Sublimer ce qu’il y a de plus bas
Chers amis,
Il y a quarante ans, en 1983, à l’occasion de Youd Chevat, l’anniversaire de la disparition de son prédécesseur et beau-père, le Rabbi prononça un maamar, une profonde dissertation ‘hassidique, commençant par le verset du Cantique des Cantiques « Bati legani – Je suis venu dans mon jardin ». Comme chaque année, ce discours développait l’un des 20 chapitres du maamar basé sur le même verset que Rabbi Yossef Its’hak avait préparé pour être publié le jour de Youd Chevat en 1950, qui fut celui de son décès.
C’était la seconde fois que le Rabbi approfondissait le thème du chapitre 13 du Bati Legani du Rabbi précédent, qui est que la Lumière Infinie de D.ieu descend jusqu’aux dimensions les plus basses de la création, c’est-à-dire dans les travers les plus abjects de la nature humaine qui sont le théâtre de la guerre contre le mal dont l’aboutissement sera la rédemption de la création tout entière. C’est ainsi que D.ieu nous assiste dans le combat contre le mal, tel un roi qui dilapide en faveur des soldats du front les trésors les plus précieux amassés par ses ancêtres au fil des âges.
Un lieu corrompu à ce point était celui des quartiers privés du Pharaon d’Égypte, où Moïse lui-même craignait de se rendre tellement le mal y était prévalent. D.ieu acquiesça à cette inquiétude de Moïse, et Il lui donna la solution : l’essence de D.ieu qui transcende la création l’accompagnera, le protégera et le fera prévaloir sur l’impureté, l’orgueil et l’arrogance de Pharaon. Moïse restera non seulement indemne de toute corruption, mais il transformera Pharaon et l’Égypte en puissance de rédemption tout en brisant le mal qui l’habitait.
C’est ainsi que dans la lecture de la semaine dernière, la parachat Bo, Pharaon et tous les Égyptiens ont non seulement libérés nos ancêtres, mais ils les ont couverts de richesses, pourvu qu’ils partent le plus vite possible.
Dans la lecture de cette semaine, parachat Bechala’h, nous lisons comment Pharaon et son armée poursuivirent le peuple d’Israël dans le désert. Malgré l’intention de Pharaon qui était de les ramener de force en Égypte pour redevenir esclaves, cette poursuite eut seulement deux effets, tous deux positifs : plus la cavalerie égyptienne approchait, plus nos ancêtres se tournaient en prière vers D.ieu, établissant et renforçant la connexion unique avec le Créateur que permet la prière ; d’autre part, les plus grandes richesses de l’Égypte résidaient dans les pierres précieuses qui ornaient les chars et les harnais des chevaux de l’armée égyptienne et, en les poursuivant, Pharaon apportait en fait ces richesses aux Enfants d’Israël, pour que ceux-ci les transforment ensuite en mitsvot et en bien.
De nos jours, nous aussi sommes confrontés à une réalité qui comporte bien des côtés sombres, et, à certains égards, éminemment dangereux.
La solution reste la même, enseigne le Rabbi dans le Bati Legani de 1983 : se faire accompagner par l’Essence divine. Comment cela ? En étudiant de manière détaillée et approfondie ces sujets dans la Torah tout en étant profondément pénétrés de la conscience qu’il s’agit de la Torah de D.ieu, et en considérant ces aspects de la réalité sous le prisme des enseignements que la Torah délivre à leur sujet.
De la sorte, non seulement la négativité de ces choses ne peut atteindre un Juif, mais son interaction avec elles révèle en elles leur nature profonde qui est d’être un chapitre de la Torah, un élément que la volonté de D.ieu considère et auquel elle attribue un certain devenir, même si celui-ci consiste à être totalement rejeté sous sa forme présente. Dès lors, leur aspect positif sous-jacent peut émerger, et ces choses se voient transformées, passant de l’état d’éléments négatifs et dangereux à celui d’agents de bien et de paix dans le monde. Cela est déjà perceptible à de nombreux égards, et va le devenir de plus en plus.
Telle est la force de la Torah, et telle est la force de l’âme qui étudie la Torah au point que celle-ci régit, éclaire et vivifie son rapport avec le monde.
Chabbat Chalom !
Emmanuel Mergui
au nom de l’équipe éditoriale de Chabad.org