La bonté est souvent représentée comme une des vertus essentielles du peuple juif. Abraham et sa femme Sarah, les héros de notre paracha, sont les archétypes de la bonté. Dès le début de la paracha, nous voyons leur hospitalité envers voyageurs et, plus loin, D.ieu dit qu’Il aime Abraham car « il instruira sa maison à le suivre et à garder les voies de D.ieu, pratiquant la charité et la justice ».1

« Charité et justice » sont des actes de bonté, et le Talmud cite ce verset quand il déclare que le peuple juif, les descendants d’Abraham, possède trois traits distinctifs. Ce sont : la modestie, la compassion et les actes de bonté. « Quiconque possède ces qualités, ajoute le Talmud, est apte à rejoindre le peuple juif. »2

Il y a différentes opinions parmi les Sages quant à savoir si ces qualités sont innées chez le peuple juif ou si elles sont un « don » particulier de D.ieu.3 Il est également clair qu’elles constituent des idéaux auxquels chacun doit s’efforcer de parvenir. Toutefois, si on réunit ces trois vertus, on perçoit une structure spirituelle étonnante.

La modestie, un sens inné d’humilité, provient de notre expérience au mont Sinaï. Depuis ce moment, affirme le Talmud, un sentiment de crainte est présent dans l’âme de chaque Juif. Cette modestie et cette crainte ont pour effet d’éveiller le cœur à la compassion. Et cette compassion a pour effet d’encourager aux actes concrets de bonté et de charité.

De l’âme au cœur, du cœur à la main. Une dynamique de bonté. Et pourtant, souligne le Rabbi de Loubavitch, il y a encore une étape.

Parfois, un acte de bonté peut conduire à un sentiment de hauteur et de fierté : « Je vous ai rendu un service. Alors je suis en haut ! »

Bien au contraire, la bienfaisance juive traditionnelle héritée d’Abraham ramène la personne à la compassion et à l’amour. Elle accomplit cela parce qu’elle est elle-même suscitée par l’humilité et l’abnégation. La bonté est en fait l’expression extérieure d’une humilité intérieure et, par conséquent, elle éveille davantage de miséricorde et de bonté dans le cœur de celui qui en fait œuvre. Cette dynamique crée un processus cyclique : « une Mistva en enclenche une autre » ; lorsqu’on agit avec bonté, on ressent encore plus de compassion et d’amour envers son prochain, et on devient encore meilleur. Tel est l’héritage que les Juifs ont reçu d’Abraham.4