Un père emménagea dans une maison située face à une forêt. Il avertit à plusieurs reprises son jeune et espiègle fils des dangers de la forêt et de ses nombreuses bêtes féroces. Mais le fils ignora l’avertissement de son père et choisit d’aller explorer son environnement.

Un jour, le jeune garçon escalada la clôture qui entourait sa maison et s’aventura dans la forêt. Décidant qu’il était temps de donner une leçon à son fils, le père se déguisa en ours et suivit son fils.

Alors que le méchant ours le poursuivait, l’enfant s’écria : « Papa ! Papa ! Aide-moi ! Sauve-moi ! » Mais son père n’apparut pas.

L’ours attaqua le garçon et les cris de celui-ci devinrent de plus en plus forts et frénétiques. Finalement, avec ses dernières forces, il échappa aux griffes de l’ours, escalada la clôture et courut à perdre haleine jusqu’à la maison.

« Papa, tu ne m’as pas entendu !, cria-t-il à son père. Un ours m’a attaqué ! Je t’ai appelé, mais tu n’es pas venu ! »

« Mon fils, lui répond son père avec amour. Tu ne t’es pas rendu compte ? L’ours, c’était moi. »

J’ai pensé à cette histoire en parcourant la lecture de la Torah de cette semaine. Jacob se prépare à rencontrer son frère Ésaü, après vingt ans d’inimitié, et il est « très effrayé et angoissé ».1

Jacob est sorti indemne de cette rencontre. Au moment de se séparer, il assure Ésaü qu’il voyagera à son rythme et qu’il le rencontrera finalement à Séir. Séir fait référence à l’ère messianique où il n’y aura plus de conflit entre Jacob et Ésaü.2

La rencontre entre Jacob et Ésaü représente la rencontre cosmique entre la lumière et les ténèbres, la conscience divine et l’égocentrisme, la spiritualité et la matérialité, le bien et le mal.

Jacob cherchait non seulement à neutraliser son frère, afin qu’il ne lui fasse pas de mal, mais aussi à encourager Ésaü à joindre ses forces aux siennes. Jacob se rendit toutefois compte que la mise des forces d’Ésaü au service du bien serait un processus long et ardu qui ne se produirait qu’à l’ère messianique.

Nous aussi, nous nous dirigeons vers « Séir » à notre propre rythme. Jusqu’à ce que nous y arrivions, nos vies sont occupées à combattre la négativité et à surmonter les défis de nos rencontres avec nos propres versions d’Ésaü.

Mais si D.ieu est tout à fait bon, pourquoi avons-nous besoin de tant de ces rencontres ? Pourquoi la vie est-elle une bataille si sombre et si difficile ?

C’est une question à laquelle nous ne pourrons jamais répondre complètement, car si nous pouvions justifier le mal, ne le deviendrions-nous pas ? Si nous comprenions le rôle de l’obscurité, nous ne travaillerions pas si dur pour l’éradiquer.

Néanmoins, les kabbalistes expliquent que D.ieu a créé le mal pour qu’il puisse être exploité par le bien. La noirceur et la cruauté existent pour être transformées en lumière. Les épreuves abondent pour que nous puissions creuser au plus profond de nous-mêmes et exploiter notre potentiel infini.

Lorsque nous affrontons nos épreuves, lorsque nous nous battons avec Ésaü, il peut être utile de nous rappeler que l’ours n’est pas aussi effrayant qu’il en a l’air.

Sous son costume se cache notre Père, qui essaie de nous enseigner quelque chose.