Première lecture – Richone
Jacob se prépare à rencontrer Ésaü
32:4 Après être parvenu à fuir son beau-père Laban, Jacob se prépara à affronter son frère Ésaü. Sa mère Rébecca lui avait dit que, bien qu’Ésaü était toujours habité de sa haine tenace envers lui, le passage du temps l’avait quelque peu adouci ; aussi Jacob espérait-il qu’un message conciliant pourrait l’apaiser définitivement.1 Il ne se risqua pas à envoyer des messagers humains à qui Ésaü pourrait s’en prendre ;2 Jacob envoya des anges comme messagers, au-devant de lui, à son frère, à Ésaü. Pour cette mission, ces anges revêtirent l’aspect d’humains, car Ésaü n’était pas spirituellement assez noble pour survivre à une rencontre frontale avec des anges.3 Il envoya des messagers au pays entourant le mont Seïr, lequel, depuis qu’Ésaü avait commencé à s’y établir, avait pris son nom,4 le champ d’Édom.
5 Il les chargea de dire : « Ainsi vous direz à mon seigneur Ésaü : “Ainsi a dit ton serviteur, Jacob : « Tu ne dois pas t’inquiéter du fait que, dans la bénédiction que j’ai reçue de notre père, il ait affirmé que je régnerai sur toi,5 car il a donné à cette bénédiction la condition que je devienne auparavant un dirigeant politique,6 et je ne suis rien de cela. En fait, j’ai séjourné chez Laban dans son pays au cours des vingt dernières années, pendant lesquelles mon statut social ne s’est pas élevé au-delà de celui de simple résident. J’ai, en effet, été dépendant de Laban pour mon gagne-pain toutes ces années, et j’ai retardé mon retour chez moi jusqu’à présent. Néanmoins, je suis fier de pouvoir dire que mon long séjour chez Laban ne m’a pas empêché d’observer fidèlement les commandements de la Torah, et que je n’ai nullement été influencé par sa conduite corrompue.
6 Comme preuve supplémentaire que la bénédiction de mon père ne s’est pas encore accomplie, tu dois te rappeler que, bien que mon père m’a béni de la rosée des cieux et des meilleurs fruits du pays,7 je ne possède de fait aucun territoire ; tout ce que j’ai acquis ce sont des bovins, des ânes, des troupeaux, des serviteurs et des servantes. Ainsi, il est clair que la bénédiction que mon père m’a accordée ne se réalisera pas durant nos vies à nous.8 Puisque nous pouvons dès lors vivre en paix, je l’envoie à présent annoncer à toi, mon seigneur, que je viens à toi dans un esprit fraternel afin de trouver grâce à tes yeux. »” »
Le rapport des anges
7 Les anges approchèrent Ésaü, comme Jacob le leur avait demandé, et délivrèrent son message. Les anges retournèrent chez Jacob en disant : « Nous sommes venus chez Ésaü, que tu espérais bien disposé et prêt à se considérer comme ton frère, mais il n’a manifesté aucun sentiment fraternel ; nous avons constaté que nous ne sommes venus chez nul autre que l’infâme, le même malveillant Ésaü. En réponse à notre annonce de ton arrivée, il s’est même mis en route et se dirige vers toi accompagné de quatre cents hommes armés. »
8 Jacob fut saisi de frayeur à la perspective d’être tué, et en proie à la détresse à la perspective d’avoir lui-même à tuer.9 Il partagea les gens qui étaient avec lui – ainsi que les troupeaux, le bétail et les chameaux – en deux camps.
9 « Ainsi – dit-il – si Ésaü s’en prend à un camp et l’attaque, le camp restant sera sauf. »
La prière de Jacob
10 Jacob dit à Dieu : « Lorsque Tu m’es apparu à Beth El10 et que Tu t’es présenté comme le Dieu de mon ancêtre Abraham et le Dieu de mon père Isaac, Tu m’as promis de me protéger partout où j’irai. Lorsque Tu m’es apparu à Padane Aram11 et que Tu t’es seulement identifié comme l’Éternel, Tu m’as dit : “Reviens dans ton pays et à ton lieu de naissance, et Je serai bienveillant envers toi.” À présent que je me prépare à affronter mon frère Ésaü et que j’ai désespérément besoin de Ton aide pour cela, je dois invoquer ces deux promesses.
11 Le fait est que j’ai peur que mes nombreuses fautes aient invalidé la plupart de mes mérites, et que la bienveillance que Tu m’as déjà manifestée constitue l’entière rétribution de tous les mérites qui me restent. Si tel est le cas,12 je ne mérite plus désormais la protection que Tu m’as promise du fait de tous les actes de bienveillance et de fiabilité que Tu as déjà accomplis pour moi, Ton serviteur. Après tout, j’ai traversé ce Jourdain sur ma route vers ‘Harane avec mon bâton pour seul bien, et à présent, grâce à Ta bienveillance, je suis à la tête de deux camps : l’un, constitué par une grande famille, et l’autre, par la richesse considérable que j’ai amassée.
12 Aussi, je dois solliciter à nouveau Ta protection, cette fois au titre du mérite de mes ancêtres. Sauve-moi, je t’en prie, de la main de mon frère, qui n’est pas disposé à m’accueillir fraternellement ; sauve-moi de la main du pervers Ésaü, car j’ai peur qu’il vienne et m’attaque, moi et ma famille, mères et enfants.
13 Et Toi, Tu as bien dit : “Je serai particulièrement bienveillant avec toi, à la fois pour tes propres mérites et pour les mérites de tes ancêtres, et J’accomplirai à travers toi13 la promesse que J’ai faite à Abraham : « Je rendrai ta descendance nombreuse comme les grains du sable du bord de la mer, autrement dit elle deviendra trop nombreuse pour être comptée. »14” »15
Deuxième lecture – Cheni
14 Il passa la nuit là-bas, et le matin suivant il élabora sa troisième stratégie : l’envoi à Ésaü d’un cadeau susceptible de l’apaiser. Après avoir prélevé la dîme de ce qu’il possédait, comme il en avait fait la promesse à Dieu,16 il choisit un cadeau pour son frère Ésaü parmi ce qui restait à lui et qu’il avait donc le droit de donner.
