(Extrait d’un article paru dans « Maariv » en 1964)

Il m’est arrivé de rencontrer des hommes sages, des hommes d’un grand savoir et d’une grande intelligence, ainsi que des artistes de grand talent. Mais être assis en face d’un véritable croyant est une tout autre histoire :

Bien qu’il vous soit permis de ne pas accepter sa foi, celle-ci vous affecte forcément, car le véritable croyant a également foi en vous

Après avoir rencontré un sage, vous restez ce que vous étiez auparavant, ni plus sage ni moins sot. La science du savant ne déteint pas, ou presque pas, sur vous. De même pour l’artiste qui ne vous donnera pas une partie de son talent ou de son inspiration. Il en va tout autrement du croyant. Après l’avoir rencontré, vous ne serez plus jamais le même. Car, bien qu’il vous soit permis de ne pas accepter sa foi, celle-ci vous affecte forcément, car le véritable croyant a également foi en vous.

Le Rabbi de Loubavitch, Rabbi Mena’hem Mendel Schneerson, chef spirituel du mouvement mondial ‘Habad-Loubavitch, est à la fois un sage et un savant, mais il est avant tout un homme de foi. Et si la foi est l’art de la vérité, alors il est aussi un artiste, dont l’œuvre est constituée par l’armée de croyants qu’il dirige, l’armée de la foi juive, du D.ieu d’Israël et du peuple d’Israël.

Mais quelle est son opinion sur les grands problèmes de l’heure ? Pour poser cette question au Rabbi, il me fallait d’abord le rencontrer.

La légende juive ne dit rien sur la manière dont les anges sont reçus en audience par l’Éternel, mais si elle l’avait voulu, elle aurait bien pu s’inspirer de la façon dont les choses se sont passées pour que je sois reçue par le Rabbi de Loubavitch.

Tout d’abord, comme pour être reçu par n’importe quel mortel ordinaire, il y a bien sûr le secrétaire, les heures fixes de réception et la longue liste d’attente, sauf qu’ici, le secrétaire ne vous demande pas ce que vous avez l’intention de dire à son patron. Cela ne regarde que vous et le Rabbi. De plus, même si l’on doit parfois attendre de longues journées, tout le monde est finalement reçu. Et les audiences n’ont pas lieu le jour, mais au cours de la nuit. Toute la nuit. Le jour est réservé aux études, la nuit aux audiences.

– À onze heures du soir ? répétai-je lorsque le Rabbin ‘Hodakov, le secrétaire du Rabbi de Loubavitch, me dit que c’était là l’heure de mon rendez-vous, car je n’étais pas certaine d’avoir bien entendu.

– Demain à onze heures du soir, fut la réponse laconique au bout du fil qui me reliait au Quartier Général du Rabbi à Brooklyn.

– Et pourquoi pas durant la journée ? Lorsque je posai cette question plus tard à l’un des disciples du Rabbi, il me regarda comme si je venais de la lune.

– Durant la journée, le Rabbi a d’autres occupations, fut sa réponse, d’un ton qui n’admettait pas de réplique.

En fait, j’en vins à me demander si ce n’était pas mieux ainsi : la nuit, les cieux et les cœurs des hommes ne sont-ils pas plus ouverts, mieux disposés à écouter, alors que le rideau est tombé et que l’homme est plus proche de la vérité ?

Les disciples du Rabbi font partie de sa personnalité de la même façon que, selon les ‘hassidim, tous les êtres humains font partie de D.ieu

Peut-être toutes ces pensées qui s’agitaient en moi étaient-elles déjà dues à l’action de la drogue secrète qui se fait sentir, que vous le vouliez ou non, encore avant que vous ayez rencontré le Rabbi, probablement dès l’instant où vous voulez le voir. Quel que soit votre rationalisme, toutes vos questions sceptiques commencent à rougir de honte...

En conséquence, je me présentais à 11 heures précises au 770 Eastern Parkway à Brooklyn. Pas seule, bien entendu, car il n’est pas très recommandé pour une femme de se promener sans accompagnement de nuit dans les rues de Brooklyn, et comme je devais rencontrer le Rabbi, je n’avais pas envie de rencontrer « quelqu’un d’autre » avant ; aussi j’avais préféré être convenablement escortée.

