Devoir de mémoire
Un principe fondamental du judaïsme est le libre arbitre : « Vois, J’ai placé devant toi aujourd’hui la vie et le bien, et la mort et le mal... Tu choisiras la vie. » (Deut. 30,15 ; 19)
Moïse prononça ces paroles d’avertissement à l’intention de la génération qui allait rentrer – sans lui – en Terre Sainte, car la condition de l’exercice du libre arbitre est la mémoire. Le message de Moïse était en substance : « N’oubliez pas qui vous êtes, n’oubliez pas votre mission, et n’oubliez pas que vous avez les forces de l’accomplir et quelles sont ces forces. Ne laissez personne vous convaincre du contraire. »
Mais pour qu’il y ait un véritable libre arbitre, D.ieu a doté « l’autre côté » d’une certaine intelligence qui lui permet d’attaquer précisément là où cela est le plus dangereux.
C’est ainsi qu’Amalek s’attaque à la mémoire. Il est celui « qui t’a refroidi en chemin » (Rachi sur Deut. 25,18).
Non pas qu’il veuille supprimer la mémoire, mais il veut la corrompre et ainsi se l’approprier.
« Nous étions à nos propres yeux comme des sauterelles, et ainsi étions-nous à leurs yeux », dirent les explorateurs fautifs dans leur compte-rendu calomnieux de la Terre Sainte (Nombres 13,33).
C’est parce qu’ils étaient à leurs propres yeux comme des sauterelles qu’ils étaient considérés ainsi par les autres.
Telle est la tâche d’Amalek : souiller la mémoire juive au point qu’un Juif se considère comme une sauterelle, ou comme n’importe quoi d’autre, pourvu qu’il ait perdu l’authenticité du message qu’il a reçu au mont Sinaï : « Vous serez pour Moi un royaume de prêtres et une nation sainte » (Exode 19,6), une nation dont la vocation sera d’unir la sainteté transcendante du Divin à la vie terrestre, la spiritualité à la matérialité, pour le bien de toute l’humanité.
En commentant la Méguila d’Esther, nos Sages enseignent que l’engagement des Juifs à Pourim marqua l’ancrage définitif de la mission impartie au Sinaï. Pourim marque la victoire sur Amalek et son descendant Haman, et nous donne les forces de ne jamais oublier notre relation avec le Tout-Puissant. Le joie de Pourim est une expression de l’évidence de la vérité, une vérité que rien ne peut estomper ni déformer.
Ce Chabbat nous lisons ainsi, dans un second rouleau de la Torah, la « parachat Zakhor » qui évoque et réitère ce devoir de mémoire.
Chabbat Chalom !
Emmanuel Mergui
au nom de l’équipe éditoriale de Chabad.org