Le cadeau de Jacob à Ésaü
15 Jacob prépara en premier lieu un cadeau fait de de pierres précieuses et de bijoux. Il prépara ensuite cinq sortes d’animaux, affectant aux femelles de chaque espèce le nombre approprié de mâles de la même espèce avec lesquels elles pourraient s’accoupler : deux cents chèvres et vingt boucs, deux cents brebis et vingt béliers,
16 trente chamelles laitières ainsi que leurs petits et trente chameaux mâles avec lesquels s’accoupler, quarante vaches et dix taureaux, vingt ânesses et dix ânes. (Du fait que les chameaux s’accouplent pudiquement, la Torah ne mentionne pas les partenaires mâles explicitement.)
17 Il les remit aux mains de ses serviteurs troupeaux par troupeaux et il leur dit : « Allez en avance de moi-même d’une journée de voyage, et j’irai à votre suite. Assurez-vous de maintenir une distance entre un troupeau et le suivant ; cela fera paraître le cadeau plus ample et assouvira peut-être l’avidité de mon frère. »
18 Il donna au premier l’ordre suivant : « Lorsque mon frère Ésaü te rencontrera et te demandera : “À qui appartiens-tu, autrement dit qui t’envoie ? Vers où te diriges-tu ? Et à qui sont destinés les troupeaux qui te précèdent ?”,
19 tu répondras, dans l’ordre des questions qu’il aura posées : “Je suis un émissaire de ton serviteur Jacob. Ceci est une offrande adressée à mon seigneur Ésaü, et Jacob lui-même est derrière nous.” »
20 Il ordonna de même au deuxième, au troisième et à tous ceux qui suivaient les troupeaux en disant : « C’est par ces mots que vous devrez vous adresser à Ésaü lorsque vous le rencontrerez,
21 et vous lui direz aussi : “Ton serviteur Jacob est également derrière nous” » – car il se disait : « Je vais l’apaiser avec le cadeau qui me devance, et puis je lui ferai face ; peut-être se montrera-t-il conciliant. » Jacob était mécontent d’avoir à prendre toutes ces dispositions pour se préparer à rencontrer Ésaü.
22 Alors l’offrande de bijoux et d’animaux défila devant lui. Jacob passa cette nuit-là dans le camp.
23 Cette nuit-là il se leva, prit ses deux épouses, les deux servantes qu’il avait prises pour concubines et ses onze enfants, ainsi que leur sœurs jumelles,17 et passa le gué du fleuve Yabok. Il cacha sa fille Dinah dans une boîte afin qu’Ésaü ne puisse pas la voir et la convoiter. Bien que cette proposition était louable, ce fut en fait une erreur de sa part, car l’immense vertu de Dinah aurait pu permettre à Ésaü de s’amender.18
24 Il les prit et leur fit traverser le fleuve un par un, en les levant chacun depuis une rive et les déposant sur l’autre ; puis, il fit passer tout ce qui lui appartenait de l’autre côté du fleuve de la même façon. Il retourna ensuite pour prendre de petits objets qu’il avait laissés derrière lui par inadvertance.
Jacob lutte contre l’ange gardien d’Ésaü
25 Ainsi Jacob demeura seul sur la rive nord du fleuve Yabok. L’ange gardien d’Ésaü, revêtu de l’apparence d’un homme, lutta avec lui jusqu’au lever de l’aube. Leur lutte était la manifestation physique de celle que se livraient les deux frères entre eux au plan spirituel à propos de leur droit d’aînesse.
26 Lorsque l’ange gardien d’Ésaü vit qu’il ne pouvait le vaincre, il atteignit Jacob à sa hanche, de sorte que la hanche de Jacob se luxa pendant qu’il luttait avec lui.
27 Alors l’ange dit : « Laisse-moi partir ; je dois aller chanter ma louange quotidienne à Dieu, car le matin est venu. » Mais Jacob répondit : « Je ne te laisserai partir que si tu me bénis en reconnaissant mon droit sur les bénédictions que mon père m’a données et qu’Ésaü conteste à présent. »
28 L’ange lui demanda : « Quel est ton nom ? » Et il répondit : « Jacob. »
29 Alors l’ange dit : « Prends patience. Dieu t’apparaîtra bientôt pour te donner un autre nom. On ne dira plus jamais que ton nom est seulement Jacob [Yaakov, du verbe akov – « piéger »19], qui sous-entend que tu t’es accaparé les bénédictions d’Ésaü, mais tu seras également appelé Israël [de serara, « noblesse », qui signifie également « celui qui a lutté avec Dieu »], qui sous-entend que tu as obtenu ces bénédictions de ton père honorablement, car tu as lutté avec moi – un ange de Dieu – et avec les hommes – autrement dit Ésaü et Laban – pour ce qui te revient de droit, et tu l’as emporté sur nous trois. Je donnerai mon assentiment à cette nouvelle nomination, et reconnaîtrai ainsi ton droit d’aînesse. »
30 Jacob l’interrogea en disant : « Je t’en prie, dis-moi ton nom. » Il répondit : « Pourquoi t’enquérir de mon nom ? Nous, les anges, n’avons pas de noms fixes ; nos noms n’expriment que les missions pour lesquelles nous sommes envoyés ; aussi changent-ils en fonction de nos missions. » Jacob n’accepta pas d’attendre que Dieu lui apparaisse à un moment inconnu de lui dans l’avenir ; il voulait que l’ange gardien d’Ésaü reconnaisse son droit d’aînesse avant que lui-même n’affronte Ésaü. Alors, comme Jacob l’avait demandé, l’ange le bénit là-bas. Jacob relâcha sa prise sur l’ange et il disparut.
