Note de la rédaction : À partir des années 1950, la communauté ‘Habad-Loubavitch à Crown Heights, Brooklyn, accueillit des groupes d’étudiants pour des week-ends de « Rencontre avec ‘Habad » (« Encounter with Chabad »). Dans les premières années de ce programme, l’un des moments forts du week-end était l’audience que les étudiants avaient avec le Rabbi de Loubavitch, lors de laquelle ils lui posaient leurs questions.

Ce qui suit est la retranscription de l’un de ces dialogues entre un groupe d’étudiants et le Rabbi en 1963, enregistré par le rabbin Shmuel Lew.

Rencontres et mariage

Le représentant des étudiants : Les étudiants ont deux ou trois problèmes dont ils aimeraient discuter.

Le Rabbi : Ils n’en ont que deux ou trois ? Ce serait très bien !

Un étudiant : Quelle est votre opinion concernant les relations amoureuses1 pour les personnes de notre âge ?

Le Rabbi : Chaque jeune homme et chaque jeune femme espère vivre une vie maritale heureuse, mais cela commence seulement après le mariage. Si vous « essayez » trop la relation avant le mariage, cela influence toute votre vie conjugale après cela. La relation entre un homme et une femme avant le mariage ne devrait être que dans la même mesure que la relation entre deux personnes du même sexe. Mais si on ajoute plus – et généralement après un certain temps, beaucoup plus est ajouté par rapport au début – alors on enlève beaucoup de la relation entre cet homme et cette femme après leur mariage...

Toutes les relations rapprochent les gens les uns des autres, et tout le monde veut un mariage heureux. Mais l’idée d’essayer la relation dans une certaine mesure avant le mariage est apparue il y a quelques décennies, voire moins. Pourtant, il y a eu des mariages heureux pendant des milliers d’années. C’est une expérience menée sur seulement quelques années, et il est très difficile d’être sûr de ses effets. Les effets peuvent montrer des résultats fortement non bénéfiques d’une relation prématurée avant le mariage.

Un étudiant : N’y a-t-il pas une différence entre les relations avant et après le mariage ? N’est-ce pas ce que la société accepte ?

Le Rabbi : Je parle des sentiments personnels de l’homme et de la femme eux-mêmes – pas de savoir si la société sera contente ou pas. De nos jours, certains sont heureux avec l’extrême droite, d’autres, avec l’extrême gauche, ou n’importe quel niveau entre les deux. La société est multicolore et possède une variété de nuances, et chaque type de comportement est toléré.

Mon opinion est que cela influence les sentiments des époux après leur mariage. Ils espèrent un mariage de plusieurs décennies ou années, et il est dommage de laisser le plaisir de quelques mois gâcher quelque chose pendant des décennies.

Le judaïsme aujourd’hui

Un étudiant : Que dites-vous de l’état du judaïsme de nos jours ?

Le Rabbi : Chaque époque a connu des Juifs qui se sont éloignés du judaïsme, et il en est de même en 1963. Mais c’est seulement pour une certaine période, et après cela un grand pourcentage revient.

Un étudiant : Ils croient toujours en tout, dans l’esprit.

Le Rabbi : Vous ne devez pas séparer l’esprit de la vie réelle. Il existe aussi des différences dans l’esprit, mais pas dans la pratique. Tous ne prient pas selon le même rite de prière, ce qui est une différence de l’esprit. Certains prient selon des intentions mystiques, d’autres selon des méditations ‘hassidiques, d’autres selon la méditation hongroise et d’autres encore sans aucune méditation particulière. Mais le rite fondamental de la prière dans ses parties essentielles est le même. Les Téfiline (phylactères) avaient une interprétation différente dans l’Égypte alexandrine, et pourtant les mêmes Téfiline étaient portés sur le bras gauche et sur la tête, à l’époque et maintenant.

Un étudiant : Quelle est votre opinion sur les Juifs d’aujourd’hui par rapport à ceux d’autrefois ?

Le Rabbi : À mon avis vous avez beaucoup de chance par rapport aux Juifs d’il y a des milliers d’années. Dans le passé, lorsqu’on demandait à un Juif pourquoi son comportement était différent de celui de tous les peuples qui l’entouraient, il n’avait pas d’histoire pour persuader les gens qu’il avait raison, car le peuple juif n’avait que quelques années ou quelques générations. Mais maintenant, après trois mille ans d’histoire dans de nombreux pays et contextes différents, 99 % du temps dans des circonstances difficiles, bien qu’il ne reste aucune trace des peuples qui les ont opprimés – les Égyptiens, les Babyloniens, les Romains, les Grecs – les Juifs ont survécu à toutes leurs oppressions, y compris à celle d’Hitler.