La « cour » du Rabbi

De tous les livres que j’ai lus, je ne me souviens pas d’avoir lu une seule préface. Mais des longs préliminaires que je dus subir avant de rencontrer finalement le Rabbi, je conclus qu’on ne peut se passer de certains préambules, car ils constituent déjà le début de l’histoire. Ce que le Rabbi dit est important, mais ce qui est encore plus important, pour le comprendre, lui et l’école de ‘Habad, c’est de savoir aussi à qui, quand et où, il l’a dit. Le « comment » n’importe pas moins, et peut-être importe-t-il encore plus que le « quoi ». Le Rabbi et sa « cour » sont complémentaires. Son antichambre commence à la porte de la rue. Ses disciples font partie de sa personnalité de la même façon que, selon les ‘hassidim, tous les êtres humains font partie de D.ieu. Mon entrevue avec le Rabbi commença par conséquent dès l’instant où j’entrai dans la maison et rencontrai ses disciples.

Les jeunes gens qui peuplaient les lieux, étudiant la Guémara, pouvaient à peine être considérés comme des étudiants ou des disciples. Bien qu’ils fussent assis en face de livres ouverts, ils ne donnaient pas l’impression d’étudier quelque chose qu’ils n’avaient pas connu auparavant. Ils ressemblaient plutôt à des gens qui auraient fait dans un laboratoire des expériences avec l’intellect et ses raisonnements, de la même manière que d’autres le font avec la matière : mélangeant et décomposant. Et tout ceci était accompagné de leur fredonnement mélodieux.

On a beaucoup écrit et on écrira encore beaucoup sur les mélodies ‘hassidiques. Car ce sont des airs qui n’ont ni fin et ni commencement. Ils semblent perpétuer la chanson que vous chantez pour que quelqu’un d’autre puisse la continuer après vous. En écoutant cet air, il me vint à l’idée que le Décalogue, fondement de l’humanité, n’avait probablement pas dû être écrit ou parlé selon une mélodie ‘hassidique, mais je pensais tout autant que l’humanité n’aurait peut-être pas été capable d’observer ce code sévère s’il n’y avait pas eu cette adoucissante mélodie.

Ceux qui n’étudiaient pas se tenaient debout et parlaient entre eux. Peut-être parlaient-ils de choses banales, mais l’expression de leurs visages exprimait clairement qu’ils étaient comme des soldats sur la ligne de feu, qui échangent quelques mots à voix basse avant de monter à l’action. Le commandant était pour l’instant invisible, mais sa présence se faisait sentir partout. Aucun ordre n’avait été donné, mais il pouvait être donné à n’importe quel moment et tous étaient prêts à écouter et à obéir.

« Le Corps de la Paix » du Rabbi

Moi, aussi, j’attendais mes ordres pour entrer chez le Rabbi. Il était onze heures et quart, onze heures et demie... quand viendra donc mon tour d’entrer ? J’allais justement poser la question à l’un des jeunes gens du bureau lorsqu’une jeune femme bien habillée entra, chaussée de hauts talons, ses cheveux blonds s’échappant de son foulard. Avant que j’aie pu voir son visage, je pus entendre sa voix qui s’étranglait presque : « Avez-vous déjà une réponse pour moi ? » Au lieu de lui répondre, le jeune à qui elle avait parlé se dirigea vers une pile de lettres et en retira une enveloppe en lui disant que la réponse du Rabbi était à l’intérieur. La femme l’ouvrit anxieusement et la lut sur-le-champ. Pendant quelques instants, son regard se figea. On pouvait aussi y voir des larmes – étaient-elles de joie ou de chagrin, qui aurait pu le dire ? Elle s’en alla sans saluer, mais revint tout aussitôt :

– J’ai une autre question, dit-elle, puis-je la poser au Rabbi ?

– Bien sûr, n’importe quand et sur tous les sujets que vous désirez, lui répondit le jeune secrétaire.

Son visage s’éclaira de bonheur.

– Pauvre femme, me dit-il après son départ. Toute sa vie, elle est allée chez les psychiatres, et ils ne l’ont pas du tout aidée. Comment peuvent-ils l’aider si tout ce qu’ils possèdent est le savoir et non la foi ? Ils ne l’aiment pas, ils aiment seulement leurs théories. Comment peut-on aider sans amour ?

