Par la grâce de D.ieu
26 Tévet 5725
[31 décembre 1964]
Brooklyn, N.Y.

Salutations et Bénédiction :

J’accuse par la présente réception de votre lettre et de sa pièce jointe, dans laquelle vous écrivez au sujet de votre problème d’anxiété aiguë, et vous sollicitez mon conseil.

La meilleure chose à faire, dans une situation comme la vôtre, consiste à étudier de manière approfondie les sections et les chapitres de nos livres sacrés où sont discutées la question de la Divine Providence et du Bita’hone, comme ‘Hovot Halevavot, Chaar Habita’hone, etc. Il est bon de garder à l’esprit les chapitres et les versets des Tehilim qui parlent de ces sujets, ainsi que les Midrashim et les interprétations de nos Sages sur ceux-ci. Ces questions doivent être étudiées avec une profondeur telle qu’elles deviennent partie intégrante de votre façon de penser. De cette façon, il n’y aura plus de place pour aucune sorte d’angoisse ou d’inquiétude et, comme l’a dit le roi David dans les Tehilim : « D.ieu est avec moi, je ne craindrais rien. Que peut me faire l’homme ! »1

Comme vous le savez bien, la notion de Hachga’ha Pratit est la base du vrai monothéisme, un concept qui signifie pour nous non seulement que D.ieu est un, mais qu’il existe une unité dans toute la Nature. En d’autres termes, l’univers entier a un seul Être Suprême, qui est non seulement le Créateur de tout, mais aussi le Maître, supervisant continuellement chaque détail de Son œuvre. Le corollaire de ceci est qu’il ne peut y avoir un seul point dans tout l’ordre du monde qui soit séparé de l’Être Suprême, ou de quelque manière que ce soit, qui ne soit pas soumis à Son contrôle. Dans le même temps, il est évident que l’Être suprême est aussi l’Essence de la Perfection et de la Bonté. Et bien que beaucoup de choses dans le monde semblent imparfaites, et nécessitent un parachèvement ou une perfection, il ne fait aucun doute qu’il existe un ordre parfait dans le monde, et même le plus bas de l’échelle de la Création, à savoir les choses inanimées, fait preuve d’une perfection et d’une symétrie merveilleuses, comme on le constate dans les atomes et les molécules de la matière inorganique. Par conséquent, la conclusion doit être que même les choses qui doivent être parachevées font également partie de l’ordre parfait, et sont nécessaires à l’accomplissement du bien, comme cela est expliqué en détail dans les enseignements de la ‘Hassidout. Il y est expliqué que pour qu’un homme atteigne la perfection, il est nécessaire qu’il ait également le sentiment qu’il est non seulement un bénéficiaire, mais aussi un contributeur, et, selon l’expression de nos Sages de mémoire bénie, « Un partenaire dans la création ». C’est pourquoi il existe dans le monde beaucoup de choses qu’il lui appartient d’améliorer et de perfectionner.

Je souhaite également faire l’observation suivante, qui est également essentielle, qu’il n’y a en vérité aucune base à l’anxiété, à quelque moment que ce soit, et comme vous l’avez vous-même mentionné dans votre lettre que vous n’y trouvez aucune raison. Même dans les cas où vous pensez connaître la raison de votre anxiété, celle-ci est sans aucun doute imaginaire, ou du moins, pas la cause réelle. Car la véritable cause est que la vie quotidienne n’est pas en totale harmonie avec la véritable essence d’un Juif. En pareil cas, il est impossible de ne pas avoir le sentiment gênant que les choses ne semblent pas s’accorder d’une manière ou d’une autre, et c’est cette discordance qui est à la base de l’anxiété, qui est proportionnelle à l’écart entre le mode de vie et la véritable nature de cette personne.

Tout le monde reconnaît que l’anxiété a à voir avec la psyché. Mais dans le cas d’un Juif, la psyché est en réalité la Néchama. Certains Juifs ont une âme particulièrement sensible, auquel cas la disharmonie susmentionnée crée une plus grande anxiété. Dans un tel cas, même des infractions subtiles et « mineures » de Dikdoukei Mitsvot sont source d’anxiété. Mais même dans le cas d’une âme ordinaire d’un Juif moyen, il est inévitable qu’une certaine anxiété apparaisse en cas de non-respect des mitsvot fondamentales. Il est très possible que ce qui précède puisse avoir une incidence sur votre situation. S’il en est ainsi, tout ce qui est nécessaire est de rectifier les choses et de mettre la vie quotidienne et la conduite en harmonie complète avec l’essence de l’âme, par le biais d’une stricte adhésion à la Torah et aux Mitsvot. Alors les symptômes disparaîtront d’eux-mêmes.

Il est également nécessaire de mentionner que dans votre cas, où votre position vous donne une grande influence sur votre entourage, votre influence fait partie intégrante de votre vie harmonieuse et il est donc essentiel que votre influence, elle aussi, soit en harmonie avec la Torah et les Mitsvot dans la mesure la plus complète.

Je suggère que vous fassiez vérifier également les Mézouzot de votre maison, ainsi que vos Téfiline, et qu’avant de mettre vos Téfiline tous les matins de la semaine, vous mettiez de côté une petite pièce de monnaie pour la Tsédaka.

En espérant avoir de bonnes nouvelles de vous concernant tous les sujets abordés ci-dessus,

Avec bénédiction

P.S. Pour ce qui est de la question de me voir personnellement en rapport avec l’événement de cette année, le calendrier des rendez-vous est rempli au maximum et pour une longue période à l’avance. Mais l’important est qu’il n’est nullement nécessaire que vous preniez la peine et le temps de me voir personnellement, dans la mesure où tout ce que je pourrais vous dire est ce que je vous ai écrit ci-dessus.