D.ieu veut que quelque chose se passe et cela se passe. Comment pourrais-je alors choisir de faire quelque chose qui ne Lui plaît pas ? Qui est le plus fort, au final ?

La réponse courte :

Certes, Sa connaissance est différente de celle de toutes Ses créations. Nous sommes seulement conscients de ce qui existe déjà. Sa conscience, en revanche, devient réalité, lorsqu’elle coagule et se manifeste comme un monde physique.

Cependant, de par Sa volonté, l’Homme se voit accorder le libre arbitre dans certains domaines. Ce qui signifie que D.ieu fait une exception dans ces cas : Il retient Sa conscience dans sa descente vers la réalité – car autrement elle forcerait une personne à se comporter selon Sa volonté.

Une réponse un peu plus longue :

Là, les choses se corsent un peu. Après tout, D.ieu est Celui « qui parle et cela devient ». « Tout ce que l’Eternel veut, Il le fait », chante le Psalmiste. Dès lors, comment nous autres petites créatures pourrions-nous avoir l’arrogance de croire que nous pouvons peut-être agir contre Sa volonté ?

La réponse, élucidée par les maîtres du ‘Hassidisme ‘Habad, s’énonce comme suit :

Avant que D.ieu ait créé le monde, Il choisit certaines choses qu’Il aimera que les gens fassent, et d’autres, qu’Il n’aimera pas. Ce fut un choix totalement libre de Sa part : Il aurait tout aussi bien pu choisir d’aimer le vol, et il aurait ensuite fait un monde dans lequel le vol aurait fait sens. Mais Il ne l’a pas fait. Il a choisi que le vol soit quelque chose qu’Il aurait en horreur. Avec tout un tas d’autres choses. Et Il a choisi que les actes de bienfaisance, d’autre part, feraient gagner le plus de points.1

Puis Il a fait un monde où les gens pourraient décider du type d’activités qu’ils choisiraient. Ils pourraient choisir de voler, de maltraiter, de corrompre, etc., et de grandement Le décevoir. Ou ils pourraient choisir des actes de bonté pour lesquels Il exprimerait Son plaisir.

Pour rendre les choses encore plus excitantes, Il fit en sorte que ce monde s’oppose résolument à ceux qui essaient de faire Sa volonté, équilibrant soigneusement les forces de sorte que le vainqueur soit celui ayant manifesté le plus de détermination. De fait, les épreuves elles-mêmes sont uniquement destinées à mettre en évidence les forces profondes des protagonistes humains. C’est complexe, certes. Mais vous admettrez que c’est beaucoup plus excitant que de regarder une planète de robots agissant conformément à leurs réglages d’usine.

Bien sûr, la plupart des choses fonctionnent exactement comme cela a été prévu pour elles. Les étoiles dans le ciel, les plantes poussant sur le sol, les animaux et même les anges du service n’ont pas leur mot à dire sur la façon dont ils se comporteront ni sur leur degré de responsabilité. Seulement les êtres humains. Et même le libre arbitre de l’être humain est limité : une fois que D.ieu a dit que quelque chose va se passer, cela va se passer. Il décide d’énormément de choses sur votre structure génétique, et vous n’avez pas non plus choisi vos parents. Mais il y a encore beaucoup de choses que D.ieu garde pour Lui-même et qu’Il ne décrète jamais, attendant que vous en fassiez le choix pour que cela se produise.

Les Kabbalistes parlent de cela comme étant la différence entre la pensée et la parole de D.ieu : la parole, c’est quand Il veut que quelque chose se produise, et que cette volonté descend dans ce monde et la fait être. La pensée, c’est quand Il veut quelque chose et attend qu’elle soit. D.ieu a dit : « Que la lumière soit ! » – Et la lumière fut. D.ieu vit – ce qui signifie « Il pensa à propos de » (Na’hmanide sur ce verset) – la lumière, qu’elle était bonne, et Il distingua entre la lumière et l’obscurité. Depuis lors, Il a préféré un état où le bien (la lumière) domine et où le mal (l’obscurité) est subjugué. Et Il attend que cela se produise.

Avant que vous naissiez, dit le Talmud, un ange du service porte doucement votre forme fœtale jusque devant le Trône de Gloire et demande ce qu’il en sera de vous. D.ieu décrète beaucoup de choses – vos talents, votre personnalité, votre état de santé, votre valeur nette monétaire, même le nom de votre véritable conjoint. Autant que vous souhaiteriez l’imaginer, le choix ne vous appartient pas dans ces domaines. Mais D.ieu ne décrète pas si vous allez vous mettre à la recherche d’un conjoint ou non. Ceci est une mitsva, et dépend de vous. Il ne décrète pas non plus si vous allez mettre vos talents au service de causes bonnes ou mauvaises, si vous allez diriger vos traits de personnalité dans des canaux positifs ou négatifs, si vous allez gaspiller votre argent en achetant des jouets et des vêtements de luxe ou bien pour soutenir des causes vertueuses et des personnes nécessiteuses.