Comme je l’ai dit, on ne peut pas venir avec une théorie préconçue, il est nécessaire d’étudier l’histoire et voir dans quelle direction celle-ci pointe. Le pouvoir de survivre à l’oppression n’est pas quelque chose de fortuit, car ils ont eu la même histoire depuis plus de 3 000 ans. Toute l’histoire humaine consignée est seulement de 4-5 mille ans, pas plus. Et pendant 3 000 de ces 5 000 ans, un phénomène inhabituel unique s’est produit. Un peuple qui a toujours été persécuté et qui a toujours constitué une minorité a toujours survécu à ses oppresseurs qui étaient beaucoup plus grands que lui. Si vous étudiez des livres pour voir quel fut leur comportement, vous pourrez répondre à la question de savoir pourquoi nous sommes différents, pourquoi nous nous isolons et refusons de nous assimiler.

Un étudiant : Les gens sont-ils aussi religieux aujourd’hui ou moins religieux que ceux d’autrefois ?

Le Rabbi : Probablement pareils. Cependant, il était beaucoup plus difficile de comprendre alors. Il y a 2000 ans, ils ne pouvaient se baser que sur des croyances sans aucun fait. Maintenant, au vingtième siècle, nous avons des faits solides pour nous aider à comprendre pourquoi nous avons existé avec le même comportement pendant toutes ces 3 000 années.

Un étudiant : Pensez-vous que les Juifs seront toujours une minorité ?

Le Rabbi : Ils le seront probablement aussi dans le futur. Mais cela ne me dérange pas. Si nous comparons la vie végétale à la matière inorganique, cette dernière est plus abondante, et la vie végétale est plus abondante en quantité que la vie animale, et la vie animale plus que les humains. Malgré cela, nous ne souhaitons pas que les humains soient plus nombreux que les animaux, que les végétaux et que les matières inorganiques qui les entourent. Le facteur important est, qui dirige les choses : si l’humain est bon et paisible, ou s’il est comme un animal, comme une plante ou comme une chose inorganique.

Un dernier point : de nombreux cercles consacrent aujourd’hui trop de temps aux discussions. Nous vivons à une époque où les gens ont besoin d’actes et de réalisations. C’est comme lorsqu’il y a une situation d’urgence : il n’y a pas de temps pour discuter de toutes les possibilités et comment les contrer, si nécessaire. Nous devons prendre toutes les mesures possibles, apprises un jour, une décennie ou une année auparavant.

Notre époque a de nombreuses situations d’urgence. Si chacun d’entre nous a le temps devant soi, et évoque toutes les possibilités et s’efforce d’innover, et remet l’action à plus tard jusqu’à ce qu’il y soit parvenu, cela prendra de nombreuses années et décennies, et je ne sais pas si c’est justifié. Peut-être est-il plus rationnel d’utiliser les mesures et les mérites, les vertus et les traitements utilisés il y a 100, 500 et 1000 ans pour renforcer les choses autour de nous. Ensuite, nous pourrons prendre le temps de faire des recherches appropriées. En d’autres termes, l’expérimentation n’est pas d’actualité, nous devons d’abord garder le patient en vie.

Un étudiant : Devons-nous donc être seulement des hommes d’action ?

Le Rabbi : On ne doit pas se dire : « Je veux montrer mon esprit inventif. » Il est plus important de trouver de bonnes applications pour les traitements utilisés il y a de nombreuses années.

Un étudiant : Un Juif dans l’armée peut-il observer la Torah ?

Le Rabbi : Beaucoup de soldats dans la dernière guerre ont observé toutes les lois de Casherout, car tel était leur désir sincère. Ils exprimèrent ce désir sincère à leur officier supérieur, et respectèrent ces lois même à l’étranger dans les tranchées. Cela ne signifie pas qu’ils ont toujours eu le même repas savoureux que tout le monde, mais ils ont toujours eu un menu sain. Ils ont obtenu la permission de leur officier d’observer les lois, parce que cela ne leur enlevait pas leur capacité d’être des soldats forts et en bonne santé.

Identité juive

Un étudiant : Croyez-vous que les Juifs constituent le Peuple Élu ?

Le Rabbi : Oui. Pas à cause de nos efforts, mais parce que nous avons des obligations supplémentaires ; et les obligations supplémentaires requièrent des pouvoirs supplémentaires pour les accomplir. Autrement dit, vous êtes censé suivre ces instructions, autrement vous gaspillez vos possibilités et vous déformez tout pour tous ceux qui sont autour de vous. Dans un système très stable et où tout est calculé, chaque partie doit être utilisée à sa pleine capacité dans le rôle qui lui a été attribué.

