Lois relatives à la conduite morale : Chapitre Sept
1. Celui qui colporte [des histoires sur] un autre transgresse un interdit, comme il est dit : « ne va point colportant parmi les tiens ». Bien que [le contrevenant à] cette interdiction ne soit pas passible de flagellation, c’est une grande faute, qui cause la mort de nombreux juifs. C’est pourquoi, il est dit juste après : « tu ne te tiendras pas sur le sang de ton prochain » ; va, apprends ce qui est arrivé à [cause du rapport de] Doeg l’Édomite [à propos des cohanim de Nov].
2. Qu’est-ce que le « colporteur » ? Celui qui porte des nouvelles et chez l’un et l’autre, disant : « Voici ce qu’a dit untel », « Voici ce que j’ai entendu à propos d’untel ». Bien que cela soit vrai, il détruit le monde. Il y a une faute bien plus grave que cela et qui est incluse dans cette interdiction : la médisance, c'est-à-dire le fait de raconter des choses défavorables à propos d’un autre, malgré la véracité [de ses propos]. En revanche, celui qui tient des propos mensongers [à l’égard d’autrui et lui porte préjudice] est appelé « diffamateur ». Mais le médisant est s’assoit et dit : « Voici ce qu’a fait untel », « Voici ce qu’ont fait ses pères », « Voici ce que j’ai entendu à son sujet », et relate des choses défavorables. À ce sujet, l’Écriture dit : « Que l’Eternel supprime toutes les langues mielleuses, les lèvres qui s’expriment avec arrogance ».
3. Les sages ont dit : « Pour trois fautes, l’homme se voit infliger un châtiment en ce monde, et n’a pas part au monde futur : l’idolâtrie, les rapports interdits, et le crime, et la médisance équivaut à elles toutes ». Plus encore ont dit les sages : « Celui qui médit est considéré comme s’il niait l’essentiel [de notre religion], comme il est dit : « Ceux qui disent : “Par notre langue, nous triomphons, nos lèvres sont nos forces : qui serait notre maître ? ». Les sages ont dit encore : « La médisance tue trois personnes : celui qui la dit, celui qui l’accepte, celui sur qui portent [les propos] ; [cela nuit à] celui qui l’accepte plus qu’à celui qui la dit ».
4. Certaines choses sont de la poussière de médisance. Qu’est-ce cela ? [Celui qui dit :] « Qui aurait pu dire qu’untel deviendrait tel qu’il est aujourd’hui ? » ou dit : « Ne parlez pas d’untel ; je ne voudrais pas raconter ce qui s’est passé », ou des propos semblables. Le fait de faire l’éloge d’un ami en présence de ses ennemis est [également une forme de] poussière de médisance, car cela les encouragera à tenir des propos infamants à son égard. À ce sujet, [le roi] Salomon dit : « Assourdir de grand matin son prochain avec de bruyants saluts, c’est comme si on lui disait des injures », car de ce bien, découlera un mal. De même, celui qui tient des propos médisants par plaisanterie et légèreté, c'est-à-dire sans parler avec haine. C’est ce que [le roi] Salomon dit, dans sa sagesse : « Comme un dément qui lance des brandons, des flèches meurtrières, ainsi fait l’homme qui dupe son prochain et dit : “Mais je plaisantais !” ». De même, celui qui tient des propos médisants avec ruse, c'est-à-dire innocemment, comme s’il ne savait pas que cela est de la médisance, et lorsqu’on l’arrête, il répond ignorer que cela est de la médisance ou qu’untel est impliqué.
5. La médisance est aussi bien le fait de tenir des propos médisants [envers autrui] en sa présence ou non, que de tenir des propos qui, s’ils sont ébruités, lui causeront un préjudice physique ou financier, ou même [tout simplement] du tourment ou de la peur. Si de tels propos sont tenus en présence de trois personnes, [on considère que] le fait est déjà devenu connu du public. Et si l’un des trois raconte [à son tour ce qu’il a entendu], [il] n’est pas [coupable] de médisance, pourvu qu’il n’ait pas l’intention d’ébruiter davantage [le fait].
6. Tous les individus [susmentionnés] dont des médisants, dans le voisinage desquels il est défendu de résider. A fortiori est-il défendu de s’asseoir avec eux et d’écouter leurs propos. La sentence contre nos aïeux dans le désert ne fut scellée qu’à cause de la médisance.
7. Celui qui se venge transgresse une interdiction, comme il est dit : « tu ne te vengeras pas ». Bien que la flagellation ne soit pas prévue pour [la transgression de cette interdiction], c’est un très mauvais trait de caractère. Il convient à l’homme de faire abstraction de ses sentiments dans toutes les choses profanes ; l’homme doté de discernement est conscient que ce sont des choses vaines et sans valeur, pour lesquelles il ne sied pas de prendre vengeance. Qu’est-ce que « se venger » ? Son ami lui dit : « Prête-moi ta hache », et il lui répond : « Je ne te la prêterai pas ». Le lendemain, c’est à son tour d’avoir besoin [d’une faveur] de la part [de son ami], et il lui dit : « Prête-moi ta hache », et lui [son ami] lui répond : « Je ne te la prêterai pas, de la même manière que tu ne me l’as pas prêtée quand je te l’ai demandée » ; cela est une vengeance. Plutôt, lorsqu’il lui demande [un service], il doit lui offrir sincèrement, et ne pas rendre l’impolitesse dont il a été l’objet. Ainsi, [le roi] David, exprimant ses bons sentiments, dit : « si j’ai rendu la pareille à qui m’a fait du mal, et dépouillé, etc. »
8. Et de même, qui garde rancune contre un juif transgresse un commandement négatif, comme il est dit : « ni ne garde rancune aux enfants de ton peuple ». Qu’est-ce que « garder rancune » ? Réouven dit à Chimone : « Loue-moi cette maison » ou « Prête-moi ce bœuf », et Chimone refuse. Quelques jours après, Chimone vient chez Réouven lui emprunter ou lui louer [un bien], et Réouven lui dit : « Voici, je te prête, je ne suis pas comme toi, je ne te traite pas comme tu [m’]as traité ». Celui qui agit ainsi contrevient à [l’interdiction] : « tu ne garderas pas rancune ». Plutôt, il doit en effacer le souvenir de son cœur et ne pas garder rancune. Car tant qu’il nourrit une rancune et garde celle-ci en son esprit, peut-être de la vengeance en découlera. Aussi la Torah a-t-elle réprouver la rancune, de sorte que le tord [qui lui a été causé] soit effacé de son cœur et qu’il ne s’en souvienne plus. Ceci est un trait de caractère droit, qui rend possible une vie civilisée et des rapports sociaux.
Fin des lois relatives à la conduite morale, avec l’aide de D.ieu
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