32:4 Jacob envoya des anges. Dans une perspective plus large, le terme « anges » peut désigner d’autres phénomènes immatériels, tels que l’intelligence humaine et les sentiments.1 Le fait que Jacob envoya des êtres non corporels afin de jauger Ésaü nous enseigne que, devant de nouveaux enjeux, il convient que nous « envoyions » nos « êtres non corporels », notre intellect et nos sentiments, afin de les évaluer. Le seul fait que nous soyons face à un défi ne signifie pas pour autant que Dieu souhaite que nous nous y impliquions, même dans un but sanctificateur. Cette opportunité devant laquelle Dieu nous a placés peut tout aussi bien être une tentation à laquelle il faut nous garder de succomber et ainsi nous sanctifier.2
32:5 D’observer fidèlement les commandements de la Torah. Le fait que le premier message de Jacob à Ésaü avait trait à son observance de la Torah nous enseigne la façon dont nous devons nous présenter au monde qui nous environne. Nous pourrions penser qu’il convient de valoriser en priorité ce que nous avons de commun avec lui, et minimiser notre identité juive. Jacob nous enseigne ici que manifester la vocation que Dieu nous a donnée, loin de porter atteinte à notre image aux yeux du monde, la valorise.3
32:6 J’ai acquis... des ânes... L’avènement de l’ère messianique dépend de l’ennoblissement et de l’élévation du monde entier, représenté par les soixante-dix nations. Bien que cela ne se fût pas encore produit à l’époque de Jacob – l’exil du peuple juif pendant des millénaires serait nécessaire pour y aboutir –, Jacob pensa que l’ère messianique était proche. Il pensait en effet que l’ennoblissement des nations pouvait se faire à travers celui de leurs « précurseurs », Ichmael et Ésaü.
Jacob avait déjà ennobli l’univers de Laban, qui représente la bonté corrompue, équivalant ainsi à Ichmael, qui personnifiait lui aussi la bonté pervertie. Jacob pensait qu’Ésaü, puissance dévoyée, avait également été ennobli ; aussi s’attendait-il à la rédemption.4
Cependant, les messagers de Jacob lui apprirent qu’il s’était leurré dans son optimisme. Jacob réalisa alors qu’Ésaü serait incapable de partager avec lui la conscience du potentiel de sa noble origine, piégé qu’il était dans la déchéance de sa manifestation. Jacob prit donc des dispositions pour susciter cette lumière par lui-même, comme nous le verrons.5
La disposition de Jacob à un avènement messianique très proche nous enseigne que, même si nous nous trouvons au sein d’un monde apparemment fruste et peu disposé à la réalité messianique, nous devons nous préparer nous-mêmes et nos familles, ainsi que tous ceux qui se trouvent dans notre sphère d’influence, pour ce moment. À l’instar de Jacob, cela nous est possible en gardant nos distances du matérialisme, ce qui nous permet d’ennoblir notre vie matérielle.6
En outre, l’effet cumulatif de tout ce que nous avons accompli dans ce sens à travers l’histoire est que le monde matériel (tel qu’il est représenté par Ésaü) et à présent prêt pour l’époque messianique. Dès lors, notre travail consiste à œuvrer pour la révélation de la réalité messianique.7
J’ai acquis des bovins (ou littéralement « un bœuf ») et des ânes (ou littéralement « un âne »). Selon le Midrach,8 Jacob faisait allusion à ses fils Issa’har, qu’il désignera métaphoriquement comme un « âne », et Joseph, que Moïse désignera métaphoriquement comme un « bœuf ».9
Rabbi Dovber (le Maguid) de Mézeritch expliqua que notre « Ésaü » intérieur, notre penchant au mal, tente de nous corrompre de deux façons : à travers l’« ardeur » de notre désir pour les plaisirs matériels, et par la « tiédeur » de l’indifférence envers le bien. Nous pouvons contrer ces deux assauts d’Ésaü par une « ardeur » et une « tiédeur » positives, nous passionnant pour ce qui est saint et demeurant indifférents au matérialisme. Ceux-ci sont respectivement caractérisés par Joseph le « bœuf » et Issa’har l’« âne » :
Joseph est le feu qui détruit Ésaü, comme le dit le verset : « La maison de Joseph sera une flamme ; la maison d’Ésaü, un amas de chaume... »10 Issa’har, dont le nom signifie « il y a une rétribution » (yech sa’har), caractérise le sage désintérêt. Le Talmud explique, en effet, qu’« il y a une rétribution » pour le désintérêt qui fait éviter la faute.11
32:8 Il partagea. Jacob employa les trois stratégies suivantes, dans cet ordre : (a) se préparer au combat ; (b) prier Dieu soit pour qu’Il lui épargne d’avoir à combattre, ou pour qu’Il lui accorde la victoire ; et (c) préparer un cadeau susceptible d’apaiser Ésaü.
