...un mariage de l’être créé et de son Créateur, de la terre et du ciel...

L’Exode fut une idylle, le Sinaï fut un mariage : le mariage des Enfants d’Israël et du D.ieu qui les sauva d’Égypte, le mariage d’un être créé et de son Créateur, de la terre et du ciel, du corps et de l’âme.

Le mariage est une histoire en trois parties, et chaque partie est un moment éternel.

D’abord, deux êtres doivent tomber amoureux.

Pas d’un amour rationnel – non, cela n’ira pas. Ils doivent être fous l’un de l’autre. Obsédés. Ils doivent sentir qu’ils ne peuvent pas vivre l’un sans l’autre, comme si leur existence même dépendait de leur proximité. Ils doivent sentir qu’ils sont vraiment un, même s’ils sont séparés.

Mais ils ne sont pas encore un.

Il doit y avoir une alliance. Une alliance qui exclut tous les autres, qui dit : « Seuls toi et moi existons dans cet espace. » Il lui dit : « Tu m’es sanctifiée », tu es séparée de tous les autres, tu es distincte et unique.

Cette alliance est un entrelacement des âmes, liées par l’amour, qui ne se délie pas aisément, parce qu’elle est destinée à durer éternellement. Mais ils ne sont pas encore un.

L’amour ne suffit pas, car chacun ressent un amour différent. L’alliance ne suffit pas, car ils demeurent deux êtres. Ils doivent s’élever et pénétrer dans un espace qui puisse les rendre un, un espace dans lequel il n’y a personne d’autre, parce qu’il n’y a pas d’altérité, il y a seulement Un.

Et c’est ce qu’est la ‘houppa. Ici, ils sont un.

Dorénavant, à chaque moment du reste de leur vie ensemble, ils continueront à faire de deux, un, dans une constante union d’amour, d’alliance et d’étreinte.

© Yoram Raanan
© Yoram Raanan

Vous tous

La ‘houppa du peuple juif fut le mont Sinaï. La ‘houppa pour chacun de nous est une mitsva. Toute mitsva. Parce que chaque mitsva de la Torah vous transporte dans un espace au-delà de toutes choses, un espace où il n’y a pas d’altérité, seulement l’Un.

Chaque mitsva est une étreinte, un baiser et une union d’esprits.

Chaque mitsva est une étreinte, un baiser et une union d’esprits.

Une étreinte, car comme une étreinte vous saisit de tous côtés, les mitsvas de la Torah embrassent toutes les facettes de votre être. Pas seulement votre cœur, pas seulement votre esprit, mais chacun de vos membres, chacun de vos nerfs et toutes vos tripes.

Donnez quelques pièces à un sans-abri afin qu’il puisse passer la nuit dans des quartiers chauds et décents. Votre main a donné les pièces. Tout votre être a travaillé dur pour les gagner. Vous auriez pu acheter autre chose pour vous-même avec cet argent. De sorte que maintenant, vous êtes tout entier lié dans cette mitsva. Une lumière divine étreint tout votre être.

La même chose se produit lorsque vous préparez un merveilleux repas de Chabbat. Lorsque vous emmenez vos enfants à une école juive. Lorsque vous vous enveloppez, tout entier, dans un talith. Lorsque vous attachez les lanières de cuir des téfiline sur votre bras et votre tête. Lorsque vous mangez votre matsa à Pessa’h. Lorsque vous ressentez la faim de Yom Kippour. Lorsque vous vous immergez dans la joie d’étudier la Torah.

Chacune de ces actions est une caresse et une étreinte, chacune saisissant une autre partie de vous, jusqu’à ce que chaque partie de votre corps et chaque facette de votre vie soit fermement serrée dans Son étreinte, celle-ci vous rapprochant dans votre entièreté de Son unité, de la tête aux pieds, et enveloppant tout votre être.

© Yoram Raanan
© Yoram Raanan

Baiser divin, union mystique

« Qu’il m’embrasse des baisers de sa bouche, car son affection est meilleure que le vin. » Ainsi commence le Cantique des Cantiques du roi Salomon, une parabole de l’amour entre nous et notre D.ieu.

...comme deux esprits qui pensent comme un, qui ressentent comme un, qui désirent comme un, dans l’union intime d’un baiser.

Qu’est-ce qu’un baiser ? C’est quand l’amour ne peut plus s’exprimer par des mots d’amour, parce qu’il n’y a pas de mots pour un tel amour. C’est quand les lèvres ne parlent plus comme on parle à l’autre, parce qu’il n’y a pas d’autre. Et ainsi les lèvres deviennent une.

« Quand vous lisez et prononcez des mots de Torah, dit le Midrash, D.ieu lit et prononce chaque mot avec vous. »1 Ainsi, chaque mot de la Torah est un baiser. Nos lèvres et les Siennes en union.

Ce sont Ses mots, les mots qu’Il S’adresse à Lui-même, les mots qui parlent de ce qu’Il désire du ciel et de la terre, de Son désir le plus profond.

Ce sont les mots de la halakha – de ce que nous sommes censés faire, de la manière dont Son désir doit s’exprimer dans ce monde.

Et pourtant, ce sont nos mots, les mots qui nous ont été donnés, dans notre bouche pour les développer, les expliquer et les appliquer. Et ils demeurent Ses mots. Parce qu’en eux, nous et Lui sommes un dans l’âme et l’esprit, comme deux esprits qui pensent comme un, qui ressentent comme un, qui désirent comme un, dans l’union intime d’un baiser.

Et il y a une union des âmes.

Dans la découverte de la sagesse de Sa Torah quand votre esprit est absorbé dans une manière divine de penser, dans la sincère ferveur d’une prière, dans les larmes coulant sur votre joue lorsque vous revenez à Lui, dans la joie d’une mitsva qui éclate en chants spontanés, votre âme appelle l’Âme de Toute Vie, et les deux sont rassemblées pour fusionner en une union parfaite.

© Yoram Raanan
© Yoram Raanan

Nous sommes Siens, Il est nôtre

C’est pourquoi un Juif ne fait pas seulement qu’accomplir une mitsva. Un Juif dit : « Béni sois-Tu, D.ieu, notre D.ieu, Majesté de l’Univers, qui nous a sanctifiés par Ses mitsvot... »

Au mont Sinaï, nous sommes devenus Siens, et Il est devenu nôtre.

Tout comme un homme dit à sa bien-aimée sous la ‘houppa : « Voici, tu m’es sanctifiée avec cet anneau... »

Rabbi Chnéour Zalman sortit une fois de son bureau et entendit sa femme qui enseignait à d’autres femmes. Il entendit trois mots. Elle dit : « Le mien dit... », se référant à lui, son mari, qui était devenu sien par le mariage.

Il s’appuya contre le chambranle de la porte dans une transe profonde, et dit : « Par une mitsva, je suis devenu tien. Par combien de mitsvas, suis-je devenu Sien ! »

Au mont Sinaï, nous sommes devenus Siens, et Il est devenu nôtre.


Sources
Tanya, chapitres 45 et 46. Voir aussi Likoutei Torah, Chir HaChirim 1d.