basé sur Likoutei Si’hot, vol. I, p. 125-127.
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