Les lumières de ‘Hanouccah et la Mézouza

La mitsva des Lumières de ‘Hanouccah est, sur deux points, analogue à celle de la Mézouza : toutes deux doivent être placées sur le côté de la porte d’une maison ou d’une cour, et toutes deux à l’extérieur.

Il y a cependant deux différences significatives entre ces deux mitsvot : tandis que la Mézouza doit être apposée sur le côté droit de la porte, les Lumières de ‘Hanouccah, elles doivent être placées sur le côté gauche. Et bien que toutes deux le soient à l’extérieur, dans le cas de la Mézouza, cela est pour indiquer seulement là où la maison ou la cour commencent, pour marquer l’entrée. Tandis que les lumières de ‘Hanouccah sont censées illuminer spécifiquement l’extérieur, le domaine public. La Mézouza est comme une flèche qui dirige vers l’intérieur, alors que la Lampe de ‘Hanouccah brille au-dehors.

On peut trouver un rapport entre ces deux différences. Car le « domaine public » (réchouth harabim, littéralement : « le domaine du grand nombre ») suggère l’idée de multiplicité ou de défaut de l’unité ; et le « côté gauche » est le nom de la source de cette vie où existent la séparation et la non-unité. Les notions de « domaine public » et de « côté gauche » sont donc reliées par le fait qu’elles désignent symboliquement la division et l’aliénation par rapport à D.ieu.

La Mézouza et d’autres commandements

La mitsva de la Mézouza est généralement tenue comme égale en importance à toutes les autres mitsvot réunies : elle les inclut toutes en elle-même. Aussi nous attendons-nous à trouver en celles-ci les deux traits qui caractérisent la Mézouza : l’idée du côté droit, et celle d’être dirigée vers l’intérieur plutôt que vers l’extérieur.

Presque toutes les ont, en effet. La plupart doivent être accomplies avec la main droite. Sous peine d’être invalidés, les holocaustes devaient être offerts avec la main droite. De même, certains commandements doivent être observés à l’intérieur de la maison ; alors que ceux qui peuvent être accomplis au-dehors n’ont pas un rapport total avec l’idée du « domaine public », puisqu’ils peuvent aussi être observés à l’intérieur ; bref, ils ne se rattachent à aucune idée de lieu.

Il s’ensuit que les lumières de ‘Hanouccah – qui occupent le côté gauche, et sont destinées à l’extérieur – ont un caractère qui les distingue presque de tous les autres préceptes judaïques.

Commandements positifs et commandements négatifs

Cette différence qui présente la Mézouza avec, d’une part, les autres mitsvot, et, d’autre part, les lumières de ‘Hanouccah, est analogue à une autre différence : celle qui distingue les commandements positifs des commandements négatifs.

Les premiers (qui ne peuvent être observés qu’avec des objets relevant du domaine de ce qui est permis) appartiennent eux-mêmes à ce domaine ; les seconds relèvent de ce qui est interdit.

Chaque observance d’une mitsva apporte une vie spirituelle au monde, sous forme de « lumière divine ». Et la lumière qui est attirée ici-bas par l’accomplissement d’un commandement positif appartient à la catégorie qui peut être intériorisée dans l’acte, « revêtue » ou contenue en lui. L’acte « revêt » la lumière de la même manière que le corps revêt l’âme. Mais une lumière divine qui peut être contenue de cette façon est finie – non infinie – et prend le caractère de ce qui la contient. Elle ne peut descendre dans le monde de l’impur ou de l’interdit, car le caractère de ce dernier est celui de la négation de la volonté divine, caractère qui ne pourrait assumer une lumière émanant de D.ieu.

La lumière libérée en s’abstenant d’accomplir un interdit est infinie. La lumière de ‘Hanouccah est plus forte encore.

En revanche la lumière qui habite ce monde, et qui est libérée par l’accomplissement d’un commandement négatif est infinie. Elle ne peut être contenue par l’action prohibée (ni d’ailleurs par aucune action) et n’emprunte pas non plus son caractère ; elle peut donc être libérée non quand on accomplit l’acte, mais quand on s’en abstient. En effet, seule une lumière infinie pourrait descendre si avant dans l’impureté, étant donné que, où qu’elle brille, rien ne pourrait l’obscurcir.

Et la lumière de ‘Hanouccah est de cette catégorie infinie, parce qu’elle apporte la lumière au « côté gauche » et au « domaine public » – tous deux étant le symbole de l’impureté et de l’aliénation à D.ieu.

