Pendant les huit jours de ‘Hanouka, immédiatement après l’allumage des bougies, nous récitons la prière « Hanérot Halalou » dont voici la traduction :

Nous allumons ces lumières pour commémorer les actes de délivrance, les miracles et les merveilles que Tu as accomplis pour nos ancêtres, en ces jours-là, en ce temps-ci, à travers Tes saints Cohanim.

Et durant les huit jours de ‘Hanouka, ces lumières sont sacrées, et nous n’avons pas le droit d’en faire usage, mais seulement de les regarder, afin de remercier et de louer Ton grand Nom, pour Tes miracles, pour Tes merveilles et pour Tes délivrances.

On peut remarquer qu’au début de la prière, l’ordre des mots est : « les actes de délivrance, les miracles et les merveilles », alors qu’à la fin, l’ordre est inversé : « pour Tes miracles, pour Tes merveilles et pour Tes délivrances ». Comment expliquer cette inversion ?

En réalité, la prière Hanérot Halalou comprend deux parties. La première évoque les trois formes de miracles et de merveilles accomplis en faveur de nos ancêtres, à cette époque-là, tandis que la seconde souligne notre réaction émotionnelle vis-à-vis de ces miracles pour lesquels nous voulons « remercier et louer Ton grand Nom » pour les avoir accomplis.

Dans l’ordre, chronologique des événements de ‘Hanouka, les « miracles » furent précédés par des « délivrances » et suivis par des « merveilles ». Par contre, quand il s’agit de notre réaction émotionnelle, les miracles suscitent en premier lieu nos « remerciements et louanges », puis nous nous exclamons devant les « merveilles » et enfin devant les « délivrances ».

La raison d’être de cette différence pourra mieux être saisie si l’on analyse la différence essentielle qui existe entre ces trois termes.

La délivrance, le salut divin

Lorsque, dans le feu de notre combat contre l’ennemi, nous voulons être assurés de la victoire, il est absolument nécessaire de bénéficier de la bénédiction et du salut de D.ieu, car, dans le cours naturel des choses, l’un des deux partis seulement peut sortir vainqueur.

Le miracle

Toutefois, malgré l’aide et le salut divins, la victoire peut sembler le produit logique de la loi du plus fort. En revanche, un miracle est manifeste lorsqu’une armée numériquement et militairement faible sort victorieuse. Dans le cours naturel des choses, cela ne pouvait pas se produire ; il est alors évident qu’il y a eu là une intervention surnaturelle.

Les merveilles

Les « merveilles » se réfèrent aux événements qui, sans être des miracles évidents, transcendent le cadre naturel et ordinaire des choses et suscitent l’étonnement et la stupéfaction chez ceux qui en sont les témoins.

Au début de la Saga de ‘Hanouka, la victoire hasmonéenne sur les soldats grecs à Modine, opposa la petite armée de Mattathias et de ses fils à l’armée locale tout aussi peu nombreuse des Grecs. La victoire des Juifs fait ressortir, sans aucun doute, la délivrance divine, mais ne constitue pas un miracle évident.

Plus tard, lorsque la petite et faible armée juive vainquit la puissante armée d’Antiochus, tous reconnurent alors l’évidence du miracle et que « D.ieu les avait assistés dans leur détresse en combattant pour eux ».

Enfin, quand les Hasmonéens mirent les Grecs en déroute, ils entrèrent dans le Saint Temple et y trouvèrent une petite fiole d’huile pure pour rallumer la Ménorah. Qu’une seule petite fiole soit restée intacte, non souillée par les mains grecque,s demeure, sans conteste, un phénomène prodigieux.

Certes, on pourrait voir ici une intervention miraculeuse, mais le fait que les Grecs aient pu, simplement, ne pas découvrir cette fiole rend une telle affirmation incertaine. Par conséquent, la fiole relève de la « merveille », du « prodige », et non du « miracle ». Dès lors, on comprend l’ordre du début de la prière Hanérot Halalou: délivrances, miracles et merveilles.

(Il va sans dire que le fait que cette petite fiole d’huile, suffisante pour un seul jour, en ait duré huit, constitue, lui, un miracle à part entière.)

Lorsque, dans la conclusion de la prière, il s’agit de la réaction humaine, émotionnelle, face à ces événements, le « fait miraculeux » est prééminent. Après réflexion, on distingue également l’intervention divine dans les « merveilles » et même dans les « délivrances », là où une explication logique et naturelle aurait pu a priori s’insinuer. D’où notre empressement à remercier et à louer D.ieu pour ces événements aussi.