Il est bien connu que lorsque les enfants jouent, ils reproduisent souvent exactement ce qu’ils voient les adultes faire à la maison. Il n’est donc pas surprenant que Zalman Aharon et Chalom Ber, les petits-enfants du troisième Rabbi de Loubavitch qui passaient de nombreuses heures à son domicile, jouaient « au Rabbi et au ‘Hassid ». Mais, contrairement aux jeux de la plupart des enfants, les leurs révèlent un niveau de compréhension bien au-delà de la simple imitation.
Quand ils jouaient, Zalman Aharon, le fils aîné, s’asseyait sur une chaise et mettait un chapeau sur sa tête. Il était le Rabbi. Chalom Ber se préparait en enroulant un gartel1 autour de sa taille, et il entrait alors dans le bureau du « rabbi » pour une audience privée.
Une fois, alors qu’ils jouaient à ce jeu, le « rabbi » demanda au « hassid » : « Y a-t-il quelque chose dont vous voudriez parler au sujet de votre vie spirituelle ? »
– J’ai fait une bêtise. Avant je sache que notre ancêtre2 a écrit : « Il est préférable de ne pas manger des noix le Chabbat », j’ai ouvert des noix et je les ai mangées le Chabbat.
– Pour expier cette faute, ne priez pas par cœur, conseilla le rabbi. Désormais, veillez à toujours lire les directement à partir du livre de prières.
Malgré les conseils du petit rabbi, le jeune Chalom Ber continua de réciter ses prières de mémoire. La mère de Chalom Ber le remarqua et lui demanda : « Pourquoi ne suis-tu pas le conseil du rabbi ? »
Chalom Ber répondit : « Je ne peux pas respecter ses conseils. Quand un vrai rabbi répond à son ‘hassid au sujet d’un problème, que celui-ci soit d’ordre matériel ou spirituel, il s’arrête d’abord un moment et soupire. C’est seulement après avoir manifesté de l’empathie qu’il répond. »
Lorsque nous sommes dans la position de conseiller quelqu’un d’autre, nous ne devons jamais nous considérer comme supérieurs et penser que le problème de l’autre personne est mineur et sera facilement résolu si seulement il/elle daigne nous écouter. De tels conseils sont sans valeur. Des conseils désinvoltes, même s’ils sont corrects, ne résoudront jamais un problème.
En revanche, lorsque nous intériorisons le problème de l’autre comme s’il s’agissait du nôtre, quand nous ressentons la douleur d’autrui au point où nous sommes obligés de soupirer avant de répondre, de tels conseils sont réels, et seront efficaces.
Comme le dit le Talmud : « Les mots qui émanent du cœur pénètrent le cœur. »3
Chalom Ber (1860-1920) devint plus tard le cinquième Rabbi de Loubavitch. Son frère aîné Zalman Aharon fut connu sous l’acronyme Razo, et refusa tout poste de direction.
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