32:11 Mes nombreuses fautes. Le mot « faute » (‘heth) connote également la notion de manque ou d’imperfection.12 Jacob avait conscience de n’avoir pas fauté au sens conventionnel de transgresser la volonté de Dieu. Mais il avait également la capacité de s’élever au-dessus de la vision humaine généralement étroite et de réaliser que nous ne sommes pas à la hauteur de notre vocation, et que nous ne méritons pas le bien que Dieu nous accorde. C’est pourquoi il implora Dieu de le sauver lui et sa famille, non par égard pour ses propres mérites – bien qu’il était certainement méritant –, mais au nom de Sa seule bienveillance.
À l’image de Jacob, chaque fois que nous sollicitons quelque chose de Dieu, c’est à Sa bonté et à Sa compassion que nous devons en appeler. Si nous demandons Son aide au titre de nos mérites – et il ne fait aucun doute que nous en possédons tous13 –, la réponse de Dieu demeurera limitée à la seule ampleur de nos mérites. Mais si nous faisons humblement abstraction de nos mérites, montrant qu’à l’exemple de Jacob nous savons lire en nous-mêmes avec lucidité, Dieu répondra par des bénédictions qui transcenderont le cours naturel des choses.14
Je ne mérite plus désormais. Le remarquable succès que Dieu accorda à Jacob ne le rendit pas arrogant mais humble.15 Ceci, conformément à l’interprétation que donne Rabbi Chnéour Zalman de Liadi de ce verset : « J’ai été rendu d’autant plus humble du fait de tous les actes de bienveillance... que Tu as accomplis pour moi. »
Jacob considérait la bienveillance de Dieu comme la marque de Son amour pour lui. Et plus il se sentait proche du Dieu infini, plus il prenait conscience de sa petitesse et de son insignifiance.16
32:24 De petits objets. Le Baal Chem Tov enseignait que le fait que nous possédions un objet particulier est le signe que les étincelles du divin qui font exister cet objet sont tout particulièrement liées à notre âme. (C’est du reste la raison pour laquelle nous sommes attirés par certains objets plutôt que par d’autres : nous sommes naturellement attirés par ce qui est spirituellement lié à nous.) En faisant un usage sanctifié de ces objets, nous révélons le divin dont ils sont habités, et accomplissons ainsi le but dans lequel la haute providence les a mis en notre possession.17
Comme l’explique le Talmud à propos de Jacob, c’est la raison pour laquelle les justes chérissent énormément ce qu’ils possèdent :18 ils perçoivent en effet les étincelles de divin que contiennent leurs possessions et se consacrent à élever ces étincelles.19
32:29 On ne dira plus jamais. Alors que la Torah ne désigne plus Abraham comme Abram une fois que son nom a été changé, elle continue de désigner Jacob à la fois comme Jacob et comme Israël.20 La raison en est que le nom Israël ne fut jamais destiné à remplacer le nom originel de Jacob mais à le parachever, exprimant un degré nouveau et supérieur de noblesse atteint par lui. Alors que « Jacob » eut à lutter contre Ésaü et à faire usage de ruse pour s’assurer les bénédictions de son père Isaac pour l’abondance matérielle, ces mêmes bénédictions étaient à présent accordées à « Israël » explicitement par l’ange gardien d’Ésaü.