Si un individu – et certainement une société – a certaines possibilités, ce n’est pas seulement son affaire privée, mais cela concerne l’ensemble de la société ; et dans une perspective plus large, cela concerne tout l’univers.

La science moderne enseigne que toutes les parties de l’univers s’influencent mutuellement. Et si quelqu’un a des pouvoirs supplémentaires, ceux-ci doivent être utilisés dans la bonne direction, pas seulement pour son propre bénéfice, mais aussi pour tous ceux qui l’entourent.

Un étudiant : Qu’est-ce qui a gardé les Juifs ensemble, et a fait que les Juifs perdurent toutes ces années ?

Le Rabbi : Selon l’approche scientifique de tous les événements historiques, nous devons étudier l’histoire et trouver les points et les dénominateurs communs qui n’ont pas changé. Si, pendant trois mille ans, nous avons résisté à toutes les persécutions, à tous les pogroms et à toutes les pressions, alors il doit y avoir quelque chose de spécial pendant ces trois mille ans, un point commun qui a été présent tout du long. Si cet élément s’était interrompu pendant une certaine période, alors le peuple juif n’aurait pas pu surmonter la persécution et les pogroms pendant la période où ce point commun n’était pas présent.

Si nous étudions l’histoire juive, nous voyons que tout change : la langue, le territoire, le gouvernement, l’habillement, la culture et le monde extérieur. Ici nous parlons anglais ; en Russie, les Juifs parlent russe ; dans la terre d’Israël, en hébreu. Les mêmes différences existaient aussi il y a mille ans, et la seule chose qui est demeurée inchangée toutes ces années, ce sont les commandements (mitsvot), les préceptes que nous accomplissons dans la vie quotidienne.

Les Téfiline n’ont pas changé pendant tous ces trois mille ans. Il en est de même pour le Chabbat et les lois alimentaires. Nous avons la même Torah qu’il y a mille, deux mille et deux mille cinq cents ans.

En tout temps, il y eut certains groupes et individus qui ont dévié de la trajectoire. Certains de ces groupes étaient très puissants, mais il n’en est resté aucune trace cinq ou six générations plus tard. Quarante jours après le don de la Torah, un puissant groupe fit le Veau d’or. À l’époque du Temple, il y avait des adorateurs d’idoles, de même qu’au temps du Second Temple. En Espagne, à l’époque de l’Inquisition, il y avait un cercle très influent. Si l’on s’en tient strictement à la recherche historique, nous devons accepter les faits même si nous ne les comprenons pas : le point commun a été les mitsvot pratiques.

Un étudiant : Pourriez-vous expliquer le mouvement ‘Habad ?

Le Rabbi : Il serait mieux que vous étudiiez cela à partir de la littérature imprimée. C’est quelque chose de difficile à expliquer en un mot, et ce n’est pas juste pour tous les membres du groupe, qui ont peut-être déjà étudié le sujet (et ne veulent pas l’entendre maintenant). Vous pouvez obtenir de la littérature en anglais au bureau, que vous pourrez étudier à votre guise, et vous pourrez l’étudier plus en profondeur que par la conversation et mon explication en anglais.

Un étudiant : Comment pouvons-nous utiliser notre connaissance de la Torah dans la vie de tous les jours ?

Le Rabbi : Étudiez la Torah, les Prophètes, les Écritures, leurs commentaires, et ensuite ce n’est pas difficile ; quand vous n’avez pas de préjugés, si vous êtes prêt à faire de petits sacrifices. Vous ne pouvez pas vous attendre à tout accomplir tout de suite, mais chaque jour il doit y avoir du sacrifice de soi. Vous devez accepter... La même condition s’applique à tous ceux qui ont un idéal dans la vie : ils ne peuvent pas avoir tous les mêmes plaisirs que ceux qui n’ont pas de but.

Un étudiant : Comment un adolescent juif peut-il se comporter dans la religion juive, être assez fort pour suivre le genre de comportement social que vous avez mentionné ?

Le Rabbi : Suivez les instructions du Code de loi juive. C’est la manière simple. Le raisonnement que j’ai exposé est non seulement applicable à la communauté juive, mais est également valable pour un non-juif. Il souhaite avoir un mariage véritablement heureux, quelque chose qu’il considère comme pur et intact. S’il y a eu trop de choses avant le mariage, ce n’est pas la même chose. Mais au-delà de ces préoccupations, il y a les restrictions du Code de loi juive. S’il y a quelque chose de spécial s’agissant d’un adolescent juif, en plus de ce qui a été dit auparavant, c’est que tout le monde regarde les Juifs qui ont reçu la Torah plusieurs milliers d’années avant que la société soit établie, et espèrent et croient – à juste titre – que le Juif sera un modèle. Il est attendu de lui qu’il soit plus rigoureux sur ce qui est nécessaire que les non-juifs autour de lui.

