En résumé
Le ‘hamets désigne tout produit alimentaire fabriqué à partir de blé, d’orge, de seigle, d’avoine ou d’épeautre qui est entré en contact avec de l’eau et a été laissé fermenter et « lever » spontanément.
Concrètement, presque tout produit élaboré à partir de ces céréales – hormis la matsa de Pessa’h, dont la préparation est soigneusement contrôlée pour éviter toute fermentation – doit être considéré comme du ‘hamets. Sont concernés la farine (même avant son mélange avec l’eau1 ), les gâteaux, les biscuits, les pâtes, les pains, et les produits qui contiennent du ‘hamets comme ingrédient, comme le malt.
Le fondement biblique
À la veille de la sortie d’Égypte du peuple d’Israël, D.ieu lui ordonna de sacrifier l’agneau pascal puis de le manger avec de la matsa non levée et des herbes amères.2 D.ieu leur enjoignit ensuite de reproduire ce repas de fête chaque année à l’anniversaire de l’Exode : « Ce sera pour vous un souvenir... durant sept jours vous mangerez de la matsa, et dès le premier jour vous devrez retirer tout séor (levain, agent de levage) de vos maisons. Quiconque mange du ‘hamets (levain) du premier au septième jour sera retranché d’Israël ».
Quand l’interdiction commence-t-elle ?
Selon la loi juive, il est interdit de manger du ‘hamets au-delà de la quatrième heure halakhique3 du matin précédant Pessa’h. Il est interdit de tirer un quelconque bénéfice du ‘hamets à la cinquième heure, et tout ‘hamets doit être brûlé avant la sixième heure. À partir de ce moment et jusqu’à la fin de Pessa’h, le ‘hamets est totalement interdit.
Pourquoi l’interdiction du ‘hamets débute-t-elle avant que Pessa’h ne commence ?
La Torah dit : « Tu offriras le sacrifice de Pessa’h à l’Éternel, ton D.ieu... Tu ne mangeras pas de levain avec lui ».4 La tradition exégétique interprète ce verset comme établissant que l’interdiction du ‘hamets prend effet à partir du moment où le sacrifice de Pessa’h pouvait être offert, soit à partir de midi le 14 Nissane.
Afin d’éviter toute transgression involontaire de l’interdiction, les sages ont institué que l’interdiction de consommer du ‘hamets entre en vigueur deux heures avant midi, et l’interdiction d’en tirer un quelconque profit commence une heure avant midi.
Pour consulter les heures halakhiques applicables à votre région, cliquez ici.
L’élimination du ‘hamets
Bien avant le début de Pessa’h, nous nettoyons nos maisons, bureaux et tout autre lieu nous appartenant afin de débarrasser nos foyers du ‘hamets. Tout en reconnaissant le mérite d’une rigueur particulière durant Pessa’h, il convient de garder à l’esprit que la poussière ne constitue pas du ‘hamets. Le nettoyage et la recherche du ‘hamets visent principalement à éliminer toute trace de ‘hamets que l’on pourrait consommer par inadvertance ou dont on pourrait tirer profit durant Pessa’h. Cette obligation d’éliminer le ‘hamets ne concerne pas le ‘hamets devenu impropre à la consommation ou les miettes ou infimes particules de ‘hamets qui sont souillées ou détériorées. Par conséquent, une attention particulière doit être portée aux zones susceptibles d’entrer en contact avec la nourriture, puisque la consommation de tout aliment contenant la moindre trace de ‘hamets nous est formellement proscrite.
La cuisine nécessite un nettoyage approfondi, et l’ensemble des surfaces doit être recouvert ou rendu casher. De plus, si vous utilisez vos ustensiles ou appareils habituels pour Pessa’h, ils devront être rendus casher. Si les moyens le permettent, il est préférable (et plus facile) d’acquérir un ensemble d’ustensiles spécifiques pour Pessa’h. Pour plus de détails sur la façon de se débarrasser du ‘hamets et de rendre votre cuisine casher, cliquez ici.
Certains produits non alimentaires, tels que les compléments vitaminés et les cosmétiques, peuvent contenir du ‘hamets et devront être éliminés ou vendus (voir ci-dessous). Veuillez consulter un rabbin pour obtenir une liste des articles autorisés et interdits.
La recherche
La veille du 14 Nissan, à peine 24h avant le Séder, nous inspectons minutieusement notre domicile – y compris la maison, le bureau et la voiture – tout ‘hamets qui aurait pu échapper à notre vigilance lors du processus de nettoyage.
La tradition veut que l’on effectue cette recherche à l’aide d’une bougie, d’une plume, d’une cuillère en bois et d’un sac (en papier) pour recueillir tout ‘hamets trouvé. La coutume veut que l’on place préalablement dix morceaux de pain dans différents endroits de la maison pour être trouvés pendant la recherche.
Avant de commencer la recherche, nous récitons la bénédiction (que vous trouverez ici). Aucune interruption ne doit survenir entre la récitation de la bénédiction et le commencement de la recherche. De plus, pendant la recherche, nous ne discutons que de ce qui concerne la recherche du ‘hamets.
Afin de garantir que cette recherche soit effectuée au moment opportun, il est interdit de manger ou même d’étudier la Torah après la tombée de la nuit jusqu’à ce que la recherche soit terminée.
L’annulation
Après la recherche du ‘hamets, nous prononçons une « déclaration d’annulation » par laquelle nous renonçons à toute propriété sur le ‘hamets qui, à notre insu, pourrait encore être en notre possession. Cette déclaration d’annulation doit être prononcée dans une langue que vous comprenez, et peut être trouvée ici.
