Des fêtes mineures
Pourim et ‘Hanouccah sont parfois désignés sous le nom de « fêtes mineures ». Elles sont ainsi appelées afin de les distinguer des « fêtes majeures » (Pessa’h, Chavouot et Souccot), ainsi que de celles, très spéciales, de Roch Hachana et Yom Kippour. Pourim et ‘Hanouccah n’en sont pas moins des fêtes très importantes ; elles nous dispensent joie et encouragements, deux choses dont nous avons si grand besoin en ces temps difficiles. Elles nous rappellent que D.ieu veille sur nous et nous protège contre les tyrans et les ennemis de toutes sortes qui veulent nous détruire, mais qui, en fin de compte, se trouvent eux-mêmes détruits.
Dans notre histoire, Pourim vint d’abord (encore que dans l’année, ‘Hanouccah soit célébrée la première, puisque Kislev précède Adar). Il eut lieu vers la fin de l’exil babylonien, après la destruction du premier Temple de Jérusalem par le roi Nabuchodonosor. Babylone avait été conquise par les Perses, et c’est sous leur domination que vivaient les Juifs à cette époque-là1. ‘Hanouccah, elle, vint plus de deux siècles après Pourim, coupant ainsi en deux parties presque égales la durée du second Beth Hamikdache2. Les Juifs étaient alors établis en Terre Sainte, mais soumis aux rois grecs de Syrie.
De quelques différences
Sur plus d’un point, ces deux fêtes diffèrent :
- Pourim eut pour théâtre une terre étrangère, celle même où vivaient les Juifs à cette époque, tandis que ‘Hanouccah eut lieu en Terre Sainte.
- Pourim ne dure qu’un jour ; ‘Hanouccah huit.
- À Pourim, nous lisons la Méguila ; à ‘Hanouccah, nous allumons des bougies.
- À Pourim, nous avons une Séoudah, Michloa’h Manoth, etc. ; à ‘Hanouccah, nous avons le Hallel.
Aux deux, nous disons « Al Hanissime » dans nos prières ainsi que dans l’Action de grâces qui suit les repas. Bien entendu, la prière varie d’une fête à l’autre, racontant lors de chacune d’elles sa propre histoire : l’une « Au temps de Mordékhaï et d’Esther à Chouchane la capitale », l’autre « Au temps de Mattathias et de ses fils ».
La différence la plus importante réside cependant dans la nature même de ces deux fêtes. Le miracle de Pourim sauva notre peuple d’un tyran cruel qui voulait l’anéantir dans sa totalité. Le miracle de ‘Hanouccah, lui, nous sauva d’un ennemi qui cherchait « seulement » à changer notre religion, notre façon de vivre ; à nous faire renoncer à notre Torah, au Chabbat, à la cacherouth, etc., afin que, devenant grecs, nous fussions semblables à tous les autres peuples conquis et gouvernés par Antiochus. Les Juifs qui obéirent aux ordres de ce roi ne furent ni maltraités ni menacés de mort. Au contraire, on les récompensa. Une vie pourvue de toutes les satisfactions matérielles leur fut assurée. Mais c’est là justement que résidait le danger.
Conscience ou ignorance du mal
Voyez-vous, quand une personne est malade et souffre, elle en a conscience. Elle sait qu’elle doit consulter un médecin qui tâchera de la guérir. Ce qui est bien pire, c’est quand cette personne ignore être malade. Ne s’en doutant pas, elle ne fera rien qui puisse un jour lui rendre la santé. Le mal ainsi négligé étendra ses ravages jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour y remédier.
À Pourim, la menace brandie par Haman était claire pour tous les Juifs. Ceux-ci se rassemblèrent dans les Synagogues, se livrant au jeûne et à la prière. Ceci fait, ils prirent les armes pour se défendre. Dans tout l’enchaînement des événements, le remède avait été préparé avant que la « maladie » ne se déclarât : le banquet d’Assuérus, celui de Vachti, ceux d’Esther, le complot des deux chambellans qui voulaient empoisonner le roi, et Mordékhaï surprenant leurs conciliabules secrets.
L’histoire de ‘Hanouccah est complètement différente. Bien des Juifs ne se rendaient pas compte du danger et, pendant ce temps, la « maladie » de l’assimilation ne faisait que s’étendre. Heureusement, il y en eut quelques-uns qui, conscients de ce qui se passait, donnèrent l’alerte. À leur tête, une famille : Mattathias et ses cinq fils, la famille des Cohanim Hasmonéens. Une flamme sainte et pure brûlait dans leurs cœurs, et elle enflamma ceux des autres. C’est alors qu’une poignée d’hommes se levèrent pour sauver la Torah et la foi juive. Le miracle de l’huile dans le Temple3 fut le signe et le symbole de cette lutte qui visait à préserver vivante la flamme de la Torah et de notre foi en D.ieu.
La fin de tous les Haman
Pourim est une fête se rattachant à notre exil. Aussi longtemps que des Juifs vivront sur des terres étrangères, il y aura toujours, comme il y a déjà eu, des Haman. Le temps n’est pas encore venu où le monde sera définitivement débarrassé des Haman de toutes sortes. Telles étant les choses, comment pourrions-nous réciter Hallel à Pourim ? Ce temps viendra quand D.ieu nous enverra notre Machia’h, comme Il nous l’a promis par la bouche de nos prophètes. Notre juste Rédempteur rassemblera alors nos exilés des quatre coins de la terre, pour nous conduire à notre Terre Sainte. Ce jour-là, le monde sera plein de la connaissance de D.ieu, « comme la mer est pleine d’eau ». Jusqu’alors nous devons demeurer unis, soutenus par la foi en un seul D.ieu et vivre conformément à notre Torah. Seule cette profonde unité nous rendra forts et nous protégera contre tous les Haman possibles.
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