Troisième lecture – Chelichi
31 Jacob nomma cet endroit Peniel [« la face de Dieu »], « car – dit-il – J’ai vu un ange de Dieu face à face et j’ai eu la vie sauve. »
32 De façon miraculeuse, le soleil se leva au-dessus de lui plus tôt que d’ordinaire lorsqu’il traversa Penouel – tout comme Jacob s’était couché plus tôt que d’habitude lorsqu’il était revenu de ‘Harane afin de prier au mont Moriah20 – du fait qu’il boitait à cause de sa cuisse luxée, Dieu voulant que le pouvoir curatif du soleil21 hâte son rétablissement. Cependant, la blessure ne guérit pas complètement avant un an et demi.22
33 C’est pourquoi, jusqu’à ce jour, lorsqu’ils consomment de la viande, les Israélites ne mangent pas le nerf qui fut déplacé lorsque Jacob lutta avec l’ange d’Ésaü, autrement dit le nerf de jointure de la hanche – le nerf sciatique –, car l’ange avait atteint le nerf de jointure de la hanche de Jacob, et ainsi fit que ce nerf soit temporairement déplacé.
Jacob rencontre Ésaü
33 : 1 Jacob leva ses yeux et vit Ésaü approcher accompagné de quatre cents hommes ; alors il se rendit au second camp, où se trouvaient les membres de sa famille, et répartit les enfants entre leurs mères respectives : Léa, Rachel et les deux servantes.
2 Conscient du danger imminent, il les disposa par ordre croissant de leur importance critique pour la perpétuation de sa mission divine :23 les servantes et leurs enfants devant, Léa et ses enfants ensuite, et Rachel et son fils Joseph en dernier.
3 Il passa devant eux, se tenant à la tête de son camp pour affronter Ésaü au cas où il engagerait le combat, et se prosterna sept fois en s’approchant de son frère.
4 Ésaü, voyant son frère se prosterner, fut profondément touché par cette marque de déférence et abandonna son idée de l’attaquer. Il courut vers lui, l’étreignit sincèrement et se jeta à son cou. Il l’embrassa, mais cette fois, pas de façon sincère, car il n’était pas entièrement envahi par l’émotion. Dans une autre perspective, c’est de façon sincère qu’Ésaü embrassa Jacob, mais cette manifestation spontanée d’émotion ne fut que fugitive.24 Et ils pleurèrent de joie25 en s’embrassant.
5 Ésaü leva les yeux et, voyant les femmes et les enfants, il demanda à Jacob : « Comment toutes ces personnes sont-elles apparentées à toi ? » Il répondit : « Ce sont les femmes et les enfants dont Dieu a eu la bonté de gratifier ton serviteur. »
Quatrième lecture – Revii
6 Les servantes approchèrent, suivies par leurs enfants, et se prosternèrent devant Ésaü.
7 Léa et ses enfants s’approchèrent aussi et se prosternèrent devant Ésaü, et enfin Joseph et sa mère Rachel s’approchèrent et se prosternèrent devant lui. Joseph avait conscience que sa mère était très belle ; aussi, afin d’empêcher Ésaü de la voir et la convoiter, il se plaça devant elle afin de la soustraire à la vue d’Ésaü.
8 Ésaü dit à Jacob : « Quelle était ton intention en envoyant toute cette troupe que j’ai rencontrée portant des cadeaux pour moi ? » Jacob répondit : « J’espérais, en te les adressant, trouver grâce aux yeux de mon seigneur. »
9 Ésaü dit : « Je possède beaucoup de richesses, bien au-delà de ce dont j’ai besoin.26 Mon frère, que ce qui est tien reste à toi. De fait, que le droit d’aînesse, qui est à toi du fait que je te l’ai vendu, demeure également à toi, car tu le mérites. »
10 À propos du cadeau de conciliation, Jacob répondit : « Non pas, je t’en prie ! Si j’ai à présent trouvé grâce à tes yeux, alors je t’en prie, fais-moi une faveur et accepte ce cadeau de moi. Je ressens te devoir ce cadeau parce que j’ai regardé ta face, ce qui équivaut pour moi à regarder la face de l’ange de Dieu désigné par Lui pour te garder. Je connais ton ange gardien, car j’ai lutté avec lui et je l’ai vaincu. »27 Jacob mentionna le fait qu’il avait vaincu l’ange d’Ésaü afin de dissuader celui-ci de toute intention de s’en prendre à lui, car si Jacob était venu à bout de l’ange gardien d’Ésaü, il pouvait certainement vaincre Ésaü lui-même. Et il poursuivit : « Je te suis également redevable d’un hommage du fait que, dans ta bonté, tu as pardonné mon offense et tu m’as agréé.
Ésaü accepte le cadeau de Jacob
11 Accepte, je te prie, mon cadeau de bienvenue, qui t’a été apporté à mes propres frais. J’ai déjà pris la peine de le préparer et de te le présenter. Ne te soucie pas de ce qu’il m’a coûté, car Dieu a été bienveillant envers moi, et j’ai tout ce dont j’ai besoin. » (Contrairement à Ésaü, qui se prévalut de posséder plus qu’il n’en avait besoin,28 Jacob affirma ici humblement que la générosité de Dieu était tout ce dont il avait besoin.) Après que Jacob insista auprès de lui pour qu’il agrée son cadeau, Ésaü l’accepta.
12 Ésaü dit alors : « Voyageons et allons ensemble, et j’irai à un pas plus lent que d’ordinaire, de sorte que je puisse marcher à côté de toi pour t’accompagner. »
13 Bien qu’Ésaü avait manifesté un amour fraternel, Jacob sentit que son changement d’attitude n’était pas entièrement sincère, ou tout au moins ne durerait pas ;29 aussi, il comprit qu’il n’était pas souhaitable que leur rencontre se prolonge.30 Alors il lui répondit : « Je préfère ne pas te gêner en te ralentissant. D’un autre côté, si je hâte mon pas, mon seigneur sait que, en plus du fait que les enfants sont fragiles, j’ai la responsabilité d’allaiter les moutons, les chèvres et le bétail. Si on les surmène un seul jour, tous les troupeaux mourront.