Ce jeune homme commença à éveiller ma curiosité. J’appris ainsi qu’il était âgé de vingt-cinq ans et qu’il était récemment revenu d’une mission en Australie, où l’avait envoyé le Rabbi.

– Ce que je fais ici ? J’ai une femme et des enfants, mais un jour le Rabbi m’a dit de me mettre en route et je n’ai demandé ni où ni pourquoi. Nous ne questionnons pas le Rabbi. Chacun de ses mots est un ordre. Il ne dit pas de mots inutiles, imprécis. Donc je pris ma famille et nous sommes partis. Qu’ai-je fait en Australie ? Ce qui m’a était ordonné. Il y a des missions qui consistent à s’enquérir du sort des gens et à contenter leurs besoins physiques, mais ce dont les Juifs ont le plus besoin est une nourriture spirituelle et un peu d’amour. Le Rabbi m’ordonna de partir dans le but de les encourager et d’apporter la vie juive à leurs âmes. Ce fut pour moi un grand honneur d’avoir été envoyé en mission par le Rabbi, mais nous sommes des centaines et des milliers dans le même cas. Nous sommes une armée entière, c’est notre « Corps de la Paix ». Ici est notre Quartier Général. D’ici le Rabbi envoie ses soldats sur les différents fronts. Même pour un seul Juif, nous sommes prêts à nous battre, avec dans nos mains la Torah et dans nos cœurs Ahavat Israël – l’amour du prochain. Ce sont là nos armes. S’il y a un endroit au monde qu’on ne peut atteindre en voiture, nous y allons à dos d’âne. Rien ne peut nous arrêter. Nous gardons constamment à l’esprit les ordres du Rabbi, que nous devons exécuter complètement, afin de pouvoir lui rapporter à notre retour que « la mission est accomplie ».

Le soleil ne se couche jamais sur l’Empire Loubavitch

Le monde avait coutume de dire que le soleil ne se couche jamais sur l’Empire britannique, mais cette image n’est plus valable. Il n’en est pas de même avec l’Empire Loubavitch. Il devient plus fort de jour en jour, ajouta-t-il. Avez-vous entendu parler de notre maison d’édition ? C’est une des plus importantes en matière d’œuvres juives, imprimant des livres en plus de dix langues. Nous avons aussi des centaines de yéchivoth avec quelque trente mille étudiants. Connaissez-vous nos villages en Israël ? Il y aura des communautés encore plus nombreuses. Une fois par semaine nous publions un bulletin d’information, diffusé par l’Agence de Nouvelles JTA.

– Qui sont les gens qui viennent voir le Rabbi ?

– Demandez plutôt qui ne vient pas ! Des ‘Hassidim et des Mitnagdim, des hommes et des femmes, des jeunes et des vieux, des Juifs et des non-Juifs, des particuliers et des hommes d’État, y compris le Président d’Israël. De même en ce qui concerne sa correspondance, elle touche tout le monde et couvre tous les sujets. Bien entendu, personne, en dehors du Rabbi, n’ouvre les lettres qui lui sont adressées et auxquelles il répond lui-même.

– En général, qu’est-ce que les Juifs demandent ?

– Des questions sur la religion ou sur les moyens de gagner sa vie, sur leurs affaires privées, et son point de vue sur la politique. Il n’y a aucune question à laquelle on ne peut répondre. Là où il y a la foi, on peut répondre à tout. Pour le Rabbi, il n’y a pas de questions médiocres ou sans importance. Chaque question demande une réponse précise... Excusez-moi un instant.

Je n’avais pas entendu la sonnerie, mais le jeune secrétaire se précipita sur le téléphone et quitta immédiatement la pièce.

Instinctivement, j’ajustai mon foulard sur ma tête en prévision de ma rencontre avec le Rabbi. Il était temps, car la seconde suivante le secrétaire revint me dire, avec l’air de quelqu’un offrant le plus merveilleux cadeau : « C’est maintenant. Venez avec moi. »

Le « rendez-vous de minuit »

Lorsque la porte se referma derrière moi et que je restai seule avec le Rabbi, il était minuit, mais le Rabbi se leva de derrière son bureau pour me recevoir avec un sourire où rayonnait plutôt l’éclat solaire.