Fondamentalement, lorsque D.ieu déclare qu’une chose doit être, celle-ci est déjà. Mais quand D.ieu vous demande de faire quelque chose, Il vous transmet alors Sa capacité unique de faire un choix.

Il est une autre façon de faire la distinction entre les deux domaines : l’un est appelé « le monde extérieur » et l’autre est « le monde intérieur ». Le monde extérieur est dépendant et prédéterminé par le monde intérieur. Le monde intérieur est subordonné à la libre volonté de D.ieu et de l’Homme.

Le monde extérieur comprend tout l’ordre naturel : la terre, l’eau, l’air et le feu, toute la matière et l’énergie qui assurent le fonctionnent du monde. Il est comme une sorte de toile de fond ou de scène sur laquelle le drame du monde intérieur se joue. Il doit être tel qu’il est pour accomplir le dessein du monde intérieur. La conception de tous les accessoires et décors du monde extérieur sont déterminés par leur rôle de soutenir les choix effectués par les personnages du monde intérieur. Il n’y a aucune liberté de choix dans ce domaine extérieur, rien que des accessoires muets. Les choses sont ainsi, car elles doivent être ainsi.

Le monde intérieur est composé de gens et de toutes les choses que la Torah requiert de leur part : les activités que D.ieu a décidé qu’Il aimerait ou qu’Il n’aimerait pas avant la création du monde. Tout comme D.ieu a décidé qu’Il aimerait ou non ces choses uniquement par effet  de Son absolue liberté de choix, nous aussi décidons de les accomplir entièrement de par notre libre arbitre. Tel est le sens de la déclaration des sages talmudiques : « Tout est entre les mains du ciel, sauf la crainte du ciel. » La crainte du ciel est la clé du monde intérieur qui est entre nos mains.

Est-ce à dire que nous, les humains, pouvons vraiment gâcher le Plan divin ? Après tout, D.ieu avait un objectif à l’esprit quand Il a mis ce système en route2 – c’est-à-dire qu’Il avait un plan pour Sa création – qui est que, finalement, à travers nos efforts, Il recevrait la somme totale de tout ce qu’Il a décidé qu’Il aimerait : un monde physique qui exprime Son essence.

Alors, est-il possible que nous autres, petites créatures, puissions abuser de notre libre choix au point de détourner le monde de ce but ultime ?

Absolument pas. Rien ne peut entraver l’accomplissement de l’objectif divin. Après tout, Il n’est pas D.ieu pour rien. À tout moment, quoi qu’il se passe, le cosmos tout entier évolue dans une spirale ascendante vers Son but, et il n’est aucune créature qui puisse le faire dévier de sa course. Tout au plus pouvons-nous le ralentir ou l’accélérer. Cela, Il nous en a laissé la latitude. Mais nous ne pouvons pas le faire prendre de virage.

Comment savons-nous cela avec une telle certitude ? Tout simplement parce que dire le contraire serait du polythéisme, et la Torah nie absolument le polythéisme. S’il y avait un autre être dans l’univers qui pourrait imposer sa volonté au détriment de celle de D.ieu, combien de D.ieux cela ferait-il ?

Pour le dire autrement : Il nous permet d’aller contre Sa volonté intérieure, mais rien ne peut aller contre Son intention. Et, oui, il y a des choses dont Il a l’intention qu’elles se produisent dans Son monde qui sont contre Sa volonté. Il a placé des choses ici qu’Il n’aime vraiment pas. Mais c’est pour un tout autre article. Qu’il suffise de dire qu’autrement ce serait un monde très terne.

Ce n’est pas seulement l’objectif final qui ne peut pas être esquivé. À chaque moment de la vie d’une personne, il/elle se trouvera exactement à l’endroit où D.ieu désire que cette petite créature soit à ce moment. Quel que soit le choix que vous fassiez, cela ne changera pas le résultat final. Cela changera seulement une chose : qui est responsable du résultat ? Ce gâchis est-il de votre faute, de sorte que c’est à vous qu’il reviendra de le nettoyer ? Ou êtes-vous le héros qui a empêché la destruction de s’étendre ? De quel côté êtes-vous et avec quelle énergie vous battez-vous ? Quand nous arriverons à destination, sera-ce grâce à vos efforts, ou malgré eux ? Aurons-nous à vous y traîner, ou marcherez-vous en première ligne ? Vous parcourrez tout le circuit, mais tirerez-vous le meilleur parti de chaque tour, gagnant le maximum de chaque expérience ? Surmonterez-vous l’obscurité d’un seul coup d’épée, ou roulerez-vous avec elle dans la poussière, la combattant jusqu’à ce que son essence même soit anéantie ?

De quelque manière que ce soit, nous parviendrons à destination.

Pour les paroles du Rabbi de Loubavitch sur ce dernier sujet, voir Likoutei Si’hot, vol. 5, à la page 65 et suiv. Pour plus d’approfondissement, voir Maamarim Meloukatim vol. 5, p. 154 et suiv.

Passons à la question suivante :

Puisqu’il n’y a rien d’autre que Son unicité, quelle place nous reste-t-il pour faire la moindre différence ?