Question :

J’ai découvert un truc fou dans le Code de Loi Juive. On vous dit comment nouer vos lacets ! Vous êtes censé mettre d’abord la chaussure droite puis la gauche, ensuite lacer la chaussure gauche et enfin lacer la droite. Et lorsque vous retirez vos chaussures, c’est l’inverse : vous délacez la chaussure droite, puis la gauche, ensuite vous retirez la chaussure gauche puis la droite. Et un gaucher fera tout ça dans l’autre sens.

J’ai sûrement manqué quelque chose, parce que je ne vois pas la grande leçon de morale là-dedans : en quoi lacer mes chaussures de telle ou telle manière fait-il de moi quelqu’un de meilleur ?

Réponse :

La forme du corps humain reflète les contours de l’âme humaine. Notre corps a deux côtés, le droit et le gauche, car notre âme possède deux pouvoirs distincts : il y a d’un côté le pouvoir de donner, d’être expansif et expressif, et de l’autre, il y a la capacité à retenir, à se concentrer, à restreindre. Ce sont là les deux facettes de l’âme – celle de la bonté et celle de la discipline – qui correspondent aux deux côtés du corps, le côté droit et le côté gauche.

Ces deux aptitudes sont essentielles. Le secret pour jouir d’une vie saine ainsi que de bonnes relations avec autrui réside dans l’équilibre entre ces deux forces : savoir quand mettre en avant son point de vue et quand céder, quand être strict et quand être tolérant, quand se laisser entrainer et quand savoir dire non.

Dans la Kabbalah, le côté le plus fort (soit le droit pour les droitiers et le gauche pour les gauchers) représente le don et le côté faible symbolise la retenue. Cela nous enseigne que notre pouvoir de donner se doit d’être dominant par rapport à notre pouvoir de retenir. L’idéal étant d’avoir une plus grande mesure de bonté que de discipline.

Les idéaux sont concrétisés par nos actions. Nous pouvons ainsi être profondément influencés par le symbolisme que peuvent revêtir même nos plus actes les plus simples, jusqu’à même notre façon de nous vêtir.

Mettre des chaussures est un acte de don (envers nos pieds), alors vous enfilez d’abord celle de votre pied le plus fort. Ensuite, vous lacez en premier votre pied le plus faible, car lacer est un acte de restriction. En revanche, délacer ses chaussures revient à libérer, à laisser aller, donc lorsque vous dénouez vos lacets, le pied le plus fort a la priorité. Enlever vos chaussures, c’est un retrait, un acte de discipline. Pour cela, le pied faible passe en premier. Tout cela exprime la même idée : la discipline est assurément importante, mais la bonté doit prévaloir.

Imaginez que vous deviez réfléchir un instant chaque matin avant de mettre vos chaussures. Soudain, l’acte le plus routinier devient l’occasion d’une méditation. Si je suis conscient du sens que peuvent porter mes lacets de chaussures, combien plus serais-je à même d’aborder les personnes que je rencontre avec considération, et de m’assurer que, bien que j’use de la retenue nécessaire, je réserve ma plus grande force à la bonté.