En fait, la lumière de ‘Hanouccah va au-delà des commandements négatifs, car en elle-même elle est un commandement positif. Se retenir d’accomplir une action prohibée peut nier celle-ci. Mais les lumières de ‘Hanouccah ne nient pas le monde du « dehors » ; au contraire, elles l’illuminent et le purifient, de la même manière qu’un commandement positif purifie le monde du « dedans » (c’est-à-dire le monde du permis).

Là est le rapport entre les lumières de ‘Hanouccah et la Torah, qui est elle-même appelée une « lumière ». Car la Torah a aussi le souci de spécifier les actions prohibées et les choses impures. Et, par l’étude de la Torah, les étincelles de Sainteté contenues dans le monde des choses interdites sont libérées et élevées.

Les lumières de ‘Hanouccah et les Téfilines

Nous savons que les sept commandements institués par nos Sages – l’un d’eux étant celui des lumières de ‘Hanouccah – dérivent, en définitive, des commandements existant dans la Torah. Il doit donc y avoir, parmi ceux-ci, un commandement analogue à celui des lumières de ‘Hanouccah, et qui porte la Lumière Divine au « côté gauche » et au « domaine public ». Ce commandement est la mitsva des Téfilines. Car les phylactères pour la main sont habituellement portés sur le bras gauche (le bras le plus faible, c’est-à-dire le gauche, quand il s’agit d’un droitier) ; et la raison en est, comme l’explique le Zohar, que « l’inclination au mal » (le « côté gauche du cœur », la voix du refus émotionnel de la volonté de D.ieu) doit elle-même être « liée » à l’intérieur du service divin. Et les Téfilines de la tête doivent être portés non couverts et exposés, de sorte que « tous les peuples de la terre verront que tu es appelé du nom de D.ieu, et ils te craindront ». Son but est donc de révéler la Divinité à « tous les peuples de la terre » et de les amener à « te craindre ». Ainsi les Téfilines, comme les lumières de ‘Hanouccah, sont dirigés vers le « côté gauche » et le « domaine public », vers ce qui se trouve hors de la reconnaissance de D.ieu.

À la lumière de ce qui vient d’être exposé, nous pouvons comprendre la maxime de nos Sages qui dit : « La Torah entière est comparée aux [commandement des] Téfilines. » Ceux-ci ont, comme la Torah, le pouvoir d’effectuer une purification, même dans le monde profane.

La mitsva des Téfilines

À ‘Hanouccah, nous devons contribuer pour la charité plus que d’habitude, « tant en argent que par notre personne », charité aussi bien matérielle que spirituelle. Et puisque, comme nous l’avons vu, la mitsva des Téfilines a un rapport particulier avec les lumières de ‘Hanouccah, cette fête est un temps fort approprié pour se consacrer à la « Campagne des Téfilines », aidant autant de Juifs que possible à accomplir cette mitsva.

Et quand un Juif réussit à amener un autre Juif à observer la mitsva des Téfilines, il en résulte, comme cela est dit dans la Michna, qu’« une mitsva entraîne une autre à sa suite ». Si cela est vrai pour toute mitsva, cela est d’autant plus de celle des Téfilines, à laquelle toutes les autres mitsvot sont comparées. Et ainsi, de la graine de cette seule observance poussera, avec le temps, l’observance de toutes les autres.

Le miracle de ‘Hanouccah est apparent non seulement dans le fait que « pour Ton peuple Israël Tu as opéré une grande délivrance, une grande rédemption comme en ce jour », en délivrant Israël d’un peuple « impur », « méchant » et « arrogant », et ce, en dépit de sa puissance et de son nombre ; mais le miracle est aussi apparent dans le résultat, car « après, Tes enfants sont venus dans Ta très sainte maison, ont purifié Ton Temple et Ton sanctuaire, et allumé des lumières dans Tes parvis saints ».

Ainsi en est-il des Téfilines. Par l’observance de cette mitsva, s’opèrent non seulement « une délivrance et une rédemption » du joug de « tous les peuples de la terre », car, par suite de « la crainte qu’ils auront de toi », ils ne s’opposeront plus à Israël, mais seront comme si leurs « cœurs avaient fondu et il n’y eut plus aucun courage en aucun homme à cause de vous » ; non seulement, disions-nous, une délivrance et une rédemption, mais aussi, conséquence de la mitsva, « Tes enfants [viendront] dans Ta très sainte maison » – dans le Troisième Temple qui sera révélé promptement sur la terre, comme un signe de l’ère messianique.