Éthique et religion

Le représentant des étudiants : Nous avons discuté de ce point en classe : pourquoi ne peut-on pas s’améliorer sans manger casher et respecter les fêtes juives, à travers de bonnes pratiques éthiques ?

Le Rabbi : Pour illustrer mon propos : c’est la même chose qu’un corps humain, qui a beaucoup de membres et de parties. Vous pouvez faire quelque chose pour améliorer chaque partie, et vous pouvez limiter les soins médicaux à une partie. Vous pouvez observer seulement les règles s’appliquant à la santé des mains, mais pas des pieds, ou seulement les règles pour la santé des organes respiratoires et non les organes digestifs. Il peut y avoir de bons résultats pour cette partie, mais pas pour toutes les parties. Mais à la longue, puisque tous les membres sont connectés, la condition de l’un influence tous les autres. Si quelque chose est bon pour une partie, cela finit par être bon pour les autres parties ; et si ce n’est pas le cas, cela influence les autres dans la mauvaise direction.

Si vous pratiquez une certaine partie des 613 mitsvot, c’est bien ; cependant, cela ne vous dispense pas de pratiquer les autres. Plus encore, ne pas en pratiquer une perturbe celles qui sont pratiquées.

Le représentant des étudiants : Dites-vous que si l’on ne respecte pas le Chabbat, on ne peut pas respecter les lois de l’éthique ?

Le Rabbi : Je ne peux pas nier le fait que beaucoup de gens respectent l’éthique et non le Chabbat, et beaucoup observent le Chabbat, mais pas l’éthique. Chaque chose a ses propres mérites, et ne peut pas être remplacée ; mais toutes sont connectées. Chacune en amène une autre. « Une bonne action amène une autre bonne action », et en ne pratiquant pas, « une mauvaise action cause une autre mauvaise action ».

Beaucoup étudient l’Éthique de nos Pères, qui a un début curieux. C’est l’un des traités de la section des Dommages (la quatrième des six sections du Talmud), et dans cette section, c’est l’un des derniers traités ; pourtant, le début de l’Éthique de nos Pères nous dit que Moïse reçut la Torah sur le mont Sinaï et la donna à Josué, et ainsi elle fut transmise jusqu’à notre époque. Cette affirmation aurait certainement dû se trouver au début de toute la Torah Orale – au début du traité Bénédictions – pour nous dire que toutes les décisions de la Torah Orale ont été données sur le mont Sinaï.

Pourtant nous trouvons cette déclaration dans l’Éthique de nos Pères, avec les règles éthiques. Car elle n’est pas nécessaire pour mettre les Téfiline (ce qui peut être fait sans croire)... Il n’y a pas de condition obligeant à savoir quelle est la raison d’accomplir le commandement des Téfiline. Mais si l’on est prêt à respecter les lois morales toute sa vie, elles ne peuvent pas être fondées uniquement sur le raisonnement humain et sur la consultation d’amis. Car alors, on peut dévier et étirer les choses jusqu’à déformer une mitsva. D’une règle éthique on fait un péché, et d’un péché, une règle éthique. C’est pourquoi nous trouvons cette introduction, qui était expressément destinée à introduire le traité qui contient des règles éthiques.

À notre grand regret, à notre époque et dans notre génération, nous avons tous vu cette distorsion se produire, en Allemagne. J’ai étudié en Allemagne de nombreuses années, avant Hitler, et les gens dans les milieux influents citaient toujours Kant, Goethe et les philosophes éthiques. Ils ne faisaient rien sans une note de bas de page – avec le livre et le numéro de page. Puis Hitler arriva au pouvoir avec une nouvelle théorie et une nouvelle philosophie, et une majorité écrasante de personnes, à mon avis 99 %, étaient de son côté – non pas après avoir rejeté Goethe, Kant, mais continuant à les accepter, et ils se rallièrent à Hitler dans toutes ses actions, même les massacres.

Ceci est l’illustration d’un système éthique basé sur des théories philosophiques et sur le raisonnement humain, sans une base solide qui ne change pas.

Israël et l’Amérique

Un étudiant : Pensez-vous que le gouvernement en Israël est suffisamment religieux pour être constitutionnel pour les Juifs religieux ?

Le Rabbi : Demandez-vous si le gouvernement est religieux ou non ?