14 Aussi, que mon seigneur veuille passer à sa cadence habituelle devant son serviteur, tandis que moi, je cheminerai à mon allure réduite, au pas des troupeaux qui sont devant moi et au pas des enfants, jusqu’à ce que je rejoigne mon seigneur à Seïr au moment voulu. »
15 Ésaü fit une autre offre. Il dit : « Je veux t’affecter certains de ceux qui sont avec moi. » Souhaitant décliner également cette seconde offre, Jacob répondit : « Pourquoi ferais-tu cela ? Je n’ai pas besoin de suite pour m’escorter. Je ne souhaite rien en retour du cadeau que je t’ai fait, de sorte que je continue à trouver grâce aux yeux de mon seigneur. »
Jacob et Ésaü se séparent
16 Ce jour même Ésaü reprit son chemin vers Seïr.
17 Jacob se mit en chemin et arriva en un lieu qui serait par la suite appelé Souccot (« abris »), où il s’attarda durant un an et demi (2205–2206). Étant arrivé en été, il construisit des refuges temporaires pour sa famille et les troupeaux. Lorsque vint l’hiver, il se construisit des maisons31 plus solides pour y établir sa famille, et, lorsque l’été suivant arriva, il fabriqua à nouveau des abris pour sa famille et pour son bétail. C’est pourquoi il nomma cet endroit Souccot.
Jacob à Che’hem
18 Jacob arriva sain et sauf à Che’hem, qui est située en Canaan, en venant de Padane Aram. Celui qui régnait sur Che’hem était ‘Hamor le Hévéen ; son fils portait le même nom que la ville : Che’hem. Il campa face à la ville.
19 Bien que Jacob n’avait pas l’intention de s’établir définitivement à Che’hem, il fit l’acquisition de la portion de terrain sur laquelle il planta sa tente afin de montrer son amour pour le pays que Dieu lui avait promis. Il acheta ce terrain aux fils de ‘Hamor, le père de Che’hem. Le prix de ce petit arpent de terre était de cinq sicles (80 grammes) d’argent. Il aurait pu facilement payer avec cinq grandes pièces d’un sicle, mais il choisit de payer avec cent kessitas – des pièces plus petites mais ouvragées qui sont également utilisées comme bijoux – afin de manifester à nouveau son affection pour la Terre promise.32
20 Il érigea là-bas un autel et, en reconnaissance à Dieu, qui l’avait sauvé des griffes de Laban et d’Ésaü, le nomma « Dieu est le Dieu d’Israël ». Pour témoigner Sa reconnaissance à Jacob pour sa conscience accrue et profonde de la présence de la providence divine dans sa vie, Dieu ajouta à Sa promesse que l’influence de Jacob s’étendrait aux quatre coins de la terre,33 lui accordant désormais la suprématie sur le monde entier qu’il avait originellement accordée à Adam.34 Dans cette perspective, le Dieu d’Israël désigna Jacob comme représentant de Dieu dans le monde.
Cinquième lecture – ‘Hamichi
34:1 Dinah était la fille de Léa, qu’elle avait enfantée à Jacob.35 Dinah n’était pas uniquement la fille de Léa au sens biologique, mais également au sens moral : elle avait hérité du désir de sa mère de s’aventurer hors de la sécurité de sa tente36 pour des raisons nobles et louables. Confiante en son aptitude à influencer favorablement les autres – bien qu’elle n’était qu’une enfant de dix ans à cette époque –, elle sortit pour voir les filles de la région afin de les convaincre d’adopter les voies vertueuses de sa famille.37
2 Mais Che’hem, le fils de ‘Hamor le Hévéen, qui était le gouverneur de la région, la remarqua, l’enleva, lui fit outrage et abusa également d’elle charnellement d’autres façons.
3 Malgré lui, son cœur s’attacha38 à Dinah, la fille de Jacob ; il s’éprit de la jeune fille, et parla à la jeune fille de façon à conquérir son cœur en disant : « Regarde combien de pièces de valeur ton père a dépensées pour acquérir une petite parcelle de terrain.39 Si tu te maries avec moi, la ville entière et ses environs t’appartiendront d’office, sans le moindre effort. »
L’outrage fait à Dina
4 Che’hem parla ainsi à son père ‘Hamor : « Obtiens-moi cette jeune fille pour épouse. »
5 Jacob apprit que Che’hem avait déshonoré sa fille Dinah. Ses fils étaient dans les champs avec son bétail ; aussi, Jacob garda le silence jusqu’à leur arrivée.
6 Entre-temps, le père de Che’hem, ‘Hamor, se rendit auprès de Jacob pour parler avec lui.
7 Les fils de Jacob, revenus des champs, entendirent ce que Che’hem avait fait à Dinah. Les hommes, ses frères, furent accablés et extrêmement indignés, car Che’hem avait commis un outrage envers leur père Israël en violentant leur sœur, la fille de Jacob. Un tel acte était inconcevable socialement et légalement depuis que l’humanité avait collectivement renoncé aux relations charnelles illicites dans le sillage du Déluge,40 et avait fait de ces actes un délit majeur. Ainsi, le comportement de Che’hem l’avait rendu passible de la peine de mort. Les autres habitants de la ville étaient également en cause dans ce délit pour n’avoir pas fait entendre leurs protestations.41
8 ‘Hamor leur parla en disant : « Mon fils Che’hem est profondément épris de votre fille. Donnez-la-lui, je vous prie, pour épouse,
9 et allions-nous entre nous : donnez-nous vos filles, et prenez nos filles pour épouses. Ces mariages entre nos deux peuples se feront selon votre bon vouloir : vous déciderez qui de nos hommes vous prendrez pour vos filles, et qui de nos filles vous prendrez pour vos jeunes gens.
10 Vous vivrez auprès de nous, et le pays sera ouvert à vous ; vous pourrez vous y établir, y commercer et y acquérir des propriétés. »
11 Che’hem dit à son père et à ses frères : « Je voudrais trouver grâce à vos yeux, et ce que vous me demanderez à titre de dot, je le donnerai.
12 Exigez de moi beaucoup pour la dot que vous stipulerez dans le contrat de mariage et pour les cadeaux, et je donnerai autant que vous me le direz ; donnez-moi seulement cette jeune fille pour épouse ! »
Le dessein des fils de Jacob
13 Les fils de Jacob répondirent à Che’hem et à son père ‘Hamor de façon sournoise, car il avait déshonoré leur sœur Dinah.
