Un refuge dans le temps

Certains lieux sont toxiques. Leur atmosphère est viciée, au sens propre comme au sens figuré. Anxiogènes, ils induisent le malaise et le mal-être. Lugubres, ils inspirent la mélancolie et le désespoir.

Mais d’autres lieux sont à l’inverse des lieux de refuge, des sanctuaires, des lieux préservés de toute agression, fût-elle figurative ou mentale. Ce sont des lieux propices au développement de tout ce qui est bon en nous. Des lieux sereins où l’on peut puiser l’inspiration pour se réinventer, pour se rêver de nouveau.

Notre paracha, Choftim, évoque de tels lieux à l’époque biblique : les « villes de refuge » où une personne qui s’était détachée d’elle-même au point de pouvoir commettre un homicide par inadvertance devait séjourner et faire techouva, c’est-à-dire revenir. Revenir à D.ieu, revenir à soi, revenir à son âme, c’est-à-dire à D.ieu tel qu’Il est en soi.

Dans ses lois définissant l’ère messianique, Maïmonide utilise le commandement d’établir de nouvelles villes de refuge lorsque le pays d’Israël aura été divinement agrandi comme preuve biblique de la perspective messianique. Le Rabbi de Loubavitch y voit plus qu’un point technique. Si c’est précisément cette mitsva qui sert de preuve à l’ère messianique, c’est qu’elle y est profondément liée.

En effet, l’époque de Machia’h sera au temps ce que la ville de refuge est à l’espace. Un temps où tout le bien que vous recelez en potentiel sera possible, et à votre portée. Alors, ne produisant plus aucune fausse note dans la partition cosmique, toutes les créatures joueront ensemble la symphonie divine.

Ce havre dans le temps connaît chaque année un événement précurseur : c’est le mois d’Eloul, le mois de toutes les possibilités. Le mois où il est possible de tout rectifier en se hissant au-delà des limites de l’univers. En se hissant au niveau de notre âme, étincelle du Créateur, dont l’existence précède et transcende les limites du bien et du mal.

Sachons en tirer le meilleur parti !

Avec nos vœux d’être inscrits et scellés dans le Livre de la Vie pour une bonne et douce année.


Emmanuel Mergui
au nom de l’équipe éditoriale de Chabad.org