Suite à la conclusion de l’étude du Michné Torah du Rambam, il est pertinent de faire à présent la proposition suivante :
De la même manière qu’en ce qui concerne l’étude du Talmud (le Talmud de Babylone et, plus récemment, également le Talmud de Jérusalem) il a été instauré d’étudier une certaine portion de façon journalière, il est bon et judicieux de faire de même s’agissant de l’étude du Rambam [en particulier sachant que nous avons célébré l’anniversaire de la naissance du Rambam il y a peu, la veille de Pessa’h], c’est-à-dire de découper le livre du Rambam en un certain nombre de lois à étudier chaque jour, de manière à en achever l’étude d’ici l’anniversaire du Rambam l’année prochaine. On célébrera alors un nouveau « siyoum », une nouvelle conclusion, de l’étude du Rambam.
Considérons la façon dont l’étude régulière du Talmud est menée : l’une des manières de le faire consiste à ce que chacun étudie un traité pendant l’année, de sorte que l’ensemble du Talmud se retrouve étudié par la communauté. La raison de cette pratique tient au fait que l’époque difficile qui est la nôtre ne permet pas à chacun d’étudier l’ensemble du Talmud.
Cela fait des années que j’attends et espère qu’une initiative similaire soit prise pour l’étude du Rambam. Et finalement, un intérêt pour cela est apparu dans l’un des pays où vivent nos frères, les Juifs séfarades : l’étude du Rambam a été répartie de sorte que chacun s’est engagé à en étudier une partie définie, et ils ont achevé cette étude peu avant l’anniversaire du Rambam cette année.
Bien entendu, il est préférable que tout celui qui peut s’engager (évidemment sans en faire le vœu) à étudier l’intégralité du livre du Rambam au cours de l’année le fasse, et ne se contente pas d’en étudier une partie.
La raison de cela [par-delà la raison évidente qu’il en retirera tout le bienfait possible puisqu’il étudiera la Torah dans une mesure plus importante] tient dans le fait qu’il existe une différence essentielle entre l’étude du Talmud et celle du Rambam :
Il est notoire que l’œuvre du Rambam est formulée de façon à prendre en compte ce qu’il a statué dans les chapitres précédents, mais non ce qui figure dans les chapitres suivants. Il découle de cela qu’il est nécessaire d’étudier le Rambam dans l’ordre, car autrement le lecteur pourrait déduire d’une formulation laconique du texte du Rambam que la loi est de telle ou telle manière alors qu’en réalité, la concision du texte ne permet pas cette déduction, le Rambam tenant pour acquis ce qu’il a explicité dans les lois antérieures à celle-ci.
Il n’en est pas de même s’agissant de l’étude du Talmud : s’il existe bien une raison pour laquelle tel traité a été positionné après tel autre traité, cet ordre n’a pas d’implication au regard de la halakha. Il n’existe en effet pas de principe selon lequel le compilateur du Talmud se serait appuyé dans sa rédaction sur ce qu’il a explicité dans les traités précédents. Il en ressort que l’étude du Talmud n’a pas besoin d’être menée dans l’ordre.
Dès lors, si l’on répartit l’étude du Rambam entre tous les étudiants (comme on le fait pour le Talmud), celui qui étudiera une loi située plus avant dans l’ouvrage avant d’avoir étudié celle qui la précède risque de faire des déductions erronées dans les propos du Rambam, car il lui manquera les éclaircissement fournis par le Rambam dans les lois précédentes qui excluent de fait ces erreurs.
La solution pour éviter cela est que chacun étudie soi-même l’ensemble de l’ouvrage du Rambam, en veillant à l’étudier dans l’ordre. C’est à cette condition ainsi que l’étude pourra être juste.
Et comme nous l’avons dit, en répartissant l’étude de manière à étudier un certain nombre de lois par jour, de manière à pouvoir achever l’étude de tout le livre avant le prochain anniversaire de la naissance du Rambam.
Ne pas craindre que l’étude soit superficielle
À ce stade, un point nécessite d’être clarifié :
Lorsqu’un Juif s’engage à étudier un certain nombre de lois chaque jour sans discontinuer, il semble qu’à côté du grand avantage qui réside en cela, il y ait également un désavantage qui est que du fait qu’il s’oblige à étudier ces lois en ce jour, cela risque d’entraîner parfois que cette étude soit menée de façon superficielle, bien que lui-même soit apte à étudier de manière approfondie, etc, et même de produire des ‘hidouchim, de explications novatrices. Or chacun a le devoir d’étudier la Torah autant que ses capacités intellectuelles le permettent, c’est-à-dire que celui qui est à « l’âge de quinze ans, l’étude de la Guemara »1 ne peut pas se contenter du niveau de compréhension de « l’âge de dix ans, l’étude de la Michna »,2 et ainsi de suite.
De fait, la vie de chacun est sujette à fluctuations. En l’espèce, on ne jouit pas toujours d’un esprit tranquille et posé. D’autre part, l’environnement dans lequel on évolue est également changeant, de sorte qu’il suscite parfois des perturbations. Il en ressort que l’on n’est pas toujours à même d’étudier telle quantité de lois avec la précision et la profondeur requises. Toutefois, du fait que l’on s’est engagé à les étudier, il n’y aura dans ces cas-là pas d’autre possibilité que de le faire de manière superficielle.
(De plus, cela comporte le risque qu’en conséquence de cela l’on s’habitue à étudier de superficiellement de manière générale.)
La réponse à cela est la suivante :
En premier lieu, ce problème peut être évité par le fait que chacun des participants à cette étude réfléchisse au fait que dans la mesure où il étudie « la Torah de D.ieu », il ne convient pas d’étudier de manière superficielle.
D’autre part, il existe un précédent à un tel système d’étude : mon beau-père le Rabbi [Précédent], le Chef de notre génération, a réparti le Tanya – la Torah Écrite de la ‘Hassidout – en portions destinées à être étudiée chaque jour (de manière à en achever l’étude en un an), et il n’a pas pris cette réserve en considération.
(On ne peut pas s’appuyer sur la répartition du ‘Houmach en études quotidiennes, car s’agissant de la Torah Écrite, même celui qui ne comprend pas peut être appelé à la Torah et réciter les bénédictions.3 [...] Cependant, le fait que mon beau-père, le Rabbi [Précédent], le Chef de notre génération, ait réparti le Tanya en études quotidiennes constitue une « ouverture » à ce qu’on fasse de même pour le livre du Rambam.)
Si’ha de A’harone chel Pessa’h 5744 (1984)
(Hitvaadouyot Torat Mena’hem 5744 vol. 3, p. 1545-1548)
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