Les deux noms de Jacob caractérisent deux façons d’interagir avec le monde. Parfois le monde matériel ou nos pulsions matérialistes mettent à défi notre conscience du divin ou notre vocation dans la vie ; nous devons alors, à l’instar de Jacob, lutter pour révéler le divin qui sous-tend la matérialité du monde.
À d’autres moments, ce même monde peut servir à intensifier en nous la conscience du divin ou à accomplir notre vocation ; notre défi, à l’image d’« Israël », est de faire usage de cette opportunité pour à la fois pénétrer le monde de davantage de conscience du divin et intensifier notre épanouissement spirituel.
Tu as lutté avec un ange [ou : « des anges »21] de Dieu et avec les hommes. Dans un sens plus général, l’ange ne faisait pas allusion qu’à lui-même, mais à tous les anges à travers lesquels Dieu véhicule Son énergie pour maintenir la nature.22 Étant donné que la nature dissimule la présence de Dieu, Ses anges caractérisent une dissimulation de Lui. La dissimulation de la nature donne lieu à une dissimulation plus importante encore, celle des hommes, qui nient cyniquement l’existence de Dieu ou Son aspiration à nos bonnes actions, et raillent ceux qui embrassent la Torah et ses préceptes. L’environnement créé par ces personnes cyniques constitue un bien plus grand défi à notre conscience du divin que celui issu de la dissimulation de Dieu inhérente à la nature elle-même.
Posséder le nom « Israël » signifie que nous pouvons transcender toute dissimulation du divin issue des « anges » ou des « hommes ».23
32:32 Penouel. Tant que Jacob se trouvait sur le lieu de la lutte, le vécu de la vision de l’ange prévalut dans son esprit ; aussi ne fit-il allusion à qu’à « la face de Dieu » lorsqu’il dénomma le lieu. Mais après avoir quitté le lieu de la lutte, le souvenir de ce vécu intense fut éclipsé par le fait remarquable d’avoir survécu à la redoutable expérience de l’affrontement avec l’ange gardien d’Ésaü. C’est pourquoi il commença à désigner cet endroit non pas par Peniel mais Penouel [une contraction des mots panav El : « sa face (avait regardé un ange de) Dieu »].24
32:33 Le nerf sciatique. Les commentateurs expliquent que cette interdiction n’a pas uniquement pour but de nous rappeler que l’ange atteignit la hanche de Jacob, mais de nous rappeler tout le combat de Jacob et son salut miraculeux de l’ange.25
La raison pour laquelle nous commémorons ce salut est qu’il est porteur de la promesse de notre survie. En sauvant Jacob, Dieu signifiait en substance au peuple juif que, malgré toutes les persécutions qu’il aurait à endurer par la suite au cours des exils de la part des nations et des descendants d’Ésaü, il ne serait jamais détruit.26
33:4 Il l’embrassa. Jacob ne fit pas que survivre à son épreuve avec Ésaü : il transforma son frère. Alors qu’Ésaü envisageait auparavant de tuer Jacob, il courut vers lui pour le serrer dans ses bras et l’embrasser. Cette réconciliation (quoique temporaire) entre Jacob et Ésaü constitua un immense événement spirituel qui posa les fondations sur lesquelles se déploierait l’œuvre de transformation permanente de l’univers d’Ésaü à travers l’histoire.
Les deux perceptions des sentiments d’Ésaü en embrassant Jacob correspondent aux deux voies et étapes par lesquelles Jacob (le peuple juif) ennoblira Ésaü (l’âme animale et les nations du monde) lors des étapes ultimes de l’histoire. Dans un premier temps, Ésaü retient sa nature fruste mais se trouve contraint de manifester une attitude noble – il va jusqu’à faire le geste d’« embrasser Jacob » quoique son cœur n’y est pas. Dans une seconde étape, la vraie nature d’Ésaü est transformée et il s’ennoblit – il « embrasse Jacob » de tout son cœur.27
33:14 Jusqu’à ce que je rejoigne mon seigneur. Jacob savait de façon prophétique qu’Ésaü (et ses descendants) ne se déferaient pas entièrement de leur haine envers lui (et ses descendants) avant l’ère messianique. Aussi retarda-t-il leur rencontre jusqu’à ce moment.28 Il n’avait ainsi aucune intention de suivre Ésaü jusqu’à la montagne de Seïr ; ses paroles avaient trait à son descendant, le Messie, qui dans les temps futurs serait appelé à retrouver les descendants d’Ésaü et à les faire passer en jugement.29
33:17 Il construisit. Au plan spirituel, cela signifie que pour lui-même – son âme et ce dont elle avait besoin – il construisit une « maison » permanente ; mais pour ses « troupeaux », une allusion à ses possessions et ses besoins matériels, il se contenta d’« abris temporaires ».
