Le Téfiline du bras
Il nous est ordonné d’attacher le Téfiline du bras selon le verset 8, chapitre 6 du Deutéronome. Voici comment il faut entendre ce texte selon la Loi Orale : nous devons attacher à notre bras un rouleau de parchemin dans lequel sont transcrits quatre passages de la Torah où cette Mitsva est mentionnée. Ces passages sont les suivants : Exode 13,1-10 ; Exode 13, 11-16 ; Deutéronome 6, 4-9 ; Deutéronome 11, 13-21.
Le Téfiline de la tête
Il est ordonné de mettre le Téfiline sur le front (Deut. 6,8). Ce passage biblique écrit sur du parchemin doit être placé dans une boîte en cuir que nous devons porter “entre les yeux”, sur notre front. Ces textes nous rappellent spécialement le principe de l’unité et du pouvoir illimité de D.ieu, et l’événement essentiel que constitue pour notre foi la sortie d’Égypte, puisqu’elle nous apprend l’existence d’un D.ieu Créateur et la Providence qu’Il exerce sur les hommes. Ce sont les bases essentielles du Judaïsme, et nous devons les porter chaque jour sur notre front et sur notre coeur, car le cerveau et le coeur sont les centres de la vie intellectuelle et émotionnelle de l’homme. Nous apprenons ainsi à consacrer à D.ieu notre esprit et notre coeur, ce qui nous aide à accomplir notre tâche journalière. L’ordre dans lequel doivent être écrits les passages est l’ordre dans lequel ils apparaissent dans la Torah (Talmud Mena’hot 34b).
Il est à rappeler d’autre part les prescriptions minutieuses sur l’écriture, sur les “couronnes” à placer sur certaines lettres, sur la préparation du parchemin qui doit être fait spécialement dans ce but, sur la face de la peau qui doit porter l’écriture, sur la façon de fixer les boîtes sur leur base après y avoir introduit les parchemins; sur la nécessité de les faire écrire par un scribe qualifié.
Les quatre passages bibliques
1) “Et ce sera lorsque D.ieu te fera venir dans le pays du Cananéen selon ce qu’Il a juré à toi et à tes Pères, et qu’Il te le donnera, tu céderas à D.ieu tout prémice des entrailles. Tout premier-né d’une portée des bêtes qui t’appartiendront, s’il est mâle, sera à D.ieu. Le premier-né d’un âne, tu le rachèteras par un agneau, et si tu ne le rachètes pas, tu lui briseras la nuque. Et tout premier-né d’un homme parmi tes fils, tu le rachèteras. Et si ton fils te demande demain, en disant : “Qu’est-ce ceci ?”, tu lui répondras : “D’une main puissante, D.ieu nous a fait sortir du pays de l’Égypte, de la maison d’esclavage.”
“Et ce sera comme signe sur ton bras, et comme frontal entre tes yeux, car d’une main puissante, D.ieu nous a fait sortir d’Égypte.”
En effet, comme Pharaon faisait des difficultés pour nous laisser partir, D.ieu fit mourir tous les premiers-nés du pays de l’Égypte, depuis le premier-né de l’homme jusqu’à celui de l’animal. C’est pourquoi j’immole à D.ieu tout premier-né mâle, et tout premier-né de mes fils, je dois le racheter. Et ce sera comme signe sur ton bras, et comme frontal entre tes yeux, car d’une main puissante, D.ieu nous a fait sortir d’Égypte”.
(Exode 13, 11 à 16)
2) “D.ieu parla à Moïse en ces termes : “Consacrez-moi tout premier-né, tout prémice des entrailles parmi les enfants d’Israël, que ce soit un homme, que ce soit un animal, il est à Moi”. Et Moïse dit au peuple : “Qu’on se souvienne de ce jour- ci où vous êtes sortis d’Égypte, de la maison de servitude. Car c’est par la puissance de Son bras que D.ieu vous a fait sortir d’ici. Et il ne sera point mangé de pain levé. C’est aujourd’hui que vous partez, au mois du printemps.
Et ce sera lorsque D.ieu t’aura amené au pays du Cananéen, du Hittite, de l’Emoréen, du ‘Hévéen et du Jébuséen, qu’il a juré à tes pères de te donner, pays ruisselant de lait et de miel, que tu célébreras ce culte dans ce même mois. Sept jours tu mangeras des Azymes, et le septième jour sera fête en l’honneur de D.ieu. On se nourrira de pains azymes durant ces sept jours, et il ne sera point vu chez toi de pain levé, et il ne sera point vu chez toi de levain dans toutes tes possessions.
Tu feras le récit à ton fils en disant : “C’est en vue de ceci que D.ieu a agi pour moi quand je sortis de l’Égypte”. Et ce sera pour toi un signe sur ton bras, et en rappel entre tes yeux, afin que la doctrine de D.ieu reste dans ta bouche. C’est d’un bras puissant que D.ieu t’a fait sortir l’Égypte. Tu observeras cette Loi en son temps, de jours en jours”.
(Exode 13,1-10)
3) “Et ce sera, si vous écoutez bien Mes commandements que Je vous ordonne aujourd’hui, d’aimer l’Éternel votre D.ieu et le servir de tout votre coeur et de toute votre âme. Je donnerai la pluie de votre terre en son temps, averse d’automne et ondée printemps, et tu récolteras ton blé, ton vin et ton huile. Je donnerai l’herbe dans ton champ pour ton bétail, tu mangeras et tu seras rassasié. Gardez-vous de laisser séduire votre coeur, de vous écarter et de séduire d’autres dieux, de vous prosterner devant eux.
