Pendant que le méchant Haman préparait ses plans en vue de faire pendre Mardochée, l’idée ne pouvait effleurer son esprit que ce serait lui, Haman, qu’on pendrait à sa place.
Mais le Tout-Puissant savait quel triste sort était réservé à Haman. Il lança donc un appel aux arbres afin que l’un d’eux se dévouât et jouât son rôle de potence.
Un souffle puissant parcourut les forêts et chaque arbre revendiqua la « mitsva » de contribuer à la pendaison d’Haman le perfide qui était si pressé d’anéantir le peuple de D.ieu.
– De grâce, choisissez-moi, supplia le figuier. Je suis l’arbre que les Juifs ont honoré en prenant mes fruits comme offrande de « bikourim » (premiers fruits) à D.ieu
– Moi aussi, je suis honoré par les Juifs au service de D.ieu, réclama le cédratier, produisant l’étrog. Faites que le méchant Haman soit pendu à l’une de mes branches !
– Pourquoi pas moi ?, protesta l’olivier. Moi aussi j’ai été utilisé au service de D.ieu, puisqu’on s’est servi de la pure huile de mon fruit pour alimenter les candélabres du Saint Temple.
– S’il est question du Saint Temple, alors nous pouvons, nous aussi, nous prévaloir d’avoir été utilisés au service de D.ieu, lancèrent à l’unisson les cèdres et les acacias. C’est avec notre bois que le Saint Temple a été construit. Il nous semble que c’est à nous que revient le privilège de servir D.ieu en servant de potence pour le méchant Haman !
– Écoutez, mes bons amis, intervint le pin. « Il est vrai que je n’ai à me vanter d’aucun mérite spécial. Mais quel mérite a donc Haman ? Cet homme haïssable a bien assez harcelé les Juifs de son aiguillon. Je crois être l’arbre qui convient le mieux – avec toutes mes aiguilles – à la pendaison de cet Haman si plein d’épines.
Ainsi fut fait. Haman fit dresser la potence à la forte branche d’un pin. Fier du résultat, il appela tous ses amis et serviteurs afin de leur faire admirer le travail terminé. Il était de si bonne humeur à l’idée de voir pendre l’ennemi qu’il haïssait le plus au monde, Mardochée, que, d’un geste enjoué, il passa sa tête dans le nœud coulant en disant à ceux qui l’entouraient : « Il vaut mieux s’assurer par soi-même que la potence est bien préparée et qu’elle fera ce qu’on attend d’elle ! »
– Insensé Haman ! dît une voix céleste qu’il fut seul à entendre. Tu viens de montrer de façon irréfutable que la potence est prête à t’accueillir afin que tu y sois pendu. Elle est à ta mesure, comme cette fin est à ta mesure ; triste sort qui a été prévu pour toi depuis les premiers jours de la Création.
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