Nous avons été des milliers, jeudi dernier, scotchés à notre télévision, ou, comme moi, à notre ordinateur, à regarder, prier et espérer qu’il y ait un happy end pour les passagers de l’avion qui a amerri sur l’Hudson River à New York. Et heureusement, ce fut le cas.
Essayez d’imaginer la peur ressentie, et l’ivresse qui a suivi. Pour beaucoup, la première pensée fut : et c’est reparti, encore une attaque terroriste... Pour les passagers de ce vol, ce fut le moment le plus surréaliste de leur vie, pendant lequel ils se sont demandés s’ils seraient jamais en mesure de le raconter.
J’imagine toutefois que c’est le pilote qui, plus que quiconque, a du éprouver la plus grande frayeur. La conscience que, non seulement sa propre vie était entre ses mains, mais que celles de plus de 150 autres personnes dépendaient de la rapidité de sa pensée, de la justesse de ses décisions et de la précision de sa manœuvre, est quelque chose qui me dépasse.
Le pilote n’a pas seulement dépassé sa limite, mais également la limite de tous ceux qui l’ont précédéEt voilà que, miracle parmi les miracles, une décision a été prise et mise en œuvre, et nous pouvons désormais respirer car D.ieu a de nouveau montré Sa grâce et tout s’est bien terminé.
En tant qu’adepte de la pensée ‘hassidique, il m’est enseigné qu’il convient de trouver un message ou une leçon dans chaque événement de la vie, et en particulier dans les événements qui font la une des nouvelles.
D’après les reportages que j’ai vus, une fois les moteurs coupés, le pilote avait reçu l’instruction de tenter d’atterrir dans un aéroport proche, à une vingtaine de kilomètres, plutôt que de retourner à l’aéroport de LaGuardia d’où il était parti. Cette option lui paraissant au mieux incertaine, risquant la vie de tous ses passagers et de beaucoup de personnes au sol s’il s’avérait que la poussée n’était pas suffisante pour atteindre cette piste, le pilote a eu une autre idée. Il décida de tenter quelque chose qui n’avait été que rarement effectué par le passé avec un avion commercial et s’est posé sur l’eau sans dommages.
[En décembre 2002, The Economist avait cité un expert disant qu’« il n’y a jamais eu d’amerrissage d’urgence par un gros avion de ligne » dans un article qui concluait que « les gilets de sauvetage ne servent pas à grand-chose d’autre qu’à rassurer les passagers. » Ceci fut réitéré dans The Economist de septembre 2006 où l’on pouvait lire que « dans l’histoire de l’aviation, le nombre d’appareils gros porteurs s’étant posés sur l’eau avec succès est égal à zéro... »]
Le pilote a dû manœuvrer pour que l’avion ne se casse pas en plusieurs morceaux sous le choc et espérer et prier qu’il y ait suffisamment de bateaux alentour pour secourir les passagers avant que le froid glacial de l’air et de l’eau ne les tue.
Le pilote n’a pas seulement dépassé sa limite, mais également la limite de tous ceux qui l’ont précédé, en décidant qu’il lui fallait tenter l’impossible. Il a placé la barre le plus haut qui soit et il a réussi.
La leçon est évidente pour nous tous, de même que son application : très souvent, dans la vie, nous nous trouvons dans une situation dans laquelle il semble qu’il n’y ait pas de bonne solution. En particulier aujourd’hui, avec la crise au Proche-Orient, la déconfiture financière, les difficultés personnelles liées à la perte d’êtres chers, aux problèmes de santé, etc, nous pouvons être enclins à baisser les bras et dire, « Je n’ai aucune option positive qui s’offre à moi, alors je vais laisser tomber, ou choisir la moins mauvaise de toutes, me ratatiner et pleurer, ou pire... »
Cependant, nous voyons ici un parfait exemple de ce que les ‘Hassidim considèrent comme un principe fondamental : il y a toujours, toujours, une autre solution, une meilleure solution. Il faut pour cela penser différemment, viser plus haut et plus loin que d’ordinaire. Accomplir l’impossible, faire l’impensable, s’efforcer véritablement de faire plus qu’on ne pouvait l’imaginer et demander à D.ieu de remplir les blancs, là où les efforts humains ne peuvent plus parvenir. Lorsque l’on a ce genre de bita’hone, ce genre de foi, la Kabbalah nous enseigne que nous ouvrons des canaux d’énergie divine entièrement nouveaux, qui permettent à une réalité différente et meilleure d’intégrer l’éventail de nos possibilités.
C’est ce que le pilote a fait. Il a fait de son mieux et D.ieu, le Maître de l’univers, a récompensé cet effort en ouvrant un nouveau canal d’intervention divine et a donné une fin heureuse à ce qui aurait pu être une terrible catastrophe.
Visez haut. Visez le ciel. Car « rien ne peut tenir devant notre volonté ».
Merci à Rav Daniel Moskowitz pour avoir inspiré cet article.
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