14 Ils leur dirent : « Nous ne pouvons faire une telle chose, donner notre sœur a un homme incirconcis, car ceci serait considéré comme un déshonneur pour nous. De fait, lorsqu’un membre de notre peuple veut insulter quelqu’un, il l’appelle “incirconcis” ou “fils d’incirconcis”.
15 Aussi, nous ne donnerons notre assentiment qu’à cette condition : que vous deveniez comme nous en ce que chaque mâle parmi vous soit circoncis.
16 Nous établirons des alliances maritales avec vous comme vous l’avez proposé, c’est-à-dire à notre seule discrétion : nous vous donnerons nos filles et prendrons vos filles pour nous, et nous habiterons auprès de vous et nous deviendrons un seul peuple.
17 Mais si vous ne nous écoutez pas pour la circoncision, nous prendrons alors notre sœur, la fille de notre père, et nous partirons. »
18 Leurs paroles furent recevables pour ‘Hamor et pour Che’hem, le fils de ‘Hamor.
19 Le jeune homme ne tarda pas à effectuer la chose, car il désirait la fille de Jacob et il était considéré entre tous dans la maison de son père.
20 ‘Hamor vint alors avec son fils Che’hem à la porte de leur ville, où tous se rassemblèrent,42 et ils parlèrent aux gens de leur ville en leur disant :
21 « Ces gens sont de bonne foi avec nous. Qu’ils résident dans le pays et y commercent, car le pays a suffisamment de place pour eux. L’offre dans notre pays dépasse la demande ; aussi, les laisser vivre et commercer ici ne nuira pas à notre économie. » En proposant des mariages entre les deux peuples à Jacob et à ses fils, ‘Hamor et Che’hem avaient formulé leur proposition à l’avantage de Jacob et des siens, leur permettant de choisir des hommes Hévéens qui épouseraient leurs filles et de prendre toutes les filles des Hévéens qu’ils souhaitaient pour épouses. En revanche, lorsqu’ils firent part à leurs compatriotes de ces propositions de mariage, ils en modifièrent les termes à l’avantage de ces derniers afin de les inciter à accepter de se circoncire : « Nous prendrons leurs filles pour épouses et nous leur donnerons nos filles, tout ceci à notre discrétion.
22 Cependant, c’est à cette seule condition que ces hommes consentiront à demeurer avec nous pour ne faire qu’un peuple : que tout mâle parmi nous soit circoncis comme eux-mêmes sont circoncis.
23 Après tout, lorsqu’ils demeureront parmi nous, leurs troupeaux, leurs possessions et tous leurs animaux seront à nous. Accédons seulement à leur désir et ils demeureront parmi nous. »
24 Tous ceux qui habitaient l’enceinte de sa ville écoutèrent ‘Hamor et son fils Che’hem, et tous les citoyens de sa ville furent circoncis.
La vengeance de Siméon et Lévi
25 Le troisième jour après la circoncision, quand les Hévéens étaient encore souffrants, deux des fils de Jacob, Siméon et Lévi, prirent chacun son épée. Ils agirent en tant que frères loyaux de Dinah, risquant leur vie par égard pour elle, mais sans avoir auparavant consulté leur père. Ils marchèrent sur la ville, confiants en leurs capacités de vaincre les hommes – en premier lieu, du fait de la faiblesse des Hévéens et de la douleur issue de la circoncision, et également au titre du mérite de leur père Jacob –, et tuèrent tous les mâles.
26 Ils passèrent également ‘Hamor et son fils Che’hem au fil de l’épée ; ils emmenèrent Dinah hors de la maison de Che’hem, et ils ressortirent.
27 Les fils de Jacob vinrent dépouiller les cadavres de leurs possessions, et pillèrent la ville qui avait déshonoré leur sœur.
28 Ils saisirent le menu bétail des Hévéens, leur gros bétail, leurs ânes, et tout ce qui se trouvait dans la ville et dans les champs.
29 Tous leurs biens, tous leurs enfants et leurs femmes, ils les emmenèrent et les dépouillèrent, avec tout ce qui était dans les maisons.
Jacob réprimande ses fils
30 En dépit de la victoire, Jacob dit à Siméon et à Lévi : « Vous avez ruiné ma sérénité en me rendant odieux auprès les habitants du pays, c’est-à-dire les Cananéens et les Perézéens.43 Jusqu’à présent, ils44 ne nous considéraient pas comme une menace, car, bien que connaissant la promesse de Dieu de nous donner ce pays, ils présumaient que nous ne tenterions pas de les chasser avant de nous être multipliés et d’être devenus suffisamment nombreux pour constituer un peuple, puisque c’était ainsi que Dieu avait formulé Sa bénédiction.45 Mais maintenant qu’ils vous ont vu mettre à exécution une sentence contre toute la ville de votre propre chef au lieu de vous en remettre aux autorités juridiques du pays,46 je crains qu’ils ne nous attaquent, et moi, je ne suis qu’une poignée d’hommes ; s’ils se liguent contre moi pour m’attaquer, moi et ma famille, nous serons anéantis. »
31 À cela, Siméon et Lévi répondirent : « Quel choix avions-nous ? Devions-nous permettre que notre sœur soit traitée en prostituée, c’est-à-dire en femme dont on peut librement disposer ? »
35:1 Dieu dit à Jacob : « Ta fille Dinah a été enlevée et violentée pour te punir de l’avoir cachée à Ésaü47 et d’avoir tardé à tenir ta promesse de m’offrir des sacrifices quand es retourné en Canaan.48 Aussi, lève-toi, monte à Beth El et établis-toi là-bas, et fais là-bas un autel au Dieu qui t’est apparu quand tu fuyais devant ton frère Ésaü. »
Jacob retourne à Beth El
2 Jacob dit aux membres de sa maison et à tous ceux qui étaient avec lui : « Faites disparaître les idoles que vous avez saisies comme butin des non-juifs à Che’hem et qui sont en votre possession ; purifiez-vous rituellement du contact que vous avez eu avec ces idoles en vous immergeant ; et, si vous portez des vêtements saisis à Che’hem, changez vos vêtements s’ils portent des images ou des décorations idolâtres.