« Pourquoi personne ne parle aux jeunes ? Ils attendent cela, mais personne ne le fait. »

Si c’est cela qui vous intéresse, vous découvrez un beau visage avec une expression de bonté et de noblesse, surmonté d’un chapeau noir et orné d’une barbe grise. Vous verrez également une paire d’yeux fixés sur vous, non pas pour voir, mais pour découvrir et révéler. Alors vous ne vous sentiriez pas à votre aise au cas où vous auriez quelque chose de caché que vous ne voudriez pas montrer. Est-ce parce que le Rabbi a réellement des yeux magiques ou est-ce à cause de l’influence magique que vous avez absorbé au cours de l’attente dans l’atmosphère de ce lieu ? Cette question n’a, à ce moment, aucune importance. Ce qui importe est d’essayer de se rappeler pour quelle raison on est venu ici. Aussi je commençai par me présenter.

Mais je vis immédiatement que cela n’était pas nécessaire. Il en connaissait plus sur moi que tout ce que j’aurais pu lui dire. Il savait non seulement ce que j’avais fait, mais ce que j’aurais dû faire, et non seulement ce que je faisais maintenant, mais ce que je ne faisais pas et que j’aurais dû faire. Bien sûr, ses disciples m’avaient dit qu’il lisait les journaux et qu’il était vivement intéressé par Israël, mais malgré tout c’était impressionnant :

– Je sais qu’actuellement vous écrivez dans la presse. C’est très bien, mais ce n’est pas l’essentiel. On doit s’adresser aux jeunes, et non se contenter d’écrire à leur sujet. Pourquoi ne leur parlez-vous pas ? Pourquoi personne ne leur parle-t-il ? Ils attendent cela, mais personne ne le fait. On leur tient de beaux discours, mais personne ne leur parle directement ; après cela, les gens sont surpris de les trouver indifférents à tout !

Le Rabbi ne me parle pas en yiddish, mais en hébreu. Son accent n’est peut-être pas du plus pur hébreu moderne, mais son langage est celui de la Bible. Et quelle que soit l’émotion contenue dans ses paroles, sa voix demeure calme et sereine.

– Ce que la jeunesse attend, c’est un ordre qui doit être donné de la même voix et sur le même ton que tous les grands commandements qui ont été donnés au peuple d’Israël. Les jeunes obéiront ou n’obéiront pas, mais ils ont besoin de cet ordre. L’ennui, c’est qu’il n’y a aucun commandant pour le donner. Où sont-ils donc tous ? Aucun salut ne viendra de ceux qui suivent les ornières de leurs habitudes, mais uniquement de ceux qui déploient de nouveaux efforts en vue du progrès.

Qu’est-il advenu de tous ceux qui, autrefois, brûlaient du feu sacré de l’idéalisme ? Ils s’occupent de bagatelles, par exemple s’il convient d’augmenter les taxes et de quel taux, au lieu de penser à ce qui concerne le peuple juif dans sa totalité. Selon les lois physiques, l’énergie ne peut jamais disparaître. C’est pourquoi je crois en la force éternelle du peuple juif. Toutes les forces qui étaient les siennes dans sa jeunesse existent toujours en lui et elles n’ont besoin que d’être réveillées. Où sont partis ceux qui savaient autrefois comment les réveiller ? La majorité s’encroûte en une morne médiocrité. Et, vous le pensez certainement, rien n’est pire que le conformisme. Se laisser porter par le courant est semblable à la mort. La créativité s’exprime en nageant contre le courant. Ce dont nous avons besoin est quelqu’un qui commence à nager contre le courant. Je ne prêche pas, que D.ieu préserve, la révolte, mais seulement une contestation contre le conformisme. Et pourtant la nation juive tout entière suit l’exemple du conformisme et il n’y a personne pour la guider hors de ce chemin...

