la force, la puissance et l’intensité de la volonté humaine contrôlent toute chose au sein de l’homme…

Bien que le caractère essentiel de l’homme soit d’être rationnel – c’est d’ailleurs là la différence fondamentale entre les êtres humains et les animaux et ce qui constitue la supériorité de l’homme sur l’animal, le fait que toutes ses actions, ses paroles et ses pensées soient dictées par la raison et également son comportement émotionnel : le fait d’aimer et de détester, de glorifier, de remercier et de vaincre, de choisir le bon et le beau et de rejeter le mauvais et le répugnant, tout cela est dicté par le jugement rationnel – malgré cela [en dépit de la force de l’intellect], la force, la puissance et l’intensité de la volonté humaine contrôlent toute chose au sein de l’homme.

Les facultés de l’âme humaine se répartissent en quatre groupes. Ce sont :

1. le plaisir [en hébreu : « oneg »] et la volonté [« ratsone »] ;
2. la sagesse, la compréhension et la connaissance ;
3. les attributs émotionnels : l’amour, la haine, la fierté, la gratitude, la ténacité, etc ;
4. la pensée, la parole et l’action.

Ceux-ci s’ajoutent à l’âme vitale qui anime les membres du corps et leur permet ainsi d’assurer leurs fonctions respectives de donner à l’homme la vue, l’ouïe, la marche, le toucher, etc.

Ces quatre groupes se répartissent en deux classifications générales :

1. internes [en hébreu : « pnimi »] et
2. englobantes
[« makif »].

Bien que la ‘Hassidout utilise le terme « makif » pour décrire une certaine catégorie de facultés de l’âme, celui-ci ne doit pas être compris dans un sens physique et spatial – c’est-à-dire que ces facultés de l’âme entourent la personne –, mais plutôt dans un sens figuré, comme le texte le décrit ensuite. Seul le premier groupe de facultés de l’âme, oneg et ratsone, sont « englobantes ». Les trois autres catégories sont considérées comme « internes ».

Les facultés internes sont particulières, alors que les facultés englobantes sont générales…

Les différences entre ces deux classifications tiennent en quatre points :

Les facultés internes sont particulières, alors que les facultés englobantes sont générales…

Les facultés internes agissent sur et à travers des membres particuliers, alors que les forces englobantes n’en ont pas, car elles agissent sur l’ensemble des membres.

Les attributs intellectuels – la sagesse, la compréhension et la connaissance [‘hokhma, bina et daat] – sont contenus dans le cerveau. Les attributs émotionnels se trouvent dans le cœur. La pensée, la parole et l’action ont aussi leurs canaux respectifs dans le corps. Le oneg et le ratsone, en revanche, ne sont pas limités à une partie particulière du corps ; il n’y a pas de « membre » spécifique du corps à travers lequel la volonté ou le plaisir sont exclusivement exprimés.

Bien que les deux soient des facultés de l’âme, la profondeur de leurs racines respectives dans l’âme elle-même diffère. Les facultés englobantes sont enracinées plus profondément [dans l’âme].

Le Oneg et le ratsone sont enracinés dans l’essence de l’âme. Bien qu’ils ne constituent pas l’essence de l’âme elle-même, mais sont une extension et un reflet de celle-ci, ils sont néanmoins le premier état de mouvement de l’âme pure vers l’expression.

La plupart du temps, l’influence et les effets des facultés internes se font agréablement, et d’une position de proximité vis-à-vis de ce qu’elles influencent et ce sur quoi elles agissent. Les facultés englobantes, en revanche – en particulier celle du ratsone – influencent et agissent de manière puissante et dictatoriale.

Puisque chaque faculté interne de l’âme possède son canal d’expression particulier au sein du corps, son influence sur la personne est directe et douce. D’un autre côté, le oneg et le ratsone, qui n’ont pas de canal d’expression particulier, influencent la personne de manière coercitive et avec force.

L’avantage du oneg est dans sa supériorité ; l’avantage du ratsone est dans sa puissance…

Le oneg et le ratsone, bien qu’ils soient l’un et l’autre des facultés englobantes, et se distinguent donc des facultés internes selon les quatre manières mentionnées ci-dessus, sont néanmoins différents l’un de l’autre. Le présent texte n’a pas pour objet de traiter exhaustivement de facultés de l’âme, de leurs influences respectives et de leurs distinctions, si ce n’est de clarifier le sujet de l’éducation. Il suffira donc de présenter deux maximes générales qui expriment la nature particulière du oneg et du ratsone :

1. Rien [c’est-à-dire aucune faculté de l’âme] ne surpasse le oneg.
2. Rien n’est aussi puissant que le ratsone.
[Variante : Rien ne peut entraver le ratsone.]

