Un bonheur lunaire?
Chers amis,
Dans Nichmat Kol ‘Haï – « l’Âme de tout être vivant », l’une de nos prières du Chabbat et des Jours de Fêtes, nous disons entre autres métaphores que même si « nos yeux brillaient comme le soleil et la lune », nous ne parviendrions jamais à exprimer notre gratitude envers le Tout-Puissant pour tous les bienfaits qu’Il nous a prodigués et Son engagement à ne jamais nous abandonner.
Cette formulation semble étrange, car au lieu de surenchérir comme il est d’usage en énumérant plusieurs comparaisons, le texte compare d’abord notre regard plein de reconnaissance à l’éclat du soleil et ensuite à la lumière de la lune.
Pourtant la supériorité du soleil vis-à-vis de la lune est multiple : il est immensément plus brillant qu’elle, et il se lève sans faille chaque matin pour prodiguer sa lumière vivifiante à notre planète.
La lumière de la lune, en revanche, est non seulement « empruntée » au soleil, mais elle est bien moins intense que la sienne et, surtout, elle fluctue au cours du mois au point même de disparaître complètement du ciel nocturne à la fin de son cycle.
Les Maîtres de la ‘Hassidout expliquent qu’il y a pourtant bien un crescendo dans cette prière, car la lune possède une qualité unique, qui tient précisément à son caractère fluctuant : son renouvellement.
La constance du soleil inspire la confiance et la sérénité, mais le renouveau de la lune après sa disparition fait apparaître, comme toute nouvelle chose, une dimension de plaisir et de délectation.
En effet, même si du point de vue astronomique il s’agit du même corps céleste, le fait qu’il y ait une coupure totale entre un cycle lunaire et le suivant entraîne que la Nouvelle Lune marque un nouveau départ, un nouvel éclairage qui nous permet de voir le monde sous un aspect totalement nouveau, et donc libéré des entraves du passé.
Car ce nouveau regard est basé sur la réalité profonde qui est que le monde est renouvelé ex nihilo à chaque instant par le Créateur, et qu’Il nous a dotés de la liberté intrinsèque qui en découle en nous donnant comme premier commandement la sanctification du nouveau mois, avant même de nous faire sortir d’Égypte et de nous donner Sa Torah.
C’est ainsi que notre appréciation du bonheur de pouvoir accomplir la Volonté divine s’exprime par un regard brillant comme le soleil, puissant et indéfectible, mais également toujours renouvelé comme la lune, car nous partageons le plaisir et la joie du Créateur dans l’accomplissement du bien au quotidien et dans la transformation du monde en une demeure pour Sa présence.
Ce Chabbat est « Chabbat Mevare’him » lors duquel nous bénirons le mois hébraïque de Mena’hem Av qui débutera suite à la nouvelle lune la semaine prochaine. Puissions-nous mériter la révélation de la réalité profonde de ce mois : la promesse de D.ieu de ne jamais nous abandonner et de nous rassembler finalement des quatre coins du monde pour nous ramener dans la Jérusalem reconstruite.
Chabbat Chalom !
Emmanuel Mergui
au nom de l’équipe éditoriale de Chabad.org