3 Puis nous nous lèverons et monterons à Beth El, et j’érigerai là-bas un autel au Dieu qui m’a toujours répondu aux moments de ma détresse, et qui a toujours été avec moi et m’a protégé sur la route où je marchais. »
4 Ils remirent à Jacob tous les dieux étrangers qui étaient en leur possession, ainsi que tous les joyaux qui étaient à leurs oreilles, et Jacob les enfouit sous le tilleul qui est près de Che’hem.
5 Ils partirent. Les craintes de Jacob se révélèrent infondées, car la frayeur de Dieu tomba sur les habitants des villes alentour, et ils ne poursuivirent pas Jacob et ses fils suite à l’épisode de Che’hem.
6 Jacob arriva à Louz, qui est Beth El, en Canaan – lui et les gens qui étaient avec lui.
7 Il édifia là-bas un autel, et il nomma l’endroit où se tenait l’autel El Beth El [« Dieu s’est révélé à Beth El »], car là-bas Dieu s’était révélé à lui quand il fuyait devant son frère Ésaü.
8 La nourrice de Rébecca, Deborah, qu’elle avait envoyée pour ramener Jacob de la maison de Laban huit ans auparavant, et qui accompagnait à présent sa famille sur le chemin de son retour, mourut,49 et elle fut ensevelie au-dessous de Beth El – qui était situé au sommet d’une colline –, sur un plateau en contrebas de la colline. Au moment où Jacob ensevelissait Deborah, un messager arriva qui lui apprit que sa mère Rébecca venait également de mourir. C’est pourquoi Jacob nomma cette plaine Alone Ba’hout [« plaine des pleurs »], car c’est là-bas qu’il avait pleuré sa mère.
9 Tout comme Il l’avait fait lorsque Jacob était en chemin pour Padane Aram,50 Dieu apparut à nouveau à Jacob à Beth El lorsqu’il revint de Padane Aram et le bénit, cette fois pour le consoler de la perte de sa mère.
Jacob devient Israël
10 Dieu donna alors à Jacob le second nom d’Israël, comme l’ange gardien d’Ésaü le lui avait prédit.51 Il lui dit : « Ton nom est Jacob. Tu ne seras plus appelé uniquement du nom de Jacob, mais Israël sera aussi ton nom », et Il le nomma Israël.
11 Dieu lui dit : « Moi, Je fais le serment de par Ma propre éternité, comme Dieu Tout-Puissant, que toi – c’est-à-dire ta descendance –, tu fructifieras et te multiplieras, et finalement tu constitueras un grand peuple qui survivra éternellement et héritera du Pays d’Israël.52 De plus, Je vais à présent te bénir dans ce sens. Comme Je suis le Dieu Tout-Puissant, qui a le pouvoir de conférer des bénédictions, Je te bénis ainsi : fructifie à travers ton douzième fils, que ton épouse Rachel mettra bientôt au monde, et multiplie-toi à travers son frère aîné, Joseph.53 Cela se produira ainsi : un peuple – c’est-à-dire une tribu54 – sera issu de ton douzième fils, et une communauté de peuples – c’est-à-dire de tribus – sortiront de toi par Joseph.55 En outre, des rois naîtront de toi à travers le fils appelé à te naître.56
Sixième lecture – Chichi
12 De plus, Je jure que57 le pays que J’ai donné à Abraham et à Isaac, Je te le donnerai, et Je donnerai le pays également à ta descendance après toi. »
13 Dieu remonta d’au-dessus de lui à l’endroit où Il avait parlé avec lui.
14 En plus de l’autel qu’il avait édifié la première fois qu’il s’était trouvé à Beth El, Jacob érigea un monument à l’endroit où Dieu lui avait parlé, un monument de pierre. Il effectua une libation de vin sur lui et versa de l’huile sur lui.
15 Jacob nomma à nouveau58 le lieu où Dieu avait parlé avec lui Beth El [« maison de Dieu »].
La naissance de Benjamin et la mort de Rachel
16 Ils partirent de Beth El en direction de Hébron, et alors qu’il y avait encore une certaine étendue de pays à couvrir jusqu’à Ephrat, Rachel commença d’enfanter et son accouchement fut pénible.
17 Lorsque le travail devint pénible, la sage-femme lui dit : « N’aie pas peur, car en plus de Joseph, celui-là également est un fils de toi. » Lors de cette naissance Rachel mit également au monde deux filles.59
18 Au moment où elle expira – car elle mourut –, elle nomma son nouveau-né Ben-Oni [« fils de ma douleur »], mais son père Jacob le nomma Benjamin [Binyamin : « fils du sud »] du fait qu’il était le seul de ses fils à avoir vu le jour en Canaan, au sud de Padane Aram.
19 Rachel mourut, et elle fut ensevelie sur la route d’Ephrat, qui est un autre nom de Bethléem.
20 Jacob érigea un monument sur sa sépulture ; c’est le monument demeuré sur la sépulture de Rachel jusqu’à ce jour.
21 Israël poursuivit son voyage, mais il s’attarda à nouveau et planta sa tente au-delà de Migdal Eder au lieu de poursuivre son chemin jusqu’à la maison de son père à Hébron.
22 Tandis qu’Israël résidait encore malencontreusement dans cette région, Ruben s’en fut déplacer la couche de son père de la tente de Bilha à la tente de Léa. Bien que les intentions de Ruben étaient honorables, le fait de s’immiscer dans la vie privée de son père constitua une cuisante atteinte au respect qui lui était dû, et devint par là aussi coupable que d’avoir des relations avec Bilha, la concubine de son père. Quand Israël en eut vent, il réprimanda son fils. À présent que Benjamin était né, les fils de Jacob étaient au nombre de douze. La famille de Jacob était désormais complète, prête à donner naissance au peuple juif.