De même, nous devons considérer nos besoins terrestres comme temporaires, tandis que notre « maison » demeure la Torah et ses commandements.30
33:18 Jacob campa. Une fois parvenu dans le Pays d’Israël, Jacob réalisa que la richesse qu’il avait acquise en dehors du pays n’était pas revêtue de la sainteté qu’aurait celle qu’il acquerrait dans le pays. C’est pourquoi il ne voulut plus conserver le bétail et les troupeaux qu’il avait acquis en travaillant pour Laban. Il les vendit alors et offrit les sommes perçues à Ésaü en échange de sa part dans l’héritage du caveau de Ma’hpélah. Ésaü accepta.31
34:26 Ils emmenèrent Dinah. Lorsqu’ils arrivèrent pour sauver Dinah, ils la trouvèrent accablée de honte pour l’outrage qui lui avait été infligé, et anxieuse de ce qu’en conséquence personne ne voudrait plus l’épouser ; c’est pourquoi Siméon promit de l’épouser, et ce ne fut qu’à cette condition qu’elle consentit à être sauvée.32
Lorsque les deux frères attaquèrent la ville de Che’hem, ses alliés amoréens vinrent la défendre. Lorsque cela se produisit, Jacob prit son épée et son arc, se tint à l’entrée de la ville et les repoussa, bien qu’il réprouvait l’attaque de la ville commise par ses fils.33
35:19 Elle fut ensevelie. Comme ils n’étaient pas loin de Hébron, Jacob aurait pu y emporter Rachel pour l’ensevelir dans la concession familiale du caveau de Ma’hpélah. Mais Dieu lui ordonna de l’ensevelir à l’endroit où elle était morte. Il montra à Jacob de façon prophétique que le peuple juif serait plus tard emmené en captivité par cette même route après la destruction du Temple. Lorsque l’âme de Rachel verrait ses descendants emmenés en l’exil, elle implorerait Dieu d’avoir pitié de Son peuple. Dieu lui promettrait alors que, par son mérite, Il ne manquerait pas de les ramener dans leur patrie.34
35:22 Ruben s’en fut. Après la mort de Rachel, Jacob déplaça sa couche de sa tente à celle de Bilha, sa demi-sœur et servante. Ruben, le fils aîné de Léa, considéra cela comme un affront à l’honneur de sa mère : bien qu’on pût attendre d’elle qu’elle tolère de passer après35 sa sœur – car il était bien connu que Jacob considérait Rachel comme son épouse primordiale –, on ne pouvait certainement pas attendre d’elle qu’elle tolère de passer après la servante de sa sœur. Néanmoins, Ruben se repentit immédiatement de s’être immiscé dans les affaires de son père après avoir été réprimandé par lui. Ainsi, bien qu’il ne reconnut sa faute publiquement que plus tard,36 cet incident ne le priva nullement de sa légitimité,37 comme l’indique son statut demeuré intact dans l’énumération qui va suivre des fils de Jacob.
35:27 Jacob arriva chez son père. Après avoir relaté la façon dont se constitua la famille de Jacob et comment elle grandit jusqu’à son effectif complet de douze fils, la Torah effectue une brève digression pour terminer sa chronique de la vie d’Isaac et pour donner la trame de l’histoire de l’autre fils d’Isaac, Ésaü. La Torah reprendra sa chronique de la famille de Jacob pour relater comment Dieu façonna à partir de cette famille un peuple auquel Il donnerait la Torah et qu’Il établirait par la suite dans le Pays d’Israël.
