Question :
Dois-je être humble ou bien sûr de moi ? Ce sont deux choses bonnes en soi, mais l’un l’emporte sur l’autre, n’est-ce pas ?
Réponse :
Il y a beaucoup de raisons d’être humble. En voici quelques-unes parmi les plus courantes :
- Vous vous trouvez moche et stupide.
- Vous percevez que les gens vous aiment plus lorsque vous êtes humble.
- C’est dans votre nature d’être humble et de fermer votre bouche.
- Vous n’arrêtez pas d’échouer lamentablement, alors de quoi pourriez-vous être fier ?
- Vous n’avez pas bien dormi la nuit dernière, alors vous êtes un peu déprimé.
Il y a aussi de nombreuses raisons d’être sûr de soi :
- Vous vous trouvez magnifique et intelligent.
- Vous percevez que les gens vous écoutent et faites ce que vous voulez lorsque vous êtes sûr de vous.
- C’est tout simplement comme ça que vous êtes.
- Personne d’autre que vous ne sait faire les choses correctement.
- Vous n’avez pas bien dormi la nuit dernière, alors vous n’êtes pas d’humeur tolérante.
Il semblerait que l’humilité et le cran ne fassent pas bon ménage. Alors ça ne marchera pas. Y a-t-il une alternative ?
Il y en a nécessairement une. Moïse, nous dit la Torah, était « le plus humble des hommes à la surface de la terre ». Et pourtant, il a eu le courage de tenir tête à Pharaon et même d’argumenter avec D.ieu Lui-même. Le Roi David chanta « Je suis un vermisseau et non un homme. » Il le pensait du fond de son cœur, et pourtant vous auriez dû le voir avec son épée sur le champ de bataille. Rabbi Eliézer ben Horkanos était réputé pour son humilité – il n’aurait jamais dit un mot de Torah qu’il n’avait pas entendu de ses maîtres –, mais il était en désaccord constant avec ses collègues et ne lâcha pas prise. Même chose avec Rabbi Akiva qui était si humble qu’il s’en fut étudier à l’âge de quarante ans avec une classe de petits enfants, et qui pourtant mena une rébellion téméraire contre le puissant Empire romain.
Alors comment ceux-là réussirent-ils à associer deux attitudes opposées ?
Il s’avère qu’il existe une forme d’humilité alternative. Une humilité qui n’a rien à voir avec l’autodénigrement, une nature docile ou même l’insomnie. Il s’avère aussi que cette même humilité s’accompagne d’un sentiment de puissance – mais pas le genre de puissance qui découle de l’égo, de l’arrivisme ou de l’indigestion. C’est tout le contraire.
C’est le sentiment de : « Oui, je sais qui je suis. Je sais ce que je peux accomplir et ce dont je ne suis pas capable. Mais je me tiens en présence de quelque chose de beaucoup plus grand que ma petite personne, tellement plus grand qu’il ne reste aucune place pour la moindre trace d’égo de ma part. Quelque chose face à quoi mille univers sont moins qu’un grain de poussière et de quoi tout provient. Quelque chose d’infini et de transcendant, mais qui en même temps pénètre tout. »
Ressentir la présence de l’Infini rend humble, comme lorsque, par exemple, on se trouve devant un génie incroyable, un superhéros que l’on admire vraiment. Sauf que c’est Infini. C’est grand. Très grand.
Ressentir l’Infini est également très dynamisant. Parce que vous ne pouvez pas ressentir l’Infini sans y être absorbé. Et rempli, vous-même, de pouvoir infini.
Là, dans cet espace, l’humilité et le cran ne s’opposent plus l’un à l’autre. Là, toutes vos facultés sont unies pour voler très haut au-dessus de toutes les épreuves, défoncer les obstacles les plus infranchissables, prendre sans hésiter le monde entier à parti s’il le faut. Et pourtant, tout ce que vous êtes, c’est seulement une fenêtre transparente pour laisser la Lumière Infinie briller à l’intérieur du monde.
Comme Moïse, comme le Roi David, comme Rabbi Eliézer et Rabbi Akiva. Des héros transparents.
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