Ces deux affirmations succinctes expriment clairement les différences entre le oneg et le ratsone, malgré leur similitude en ce qu’ils sont tous deux des facultés englobantes. À savoir, le point principal du oneg est sa supériorité sur le reste, étant la manifestation initiale de l’âme, même s’il n’est lui aussi qu’une faculté de l’âme. La caractéristique remarquable du ratsone est d’être si puissant que rien – aucune faculté de l’âme ou membre du corps – ne peut l’entraver.

Les pouvoirs de l’âme sont divisibles en deux classes : interne et englobante. L’avantage du oneg est dans sa supériorité ; l’avantage du ratsone est dans sa puissance.

Attributs intrinsèques et figurés

Deux adages se rapportant au ratsone ont été mentionnés ci-dessus : « Rien n’est aussi puissant que le ratsone » et « Rien ne peut entraver le ratsone ». Ceux-ci donnent une perception détaillée de l’aspect principal du ratsone, une appréciation de sa large et puissante influence, qui s’exerce aussi bien sur le oneg – qui est plus haut que le ratsone – que sur les autres facultés qui lui sont inférieures. Toutes sont également influencées par la volonté, qui agit sur elles par décret et de manière autoritaire.

Toutes les facultés, sans exception, peuvent prendre une forme intrinsèque ou figurée. Cela est aussi vrai pour la plus élevée d’entre elles – la faculté du oneg, qui, du fait de sa prééminence, est définie comme une « révélation de l’âme », bien qu’elle ne soit également que l’une des facultés de celles-ci –, que pour la plus basse des facultés : la capacité de propulsion, que les animaux possèdent également.

La différence entre une caractéristique intrinsèque et une caractéristique figurée est que la première est omniprésente, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, alors que la seconde est assignée – pour les besoins d’une comparaison – à un attribut externe et secondaire. Par exemple, l’ingéniosité du renard comparée à l’intelligence de l’homme et à sa compréhension. C’est également le cas en ce qui concerne le ratsone. Le ratsone intrinsèque s’étend avec puissance à toutes les facultés et à tous les membres, jusqu’à pouvoir les contraindre à agir à l’encontre de leur nature, alors que le ratsone figuré se limite au simple fait de vouloir, et est influencé par ce qui lui est extérieur, par les exigences de la faculté du oneg, ou de celles de l’intellect. Ce ratsone figuré, bien qu’il n’ait pas la puissance inhérente du ratson intrinsèque et qu’il soit influencé et conditionné par des stimuli extérieurs, s’étend néanmoins avec largesse et force.

Un éducateur a tout intérêt à laisser ouverte une voie à travers laquelle le ratsone d’un élève puisse s’exprimer…

Dès lors, un éducateur ou un conseiller doivent non seulement procéder doucement avec un élève, comme lorsque l’on apprend à marcher à un petit enfant, un pas à la fois, mais il doit exercer beaucoup de discernement et une fine perception dans le choix de ce qu’il convient de rectifier en premier dans le comportement de l’élève. Un éducateur ou un conseiller doit faire attention à ne pas essayer de corriger deux éléments à la fois, qu’il s’agisse de supprimer un défaut ou bien de renforcer une qualité.

En d’autres termes, étant donné que le ratsone d’un élève est fortement enclin à s’exprimer et à résister fermement à toute tentative de restriction, un éducateur a tout intérêt à laisser ouverte une voie à travers laquelle le ratsone d’un élève puisse s’exprimer, même si cette voie est un comportement négatif. De cette manière, la résistance du ratsone à la restriction dans cette zone critique est minimisée, et la rectification de la déficience la plus grave est facilitée.

Par exemple, si un élève a deux défauts :

1. Il exagère et ment,
2. Il est irascible et a un mauvais caractère.

Et conformément à la nature universelle qui est de ne pas avoir conscience de ses propres défauts, le ratsone de l’élève s’étend avec puissance dans ces deux domaines.

En pareil cas, l’éducateur doit choisir quel défaut rectifier en premier lieu, en donnant la priorité au plus dangereux. En l’occurrence, entre le mensonge et le caractère irascible, on choisira ce dernier pour s’y concentrer en premier, car il porte en soi les germes de fautes et de transgressions telles que l’émission séminale en pure perte, et d’autre choses de ce genre, qui sont à l’origine de nombreux maux qui mènent, à D.ieu ne plaise, à la ruine du corps et de l’âme, et aux troubles mentaux, puisse le Miséricordieux nous en préserver.

L’éducateur ou le conseiller ayant conscience de l’importance de définir des priorités dans la méthodologie du changement comportemental – dans le renforcement des qualités et a fortiori dans la suppression des défauts – possède une ferme base lui permettant d’espérer des résultats positifs dans sa démarche éducative.