Un riche homme d’affaires et son cocher arrivèrent dans une ville un vendredi après-midi. Le riche s’installa dans le meilleur hôtel de la ville, tandis que le cocher rejoignit son humble logis.
Tous deux se lavèrent et s’habillèrent pour le Chabbat, puis se dirigèrent vers la synagogue pour les prières du soir. Sur le chemin de la synagogue, l’homme d’affaires vit un grand chariot qui avait quitté la route et s’était retrouvé coincé dans un fossé. Se précipitant pour aider son prochain dans le besoin, l’homme d’affaires descendit dans le fossé et commença à pousser et à tirer sur le chariot avec son infortuné conducteur. Mais malgré toute sa finesse dans la gestion des affaires les plus difficiles, lorsqu’il s’agissait d’extraire un chariot et un attelage de chevaux d’un fossé boueux, notre homme d’affaires était dépassé par la situation. Après s’être débattu pendant une heure dans la boue jusqu’aux genoux, il n’avait réussi qu’à abîmer son meilleur costume de Chabbat, à accumuler une collection impressionnante de coupures et d’ecchymoses, et à enfoncer encore plus le chariot dans la boue. Finalement, il traîna son corps boiteux jusqu’à la synagogue, arrivant une minute à peine avant le début du Chabbat.
Pendant ce temps, son cocher était arrivé tôt à la synagogue et s’était assis pour réciter quelques chapitres de Psaumes. À la synagogue, il trouva un groupe de pauvres errants et, étant doté d’une nature des plus généreuses, le cocher les invita tous à partager son repas de Chabbat. Lorsque le bedeau de la synagogue s’adressa aux pauvres et aux sans-abris pour organiser leur repas avec les familles de la ville – comme il est d’usage dans les communautés juives –, il reçut la même réponse de la part de tous : « Merci, mais j’ai déjà été invité pour le repas de Chabbat. »
Malheureusement, le budget du cocher n’était guère à la hauteur de son cœur généreux. Il serait très difficile de croire que sa douzaine d’invités aient quitté sa table avec plus que l’ombre d’un repas dans leur estomac affamé.
Ainsi, le cocher, avec ses vingt ans d’expérience à tirer des chariots hors des trous de boue, avait pris sur lui de nourrir une petite armée, tandis que le riche homme d’affaires, dont les restes du repas de Chabbat auraient pu facilement nourrir tous les hommes affamés dans un rayon de dix kilomètres, se débattait dans un fossé...
Rabbi Yossef Its’hak de Loubavitch raconta cette histoire et en expliqua la leçon : « Chaque âme est investie d’une mission qui ne concerne qu’elle, et elle se voit attribuer les aptitudes, les talents et les ressources spécifiques nécessaires pour exceller dans son rôle. Il faut veiller à ne pas devenir l’une de ces âmes perdues qui errent sans but dans la vie, s’essayant à tous les domaines d’activité, à l’exception de celui qui est vraiment et intrinsèquement le leur. »
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