Le Rabbi raconta un jour l’histoire de son père, Rabbi Levi Its’hak Schneersohn, qui fut le grand rabbin de la ville de Yekatrinoslav (appelée aujourd’hui Dniepropetrovsk) : Yekatrinoslav était le grenier à blé de l’Union soviétique et chaque année, à l’approche de Pessa’h, les gens venaient de tout le pays pour acheter de la farine afin de cuire leurs matsas de Pessa’h.

Il lui fut demandé de certifier que la farine était casher

Lorsque le gouvernement soviétique nationalisa les meuneries, ses membres savaient pertinemment que les Juifs n’achèteraient pas de farine sans la supervision d’un rabbin reconnu. Les autorités demandèrent donc à Rabbi Levi Its’hak de certifier que la farine était casher.

– Je donnerai la certification, leur dit Rabbi Levi Its’hak, mais il vous incombera de remplir les exigences halakhiques : de veiller à ce que le blé n’entre pas en contact avec l’eau, d’engager des superviseurs pour s’assurer que le blé et la farine sont casher pour Pessa’h, et leur accorder une totale liberté d’action.

– Ces exigences sont totalement inacceptables !, répondirent les fonctionnaires, furieux. Lorsque de l’eau est mélangée au blé avant la mouture, le volume du blé augmente considérablement. Le fait de moudre du blé sec entraînera une perte de milliers de roubles ! Vous n’imaginez pas penser que nous allons accepter des exigences religieuses qui vont coûter des milliers de roubles au gouvernement !

Rabbi Levi Its’hak répondit fermement : « Selon la Constitution et ma propre conscience, je ne pourrai pas dire à qui que ce soit que la farine que vous moudrez est casher pour Pessa’h alors qu’elle ne l’est pas. »

Finalement, il se rendit à Moscou où il rencontra de hauts fonctionnaires et il leur expliqua sa position. Incroyablement, ils acceptèrent et donnèrent à tous les directeurs de meuneries en Ukraine de se conformer aux directives des superviseurs de casherout du rabbin Schneersohn, malgré le coût élevé que cela entraînerait.

Incroyablement, ils acceptèrent

Ainsi, parce que Rabbi Levi Its’hak tint fermement aux principes de la Torah et du judaïsme, le gouvernement soviétique garantit que les Juifs d’Ukraine pouvaient acheter de la farine qui était casher pour Pessa’h.


Note de la rédaction :
Des années après cette prise de position courageuse, Rabbi Levi Its’hak fut emprisonné par les Soviétiques pour avoir enseigné le judaïsme, ce qu’ils considéraient comme une trahison. Il fut envoyé en exil au Kazakhstan, où il vécut dans des conditions inhumaines. Il décéda dans la ville d’Alma-Ata le 20 Av, après des années de souffrance et d’abnégation au nom du judaïsme, de la Torah et des mitsvot.