Question :

Je ne suis pas juif, mais j’ai beaucoup d’amis juifs. J’ai récemment été invité dans une maison juive pour un repas du vendredi soir et j’ai été surpris par la cérémonie du « Kiddouch » lors de laquelle une prière est dite sur un verre de vin. Dans ma religion, le vin est interdit. Le judaïsme croit-il sincèrement qu’un vice sensuel comme celui-ci puisse être considéré comme sacré ?

Réponse :

Chacun de nous a un corps et une âme. Notre corps est en général seulement intéressé par les plaisirs matériels que ce monde a à offrir, comme un bon repas, une émission de télé divertissante, le confort et la satisfaction. L’âme a des aspirations plus élevées : elle cherche l’amour véritable, le sens, l’inspiration et une connexion à ce qui est saint.

Toutes les religions entreprennent de nous donner accès à nos âmes. Mais tant que le corps continue à courir après les plaisirs terrestres, l’âme est prisonnière. Pour la libérer, il existe deux méthodes que proposent les différentes religions :

1) La suppression. En supprimant nos désirs charnels, nous pouvons permettre à l’âme de briller. Cela signifie de mener une vie d’ascétisme et d’abstinence, passée à éviter les plaisirs de ce monde.

2) Le raffinement. Une autre approche est de trouver la spiritualité au sein du terrestre lui-même, en s’impliquant dans le monde physique d’une manière sainte et raffinée. Dans ce cas, le corps ne s’oppose plus à l’âme ; au contraire, il sert alors de véhicule pour exprimer les besoins de l’âme.

Le judaïsme insiste sur la seconde approche. Plutôt que de supprimer le corps, affinez-le. Ne soyez pas célibataire, mais réservez la sexualité pour le mariage. Ne jeûnez pas toute la journée, mais mangez seulement des aliments qui soient spirituellement purs. Travaillez avec le corps, pas contre lui.

Le chemin du raffinement est difficile, mais il est possible.

Regardez le vin, par exemple.

Le vin a une propriété unique qui démontre le fait que nous ne devons pas affliger notre corps pour entrer en contact avec notre âme.

Le vin s’améliore en vieillissant.

La plupart des aliments se décomposent avec le temps. En fait, c’est le lot de toutes les choses physiques : les bâtiments tombent en décrépitude, les vêtements s’usent, notre corps vieillit. C’est parce que tout ce qui est physique est éphémère, cela ne dure pas, alors que le monde de l’esprit est éternel et se renforce avec le temps. La seule exception est le vin. Le vin, bien qu’il soit également physique, possède la propriété spirituelle de s’améliorer avec l’âge. C’est le vin qui témoigne que même le physique peut être affiné.

Le vin représente l’essence même du judaïsme : la fusion du saint et du terrestre, du spirituel et du matériel, du corps et de l’âme.

Qu’est-ce qui pourrait être plus saint que cela ?