Je ne t’ai jamais rencontré, Aaron, mais tu me manques.

Si tu étais vivant aujourd’hui, je voudrais bien être ton secrétaire, planifiant pour toi réunion sur réunion, dans lesquelles tu ferais ce que tu faisais le mieux.

J’ai déjà préparé une liste pour toi.

Toi, au nom de qui, après ton décès, des milliers d’enfants furent nommés, car si tu n’avais pas sauvé le mariage de leurs parents, ils n’auraient jamais vu le jour.

Je te mettrais en contact avec des millions de couples qui n’arrivent pas à s’en sortir. Peut-être que tu pourrais en sauver quelques-uns ?

Je te mettrais en contact avec des parents qui ont renié leur propre chair.

Toi, qui n’as jamais dit à un homme ou à une femme : « Vous avez péché ! » Au lieu de cela, lorsque tu rencontrais en  chemin une personne impie, tu la saluais par un chaleureux « Chalom ! ». Le lendemain, quand cette personne désirait commettre un péché, elle se disait : « Malheur à moi ! Comment pourrais-je ensuite paraître devant le saint Aaron qui me salue tout le temps ? » En conséquence, cette personne s’abstenait de commettre une transgression.

Je te mettrais en contact avec tant d’hommes, de femmes et d’enfants dont la vie a perdu son sens. Peut-être serais-tu en mesure de toucher les cœurs de ceux qui sont tombés hors du droit chemin, et ramener ainsi à la maison nos enfants perdus ?

Toi, qui, lorsque deux personnes se disputaient, allais s’asseoir avec l’un d’eux et lui disais : « Mon fils, sais-tu ce que ton ami fait maintenant ? Il se frappe la poitrine et déchire ses vêtements, en disant : “Malheur à moi ! Comment puis-je lever les yeux vers mon ami ? J’ai honte de paraître devant lui, car je lui ai fait offense !” » Et tu demeurais assis avec lui, jusqu’à ce qu’il ait retiré toute jalousie de son cœur. Alors, tu allais t’asseoir avec l’autre et tu lui disais : « Mon fils, sais-tu ce que ton ami fait maintenant ? Il se frappe la poitrine et déchire ses vêtements, en disant : “Malheur à moi ! Comment puis-je lever les yeux vers mon ami ? J’ai honte de paraître devant lui, car je lui ai fait offense !” » Et tu demeurais assis avec lui, jusqu’à ce qu’il ait retiré toute jalousie de son cœur. Par la suite, lorsque les deux hommes se rencontraient, ils s’étreignaient et s’embrassaient.

Je te mettrais en contact avec des membres d’une même famille (ne sommes-nous pas tous les membres d’une même famille ?) qui ont renié leur propre chair. Peut-être sais-tu comment nous réunir autour d’une même table où nous ferions la paix et nous unirions comme un seul homme ?

Toi, que le peuple juif tout entier a pleuré trente jours durant après ton décès (contrairement à ton frère Moïse que seulement « les fils d’Israël » pleurèrent après son décès), parce que tu avais touché la vie de chaque Juif.

Je supplierais mes frères et sœurs qui n’ont pas encore découvert la beauté de la Torah de te rencontrer. Peut-être trouverais-tu un moyen de toucher les âmes des millions de nos frères qui n’ont pas encore enflammé leur allumette ?


Plus de trois millénaires ont passé depuis ton décès, mais pas grand-chose n’a changé depuis. Les sandales sont encore à la mode, le Moyen-Orient est toujours au centre de grands événements et conflits mondiaux, l’antisémitisme est plus que jamais présent, porté par les descendants de notre premier persécuteur, Amalek, et nous luttons encore pour de petites choses telles que le respect, la subsistance et le confort.

Tu ne serais pas dépaysé.

Je serais ravi de t’accueillir de nouveau parmi nous.1

Cet article est affectueusement dédié à mon fils Aharon, dont le Pidyon Haben a eu lieu le jour du 3 Tamouz 5770 (2010). Puisse-t-il être un digne porteur de ce nom de paix.