23 Les fils de Léa furent Ruben – le fils aîné de Jacob –, Siméon, Lévi, Judah, Issa’har et Zeboulon.
24 Les fils de Rachel furent Joseph et Benjamin.
25 Les fils de la servante de Rachel – Bilha – furent Dane et Naphtali.
Jacob retourne auprès d’Isaac
26 Les fils de la servante de Léa, Zilpa, furent Gad et Acher. Voici les fils de Jacob qui lui naquirent à Padane Aram. Les fils de Jacob – à l’exception de Judah et de Joseph – épousèrent leurs demi-soeurs.60 Siméon, en plus d’épouser sa demi-sœur, épousa également sa vraie sœur Dinah. Quatre des fils de Jacob épousèrent chacun deux de leurs demi-soeurs.61
27 Dans l’année 2208, Jacob arriva chez son père Isaac, à Kiryat Arba, dans la plaine de Mamré ; celle-ci est également connue sous le nom de Hébron,62 où Abraham et Isaac avaient séjourné.
28 Les jours d’Isaac furent de cent quatre-vingts ans. Bien qu’il veilla à mettre ses affaires en ordre lorsqu’il avait cinq ans de moins que l’âge auquel sa mère était morte,63 il vécut en fait cinq ans de plus que son père, qui était mort à l’âge de 175 ans.
29 Dans l’année 2228, il s’éteignit, mourut et rejoignit son peuple, âgé de jours accomplis ; ses fils Ésaü et Jacob l’ensevelirent dans le caveau de Ma’hpélah, à Hébron.64
La lignée d’Ésaü
36:1 Voici les descendants d’Ésaü, qui fut surnommé Édom.65
2 Ésaü prit ses femmes parmi les filles de Canaan :66 Ada (que les gens nommaient Bassemath), fille d’Eilone le Hittite ; Aholivama (qu’Ésaü surnomma Judith), fille d’Ana (qu’Ésaü surnomma Beéri). Aholivama n’était pas la fille biologique d’Ana ; elle était la fille illégitime issue de l’union de la femme d’Anah avec le père celui-ci, Tsivone le Hévéen ;67
3 et Bassemath (que l’on surnommait Ma’halath), fille d’Ichmael et sœur de Nevayoth.68
4 Ada enfanta à Ésaü Eliphaz ; Bassemath lui enfanta Reouel ;
5 et Aholivama lui enfanta Yeouch et Yalam, et enfanta Kora’h à son fils Eliphaz.69 Kora’h fut donc en même temps le fils de la femme d’Ésaü (à travers son union adultérine) et son petit-fils. Ce sont les fils d’Ésaü qui lui naquirent dans le pays de Canaan.
6 Après le retour de Jacob à Hébron, Ésaü partit s’établir définitivement sur la montagne de Seïr.70 Pour le voyage, Ésaü prit ses femmes en premier, puis ses fils et ses filles et tous les membres de sa maison, son bétail, tous ses animaux, et ses possessions qu’il avait acquises dans le pays de Canaan. Ce ne fut ni par souci de bienséance ni par celui d’inculquer à ses enfants le respect de leurs mères qu’Ésaü plaça ses femmes en tête, mais afin qu’elles soient à sa proximité pour pouvoir satisfaire ses appétits.71 Il émigra vers une autre région afin de se tenir loin de son frère Jacob,
7 car leurs possessions étaient trop abondantes pour qu’ils puissent habiter ensemble, et le pays environnant Hébron où ils séjournaient ne leur permettait pas de cohabiter du fait de l’insuffisance de pâturages pour leurs troupeaux.
8 Ésaü s’établit définitivement72 sur la montagne de Seïr, en expulsant les Horéens de leur région.73 Ésaü est l’ancêtre du peuple connu par la suite sous le nom d’Édom.
9 Et voici les descendants d’Ésaü, le père des Édomites, qui naquirent sur la montagne de Seïr :
10 Voici les noms des fils d’Ésaü : Eliphaz, fils d’Ada épouse d’Ésaü ; Reouel, fils de Bassemath épouse d’Ésaü.
11 Les fils d’Eliphaz furent Teimane, Omar, Tsefo, Gatam et Kenaz.
12 Timna, la fille d’Eliphaz qu’il avait engendrée illégitimement de l’épouse de Seïr le Horéen,74 aspirait à une alliance maritale au sein de la grande famille d’Abraham en devenant une des épouses de son père, mais elle savait qu’Eliphaz n’accepterait jamais de l’épouser du fait qu’elle était illégitime. Cependant, son désir de faire partie de la famille d’Abraham fut si fort qu’elle devint concubine de son père Eliphaz, fils d’Ésaü, et ainsi elle enfanta Amalek à Eliphaz.75 Tels sont les enfants d’Ada épouse d’Ésaü.
13 Voici les fils de Reouel : Na’hath, Zéra’h, Chama et Miza ; tels furent les enfants de Bassemath épouse d’Ésaü.
14 Voici les fils d’Aholivama, l’épouse d’Ésaü qui était la fille illégitime de l’épouse d’Ana et la fille de Tsivone :76 elle enfanta à Ésaü Yeouch, Yalam et Kora’h, ce dernier, d’Eliphaz fils d’Ésaü.77
15 Voici les chefs de lignée parmi les enfants d’Ésaü : les fils d’Eliphaz, le premier-né d’Ésaü, furent Chef Teimane, Chef Omar, Chef Tsefo, Chef Kenaz,
16 Chef Kora’h, Chef Gatam, Chef Amalek. Voici les chefs de lignée d’Eliphaz dans le pays d’Édom ; ceux-là sont les descendants d’Ada épouse d’Ésaü.
17 Et voici les fils de Reouel fils d’Ésaü : Chef Na’hath, Chef Zéra’h, Chef Chama, Chef Miza. Telles sont les chefs de lignée de Reouel dans le pays d’Édom ; ceux-là sont les descendants de Bassemath épouse d’Ésaü.
18 Et voici les fils d’Aholivama épouse d’Ésaü : Chef Yeouch, Chef Yalam, Chef Kora’h. (Kora’h est ainsi mentionné deux fois : plus haut,78 comme le petit-fils d’Ada, et à nouveau ici comme le fils d’Aholivama, car il était les deux à la fois.) Tels sont les chefs de lignée issus d’Aholivama fille d’Ana, épouse d’Ésaü.