La colère de l’Éternel s’enflammerait contre vous. Il fermerait les cieux, il n’y aurait plus de pluie et la terre ne donnerait plus sa récolte, et vous disparaîtriez bientôt du bon pays que D.ieu vous donne. Mettez ces paroles que Je vous énonce, dans votre coeur et dans votre âme, attachez-les comme signe à votre main et qu’elles soient en fronteau entre vos yeux.
Vous les enseignerez à vos fils, pour vous en entretenir assis dans votre maison, en marchant sur le chemin, en se couchant et en se levant. Tu l’écriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes afin que se multiplient vos jours et ceux de vos enfants sur la terre que D.ieu à juré à vos pères de leur donner, comme les jours des cieux sur la terre.”
(Deutéronome 11, 13-2)
4) “Écoute Israël, l’Éternel est notre D.ieu, l’Éternel est Un.
Et tu aimeras l’Éternel ton D.ieu de tout ton coeur, de toute ton âme, avec tout ton pouvoir. Que les paroles que Je t’adresse aujourd’hui soient sur ton coeur. Tu les enseigneras à tes fils, tu en parleras assis dans ta maison, en marchant sur le chemin ton coucher et à ton lever. Tu les attacheras en signe sur ta main et elles seront comme fronteaux entre tes yeux. Tu les écriras sur les poteaux de ta maison et à tes portes”.
(Deutéronome 6, 4)
La signification de ces passages
“Comme totafot (fronteaux) entre tes yeux” : “ce sont les Téfiline, dit Rachi, appelés totafot car ils comportent quatre compartiments. “Tat”, en langue katpi, signifie deux. “Pat”, en langue afriki, signifie deux. (totafot se rapporte, selon cette première interprétation de Rachi, aux quatre compartiments du Téfiline frontal.) Les quatre passages de la Torah où la mitsvah des Téfiline est mentionnée contiennent les vérités fondamentales du Judaïsme.
Le premier passage, “Vehaya ki yeviakha”, proclame qu’Israël doit ses origines et sa fondation en tant que peuple uniquement à D.ieu. Aussi lui est-il consacré avec ses familles et ses biens.
Le second passage, “Kadech li kol bekhor” vient ajouter que la protection divine dont Israël jouit au cours de son histoire doit l’inciter à offrir à D.ieu le premier-né de son bétail, et par extension, se vouer entièrement au service de D.ieu.
Le troisième passage, “Chéma”, contient la profession de foi du monothéisme, message éternel d’Israël aux nations.
Le dernier passage, “Vehaya im chamoa”, expose la doctrine de la Providence qui récompense le bien et punit le mal.
La Présence Divine, qui est inscrite sur le Téfiline du front, va en progressant dans son ampleur. Trois traits au début, elle comptera alors quatre traits...
La lettre dalet du mot “E’had”, écrite en lettre majuscule à la fin de la phrase du Chéma fait également allusion au chiffre quatre, total des lettres du Nom de D.ieu, qui n’est pour l’instant, que “notre D.ieu”, mais qui sera un jour le D.ieu Unique adoré de toutes les nations. Israël reste le fidèle témoin de D.ieu. Il se pare chaque jour, aux yeux de tous, du diadème de son D.ieu, attaché à son front et qui renferme dans son étui sa profession de foi, son message éternel et sa vocation nationale.
C’est par cette parure qu’Israël montre publiquement son attachement à D.ieu, son titre de gloire, et Rabbi Eliézer le Grand déclare que c’est au Téfiline frontal que fait allusion le verset : “Et tous les peuples de la terre verront que le Nom de D.ieu est invoqué sur toi et ils te respecteront.” (Deutéronome 28, 10).
Dans la Kabbale, les Téfiline représentent les liens d’affection qui rattachent D.ieu à Israël, Son peuple, et réciproquement.
Cette ouverture vers les peuples de la terre est significative. Elle suggère que le message d’Israël s’adresse également à eux. Ce rayonnement de la vérité s’exprime dans la dénomination totafot. Si la Torah, selon certains exégètes, a choisi un terme en langue étrangère, égyptien, arabe ou araméen, c’est pour indiquer que “les peuples de la terre” auront une part à cette vérité qui est en fait universelle. De même, la “kedoucha”, qui récitée à la fin de nos prières, dans notre office quotidien, est traduite en langue araméenne. C’est pour illustrer l’idée qu’il importe d’imprégner le domaine profane du sceau du sacré et que la “kedoucha” est appelée à s’étendre aux nations étrangères. Dans la Kabbale, les Téfiline représentent les liens d’affection qui rattachent D.ieu à Israël, Son peuple, et réciproquement. La Chekhina, la Présence Divine, dont l’initiale, chine, apparaît au sommet des Téfiline, plane au-dessus d’Israël.
Elle enlace sa bien-aimée, dans un geste de tendresse, en passant, selon l’expression imagée du Cantique des Cantiques, “son bras gauche au dessus de la tête, tandis que sa droite, elle, la tient enlacée”. Ainsi, les Téfiline passent en dessous de notre tête et, de notre main droite, nous matérialisons le geste de la Chekhina, en nouant, à sept reprises, les liens d’affection autour du bras gauche.
“Je te fiancerai à Moi pour l’éternité”
Puis, prolongeant ce geste, nous représentons symboliquement le gage d’amour que D.ieu nous renouvelle quotidiennement, en formant par trois fois l’anneau nuptial autour du médius, tout en prononçant les paroles d’amour que D.ieu nous adresse par la bouche de Son prophète : “Je te fiancerai à Moi pour l’éternité. Tu seras Ma fiancée par la droiture et la justice, par la tendresse et la bienveillance. Je te fiancerai à Moi par la fidélité et alors tu aimeras D.ieu.” (Osée, 2, 21-22)
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