En concluant ici ces chapitres de l’histoire de la famille d’Isaac – bien que les vies d’Isaac et d’Ésaü se prolongèrent longtemps durant la période à venir de la chronique de Jacob et de ses enfants –, la Torah indique que leur rôle dans le développement du peuple élu est à présent terminé, et que notre attention devra désormais se porter exclusivement sur l’histoire de la lignée de Jacob.38
36:3 Bassemath (que l’on surnommait Ma’halath). Comme nous l’avons vu,39 Ma’halath, qui signifie « celle qui a été pardonnée », fut ainsi appelée car ses fautes ainsi que celles d’Ésaü furent pardonnées lorsqu’ils se marièrent. Les sages en déduisent que tous les couples voient leurs fautes pardonnées au moment de leur mariage.40 La raison en est que le mariage permet à une personne de s’élèver à un nouveau degré, qui, dans un certain sens, fait d’elle un nouveau-né.41
Le pendant spirituel du mariage, dont la vocation première est d’apporter dans le monde la vie nouvelle, est l’enseignement de la Torah, qui donne la vie spirituelle à nos semblables.42 Il s’ensuit alors que ceux qui se consacrent à l’enseignement de la Torah sont assurés de voir toutes leurs fautes pardonnées.
Il est des personnes qui se dérobent à une telle tâche en affirmant qu’elles ne sont pas suffisamment pieuses, et qu’elles doivent auparavant, comme le Talmud y invite, « se parer elles-mêmes avant de parer les autres ».43 La vérité est qu’en se dévouant à la « procréation spirituelle », elles susciteraient une aide de Dieu qui leur vaudrait un regain de spiritualité au sein d’elles-mêmes. Le fait de « parer leurs semblables » deviendrait un moyen de « se parer elles-mêmes ».44
36:6 Ésaü partit. Comme Ésaü habitait déjà cette région, il aurait pu exiger que Jacob la quitte et non lui. Cependant, du fait que Jacob avait beaucoup plus de troupeaux qu’Ésaü, la bienveillance dictait qu’Ésaü soit celui qui parte. Il va sans dire qu’Ésaü ne céda pas à Jacob par seul souci de bienveillance, mais parce qu’il savait que celui qui hériterait de la Terre promise devrait au préalable en passer par la souffrance de l’exil ; alors il décida d’abdiquer le privilège d’hériter du pays pour éviter d’avoir à en payer le prix. Il est vrai que céder à Jacob portait un sérieux coup à sa fierté, mais en tout état de cause, Ésaü se sentait honteux d’avoir vendu son droit d’aînesse à Jacob – pas assez cependant pour le motiver à céder le pays à Jacob, mais suffisamment pour faire l’impasse sur la gêne éprouvée par lui en s’effaçant.45
36:43 Le chef de la tribu de Magdiel (autrement dit Rome), le chef de la tribu d’Iram. Dieu avait annoncé à Abraham qu’au cours de l’Histoire, le peuple juif serait asservi par quatre royaumes. Le dernier asservissement, celui qui précéderait immédiatement l’époque messianique, serait celui de Rome.46 Notre présent exil est considéré comme une extension de l’asservissement de jadis aux Romains dans la mesure où, aux plans culturel et juridique, la civilisation occidentale partage les valeurs et la vision du monde de l’ancienne Rome.
Ce quatrième asservissement comporte deux époques, Magdiel et Iram, qui désignent tous deux Rome :47 Magdiel (מגדיאל), nom qui peut être perçu comme la contraction des mots « se hausser au-dessus de Dieu » (מגדיל על כל אל) désigne la première époque de l’exil romain, au cours de laquelle Rome s’oppose ouvertement au divin. Cependant, à travers l’ennoblissement des descendants d’Ésaü au cours de l’exil, l’élévation (« Rome » en hébreu signifie « élevé ») de « Rome » sera révélée. Ceci ouvrira l’ère d’Iram :
Iram, que le Midrach48 interprète comme « amasser » (לערום) des trésors pour le Messie, désigne l’époque où Rome ne combattra plus Dieu mais fera usage de ses trésors, c’est-à-dire de ses ressources, pour contribuer au déploiement de l’ère messianique.49
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