La voix du Rabbi est pleine d’amertume, mais sans accents tragiques :

– Avez-vous jamais calculé combien d’« heures-jeunesse » si précieuses sont gaspillées chaque jour ? L’utilisation de chacune de ces heures pourrait donner des merveilles. Au lieu de s’adresser à la jeunesse, les leaders font des discours théoriques, et les jeunes vont au café perdre ce temps précieux. Donnez-leur simplement un ordre comme lors d’une campagne militaire, et vous verrez comme tous se lèveront comme un seul homme. L’énergie latente n’attend que l’étincelle.

Jamais dans toute l’histoire du peuple juif celui-ci n’eut une période qui offrait autant d’occasions qu’aujourd’hui. Et pourtant, il n’y eut jamais d’autres périodes où si peu d’entre elles ont été exploitées.

La Torah aussi a besoin d’un Commandant

Il fallut soudain la sonnerie stridente pour que je prenne conscience du profond silence qui régnait dans cette pièce. La sonnerie venait de l’extérieur, probablement du secrétariat. Je compris que l’entretien était terminé. Mais il ne me vint pas à l’idée de me lever, et je restai assise, là, comme s’il n’y avait pas eu de signal. En dépit de cette invitation pressante à abréger, le son de la voix du Rabbi m’assura que ce n’était pas encore fini :

– Chaque jour qui passe est une perte terrible. Notre jeunesse est endormie et ceux qui lui parlent ne le font pas dans son langage. Car s’ils le faisaient, celle-ci se réveillerait. Et ce réveil est la chose essentielle ; la jeunesse possède une richesse immense : son énergie. Une fois qu’on l’a libérée, elle peut être contrôlée.

Observez certains jeunes religieux, ils montrent de la fougue à protéger, parfois de manière critiquable, notre patrimoine spirituel. Pourtant, ce qui compte vraiment, c’est qu’ils ont du cœur, et qu’il y a quelque chose qui brûle au-dedans d’eux, et c’est cela le principal. Les convaincre qu’ils se trompent dans la forme d’action ne serait pas trop difficile, leur énergie serait alors utilisée dans la bonne direction.

Par contre, les jeunes gens qui quittent la Terre Sainte pour étudier dans des universités étrangères ne sont pas des exemples de combat pour un idéal, signe d’une vie intérieure. Que peuvent-ils apprendre qu’ils ne puissent étudier en Erets-Yisraël ? Un jeune homme qui va de Brooklyn au Néguev et risque sa vie sur les frontières peut être appelé un « pionnier » (‘halouts). Mais quitter Israël pour étudier dans une université de Brooklyn n’est pas un acte de pionnier. Ce n’est que recherche de confort.

« L’esprit du Judaïsme est le seul idéal qui n’ait pas échoué comme tout le reste. Seules les valeurs de la Torah sont restées indemnes. »

Prenez nos étudiants des yéchivoth : ils quittent parfois un foyer confortable afin d’aller enseigner la Torah aux autres. Ils vont partout dans le monde où il y a des Juifs. Ils frappent à toutes les portes, ils se frayent un chemin vers les kibboutzim non religieux en Israël et dans les foyers assimilés de la Diaspora. L’esprit du Judaïsme est le seul idéal qui n’ait pas échoué comme tout le reste. Seules les valeurs de la Torah sont restées indemnes. Rien jusqu’à présent n’a pu leur être comparé. C’est pourquoi aucun « compromis » n’est possible à ce sujet. Il est possible de rendre plus accessible l’enseignement de la Torah par des moyens modernes, mais pas de libéraliser l’application des mitsvot. Les tentatives de compromis ne feront qu’éloigner notre jeunesse. La jeunesse juive ne veut pas de compromis.

Il était près de deux heures. La sonnerie avait cessé de retentir depuis longtemps. Avant de sortir, je ne pus m’empêcher de poser une dernière question :

– Pourquoi ne venez-vous pas donner l’ordre à notre jeunesse ?

– Ma place est là où mes paroles sont le mieux écoutées. Le retour à notre source spirituelle entraînera notre retour physique et collectif sous la conduite du Machia’h. Celui-ci sera un homme de chair et de sang, visible et tangible, un homme que le peuple suivra. Et il viendra.

– Il est en chemin depuis déjà bien longtemps, me surpris-je à répliquer.

– Il est maintenant très très proche, et nous devons être prêts à le recevoir à tout instant, car il aurait pu venir il y a quelques minutes à peine.