Un étudiant : Je veux demander si tous les Juifs religieux devraient y émigrer.

Le Rabbi : Nous sommes maintenant seulement quelques jours avant la fête de Chavouot, la fête de la réception de la Torah. En guise de préface au don de la Torah, D.ieu Tout-Puissant a décrit ce qu’Il attendait du peuple juif, et une chose qui est attendue du peuple juif, c’est qu’il doit être un « Royaume de Prêtres ». Si nous trouvons un gouvernement approprié pour un Royaume de Prêtres, qui inclue chaque Juif et chaque Juive, alors ce gouvernement est apte à devenir le gouvernement de chaque Juif. Le but principal est d’accomplir les choses instituées par la Torah, de faire que les Juifs deviennent un Royaume de Prêtres. Ce n’est pas ma propre opinion, c’est ce que dit la Bible.

Un étudiant : Depuis la création de l’État d’Israël, le Juif américain est confronté au problème de la double allégeance. Qui devrait avoir la priorité ?

Le Rabbi : Je ne trouve pas de contradiction entre les deux. La chose principale, ce sont les valeurs spirituelles, puis viennent les choses secondaires : l’armée, garder les frontières, et toutes les autres choses.

Le but principal de chacun doit être de devenir un Peuple Saint et un Royaume de Prêtres. N’ayez pas peur : vous pouvez faire partie d’un Royaume de Prêtres même si vous êtes un professionnel ou un homme d’affaires, un ingénieur ou un médecin...

Machia’h

Un étudiant : Pensez-vous que le Machia’h viendra quand tous les Juifs deviendront un Royaume de Prêtres ?

Le Rabbi : J’espère qu’il viendra plus tôt.

Un étudiant : Qu’est-ce que les Juifs accompliront quand Machia’h viendra ?

Le Rabbi : Après qu’il soit venu ?

Un étudiant : Avant qu’il vienne.

Le Rabbi : Que devons-nous faire pour accélérer sa venue ?

Un étudiant : Oui.

Le Rabbi : Pour être le mieux préparés possible à l’ordre des choses après sa venue, quand il y aura la justice et la paix, nous devons accomplir les instructions pour nous et pour ceux qui nous entourent, dans la Torah, les Prophètes et les Écritures. Chaque acte doit être en accord avec ces instructions, et nous devons influencer les autres. Quand vous ferez ceci, vous ferez votre part pour accélérer sa venue.

Un étudiant : Croyez-vous que Machia’h viendra dans les cinquante prochaines années ?

Le Rabbi : Beaucoup plus tôt ! Ne le reportez pas si longtemps !

Beaucoup de gens se sentent incapables d’accepter l’idée de Machia’h. Ils ne peuvent pas comprendre avec un raisonnement humain comment Machia’h peut venir et transformer l’ordre des choses autour de nous, au point où tous les aspects fondamentaux de nos vies seront différents.

On se serait attendu qu’une telle difficulté appartienne à une époque reculée. Car à notre époque, tant de changements se font en une journée, ou même en une heure ou une minute. Si quelqu’un fait une découverte ou une invention capitale, il peut changer les choses rapidement. Dans le monde d’aujourd’hui, il ne devrait pas être difficile d’accepter que Machia’h puisse arriver et changer le monde. Et peut-être même plus : non seulement est-ce acceptable, mais c’est crédible.

Pour le dire plus crûment : si demain matin une arme plus puissante que celle que n’importe quel autre pays possède devait être inventée, elle donnerait à son inventeur le pouvoir de dicter la loi. Il pourrait dicter sa loi à tous les gouvernements, et exiger certains comportements et certaines règles dans leurs pays et gouvernements. Ils n’auraient pas le choix : ils devraient accepter ses conditions, car il lui serait désormais possible de détruire une grande partie de la terre même sans disposer d’une armée.

Ou bien, si un intellectuel phénoménal devait dicter des instructions à des millions de personnes autour de lui, il n’aurait pas besoin d’un miracle, il pourrait le faire à travers certains appareils électroniques ou autres. Donc, si vous deviez comprendre le Messie en termes physiques, il pourrait être grand même en électronique et en puissance.

Le représentant des étudiants : C’est très intéressant, comprendre l’idée du Messie comme un concept naturel. On entend habituellement parler du Messie en termes de surnaturel.

Le Rabbi : Je crois aussi au Messie comme surnaturel. Mais les gens d’aujourd’hui ont du mal à comprendre le supra-naturel. Peut-être qu’en le comprenant en ces termes, cela préparera le chemin pour qu’ils se préparent avant qu’il ne vienne, et ils épargneront le travail à Machia’h.