De tous temps, l’idée de valeur a constitué une des bases du développement social. Parce que les hommes ont su déterminer une valeur servant de référence d’échange, ils sont sortis du troc et ont construit peu à peu une économie complexe. Parce qu’ils ont défini – ou accepté – la notion de valeur morale, ils ont pu fixer des objectifs de progrès qui ont largement contribué à élever l’homme. Il n’est, dès lors, pas étonnant que quiconque aspire à une civilisation plus belle ou, en d’autres termes, à un monde meilleur, voit ce concept comme inséparable d’une certaine sagesse ou, au moins, d’une certaine permanence. De fait, si le sort de la valeur n’est qu’une dépréciation continue, c’est tout l’équilibre des choses qui est remis en cause.
Les sociétés contemporaines semblent parfois prises d’une sorte de fièvre. Emportées par une accélération auto-entretenue, dont on ne se demande plus si elle toujours pertinente, elles peuvent souvent user les idées avant même d’en avoir saisi toute la portée. Elles peuvent ainsi remettre en cause, même involontairement, des fondements précieux. C’est ainsi que se produisent ce que l’on appellera élégamment des « dérives », ces actes qui montrent, par exemple, que le seul souci d’une rentabilité immédiate a pris le pouvoir, que les choses, et parfois les hommes, ne sont plus jugés qu’à l’aune d’une finance toute-puissante. C’est également ainsi que certains oublieront que les principes moraux sont exigeants et que l’honnêteté civile n’est pas moins importante que le souci du spirituel. Voici que, même si un manquement éventuel fait apparaître des préjudices réels, certains s’emploieront encore à y trouver des justifications inspirées.
Pourtant, oublier ces principes, c’est perdre de vue une idée essentielle. C’est écarter de son esprit que le but d’une société civilisée dépasse la simple organisation du meilleur confort possible. C’est ne plus voir, ou ne plus savoir, qu’il appartient à chacun d’agir pour que ce monde soit un lieu de bien et d’harmonie et non celui des luttes les plus féroces et des barbaries les plus policées. Comment faire ? Peut-être est-il temps de regarder le monde comme un espace global, où chaque acte laisse une empreinte profonde, y compris au quotidien ? Peut-être est-il temps de considérer sa propre vie comme un tout, conscient qu’aucun de ses aspects ne peut se lire sans lien avec tous les autres ? En d’autres termes, s’attacher à une valeur... et s’y tenir. Morale et spirituelle, elle fonde toutes les déclinaisons du concept. Donnée par D.ieu, elle est éternelle.
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