Par cette annulation du ‘hamets, nous considérons celui-ci comme n’étant rien de plus que de la poussière et donc sans propriétaire, accomplissant ainsi pleinement la mitsva qui nous enjoint de retirer le ‘hamets de notre possession.
La vente
Les ustensiles ayant servi à la préparation ou à la consommation du ‘hamets (ainsi que le ‘hamets lui-même que l’on ne souhaite pas jeter) peuvent être vendus à une personne qui n’est pas juive pour la durée de Pessa’h. (Certains ont pour coutume de ne pas vendre de véritable ‘hamets, bien que ce ne soit pas la coutume ‘Habad.)
Le ‘hamets et les ustensiles vendus doivent être mis de côté dans un endroit désigné (par exemple, un placard ou une armoire), qui est loué à l’acheteur non juif jusqu’après Pessa’h. Cet espace de stockage doit être clairement marqué, afin que personne ne puisse en prendre quoi que ce soit par habitude.
La vente du ‘hamets à une personne non-juive ne constitue pas un simple acte symbolique, mais une transaction juridiquement contraignante, et doit donc être menée par un rabbin compétent.
Une fois l’acte de vente établi, le ‘hamets peut demeurer au domicile sans transgresser les interdictions de ne pas voir ou posséder du ‘hamets, puisque le ‘hamets ne nous appartient plus.
Pour organiser la vente de votre ‘hamets, cliquez ici.
Brûler le ‘hamets
Le 14 Nissan, avant la sixième heure du jour, nous procédons au brûlage de tout ‘hamets encore en notre possession. Cela inclut le sac de ‘hamets de notre recherche de la nuit précédente.
Après que le ‘hamets est brûlé, nous récitons à nouveau une déclaration d’annulation. Cependant, cette déclaration d’annulation a une formulation légèrement différente de celle qui a été dite la nuit après la recherche du ‘hamets. Celle-ci n’incluait en effet que le ‘hamets qui a été manqué lors de la recherche, mais n’inclut pas le ‘hamets mis de côté pour être vendu ou mangé le matin. Lorsque nous brûlons le ‘hamets, la déclaration inclut tout ‘hamets qui pourrait encore être en notre possession et sert de « mesure de sécurité » finale pour un Pessa’h sans ‘hamets.
Le texte peut être trouvé ici.
Les kitniyot
Compte tenu de la rigueur de l’interdiction relative au ‘hamets, les rabbins ashkénazes médiévaux ont également interdit la consommation de kitniyot (très librement traduit par « légumineuses ») à Pessa’h, car ils peuvent être confondus avec les céréales interdites. Cela inclut (mais ne se limite pas à) : le riz, le maïs, les graines de soja, les haricots verts, les pois, les lentilles, la moutarde, le sésame et les graines de pavot. Cette interdiction a été acceptée comme loi contraignante par les juifs ashkénazes.
L’interdiction ne s’étend qu’à la consommation de kitniyot ; il n’y a aucune obligation de détruire ou de vendre les produits de kitniyot avant Pessa’h, et nous pouvons tirer profit des produits de kitniyot (par exemple, la nourriture pour animaux) pendant Pessa’h.
Pour en savoir plus sur les kitniyot, cliquez ici.
Le ‘hamets après Pessa’h
En raison de la sévérité de l’interdiction de posséder du ‘hamets à Pessa’h, les rabbins du Talmud ont établi une pénalité a posteriori pour la possession de produits ‘hamets pendant Pessa’h. Cette interdiction est connue sous le nom de ‘hamets ché’avar alav haPessa’h. On ne peut pas consommer ni même tirer profit d’un tel ‘hamets, et si du ‘hamets est trouvé pendant ou après Pessa’h qui appartenait à un Juif pendant Pessa’h, il doit être détruit.
Qu’est-ce que cela signifie sur le plan pratique ? Lors de l’acquisition de produits ‘hamets après Pessa’h dans un magasin appartenant à un Juif, le propriétaire ne peut pas avoir possédé ce ‘hamets pendant Pessa’h. S’il l’a fait, vous devrez vous abstenir d’y acheter des produits ‘hamets jusqu’à ce qu’il soit jugé qu’un temps suffisant s’est écoulé pour que tous ces produits ‘hamets aient été vendus. Consultez votre rabbin local pour toute question concernant les magasins de votre région.
Cette interdiction ne s’applique pas aux kitniyot, car il est permis d’en posséder à Pessa’h.
Note spirituelle
Le ‘hamets et la matsa partagent pratiquement la même composition, contenant les mêmes ingrédients de farine et d’eau. La distinction essentielle réside dans le fait que tandis que le pain ‘hamets lève et se gonfle d’air, la matsa reste plate et humble.
Le ‘hamets symbolise ainsi ce gonflement de l’ego qui entrave l’âme plus que n’importe quelle prison extérieure. C’est pour cette raison qu’une fois par an à Pessa’h, lorsque nous commémorons notre libération de la servitude et notre naissance en tant que peuple de D.ieu, nous sommes extrêmement attentifs à éradiquer tout ‘hamets que nous pourrions avoir.
La matsa plate et sans prétention représente l’humilité, l’effacement de soi et l’engagement qui sont les libérateurs ultimes, nous permettant de nous connecter à D.ieu sans que nos egos n’interfèrent. Et c’est pourquoi manger de la matsa à Pessa’h est si fondamental pour notre foi.
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