Maïmonide, les femmes et Yom Kippour
En 1984, le Rabbi de Loubavitch a instauré l’étude quotidienne du Michné Torah de Maïmonide (dit le « Rambam »), premier code de loi juive, publié en 1180, qui a la particularité de rassembler l’ensemble des lois de la Torah, y compris celles qui ne sont pas applicables en exil. Cette étude se décline sous trois formes possibles : l’étude de trois chapitres par jours, qui permet d’achever l’ensemble de l’œuvre en un peu moins d’un an ; l’étude d’un chapitre par jour, dans laquelle on achève le Michné Torah en 3 ans environ ; l’étude du Livre des Commandements de Maïmonide, selon un découpage correspondant aux commandements dont les lois sont étudiées dans le cycle de trois chapitres par jour. Cette dernière étude, plus accessible, est conseillée pour les plus jeunes, les débutants, ainsi que pour les femmes n’étant pas suffisamment versées.
Il se trouve que cette année, la conclusion de l’étude des cycles annuel et trisannuel avait lieu cette semaine, avec le début du 37ème cycle annuel, et du 13ème cycle trisannuel.
Cette semaine contenait également le 6 Tichri, anniversaire du décès d’une illustre femme juive, la Rabbanit ‘Hanna Schneerson, mère du Rabbi de Loubavitch, en 1964.
Et bien sûr, ce vendredi soir, la semaine est couronnée par le jour le plus saint de l’année, Yom Kippour.
Je voudrais partager avec vous une rapide réflexion que m’a inspirée la conjonction de ces trois événements.
Certains pensent à tort que les femmes ont un statut inférieur à celui des hommes dans le Judaïsme, du fait de sa spécificité féminine. Ils s’imaginent qu’elles ont au mieux un rôle subalterne et secondaire, et qu’elles n’ont pas de réel lien avec la richesse et la profondeur que peut atteindre l’étude de la Torah.
L’exemple de nombreuses héroïnes de notre histoire, parmi lesquelles la Rabbanit ‘Hanna, prouve bien le contraire.
S’agissant de l’étude du Rambam, le Rabbi a une fois souligné que les femmes doivent avoir l’ambition d’augmenter le niveau de leur étude, aussi bien en quantité qu’en qualité, jusqu’à étudier un chapitre par jour, et même trois chapitres par jour, et ainsi étudier et connaître la Torah tout entière !
Le lien avec Yom Kippour est le suivant : Kippour est rentré dans l’histoire comme le jour où Moïse est redescendu du mont Sinaï avec les secondes Tables de la Loi et le pardon de D.ieu pour la faute du Veau d’or. C’est pourquoi le Grand Prêtre devait officier ce jour en habits blancs, car ses habits sacerdotaux habituels étaient tissés de fils d’or et pouvaient donc évoquer la faute. L’accusateur, l’or en l’occurrence, ne pouvant jouer en même temps le rôle de défenseur.
Pourtant notre tradition enseigne que les femmes n’ont pas participé à la faute du Veau d’or, et que l’or qui fut utilisé pour confectionner l’idole leur fut dérobé contre leur gré.
Ainsi la vision erronée répandue est-elle inversée : si l’homme représente la nécessité de transformer le monde pour y réparer ce qui doit l’être, la femme représente un idéal de perfection vers lequel l’humanité doit tendre et qu’elle doit ériger en objectif. Et cet idéal n’a pas pour vocation à rester dans le monde virtuel des idées, mais il doit s’incarner dans la réalité pour la modeler et la façonner à son image. C’est tout le sens du rôle accru de la femme juive dans la vie communautaire en cette dernière génération, sous l’impulsion notable du Rabbi qui a créé le plus grand mouvement féminin juif.
Puissions-nous tous – hommes et femmes ! – être scellé-e-s dans le Livre de la Vie pour une bonne et douce année.
Emmanuel Mergui
au nom de l’équipe éditoriale de Chabad.org