19 Tous ceux-ci sont les fils d’Ésaü, qui est Édom, et tels sont leurs chefs de lignée.
Septième lecture – Chevii
20 Voici les fils de Seïr le Horéen, qui habitaient initialement le pays de Seïr avant d’être expulsés par Ésaü et sa famille : Lotane, Choval, Tsivone et Ana,
21 Dichone, Etser et Dichane. Tels sont les chefs de lignée des Horéens parmi les fils de Seïr dans le pays d’Édom.
22 Les fils de Lotane furent ‘Hori et Heimam. La demi-sœur de Lotane fut Timna, la fille illégitime du fils d’Ésaü Eliphaz avec l’épouse de Seïr.79
23 Voici les fils de Choval : Alvane, Mana’hat, Eival, Chefo et Onam.
24 Voici les fils de Tsivone : Aya, de son épouse, et Ana, de sa propre mère. Après avoir enfanté Ana avec sa propre mère, Tsivone enfanta Aholivama des années plus tard de l’épouse d’Ana, c’est-à-dire sa bru.80 C’est le même Ana qui découvrit comment faire se reproduire des mules dans le désert, lorsqu’il faisait paître les ânes pour son père Tsivone, en croisant des chevaux avec des ânes. Comme il était lui-même issu d’une union illicite, il n’eut aucun scrupule à reproduire la chose dans le monde animal.
25 Voici les enfants d’Ana : son fils Dichone et sa belle-fille Aholivama, la fille de l’épouse d’Ana avec Tsivone – le père d’Ana.
26 Voici les fils de Dichone : ‘Hemdane, Echbane, Yitrane et Kerane.
27 Voici les fils d’Etser : Bilhane, Zaavane et Akane.
28 Voici les fils de Dichane : Outs et Arane.
29 Voici chefs de lignée des Horéens : Chef Lotane, Chef Choval, Chef Tsivone, Chef Ana,
30 Chef Dichone, Chef Etser, Chef Dichane. Tels sont les chefs de lignée des Horéens, énumérés chef par chef, dans le pays de Seïr.
Les rois d’Édom
31 Comme il a été relaté plus haut, Isaac bénit Jacob (et ses descendants) pour être « maître sur tes frères » – autrement dit sur Ésaü (et ses descendants)81 –, et dit à Ésaü que lui (et ses descendants) serviraient Jacob (et ses descendants).82 La Torah décrit à présent la façon dont cette bénédiction se réalisa même lorsqu’il apparut que les descendants d’Ésaü étaient indépendants et constituaient un peuple autonome. Voici les huit rois qui régnèrent sur les descendants d’Ésaü. Le royaume ne fut jamais une véritable monarchie édomite, car les Édomites ne réussirent pas à se rassembler sous l’autorité d’un des leurs ; ils durent faire appel à des étrangers pour qu’ils deviennent leurs souverains. Ces rois ne régnèrent que dans le pays d’Édom, sans jamais conquérir d’autres pays ni régner sur les descendants de Jacob. Qui plus est, ce pseudo-royaume n’exista qu’avant qu’un roi ne régnât sur les enfants d’Israël. La Torah fait ici une allusion prophétique au fait que, au moment où les israélites établiraient leur propre royaume, il n’y aurait déjà plus de rois édomites. En fait, le premier roi d’Israël, Saül, conquit ce pseudo-royaume d’Édom et les Juifs finirent par déléguer un gouverneur pour le régenter. Cette vassalité se poursuivit durant le règne de huit rois israélites successifs, invalidant ainsi toute revendication de la monarchie que les Édomites pouvaient émettre au motif d’avoir eu eux-mêmes huit rois. Ainsi, bien que par la suite les Édomites gagnèrent leur indépendance et établirent huit rois pour régner sur eux, ceux-ci ne furent pas d’authentiques souverains.83
32 Béla fils de Beor devint roi d’Édom, et le nom de sa ville natale était Dinhava.
33 Béla mourut et à sa place régna Yovav fils de Zéra’h de Botsra, une ville moabite.84 Ce Zéra’h n’était pas le même Zéra’h que le petit-fils d’Ésaü mentionné plus haut.85
34 Yovav mourut et à sa place régna ‘Houcham, du pays des Teimanites.
35 ‘Houcham mourut et à sa place régna Hadad fils de Bedad, qui défit Midiane dans le champ de Moav lorsque Midiane et Moav se firent la guerre. Édom, rangé sous Hadad, se porta à l’aide de Moav. Le nom de sa ville natale était Avit.
36 Hadad mourut et à sa place régna Samla de Masréka.
37 Samla mourut et à sa place régna Chaoul de Re’hovot-sur-le-Fleuve Euphrate.
38 Chaoul mourut et à sa place régna Baal-‘Hanane fils d’A’hbor.
39 Baal-‘Hanane fils d’A’hbor mourut et à sa place régna Hadar, et le nom de sa ville natale était Paou. Le nom de son épouse était Meheitavel fille de Matred. Matred était si riche qu’il considérait l’or comme n’ayant pratiquement aucune valeur, d’où le fait que Meheitavel était également connue comme la fille de Mei Zahav [« qu’est-ce que (la valeur de) l’or ? »].
MAFTIR
40 Aucun des rois précédemment mentionnés ne réussit à établir une monarchie héréditaire. Après la mort de Hadar, les Édomites abandonnèrent l’idée de s’organiser autour d’une puissante monarchie centralisée et se séparèrent en onze groupes tribaux. Voici les chefs de lignée d’Ésaü qui régnèrent sur ses descendants après la mort du dernier roi, Hadar, suivant les noms de leurs familles et de leur région. Le chef de la tribu de Timna, le chef de la tribu d’Alva, le chef de la tribu de Yeteth,
41 le chef de la tribu d’Aholivama, le chef de la tribu d’Ela, le chef de la tribu de Pinone,
42 le chef de la tribu de Kenaz, le chef de la tribu de Teimane, le chef de la tribu de Mivtsar,
43 le chef de la tribu de Magdiel (autrement dit Rome), le chef de la tribu d’Iram. Tels sont les chefs de lignée d’Édom – à savoir d’Ésaü, l’ancêtre des Édomites – selon leurs résidences dans les pays qu’ils occupaient.
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